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Maroua, Nord du Cameroun. Ramla, une jeune fille de dix-sept ans en terminale scientifique d'enseignement général et Hindou, sa demi-soeur qui a à peu près le même âge, qu'on s'apprête à marier, sont amenées devant les hommes de la famille pour la traditionnelle adresse. Ramla : « Les conseils d'usage, qu'un père donne à sa fille au moment du mariage et, par ricochet, à toutes les femmes présentes, on les connaissait déjà par coeur. Ils ne se résumaient qu'à une seule et unique recommandation : soyez soumises ! Accepter tout de nos époux. Il a toujours raison, il a tous les droits et nous, tous les devoirs. Si le mariage est une réussite, le mérite reviendra à notre obéissance, à notre bon caractère, à nos compromis; si c'est un échec, ce sera notre seule faute. Et la conséquence de notre mauvais comportement, de notre caractère exécrable, de notre manque de retenue. Pour conclure, patience, munyal face aux épreuves, à la douleur, aux peines. » (p. 77) Il y avait bien longtemps qu'un roman ne m'avait fait ressentir autant d'émotions : colère, larmes, impuissance… La forme chorale réussit particulièrement bien à faire ressentir toute la détresse de ces jeunes femmes dont on dispose dans la mesure où elles ne s'appartiennent pas; qu'on homme désire les posséder et leur sort en est jeté. Victimes de la violence intrafamiliale, de violence physique et psychologique et de viols conjugaux (le sort d'Hindou est particulièrement révoltant…), elles vivent dans la terreur d'être répudiée s'il advenait qu'elles cessent de se conformer à ce qui est attendu d'elles, ou qu'on se lasse tout simplement d'elles... Émouvant et révoltant tout à la fois, surtout lorsque l'on sait que l'auteure a elle-même été mariée de force, Les Impatientes est un roman magistral.
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Djaïli Amadou AMAL. Les impatientes.

Ce livre lu en deux jours m'a bouleversé. Puis-je vous poser une question ? Dites-moi : sommes-nous au Moyen-Age ? A quelle époque vivons-nous ? Que de révélations assénées à grands coups de bâton. Oui, nous sommes au XXIème siècle et Djaïli nous narre des faits réels qui se sont déroulés il y a une dizaine d'années et qui vraisemblablement se reproduisent au quotidien encore de nos jours…. Oui même en 2021 ! Je sais cela nous paraît surréaliste.

Trois jeunes femmes, plus exactement deux jeunes filles de dix-sept ans et la mère de l'une, âgée de la trentaine nous content leur vie de femme, imposée par les hommes, pour satisfaire les instincts de ces derniers. C'est abject, révoltant. Les multiples sévices que subissent ces femmes, au sein de la cellule familiale, avec l'approbation du père, de l'oncle, du frère, me révoltent.

Ramla, dix-sept ans, encore lycéenne, sa demi-soeur, Hindou, également dix-sept ans se marient, non on les marie le même jour. Un époux imposé, aussi bien à l'une qu'à l'autre. Quelle tristesse. Mais c'est la coutume, la tradition, le poids de la société ! Ramla devient la coépouse d'un cinquantenaire qui a déjà trois femmes ; Hindou, épouse son cousin germain, le fils d'un de ses oncles. Safira, la mère d'Hindou, a été contrainte à épouser un homme non désiré. Il faut établir la lignée afin de noter les pères et mères de ces enfants et de retracer la généalogie de toute cette fratrie, demi-fratrie qui vit dans une concession, avec une demeure pour chaque coépouse. Safira a également subi un mariage forcé : elle a pris , non on lui a imposé le mari de sa soeur lorsque cette dernière est décédée. Quel imbroglio !

Ce roman, basé sur des faits réels que même l'auteure a subi me glace. J'ai été attiré par la couverture. Sur fond jaune, trois femmes, noires, vêtues de riches boubous, semblent défier le temps, les hommes : elles nous offrent un regard altier, un port de tête franc. Non ce sont des femmes soumises au bon vouloir de leur maître et seigneur. Elles leur doivent respect, déférence, estime, vénération. Ce sont eux qui les maintiennent sous leur joug : ils travaillent et rapportent de l'argent à poignées pour faire vivre la tribu. J'ai jeté un oeil sur Wikipédia afin de mettre un visage sur Djaïli, de connaître sa vie, son origine. Elle a connu ce qu'elle décrit et aujourd'hui, cette féministe lutte, au niveau mondial pour l'émancipation des jeunes filles. Ce récit fait maintenant partie des classiques au Sénégal : il est inscrit dans le programme des études du secondaire. Combien de décennies seront nécessaires pour obtenir l'égalité, homme femme dans tous les pays empreints de ces traditions séculaires ! Combien de femmes, de jeunes filles seront encore violentées, répudiées, excisées, martyrisées, bafouées, etc.… Et cette narration se déroule dans un milieu aisé, chez les Peuls. Je vous laisse imaginer ce qui se passe dans des milieux défavorisés. Chacun, ferme les yeux, lorsqu'un homme maltraite son épouse. C'est insoutenable, cependant, je vous invite à vous plonger dans cet ouvrage, véritable reflet de la culture polygamique,communautaire, qui j'espère va disparaître…. Je me berce d'illusions…. Ce roman a obtenu le prix Goncourt des Lycéen en 2020. Il aurait pu bénéficier de l'autre Goncourt….
( 25/0/2022).
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Trois femmes, trois destins.

Nous sommes dans la riche société peule du Nord du Cameroun, société dans laquelle les traditions sont très ancrées.
Ramla et sa demi-soeur Hindou sont mariées le même jour, contre leur volonté, par le simple désir d'un père et d'oncles qui décident de tout pour elles.

Hindou épouse son cousin Moubarak, alcoolique et drogué. Violent et colérique, infidèle, Moubarak inflige à Hindou une vie de coups, d'hématomes, de peur et de souffrances.

Ramla était promise à l'homme qu'elle aimait. Mais c'était sans compter sur son oncle qui l'a également promise à un autre, plus riche et plus puissant. Ramla devient donc l'épouse d'un homme déjà marié à Safira, détruisant ainsi son amour et son rêve de devenir pharmacienne. Elle devient le souffre-douleur de Safira, maîtresse en sa demeure, qui convoquera toutes les ruses et toutes les bassesses pour se débarrasser de sa rivale.

Pour Safira, la première épouse, c'est le déshonneur. Mariée à un homme monogame depuis vingt ans, elle va finalement devoir partager son époux qu'elle aime avec une autre femme plus jeune et risquer de ne plus être la favorite. Tristesse, jalousie, honte mais aussi mensonges, tromperies et bassesses deviennent son quotidien.

J'ai dévoré ce court roman ! Ces trois femmes sont très attachantes. C'est révoltée que j'ai tourné les pages pour découvrir leur destin.
Mariages forcés, viols conjuguaux, violence, répudiation, voilà ce que traversent les femmes issues de ces traditions.
Mais ce que décrit brillamment Djaïli Amadou Amal, c'est la façon dont les femmes ont complètement intégré cet état de fait au point de le justifier à leurs filles et à leurs nièces.
Elle évoque aussi très bien la rivalité installée entre les femmes d'une même concession, qu'elles soient coépouses, belles-soeurs ou belles-mères. Les traditions vont jusqu'à installer un état dans lequel les femmes pensent qu'il y a plus intérêt à se combattre entre elles qu'à se soutenir. Safira est particulièrement intéressante de ce point de vue.

C'est donc un excellent et nécessaire roman que je referme, révoltée et glacée.

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"Patience, munyal, face aux épreuves, à la douleur, aux peines." Autant dire que cette patience-là signifie désarroi, déni, renoncement et résignation. Les impatientes du récit seraient donc celles qui ne se résignent pas et qui tentent de ne pas subir les traditions, la place et le rôle social qu'elles leur accordent. Ce sont trois récits qui se suivent et se croisent, ceux de trois femmes peules et musulmanes du nord du Cameroun. Ce roman se lit d'une traite ou presque, tant la plongée dans cet univers est brutale et suffocante. Quel courage, quelle détermination montrent ces femmes face à ce qu'elle sont condamnées à subir ! Elles qui sont toujours présentées comme faibles, inconséquentes et irraisonnées, et sur lesquelles les hommes, leur famille, belle-famille, marâtres, co-épouses ont tous les droits.
Ramla et Hindou, demi-soeurs, mariées sans leur consentement le même jour, condamnées à être enfermées à vie auprès de leurs maris, sauf s'il finit par les répudier et les renvoyer chez leur père. Safira, première co-épouse, mère de six enfants, délaissée par son mari de cinquante ans qui désire une nouvelle femme plus jeune et plus belle après l'avoir remarquée dans la rue.
Chacune porte un destin tragique, écrasée et anéantie par une société contre laquelle elle ne peut rien. Et à les lire, rien ne semble pouvoir les aider tant la culpabilité leur est toujours renvoyée. Même les femmes entre elles se méfient et se méprisent et sont finalement elles aussi impuissantes à se soutenir.
La lecture est plutôt aisée grâce au style de l'auteur, mais le constat dressé est bien sombre et nous semble presque irréel de cruauté et d'absurdité. Un Goncourt des lycéens bien mérité.
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Un autre continent, une autre société et une autre culture qui autorisent la polygamie, nous sommes au Cameroun, de nos jours, et la vie de trois femmes nous est racontée.
Trois aspects de la polygamie, trois regards de femmes confrontées différemment à ces mariages multiples et arrangés

Il y a celle, très jeune, qui aime un garçon de son âge à qui on accepte de donner sa main avant de décider de la marier à un autre homme, plus âgé et très influent mais qu'elle n'aime pas.

Il y a sa demi-soeur, jeune aussi, que l'on marie de force à son propre cousin dans l'espoir de calmer les mauvaises habitudes de ce dernier qu'elle déteste et craint au plus haut point.

Il y a l'épouse unique d'un homme avec qui elle est mariée depuis vingt ans et qui décide, soudainement, de prendre une autre femme bien plus jeune.

Ces situations violentes génèrent des sentiments exacerbés qui nous sont très bien restitués en trois chapitres différents, chacun étant consacré à une femme même si les trois destins sont liés et imbriqués.

Même si la fin m'est apparue un peu trop théâtrale, ce fût une belle lecture, édifiante quant aux relations intergénérationnelles où les sentiments n'ont pas court, seuls l'honneur et les traditions gérant la vie de ces femmes dont les hommes décident du destin sans qu'elles aient le droit à la parole.

Ou l'on se dit que l'on a de la chance de vivre ici et maintenant même si tout n'est pas parfait pour tout le monde.
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Il nous arrive, parfois, de nous plaindre de notre condition de femme. de la gnognote en comparaison de l'histoire de ces trois femmes camerounaises, parmi tant d'autres, basée sur le mariage forcé. Mon admiration pour l'écrivaine et son courage de dévoiler le ressenti des femmes qui doivent être patientes en tout tandis que les hommes ont tous les pouvoirs. J'ai apprécié le fait que les viols des maris n'y soient pas décrits, façon voyeurisme et de donner la voix à une première épouse et du comment elle réagit face à la polygamie, ses complots contre la jeune fille. J'y ai appris qu'une jeune mariée ne doit pas rendre visite à ses parents la première année de mariage. Une fille qui se révolte et veut faire des études, pour les hommes c'est la faute de la mère qui l'a mal éduquée. Un témoignage de l'intérieur terrible et beau à la fois qui semble irréel à notre époque. À faire lire aux jeunes filles. On comprend pourquoi il a eu le prix Goncourt des lycéens 2020.
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Les impatientes par Djaïli amadou Amal.
Ramla, Handou, Safira.
Trois femmes, trois épouses à qui ont n'a cessé de répéter: Munyal (patience), et de surtout ne jamais l'oublier.
Ramla, jeune fille brillante, jolie, tout juste un bachelière, à réussi jusqu'à aujourd'hui d'éconduire les hommes intéressés par elle. C'était sans compter sur son oncle qui l'a promet à Alhadji Issa, un homme d'affaire cinquantenaire. le mariage parfait selon lui, qui rapportera beaucoup aux affaires de la famille. Quelques jours plus tard, la voilà marié, co-épouse de Safira.
« - soyez soumises à votre époux.
-soyez pour lui une esclave et il vous sera captif. »

Hindou, jeune et jolie, est promise à son cousin Moubarak , alcoolique vivant de débauche et mauvais plan. La jeune fille connue pour sa patience démesurée, devait apporter une stabilité à son mari et cousin.
« - À partir de maintenant, vous appartenez chacune à votre époux et lui devez une soumission total, instaurée par Allah. Sans sa permission, vous n'avez pas le droit... »

Safira est première épouse de Alhadji Issa. Aujourd'hui elle doit accepter l'arrivée de Ramla, la nouvelle épouse de son mari. En temps que première épouse, elle doit lui montrer le chemin pour satisfaire son mari, être comme des soeurs, comme mère et fille. Comment peut-on accepter cela après vingt-cinq ans de mariage? Safira ne manquera pas d'astuce pour défendre sa place Quand on aime, on est prêt à tout.

Prix Orange du livre- Afrique 2019 , prix Goncourt des lycéens 2020, fiction inspirée de faits réels, inspirée de jeunesses détruites au profits d'hommes, inspirée de mariages forcés, inspirée de la vie détruite des femmes, à qui on apprend juste à être une bonne épouse soumise.
L'auteure, nous fait découvrir la condition de des femmes du Sahel. Patience, voilà ce qu'on leur dis. Dans un pays où le viol d'un mari sur son épouse, où l'amour, n'existe pas. Ou l'intérêt de la famille passe avant celui de la femme. Les femmes sont soumises et non éduquer, voilà la réalité des chose et par son roman, Djaïli amadou Amal met en lumière afin que cela change. Les tabous sont levés, la nécessité est là. Les choses doivent changer et tout commence par ce roman.


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Ce roman choral raconte la vie après le mariage de trois jeunes femmes africaines et c'est bouleversant.
Chez les peuls musulmans du Cameroun, ce sont les hommes de la famille, le père et les oncles, qui choisissent l'époux des jeunes filles qu'on marie très jeunes. La polygamie est la coutume.

La première histoire est celle de Ramla qui, à 17 ans, doit épouser un vieil homme qui a déjà une épouse. On découvre ainsi les rêves de la jeune fille qui, amoureuse d'un jeune homme sans fortune, va très vite être forcée d'accepter pour mari l'homme désigné par le clan. Elle ne peut se plaindre, ni se révolter au risque d'humilier sa famille qui ne veut que son bonheur. Munyal ! c'est-à-dire patience ! Voilà le seul conseil prodigué aux jeunes épousées.
Sa cousine Hindou n'est pas mieux lotie, elle doit épouser son cousin, drogué et alcoolique. La famille espère que le caractère soumis de la jeune fille apaisera le jeune homme irascible et rebelle, et tant pis si la jeune femme doit subir sa violence, c'est le lot des épouses.
Le troisième portrait est celui de Safira, première épouse d'un homme riche et qui ne voit pas d'un bon oeil l'arrivée d'une seconde épouse. Pour garder son pouvoir sur son mari, elle va harceler Ramla sa co-épouse et l'accuser de mille maux.
A chaque fois est brandi le « munyal » cette patience, vertu des femmes soumises et qui excuse toutes les violences.
Ces récits nous révèlent le poids des traditions, les superstitions et le carcan dans lequel sont élevées les filles. de toute leur existence, elles seront sous le joug des hommes, père et oncles, frères et mari. Elles ne peuvent compter sur l'aide des autres femmes, soumises comme elles aux mêmes règles et craintives des retombées d'une désobéissance qui les relèguerait au banc de la société. le poids de la famille est considérable et tue dans l'oeuf toutes velléité de rébellion.
On découvre les ravages causés par la polygamie et on frémit à ces vies piétinées, on s'émeut de ces femmes violentées, humiliées. A travers ces récits, c'est notre indignation que cherche à provoquer l'auteure et elle y réussit admirablement, c'est ce qui fait la force de ce roman et le fait qu'il s'inspire de situations bien réelles ne le rend que plus terrible.
On peut trouver le style direct et sans aucune recherche, mais cette simplicité voulue et la spontanéité des dialogues font mouche et nous touchent davantage qu'un long discours.

Djaili Amadou Amal, elle-même victime de violence conjugale, mène un vrai combat dans ce roman, qui dénonce la condition des femmes africaines soumises au mariage forcé et à la polygamie, et on ne peut que saluer son courage.



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Comme chaque année, j'essaie de lire le prix Goncourt et le prix Goncourt des Lycéens. Je trouve en général que ceux-ci ont un goût très sûr. C'est encore le cas pour cette année.

Comme il y a déjà énormément de critiques pour ce roman, je me contenterai de le recommander chaudement.
C'est un thème dont on parle peu en littérature : les mariages forcés en Afrique chez les Musulmans.
C'est un pays dont on entend peu parler, le Cameroun.
L'auteure choisit trois personnages de femmes pour illustrer le thème des mariages forcés par le père de famille, le viol conjugal, la violence sur les femmes, le poids des traditions, l'absence de liberté des femmes, la polygamie.
J'ai appris beaucoup de choses et j'ai été très touchée par ces portraits de femmes qui, de mère en fille, vivent toujours les mêmes drames.

Un roman très fort, à lire !!!
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Bien avant les sélections pour les sacro-saints prix littéraire, Actualité (si je ne me trompe pas) avait rédigé un article sur ce roman qui avait remporté le Prix Orange dès cet été (soit avant sa sortie en septembre). Déjà à ce moment-là le roman avait attiré ma curiosité. Non pas que le sujet de la polygamie éveille un intérêt malsain ou que je n'ai lu aucun roman où celle-ci était mise en scène, mais je trouvais qu'avoir eu l'idée d'écrire un roman chorale , avec des femmes, écrit par une femme méritait qu'on s'y intéresse.

A mon tour j'ai donc suivi Ramla, la lycéenne frustrée de ne pas pouvoir faire d'études, Hindou , sa demi-soeur plus réservée et "obéissante" et Safira la première femme du mari de Ramla.
Ces trois voix de personnages féminins et leur expérience sont différentes et ne se rejoignent que par la tradition et le besoin de parler de ce qu'on leur impose. Et puisqu'elles ne peuvent pas faire entendre leurs voix dans ce fonctionnement clanique, la romancière leur fait une place de choix et parvient ainsi à créer des voix singulières et touchantes chacune à leur façon.

Ce que j'ai apprécié dans ce roman c'est la façon dont la romancière met en scène ce phénomène culturel (et non religieux), la façon dont elle montre comment différents mécanismes se mettent en place pour enfermer , museler et faire se résigner les femmes (que ce soit par le chantage affectif, la lassitude de voir TOUTE la famille se mêler d'un problème qui devrait être intime, l'excuse lâche de la tradition, de l'honneur, du respect , etc ). J'ai trouvé aussi intéressant de voir comment les colères et frustrations sont refoulées et les non-dits créés en n'étant jamais frontal mais en faisant appel à un marabout pour sauver la face tout en réglant le problème.

Je ne dirais peut-être pas que c'est un grand roman mais c'est un bon roman dans le sens où :
* il amène le lecteur à "écouter ceux à qui ont refuse le droit de s'exprimer" ;

* les thèmes abordés comme le désespoir ou le refus de se laisser gagner par le fatalisme sont profondément universels et le fait de faire parler des personnages si différents, voir les mères se confier à leur fille;

* mais aussi grâce au fait qu'on peut voir voir au second (voir troisième!) plan des personnages masculins qui s'opposent à la toute puissance que s'octroient certains hommes (comme si disposer des femmes et faire absolument ce qu'ils veulent sans la moindre contrainte ni la moindre revendication était un droit divin décerné par la loi de la biologie...) permet de donner du relief à ce roman.

On est donc loin d'oppositions binaires ou visions manichéennes eurocentrées , et on est loin du "simple" roman de confession larmoyant. Même si le contexte est très particulier et ciblé (les communautés musulmanes du Sahel au Cameroun) on ne peut pas être insensible à ces femmes qui demandent à avoir le choix ou simplement d'avoir leur avis pris en considération.

En bref, une lecture qui vaut vraiment le détour
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