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4,2

sur 4650 notes
Un père marie deux de ses filles sans leur demander leur avis. Comment échapper à leur sort ?
Il s'agit d'une fiction inspirée de la réalité car hélas les mariages forcés sont encore trop fréquents dans certains pans de la société africaine, ici en l'occurrence dans la bourgeoisie du nord du Cameroun.
Lors de la fête du mariage, il est enjoint aux deux jeunes filles de rester patientes - les femmes de la famille le leur répètent comme un mantra. Elles devront soumission et respect à leur époux, quoiqu'il fasse, ce sera d'ailleurs toujours de leur faute si leur union se passe mal.
Le père tout-puissant ne montre aucun amour pour ses filles, il souhaite seulement s'en débarrasser au plus vite. Les mères ne songent qu'à leur sécurité, victimes elles aussi de la polygamie, tout comme le troisième personnage de ce roman, une première épouse ulcérée et désireuse de se venger. L'hypocrisie est de mise et l'argent règne en maître.
Par la suite, il sera aussi question de marabouts, de drogues, de folie...
Ce roman m'a profondément émue, il relate les faits et le ressenti de chacune de ces trois jeunes femmes de façon simple et magistrale.
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J'ai hésité à entamer la lecture de ce livre me disant que c'était juste sur les conditions la femme, je n'étais pas très enthousiaste! Mais grâce à un challenge où il fallait valider une lecture commune, j'ai sauté sur l'occasion sur la proposition de lire Les impatientes, et je me rends compte j'ai été à côté de la plaque! O quelle plongée dans des coutumes, des cultures qui n'ont fait que me révolter tout le long de ma lecture, la voix de la femme dans un mariage est encore inexistante dans certains coins du monde, surtout s'il faudrait s'en tenir à une foi religieuse. Djaïli Amadou Amal révèle ici un combat de femme qui, tout naturellement n'en a pas l'air, en dressant le portrait de trois femmes, par lesquels on voit comment ce combat, pour la plupart du temps personnel et rude, dénature la femme, l'éloigne de sa vraie nature, la creuse de l'intérieur . Les impatientes pose la question de l'identité de la femme, de sa place et de son rôle dans la société, comme si tout en elle est appelé à être voilé, à ne jamais s'épanouir...
Ce témoignage est très touchant, il nous frappe en plein coeur! J'ai l'impression d'être restée un peu sur ma soif de lectrice, j'aurais certainement voulu voir certains moments forts du récit ou certains enjeux être développés un peu plus. D'un autre côté, je comprends que l'autrice a ténu à rester fidèle au témoignage, faisant partie de sa propre histoire, nous présenter les situations de ces femmes avec une écriture accessible à tous. Ce qui m'a encore marqué dans ce livre, c'est quand deux rivales se font une guerre farouche sans se rendre compte que la guerre devrait se diriger ailleurs car elles sont toutes les deux victimes de l'autorité masculine!
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****

Quand on est une fille, au Cameroun, la liberté est un doux rêve inaccessible. Qu'elle soit innocente comme Hindou, qu'elle ait passé son bac comme Ramla ou qu'elle soit une première épouse depuis 20 ans, le seul maître mot chez les femmes peule c'est munyal, la patience. A travers ces 3 visages, c'est la voix de toutes les petites filles violentées, soumises et forcées qui résonne à nos oreilles...

Djaïli Amadou Amal est une auteur qui a une connaissance toute personnelle de ce qu'elle écrit. Et ça se sent ! C'est avec le coeur, avec les larmes et dans un cri, qu'elle nous offre ce très beau roman.

Il est évidemment touchant, émouvant et révoltant de vivre aux côtés de ce trio de femmes. Une fois passée la violence du mariage forcé, on découvre leur quotidien. Soumises à leurs époux, elles ne peuvent trouver refuge auprès de leur famille même si leur vie n'est que brimades, coups et viols. C'est ainsi que va la vie pour les femmes africaines.

Ramla, Hindou et Safira sont les facettes d'un même visage : même si leurs yeux sont baissés, elles ne courbent pas le dos et sont bien décidées à faire entendre leur voix. Leur vie n'est pas insignifiante, personne ne peut en jouer. Elles restent maitresse de leur destin, parfois au prix de la folie...

Une écriture simple, des mots justes et un message fort. Ces impatientes nous offrent leur combat... Nous nous devons de le porter loin...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2020..
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Munyal, les larmes de la patience*

J'avais vu passer ce roman lorsqu'il a obtenu le Goncourt des Lycéens en 2020 (je lis peu de prix littéraires, mais le Goncourt des Lycéens est l'exception qui confirme la règle, j'y trouve souvent mon compte) mais c'est lors d'une interview de l'auteure, à l'occasion de la sortie de Coeur de Sahel que je me le suis procuré, en format numérique (je n'ai plus de place chez moi !).
Articulé en trois parties autours de trois femmes, Ramla, Hindou et Safira, ce roman raconte la condition féminine dans cette partie de l'Afrique (ici, dans le nord du Cameroun, aux portes du Sahel). Ramla et Hindou sont mariées contre leur gré par leur père tout puissant. Peu importe que Ramla soit une élève brillante qui envisage de poursuivre des études scientifiques à l'université : son père consent à lui laisser passer son BAC mais dès le lendemain ou presque, elle doit épouser un homme de cinquante ans, qu'elle ne connait pas, et qui a déjà une première épouse… Pourtant, Ramla devait se marier avec Amidou, un jeune homme : ils s'aimaient, son père avait donné son consentement mais finalement il préfère la donner à l'une de ses relations d'affaires… Hindou est la demi-soeur de Ramla (même père, mère différente), elle aussi va se marier contre sa volonté. Son mari sera son cousin Moubarak, un bon à rien, alcoolique et drogué, qui va la maltraiter au-delà de l'imagination… Quant à Safira, c'est la première femme du mari de Ramla : comme sa co-épouse, elle subit les règles implacables de la polygamie. Elle non plus n'a pas le choix.
A travers le destin de ces trois femmes Djaïli Amadou Amal dénonce avec force le règne patriarcal qu'elles doivent endurer, car le maître mot, celui qu'on leur inculque depuis leur plus jeune âge est « munyal », patience… Une femme doit être patiente, quoiqu'il se passe dans sa vie. Un mariage forcé ? munyal. Un viol conjugal ? munyal. La vie impossible que lui mène sa co-épouse ? munyal. La menace d'une répudiation ? munyal… Si elle se plaint, elle entraîne le déshonneur sur sa famille, sa mère surtout dont la situation est souvent précaire, ses frères et soeurs…. Alors Ramla endure… Jusqu'au jour où…. Alors Hindou endure… Jusqu'au jour où…. Alors Safira endure…. Jusqu'au jour où….
Le roman de Djaïli Amadou Amal est fortement autobiographique puisque comme Ramla, elle a été mariée très jeune, contre son gré, à un homme beaucoup plus âgé, qui avait déjà une première épouse. Camerounaise peule et musulmane, Djaïdi Amadou Amal, militante féministe entend par ses romans « porter la voix du Sahel ». Elle y réussit magnifiquement. Ce roman est d'une grande force, c'est un témoignage courageux et bouleversant qui fait ouvrir les yeux sur une réalité souvent cachée.
*titre du livre paru en 2017 en Afrique - Il a été remanié pour être publié en 2020 sous le titre les impatientes par les éditions Emmanuelle Colas
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Pas d'enthousiasme démesuré pour ma part, Les impatientes racontent une histoire plus universelle qu'elle n'y paraît. Il y a pourtant une différence pour ces femmes peules : l'impossibilité de réclamer de l'aide à qui que ce soit. Notre seule supériorité : avoir conscience du problème, et des structures d'accueil existent, même s'il reste encore beaucoup à faire.

Ramla et sa demi-soeur Hindou se marient le même jour, la première avec un homme qui l'a aperçue, l'a voulue, l'a demandée en mariage et a obtenu ce qu'il désirait. Et tant pis si Ramla était fiancée à un autre homme, tant pis si son futur mari a déjà une épouse, Safira. Hindou épouse son cousin qui traîne une mauvaise réputation.

Chaque femme, Ramla, Hindou et Safira, va prendre la parole à tour de rôle et raconter son histoire.
Les femmes sont soumises à leur père puis à leur mari. Rien ne sera jamais la faute des hommes, tout ne peut être que la faute de la femme. Dans ce cas, comment tolérer que qui se soit les soutiennent ? La vie familiale se déroule entre asservissement, peur et coups.

Mais au-delà de la culture d'un pays lointain, c'est bien un récit universel qui est narré : femmes abandonnées et jalouses, femmes battues, qui oserait dire que ça n'existe pas chez nous ? Mariage forcé, peut-être, mais rien n'est moins certain.

J'ai eu un peu de mal avec le vocabulaire utilisé par Djaïli Amadou Amal. Aucun doute, il y a des viols dans ce livre, mais est-ce qu'une de ces femmes emploierait ce mot alors que sa famille lui a enseigné depuis la plus tendre enfance que son mari avait tous les droits ?
Le ton du roman ne m'a pas paru cohérent avec ce qu'avaient vécu ses femmes et avec ce qu'elles vivaient encore, une soumission obligée, fortement aidée par le manque d'instruction des filles.

Malgré cela, c'est un livre que je recommande.

Lien : https://dequoilire.com/les-i..
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Ce livre qui dénonce les violences faites aux femmes au sein de leur famille, époux, père, oncle, femmes elles-mêmes, est très important pour nous faire prendre conscience qu'au XXIème siècle il existe encore de telles situations. Mariages forcés, polygamie, viols conjugaux, jalousie des femmes qui au lieu de s'épauler sont impitoyables entre elles, l'autrice nous révèle la condition intolérable de ces femmes dans la région du Sahel au Cameroun. On ressort révoltés de ce roman et avec la question : comment est-ce encore possible ?
Ce roman a obtenu le prix Orange du livre en Afrique et le prix Goncourt des lycéens, espérons que c'est un signe de prise de conscience et que cela fera évoluer les choses.
Djaïdi Amadou Amal, mariée à 17 ans, a vécu ces drames. Son témoignage à travers ses romans est capital, elle est devenue le 11 février 2021 ambassadrice de l'UNICEF.

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Les impatientes faisait partie d'un colis de livre offert par mon papa pour mon anniversaire et je dois dire qu'il a eu très bon goût pour le choix de ce magnifique roman.

L'auteure dresse le portrait de trois femmes mariées de force et raconte leur vie au coeur du Sahel, dans cette région où la religion tient une place très importante. On découvre leur quotidien, leur devoir envers leur époux…

C'est un récit très difficile mais essentiel. C'est une lecture qui marque, dont on ne sort pas indemne, qui touche en plein coeur et l'on se rend compte qu'il est difficile d'être une femme dans certains coins du globe. L'auteure ne nous épargne rien : mariage forcé à l'adolescence, viol conjugal, maltraitance physique et morale.

J'ai trouvé que le récit était très bien écrit, la plume et le style de Djaili Amadou Amal est plaisant. La construction du roman est superbe et les trois récits se mêlent parfaitement. Ces trois héroïnes sont touchantes, attachantes et l'on a envie de les aider face à toutes cette violence quotidienne dont elles doivent faire face. Malheureusement c'est uniquement le destin de trois femmes mais combien vivent cela au quotidien dans le monde ?

Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Challenge plumes féminines 2023 – n°1

Livre acheté l'an dernier pour un challenge sans trop savoir quel en était la portée. Ce n'est qu'en voyant passer certaines critiques que je me suis demandée si c'était bien une lecture pour moi. Il aura fallu l'aide d'une pioche (celle de Novembre de la part de Marie) pour le sortir de ma pal, tout en gardant mes a priori…

Malgré le sujet abordé et certaines phrases qui m'ont hérissé le poil, j'ai lu la 1ère partie sans trop de déplaisir. En même temps, le style de l'auteure est agréable et se lit vite, elle sait malgré tout de quoi elle parle. La partie sur Hindou a été plus compliquée à lire car il aborde des sujets tels que le viol et les violences conjugales… La 3ème partie n'est pas mieux quand on voit jusqu'à quelles extrémités vont les coépouses pour se débarrasser de l'une d'entre elles. À croire qu'elles ont la mémoire courte concernant les mariages polygames, comme si les femmes avaient vraiment le droit à la parole dans ce genre d'échanges. C'était un peu pareil pour nous, les Européennes, au Moyen-Âge : une femme contre une dot et l'amour n'avait rien à voir dans l'acte du mariage. le moins que l'on puisse dire est que cette auteure possède l'art indiscutable de conter des histoires de ce genre, car sinon je n'aurais pu aller au bout de celle-ci. le sujet choisi n'est pas simple à lire dans notre société occidentale. Malheureusement elle est toujours d'actualité dans certains pays d'Afrique où la parole d'Allah et des hommes est plus importante que celle de leurs femmes (filles comme épouses ou mères). Et dire que ce qu'elle nous raconte lui est très certainement arrivé dans sa jeunesse, d'où l'accent de vérité qui ressort dans ces 3 histoires. Je pense qu'on retrouve une part d'elle-même dans chacune d'elles.

Comme vous l'aurez compris, on peut difficilement parler de coup de coeur avec un sujet pareil mais c'est malgré tout une excellente découverte du fait de cette conteuse hors pair. Mon regard s'était arrêté sur la superbe couverture de cette édition et malgré la lecture du résumé, je ne savais pas à quoi m'attendre. J'ai eu des a priori à cause de certaines critiques mais la lecture a été finalement plus simple que prévu malgré quelques passages houleux. Je vous conseille donc très fortement de le découvrir pour vous en faire votre propre avis et voir de vos propres yeux le style de cette auteure.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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"Les impatientes" est un livre très dur qui nous relate le quotidien de trois femmes, trois épouses dans une société figée par les traditions où il semble impossible de ne pas suivre la voie toute tracée qui leur est destinée ainsi qu'à des millions d'autres sous couvert d'honneur et d'héritage.
Patience est le maître-mot qui leur est inculqué pour surmonter ce qui leur est imposé, faible défense et argument de ce carcan familial.
Témoigner, essayer de changer ces mentalités d'un autre temps, faire en sorte de bousculer ces us et coutumes qui considèrent normaux les mariages forcés, les viols conjugaux, les coups sur son épouse, la supériorité de l'homme sur la femme. Djaïli Amadou Amal rend très bien ces situations d'enfermements, ces violences physiques et psychologiques très dures à lire, ces ambiances délétères où vivent ces femmes qui peuvent être repudiées au moindre faux pas.
"Les impatientes" est un plaidoyer nécessaire pour l'évolution de ces sociétés.
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“Munyal” est le leitmotiv qui invite à la patience les trois femmes peules d'une partie sahélienne du Cameroun.
En fait, c'est plutôt une injonction à se résigner dont nous parle Djaïli Amadou Amal.

Ramla est amoureuse d'Aminou mais c'est sans compter sur l'oncle Hayatou qui initiera un mariage d'intérêt avec Alhadji.

Hindou a pris la place de sa soeur décédée, héritant des assiettes, des meubles offerts par son père, en plus de l'époux, de ses trois enfants et de ses trois coépouses…!

On retrouve Alhadji qui épouse Ramla en secondes noces après 20 ans de mariage avec Safira.
Cette dernière doit accepter l'installation de la nouvelle et décrit cet “accueil” avec douleur et son désir de vengeance au risque de répudiation.
S'il n'y avait pas tout ce que je viens de dire de la domination des mâles, j'aurais pu m'amuser des efforts de Safira pour reconquérir son mari, en utilisant notamment le “secret des femmes”.
Je vous vois intriguées, mesdames, alors reportez vous à la page 215 … ou lisez ma citation ( en voilà un teasing pour obtenir des likes !)

Ces trois portraits de Ramla, Hindou et Safira se complètent avec comme point commun la dépendance à l'organisation masculine (pères, oncles, frères…) qui fait subir aux femmes une loi archaïque les soumettant à leur bon vouloir.
Le patriarcat polygame mulsulman est implacable pour réprimer la féminité.

C'est un roman sans concession, ce qui est décrit affleure le réel que l'autrice a connu.

Pas d'attribution du Goncourt pour ce livre en 2020 car il faut rappeler que ce prix consacre uniquement des fictions (clin d'oeil à “Vivre vite” !).
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