Un livre remarquable sur la culpabilité, surtout quand celle-ci peut paraître justifiée : avoir demandé à sa mère et sa famille de s'enfuir de Pologne avant qu'il ne soit trop tard, mais sans vraiment insister, sans s'en donner véritablement les moyens.
En 1928, Vincente a quitté la Pologne pour "fuir" sa famille. Installé a Buenos Aires, il est marié à Rosita et a trois enfants.
Petit à petit, prenant conscience de ce qui se passe en Pologne, rongé par le regret et la culpabilité, il se construit ses propres murs, pas physiques, comme dans le ghetto de Varsovie où sa mère est prisonnière, mais mentaux, se renferme, se coupe de sa femme aimante et désespérée et de ses enfants, devient mutique (rapprocher cela au fait que l'auteur soit muet de naissance et que Vincente soit son grand-père serait de la psychologie de comptoir. Quoique...).
Sa seule échappatoire, le poker, il y perd de belles sommes, c'est pour cela qu'il joue car il perd, un châtiment de plus...
Ce livre est aussi passionnant car il montre que les gens ne voulaient pas vraiment savoir ce qu'il se passait dans ces camps, les informations, reléguées dans les pages intérieures des journaux n'étaient pas reprises.
PS. L'auteur peut faire preuve d'un humour à la
Woody Allen, page 74 (sur la transmission de la judéité) et page 76 (enfant d'un couple mixte, ni chrétien, ni juif, donc coupable !)