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3,92

sur 971 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le grand-père de l'auteur avait émigré en Argentine avant la guerre, marchant à grandes enjambées confiantes vers son avenir, et vaguement concerné par le quotidien de ses proches restés en Pologne.
Ce roman est celui de la culpabilité qui l'a rongé comme de l'acide lorsqu'il a découvert l'horreur du ghetto.
S'appropriant le silence planétaire qui taisait cette vérité innommable, il a sombré dans le mutisme, une non-parole criante, un enfermement solidaire.
Avec ce texte qui témoigne et qui questionne, l'auteur (qui se présente lui-même comme "muet de naissance"!) redonne voix à son aïeul. Une réussite !
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✩ Sélection octobre jury Grand Prix des lectrices ELLE 2020 ✩

1928, Vicente Rosenberg est polonais, et juif.

Sentant que le vieux continent est trop vieux pour incarner l'avenir, Vicente s'exile: direction l'Argentine.

Personne, dans sa famille ne le retient - tous sentent le vent tourner - mais personne ne le suit non plus.

Pour Vicente les dix premières années d'exil sont une formidable émancipation remplie de vie, d'amitié, et puis d'amour, bien sûr.

L'Europe est loin désormais, les actualités lui parviennent tard, lui importent peu.

Sa mère lui écrit toutes les semaines. Au fil du temps, ses réponses se font plus sporadiques, le quotidien, les choses à faire... on se rattrapera plus tard.

Mais les choses se gâtent:

"En 1941, être juif était devenu, grâce à ceux qui cherchaient à les exterminer, la condition fondamentale de millions de personnes qui, comme Vicente, n'avaient jamais accordé une grande importance à cette caractérisation, à cette appartenance mi-religieuse, mi-ethnique, trois-quarts n'importe quoi."

Les nouvelles de Varsovie se sont de plus en plus rares:ils ont construit un mur... ils ont saisi nos biens... la nourriture, les médicaments, tout manque...

Et puis un jour, plus rien.

"S'éloigner de sa mère, en 1928, l'avait tellement soulagé - être loin d'elle, aujourd'hui, le tourmentait tellement"

Vicente se noie dans la culpabilité: pourquoi n'a-t-il pas répondu à chaque lettre, pourquoi n'a-t-il pas insisté pour la faire venir, pourquoi n'est-il pas allé la chercher...pourquoi lui, est-il en vie...

Aucun mot ne peut répondre à ses questions, aucune phrase ne peut le soulager, alors, petit à petit, Vicente cesse de parler.

Enfermé, seul en lui-même, entre les murs de son ghetto intérieur.

Vicente est le grand-père de Santiago Amigorena, dont il fait revivre la mémoire poussé par la nécessité, pour briser le cycle familial, pour "combattre le silence qui m'étouffe depuis que je suis né", nous dit l'auteur.

Le roman est scindé en deux parties: quand Vicente parlait et quand il cesse de parler.

La première partie est passionnante et extrêmement touchante. L'auteur parvient à nous faire toucher des doigts le désarroi de cet homme contraint à l'impuissance, spectateur ignorant des atrocités subis par les siens.

La seconde partie en revanche, m'a moins convaincue. le récit se fait très répétitif et l'auteur peine à décrire ce que son grand-père a pu ressentir.

Peut-être d'ailleurs n'était-ce pas possible, tout simplement.

Le Ghetto intérieur reste évidemment un bon roman, et un très bel hommage de l'auteur à ses grand-parents.
Lien : https://chatpitres.blogspot...
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Vicente Rosenberg a émigré en Argentine en 1928, 11 ans avant la seconde guerre mondiale. Ce roman suit sa descente dans un profond silence suite à la montée de l'antisémitisme - le personnage subit le poids de son exil, de son incapacité à avoir fait venir sa famille, sa mère avec lui, à lui avoir évité l'horreur qu'ont subi toutes les victimes du nazisme. Remord, impuissance, injustice, tant d'émotions suscitées par ce récit poignant qui donne la voix à ceux qui ont subi l'antisémitisme sous une autre violence, celle de savoir sans savoir, d'y survivre quand tant d'autres ont péri de cette tragédie.
Un récit poignant, qui nous offre un autre regard sur la Shoah.
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Un petit livre par le nombre de pages mais un grand par la qualite d'ecriture de son auteur qui se revele tres doué et avec une plume tres efficace ce qui donne du nerf à cette nouvelle.Tres agreable à lire, ce livre m'a alisse un beau souvenir.J'espere qu'il en sera de meme pour vous.
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La belle histoire d'un polonais juif fuyant l'Europe antisémite avant la guerre pour aller en Argentine. La triste histoire d'un polonais argentin, d'origine polonaise, n'ayant pas pu faire venir le reste de sa famille. le refus de savoir puis l'intuition puis enfin la connaissance profonde et précise des crimes de la Shoah. amène la transformation d'un argentin juif non pratiquant en un Juif argentin.
Un beau livre intéressant. Mais cette très lente arrivée passive de son identité est trop longue.
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Santiago Amigorena né en Argentine en 1962 vit en France depuis 1973. Il est réalisateur, producteur et écrivain.
Le ghetto intérieur est un récit autobiographique. L'auteur raconte la vie à Buenos Aires de ses grands-parents, Vicente et Rosita. Vicente Rosenberg, un ancien capitaine de l'armée polonaise, quitte en 1928 la Pologne pour Buenos Aires avec son ami Ariel Edelsohn, il laisse derrière lui à Varsovie sa mère veuve, un frère médecin, une soeur. Rosita naît en Argentine de parents émigrés de Kiev en 1905.Vicente et Rosita auront quatre enfants dont Ercilia, la future mère de l'auteur-narrateur. le livre parle de l'exil, de la quête d'identité qui s'ensuit. Ainsi en 1940, Vicente se sent-il bien plus argentin que juif polonais. Puis le nazisme le contraint à s'interroger sur ce qu'est être juif. Les lettres de sa mère et les articles de journaux disent la misère du ghetto juif de Varsovie, la presse américaine parle dès 1942 des camps. Vicente est rongé par la culpabilité : il n'a pas fait venir sa mère de Pologne quand il était encore temps, il devient mutique et absent, délaissant son foyer, gardant secrètes les nouvelles qu'il reçoit, enfermé dans son ghetto intérieur. Les lettres de la mère de Vicente et la visite du Docteur Moshé Feldsher renforcent le caractère intime du roman, les longs passages documentaires sur l'histoire de la Pologne et la Shoah le relient à l'histoire , à l'universel. C'est un récit poignant.
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L'auteur nous relate la souffrance et l'énorme culpabilité de son grand-père, Vicente Rosenberg. Celui-ci, juif polonais, a quitté la Pologne pour l'Argentine en 1928 en laissant derrière lui une partie de sa famille dont sa mère. Au fur et à mesure des terribles événements se déroulant en Pologne pendant la seconde guerre mondiale, Vicente se sent comme un traitre, un lâche vis-à-vis de sa famille (surtout sa mère) restée en Pologne. Il s'enferme en lui-même, silencieux et solitaire. Il se crée sa propre prison, son propre ghetto : celle du silence et du jeu. La culpabilité le ronge jour après jour. J'ai trouvé ce roman assez original dans la façon dont est traité le sujet de la Shoah.
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Ce récit faisait partie de la liste des titres retenus pour le Goncourt à l'automne dernier. Je ne l'avais pas lu à cette époque. Je viens de le finir. Est-ce un roman ? Il me semble que non, c'est l'histoire du grand-père de l'auteur, Vicente, qui rejetant à la fois sa nationalité polonaise et sa judéité, avait quitté l'Europe pour vivre en Argentine où il s'était installé sans se soucier de sa mère et de son frère restés en Pologne :
"Vicente avait été un homme installé : quarante ans, marié, deux filles et un fils, des amis, un magasin qui marchait, une ville qui ne lui était plus étrangère. Il avait été un homme comme plein d'autres hommes, heureux et malheureux, chanceux et malchanceux, vif, fatigué, présent, absent, souvent insouciant, parfois passionné, rarement indifférent. Il avait été un homme comme tant d'autres hommes, et soudain, sans que rien n'arrive là où il se trouvait, sans que rien ne change dans sa vie de tous les jours, tout avait changé. Il était devenu un fugitif, un traître. Un lâche. Il était devenu celui qui n'était pas là où il aurait dû être, celui qui avait fui, celui qui vivait alors que les siens mouraient. Et à partir de ce moment-là, il a préféré vivre comme un fantôme, silencieux et solitaire."

En effet, lorsque la guerre se déclare, que sa mère est enfermée de même que son frère, dans le ghetto de Varsovie, Vicence se mure à son tour dans son "ghetto intérieur", cessant de parler, de s'intéresser même à sa famille et dilapidant son argent aux jeux. A Buenos Aires il ne reçoit pourtant que des nouvelles parcellaires par le courrier et les journaux mais cela suffit à le tourmenter, il se sent coupable, d'avoir aimer la culture allemande dans sa jeunesse, de n'avoir pas insisté pour que sa mère le rejoigne, d'avoir renié sa judéité.
Pour pallier le manque d'informations précises de son héros, le narrateur énonce parfois les épouvantes réalités, les terribles chiffres qu'il faut en effet rappeler et faire entendre pour éviter autant que possible le retour cyclique que redoutent Pythagore comme Borges. Cela suffit à rendre à ce récit nécessaire mais j'ai du mal à le considérer comme un roman malgré la présentation éditoriale.

Lien : http://www.lirelire.net/2020..
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LE GHETTO INTÉRIEUR de SANTIAGO H AMIGORENA
Vicente( juif) quitte Varsovie en 1928, pour l'Argentine. Il s'installe, rencontre Rosita quelques années plus tard, l'épouse et ils auront trois enfants. Il vivote financièrement avec un magasin de meubles, à deux amis, Samy et Ariel avec lesquels il partage de très longs moments. Bon père, bon mari, tout devrait bien aller mais contrairement à la promesse qu'il avait faite à sa mère Gustawa en quittant Varsovie, il a quasiment cessé de lui écrire. C'est peu de chose, mais les journaux locaux et ses deux amis commencent à parler de la montre du nazisme, des traitements réservés aux juifs et même de déportations, voire d'éliminations. Ce qui gênait légèrement Vicente va devenir une angoisse et il va reprendre progressivement la correspondance interrompue, réalisant au fil des semaines la dégradation des conditions de vie de sa mère, des juifs en général, l'hypothèse d'une déportation de 4 millions de juifs à Madagascar, la construction d'un mur, le ghetto et les pogroms. Pire, l'état de sa mère se dégrade assez rapidement. Il se rassure en se disant qu'il avait proposé à sa mère de venir le rejoindre mais il sait très bien qu'il n'y avait mis que très peu d'insistance. Lui qui s'était toujours défini polonais se sent devenir juif. Mais qu'est un juif sans la foi?
C'est donc l'évolution de Vicente que l'on suit de 1929 à 1945, son enfermement, son incapacité à exprimer ce qu'il ressent, sa douleur, ses regrets.
C'est un livre bien écrit, dont l'intensité dramatique monte en puissance, un personnage qui s'avèrera être un membre de la famille de Santiago H Amigorena. A lire.
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C'est une lecture que j'ai beaucoup aimé pour différentes raisons : le sujet dont il traite, la construction et l'écriture.

Ce roman traite de la Seconde Guerre mondiale mais non pas en choisissant un prisonnier, ou un soldat ou militaire ou autre comme protagoniste mais comme le fils d'une (future) prisonnière. Ici nous sommes de l'autre côté de la planète pendant que tout se passe, alors que le personnage principal ne peut pas faire beaucoup, et décide d'attendre et de se murer pendant des jours, des semaines, des mois dans le silence, et nous sommes comme lui, impuissants, on culpabilise de laisser cette maman dans le ghetto de Varsovie, on attend et on espère que tout se passera bien.
C'est une vision que j'ai beaucoup apprécié et qui change de ce que l'on peut avoir l'habitude de lire sur cette thématique.
L'écriture est très fluide, travaillée et pourtant accessible.
Quant à la construction, je l'ai trouvé superbe. Peu de chapitres, pas de chichi, une construction qui fait écouler le récit sur plusieurs années à travers environ 200 pages en s'attardant sur les détails essentiels. de plus, l'auteur a réussi à nous re-situer dans le contexte historique sans pour autant rompre son récit.

Un livre à lire !

Lien : https://www.instagram.com/p/..
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