Bien écrit quoi que recherchant les effets. Perspective intéressante d'un exilé par rapport aux événements tragiques qui se déroulent dans son pays d'origine. Pour résumer, on pourrait dire qu'il s'agit d'un récit sur le poids de la culpabilité qui est comparable à une maladie.
La phrase inutile : Et si je n'ai jamais beaucoup aimé vivre en France, je ne peux pas non plus mentir : j'aime écrire en français.
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Difficile d'écrire sur un livre qui parle de la conquête du silence et d'un thème aussi difficile à aborder que la Shoah. L'angle romanesque apporte un nouveau regard: celui de l'homme qui est parti avant que tout arrive et qui pourtant doit vivre avec l'idée que ses proches sont face à l'horreur, et la culpabilité de ne pas avoir su l'empêcher. Un drame qui le touche pleinement, alors qu'il devrait être un des "chanceux".
L'écriture est magnifique, chaque mot est pesé et utilisé dans toute sa signification et les phrases ficelées avec beaucoup d'agilité.
Un roman très sombre, qui tombe comme une petite pierre dans votre besace. C'est lourd toute cette tristesse et pourtant il est peut-être nécessaire de l'affronter.
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Un très beau livre qui décrit, dans une langue qui se tient au plus près de son propos, l'exil, l'incompréhension, le remords, l'enfermement - la manière dont, en se coupant des siens puis des autres, on finit par se couper de soi. C'est superbe
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Un livre bouleversant qui, dans les premiers chapitres, paraît sans grand intérêt mais qui gagne ensuite en puissance pour se terminer dans une vive émotion.
Comment réagir face à l'absence de nouvelles d'un être cher dont on se doute bien qu'il est mort ou sur le point de le devenir ? Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nouvelles d'Europe n'arrivent qu'au compte-gouttes en Argentine. Vicente y habite avec sa femme et ses trois enfants, après avoir quitté la Pologne douze ans plus tôt. Il est resté en contact étroit avec deux très bons amis qu'il revoit souvent mais il ne reçoit plus de lettres de sa mère prisonnière du ghetto de Varsovie. Il se mure dans un silence qu'il s'inflige à lui-même d'abord mais aussi à tous ses proches. Face à l'impensable, il se réfugie dans le mutisme qui, avec le poker et d'autres jeux, lui sert de fuite devant une réalité qui se fait de plus en plus implacable. Ce livre décrit en détail l'histoire de ce silence et de l'enfermement de Vicente dans son monde intérieur, son ghetto intérieur. Tout ce récit est en même temps un questionnement sur l'identité juive.
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