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sur 975 notes
Une juif polonais, Vicente, a émigré en Argentine en 1928, s'y est marié et a fondé une famille. Il a gardé contact avec sa mère et son frère restés en Pologne. Sa mère lui écrit régulièrement bien que lui-même la néglige ; mais après 1939 progressivement, ses nouvelles sont de plus en plus mauvaises et bientôt dramatiques. Ses dernières lettres bouleversent Vicente qui comprend que sa mère et son frère vivent les plus grands dangers : il se reproche alors de les avoir négligés auparavant : dans l'enfer de la guerre, il est désormais impossible de les sauver. Il se réfugie alors dans le silence et néglige sa femme et ses enfants.
C'est un roman qui se déroule en Argentine, mais dans le contexte historique de la Shoah.
*Deux grands thèmes y sont abordés :
- celui de l'identité : un Juif non religieux ne se définit pas comme tel, ce sont les autres qui lui assignent cette Judéité ; (on ne peut pas ne pas penser que c'est identique pour un Beur français) ;
- La question de la culpabilité : Vicente a songé trop tard qu'en 1940/41, il était désormais impossible de faire venir en Amérique du Sud sa mère et son frère et de les sauver ; après le ghetto de Varsovie, ils sont vraisemblablement assassinés par les Nazis à Tréblinka. de nombreuses pages sont consacrées à ce sentiment autodestructeur qu'est le remord et qui anéantit Vicente.
* L'écriture est souvent un peu alambiquée : il faut arriver au bout de la phrase pour retrouver le sens de sa construction, ce qui nécessite parfois sa relecture.
Au bilan, un livre riche et un roman passionnant.
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Je ne voulais lire ce livre que si je le rencontrais dans ma bibliothèque préférée, c'est fait, donc avec retard sur sa parution, et sur les innombrables et élogieuses critiques qui ont suivi.

-ça ne sert à rien d'essayer de soulager sa culpabilité, simplement parce qu'il a raison de se sentir coupable -

Tout est dit. de Primo Levi à Eric Vuillard(Goncourt 2017) le crime majeur du XX siècle est décliné sous toutes les faces de son horreur, et cet auteur y ajoute son récit teinté de biographie familiale. Sa famille a fui la Pologne en 1928 pour l'Argentine , lui, fuira l'Argentine pour raisons politiques également, revient en Europe, n'aime pas trop la France, mais écrit en français; ouf!
Sauf qu'au récit des atrocités relatées dans les journaux argentins et se mettant dans la peau de son aieul, alors qu'il s'est construit une vie tranquille à Buenos- Aires avec femme et enfants, survient un malaise qui finira quasiment en folie; il a laissé sa mère à Varsovie maintenant dans le ghetto Il devient mutique ,perd leur argent au jeu et délaisse sa famille. Ce qui le ronge surtout c'est sa judéité, d'ailleurs c'est pour cela qu'il avait quitté sa mère, et c'est sans flamme que de temps en temps il pensait la faire venir près d'eux.
Identité, judéité, remords sont les thèmes principaux de ce roman . Je n'ai pas été touchée par le parcours de ce Vicente, l'écriture peut-être en est aussi la cause, seuls les appels à l'aide de sa mère sont émouvants il me semble.
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En 1928, Vincente Rosenberg, le grand-père de l'auteur, quitte sa Pologne natale pour la lointaine Argentine. Il laisse sur place sa mère, son frère et sa soeur. A Buenos Aires, il épouse Rosita, avec qui il aura quatre enfants. le couple est heureux et mène une vie agréable avant que les premiers bruits de la guerre en Europe ne se font entendre. Jusqu'en 1941, Vicente échange des lettres avec sa mère qu'il rêvait de faire venir en Buenos Aires. Celle-ci est enfermée dans le ghetto et souffre de la faim, puis… plus rien.

A cause de ce silence, en apprenant petit à petit ce qu'il se passe dans les camps en Pologne, Vincente plonge dans le désespoir et le déni. Comment en effet croire une réalité inconcevable pour le commun des mortels? Jusqu'à la fin de la guerre et à la découverte des camps…

A partir de là, Vincente, écrasé par ce qu'il apprend et par la culpabilité de ne pas avoir pu sauver les siens, va perdre pied et se réfugier dans un mutisme total, un silence qu'il transmettra à certains de ses enfants et petits enfants, l'auteur n'étant autre que son petit-fils.

Ce livre d'une force inouïe, écrit simplement, exposant les faits, m'a littéralement brûlée. Je m'étais toujours demandé comment les survivants avaient vécu la découverte des "événements" (on ne parlait pas encore de Shoah à l'époque). Je le supposais, maintenant je sais. le ghetto intérieur est un livre indispensable qui deviendra un classique.
Pour compléter mon propos, je ne peux que vous inviter à lire l'interview de l'auteur, Santiago H Amigorena, dans Les Inrocks de cette semaine.

Le ghetto intérieur, Santiago H Amigorena, Editions P.O.L.






Lien : https://www.instagram.com/bc..
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Vincente vit en Argentine depuis 1928 avec sa femme et ses trois enfants, il est juif et polonais. Depuis son pays d'adoption, il guette la tension monter en Europe à partir de 1939, il sent à distance le désastre que sa mère va vivre, le ghetto dans lequel elle va être enfermée et affamée, l'histoire de la Shoah qui va s'abattre sur son pays natal.

Ce livre est poignant par son réalisme, par les mots justes de l'auteur qui raconte l'histoire de son grand père. Cette histoire qui paraît à la fois lointaine et malheureusement aussi proche que jamais. Pour paraphraser une amie qui se reconnaîtra et à qui j'ai envoyé quelques photos de certains passages, Santiago H. Amigorena met des mots sur l'indescriptible, sur ce qui se ressent mais peut difficilement s'expliquer.

Comme dans son précédent roman « la justice des hommes », Vicente s'isole dans un mutisme profond, opaque. Dans ce silence il s'interroge sur sa propre identité : est-il encore juif en Argentine pendant que sa famille vit l'horreur en Pologne ? Et pourquoi le mot juif est celui qu'on lui applique systématiquement et immédiatement alors qu'il est avant tout homme, mari, père.

Santiago H. Amigorena mélange les faits historiques et ce qu'il sait de son grand père pour décortiquer la notion d'exil et d'identité. Livre fort &#xNaN
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𝐑é𝐬𝐮𝐦é :

Vincento est un jeune homme qui a fui Varsovie et s'est installé à Buenos Aires pour construire sa vie.
Le récit se déroule dans les années 40, sa mère et sa fratrie sont restés à Varsovie.
Petit à petit il devine un peu la vie qu'ils mènent dans le ghetto de Varsovie puis au camps de Treblinka, ne pouvant et ne voulant connaître la réalité.
Au fur et à mesure, les questions et la culpabilité vont l'envahir au point qu'il ne s'autorise plus à vivre sa vie.

𝐀𝐯𝐢𝐬 :
Ce livre est très difficile et évoque e les horreurs vécues par les Juifs Polonais pendant la seconde guerre mondiale.

Le fait que le narrateur soit un homme exilé est très intéressant. Jusqu'où la tragédie de ce qui se déroule dans son pays va l'affecter et le détruire de l'intérieur.

J'ai beaucoup aimé la manière dont est lu cet audiobook. Bien que le sujet soit lourd et qu'il s'agisse essentiellement d'un récit à la première personne, Eric Caravaca sait rendre la lecture vivante.

Un livre à écouter et à lire.
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Vous me direz, encore un livre sur la shoah, du déjà vu...

Loin de là!
Un ouvrage sensible, sur l'absence, la culpabilité, la perte d'espoir...
Un devoir de mémoire indispensable et juste, sans pathos, dans la lignée d'une Primo Levi...
Un dernier chapitre plus qu'émouvant et étonnant, nous plaçant nous, lecteurs du XX1ème siècle, devant nos responsabilités et notre Histoire...
Un petit bijou!
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La question sur ce qu'est la judaïté n'a pas de réponse satisfaisante. Selon que l'on soit intérieur ou extérieur à cette appartenance, nous avons vis à vis de l'existence même de, comment l'appeler, la diaspora juive, la raison d'être de la dispersion, nous avons une lecture mal avisée. Je suis gêné aux entournures à l'idée d'évoquer le sort de millions de personnes dont le reste de l'humanité n'a eu que faire jusqu'à la découverte bien réelle des camps de la mort. La publication dans les journaux anglo-saxons de témoignages sur ceux-ci, pendant la guerre, ne suscita pas l'émoi et la prise de conscience qui habitent aujourd'hui l'ensemble du monde occidental. le silence pathologique du personnage principal en dit long sur l'impossible culpabilité, sur la vacuité d'une vie marquée sous le sceau de l'infamie. Vous saviez, vous aviez des doutes et vous n'avez rien fait, et pourquoi, si ce n'est par pur égoïsme. Il est un peu facile ensuite de se dédouaner par un travail de mémoire, sorte de psychanalyse qui évacue la honte originelle.
Oui, votre grand père est parti en Amérique du Sud. Il a laissé sa mère, son frère et n'est pas revenu pour les chercher et les protéger quand il était encore temps. Il avait trouvé le bonheur, matériel et affectif, qu'en a-t-il fait. Ce n'était pas une "grande âme". Des millions d'êtres vivent et meurent sans avoir eu à confronter leur humanité ou leur courage à une quelconque épreuve qui magnifie ou détruit celle ou celui qui la rencontre. L'on reconnaît la vraie nature d'un individu à son attitude lors de circonstances exceptionnelles. Cet homme a eu à vivre une épreuve insurmontable pour lui, un être faible, mais qui sommes-nous pour dire ce que nous aurions fait à sa place. La lâcheté collective a précédé ce petit bout de manque de conscience individuelle. Que le petit-fils prenne le sujet à bras le corps est tout à son honneur, toutefois, la rédemption n'est pas d'actualité, L Histoire actuelle n'honore pas plus l'espèce humaine. La mauvaise conscience de l'humanité a donné à la judaïté son territoire, un état dont on taira les exactions, qui n'honorent pas la mémoire de leurs aînés.
Je vous le dis, d'autres génocides ont eu lieu, à plus ou moins grande échelle, il est à espérer que d'autres petits-enfants participent au devoir de mémoire sans chercher à exempter les acteurs et spectateurs de toute responsabilité.
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J ai beau lire des livres sur les juifs la guerre la résistance en fermant ce livre me voici encore toute retournée.
Que d' histoires tragiques a vécu ce peuple
Au départ je ne comprenais pas trop ce titre
Ce titre peu commun se dévoile tout au long du récit
Les taiseux sont ils heureux même dans la vie d'aujourd' hui bien que dés fois il faut savoir se taire
Le silence est il d'or ou est il pesant ?
je vous laisse découvrir ce livre et les pensées de Vicente
Bonne lecture
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Un livre remarquable sur la culpabilité, surtout quand celle-ci peut paraître justifiée : avoir demandé à sa mère et sa famille de s'enfuir de Pologne avant qu'il ne soit trop tard, mais sans vraiment insister, sans s'en donner véritablement les moyens.
En 1928, Vincente a quitté la Pologne pour "fuir" sa famille. Installé a Buenos Aires, il est marié à Rosita et a trois enfants.
Petit à petit, prenant conscience de ce qui se passe en Pologne, rongé par le regret et la culpabilité, il se construit ses propres murs, pas physiques, comme dans le ghetto de Varsovie où sa mère est prisonnière, mais mentaux, se renferme, se coupe de sa femme aimante et désespérée et de ses enfants, devient mutique (rapprocher cela au fait que l'auteur soit muet de naissance et que Vincente soit son grand-père serait de la psychologie de comptoir. Quoique...).
Sa seule échappatoire, le poker, il y perd de belles sommes, c'est pour cela qu'il joue car il perd, un châtiment de plus...
Ce livre est aussi passionnant car il montre que les gens ne voulaient pas vraiment savoir ce qu'il se passait dans ces camps, les informations, reléguées dans les pages intérieures des journaux n'étaient pas reprises.
PS. L'auteur peut faire preuve d'un humour à la Woody Allen, page 74 (sur la transmission de la judéité) et page 76 (enfant d'un couple mixte, ni chrétien, ni juif, donc coupable !)




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« […] les mots ne dépendent pas de ce que croit dire celui qui les dit : les mots disent ce qu'ils deviennent, ils racontent toujours une histoire, des histoires. »
Les mots de Santiago H.Amigorena glissent un pied dans la porte de l'histoire verrouillée de silence de sa famille. Lorsque Vicente Rosenberg, son grand-père, quitte Varsovie en 1928 pour aller s'installer en Argentine, il n'est pas (et il ne peut pas être, pas encore, pas si tôt !) un juif qui fuit la menace nazie, il n'est qu'un jeune homme comme tant d'autres, gonflé de l'espoir de construire sa vie dans un pays plein d'avenir et, surtout, loin de l'amour étouffant de sa mère. Alors, oui, il répond à ses lettres, mais pas toujours, mais de loin en loin, mais de moins en moins. Jusqu'à ce que des mots terribles, des mots qui seront les derniers, tracent les contours d'une réalité qu'il ne voulait pas voir, qu'il ne pouvait pas croire et contre laquelle il ne peut plus rien. Alors, de douleur et d'impuissance, il se tait.
L'histoire que racontent les mots de Santiago H.Amigorena est, paradoxalement, celle d'un silence qui se creuse dans le fracas lointain des armes, dans la douleur montante des larmes, dans la terreur sournoise des flammes d'une terre brûlée à venir. Celle d'un silence qui se bâtit, à grand renfort de honte et d'angoisse sur les ruines encore fumantes d'une existence dont on ne soupçonnait pas la valeur, de souvenirs dont on ignorait qu'on les chérissait. Les mots de Santiago H.Amigorena racontent un gouffre qui se creuse, un mur qui se construit, un silence qui se fige peu à peu entre le racontable et l'indicible, entre ce que les mots peuvent traduire et ce qu'aucun d'entre eux, jamais, n'aura le pouvoir de dire avec assez de force, de poids, d'horreur et de justesse. Ils racontent l'histoire du nouveau péché originel, celui de la génération « d'après », entravée pour toujours des chaînes de la culpabilité d'avoir échappé au pire, de n'avoir pas su le voir, le dire et d'avoir osé vivre tandis que tant d'autres mourraient. Les mots de Santiago H.Amigorena racontent le silence coupable de ceux qui n'ont pas voulu croire aux mots qui racontaient et qui donnaient à voir et à hurler, le silence qui enferme et qui tue, le silence qui condamne. Qui « damne avec » ?
En retrouvant les mots enfouis, les mots qui n'ont pu être dits avant lui, Amigorena dévoile, avec justesse et une douloureuse lucidité, la Genèse d'un silence qui, à votre tour, vous laissera sans voix.
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