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Critiques filtrées sur 5 étoiles  

J' HALLUCINE

Nous sommes le 20 septembre 2022 sur Balelio à 23 heures. Kent Anderson, un écrivain américain de roman policier majeur, même un écrivain tout court avec un grand E, fait l'objet de seulement 52 critiques.

Dans le même temps :
Thilliez - 9500
Fred Vargas - 3300
Giebel - 5800

Trouvez l'erreur. Serait-ce le résultat d'une lobotomisation médiatique ?
Cela me fait peur.



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Critique de Sympathy for the Devil de Kent Anderson. Mon second livre préféré (derrière "Hello Fucktopia" de Souillon). On parle de la guerre du Viêt-Nam. En gros les Viets sont divisés, et un des groupes est soutenu par les USA... Et ce n'est pas un spoil de vous dire que l'oncle Sam a perdu a cause des bayoux, jungles tropicales, etc... Les personnages principaux sont de bonnes vieilles brutes alcooliques et débiles, et y'a un drôle de retournement à la fin qui vaut le coup d'être lu! Ca part en cacahuètes et c'est ce qu'on adore. Il faut considérer aussi la dimension chamanique du livre "Mais bon Dieu qu'est ce que tu as fait a ces escargots?! Ils savaient exactement ce qu'ils faisaient" (cette phrase m'a touché). Comme quoi on peut descendre du Viet à la pelle et aussi avoir de l'empathie pour les escargots. En tant qu'alcoolique abstinent depuis 4 ans maintenant, j'ai beaucoup aimé lire leurs histoires de beuverie du temps où j'en avais aussi. Je conçois que les hommes ne puissent pas faire une chose aussi horrible sans s'anesthésier l'esprit. Sympathie pour le diable, car au final, être un soldat, ce n'est ni bien ni mal. Et c'est écrit d'une plume... Un (long) chef d'oeuvre. Jamais lu ou vu de film aussi palpitant sur la guerre en général! Même pas le très bon Indigènes avec Jamel Debouz. 5/5. Evidement.
Lien : https://www.instagram.com/ha..
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Les péripéties de Hanson, étudiant en lettre et tout jeune engagé volontaire pour la guerre du Vietnam. Intelligent et doté d'une bonne force physique, Hanson intègre les Forces Spéciales - les "Bérets Verts" - une unité d'élite de l'armée Américaine. Après une formation à la dure, prodiguée par un sergent-instructeur digne du sergent Hartman dans Full Metal Jacket, il rejoint le terrain pour participer à la plus grande déconfiture de l'Histoire militaire des Etats-Unis. Sur place, il manque de perdre la vie à de nombreuses reprises, sauvé par la chance, une balle qui ricoche au bon endroit, un éclat de shrapnel à quelques centimètres de son visage. On se rend compte de la part d'aléa à laquelle la vie de l'homme est soumise dans la jungle obscure.
Brisé par le conflit, shooté aux emphet', à l'adrénaline et à la violence, Hanson revient de la guerre dans une Amérique pacifiste, de plus en plus opposé au conflit, qui ne témoigne aucune gratitude à ses vétérans. Il enchaîne alors les soûleries, les bagarres et les comportements asociaux. Il repart finalement pour le Vietnam pour un baroud d'honneur ...

Kent Anderson, ancien sergent-chef dans les Forces spéciales offre dans Sympathy for the devil un récit de sa propre expérience de vétéran. Les scènes de guerre sont donc d'un réalisme cru, parsemées d'anecdotes tantôt humoristiques, tantôt pessimistes. Il dresse un tableau des différents caractères rencontrés au front : les "bleus" terrorisés, débarqués sans entraînement, dont l'espérance de vie ne dépasse pas un petit mois, les gradés, couards et iniques, bien planqués derrière les lignes, les gouvernants hypocrites, intéressé par le conflit seulement pour l'avancement ou la célébrité qu'il pourrait leur procurer. Seuls semblent trouver grâce à ses yeux quelques compagnons d'infortunes, des grandes gueules violentes et sanguinaires, pour lesquels la guerre est presque devenue un jeu : tuer pour ne pas mourir.
L'auteur remettra Hanson en scène , vingt ans plus tard, devenu flic de patrouille à Portland, Oregon, dans le cultissime Chiens de la nuit.
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Immense claque ou plutôt coup de poing dans la figure (pour rester polie) que ce livre qui, pour reprendre les termes d'un critique n'est " pas davantage un livre sur la guerre que Moby Dick n'est un livre sur la pêche à la baleine".

Je suis très intéressée par la guerre du Vietnam que je connais essentiellement à travers les - grands - films consacrés au sujet. J'étais donc particulièrement impatiente de lire ce livre. le démarrage m'a cueillie à froid car le lecteur est immédiatement plongé sur le front de la guerre, en suivant le sergent Hanson, dans une mission de reconnaissance officieuse. le vocabulaire est emprunt de termes militaires et Hanson semble être une brute, sans scrupules ni humanité.

Sauf que... ce livre, dont la construction se révèle aussi absolument géniale qu'à première vue déroutante, nous plonge ensuite moins de deux ans avant. Hanson était alors un étudiant, épris de philosophie et de poésie. Son nom est tiré au sort. Lors de l'entraînement, sa volonté et ses qualités physiques l'aident à s'en sortir. Surtout, il aperçoit deux bérets verts qui lui semblent incarner la liberté, l'estime de soi, la force et la sérénité qui lui font défaut. Il décide de percer le secret de leur remarquable détachement et de devenir l'un d'eux. Sauf que "Hanson ne s'en rendait pas encore compte, cette nuit là, mais un jour viendrait où il réaliserait qu'il est impossible de fraterniser avec les seule hommes libres d'une armée, avec les meilleurs de ses assassins sans devenir soi-même l'un d'entre eux."

C'est en nous expliquant ce glissement, d'abord insidieux puis total et enfin irrémédiable que Kent Anderson excelle. Tout simplement parce qu'à travers l'étudiant et le sergent Hanson, c'est son histoire qu'il partage avec nous. Ce livre est à la fois glaçant et fascinant. Hanson est parfois attachant, souvent même - c'est d'ailleurs cela qui est effrayant. Son amitié avec deux héros (monstres ?) de guerre comme lui est touchante. le problème est qu'il s'est pris à son propre piège, n'est heureux que sous l'effet de l'adrénaline de ses missions, lorsqu'il traque et tue l'ennemi. Les combats sont remarquablement décrits, de l'intérieur, avec une rare sobriété, le caractère oppressant de la nature est palpable comme le profond désarroi de notre héros.
Le fait de commencer par nous présenter le flippant sergent Hanson, en mission puis de retour chez lui - où il se peut se défaire de la peur, ce qui le mène à la plus grande agressivité - avant de nous présenter ses débuts donne toute sa puissance et sa singularité à ce roman. Kent Anderson, dont c'est l'histoire, a trouvé sa réinsertion (sa rédemption ?) dans l'écriture et ce roman est magistral, grandiose. Inoubliable
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Etudiant, Hanson est appelé pour partir au Vietnam. Pendant les classes, lors d'une longue station au garde à vous, il voit passer des Bérets Verts. Il est aussitôt séduit par leur force tranquille, leur décontraction, furieux contraste avec ses collègues arrogants, bêtes, méchants, faibles, hantés par la peur, martyrisés et manipulés si facilement par les instructeurs. Quitte à y aller, autant être avec les meilleurs, se dit-il.
Alors que les livres consacrés à la guerre sont en général centrés sur le trouffion, celui-ci a donc pour protagoniste un jeune homme appartenant à un corps d'élite qui inspire peur et respect au sein de la grande armée américaine. Les Marines passent pour d'incompétents boys scouts à coté de ces guerriers hyper professionnels, qui prennent leur pied en tuant.
Ancien sergent dans les Forces Spéciales au Vietnam, exactement comme Hanson, Kent Anderson nous propose d'abord une saisissante radiographie de l'armée à l'époque de la vietnamisation, quand il s'agissait de se retirer progressivement en laissant le pouvoir aux alliés, ceux à côtés desquels on est censé combattre (tiens, j'ai déjà entendu cela quelque part). Celle-ci est loin de constituer un bloc uni et indivisible. Les haines et le mépris sont tenaces entre les unités combattantes, sans parler du racisme quotidien et du manque de confiance envers l'armée du Sud Vietnam ou de la façon dont sont utilisées les ethnies montagnardes. Les meurtres entre soldats ne sont pas rares. le film "Platoon" qui avait fait sensation en montrant les dissensions au sein d'une patrouille, fait ici figure de film de campus US, tant la violence peut aller loin (cf. l'extraordinaire scène finale, celle de Quinn face à Grieson).
Autre point fort du livre, l'extrême réalisme de la vie militaire et des scènes de combats, puisque nous assistons à plusieurs types d'affrontements : patrouille de 5 hommes en reconnaissance (première et avant- dernière scènes), riposte face à une attaque de la base en pleine nuit (la scène fait écho au final de "Un pour marquer la cadence", de James Crumley, ami de l'auteur et préfacier du livre), accompagnement d'un bataillon de démineurs avec véhicules blindés en pleine jungle. On en apprend beaucoup sur les armes, sur la façon de se déplacer et de faire appel à l'artillerie ou à l'aide médicale, sur l'importance des moyens de transmission et enfin sur ce quelque chose en plus, cette rage des tueurs.
Anderson ne nous propose pas une belle exploration psychologisante de l'âme du guerrier US, mais il nous permet de les voir vivre, tels quels. Quinn, Silver et Hanson vivent avec la mort, ils dépouillent les cadavres éventrés comme on va aux champignons. Ils revendent les objets récupérés, car il y a un vrai marché du souvenir pour les soldats qui ne sont pas toujours au contact du feu et souhaitent ramener à la maison des indices de leur séjour. En mission, tout est simple avec 2 alternatives : tuer ou mourir. Il faut être concentré, on vit pleinement un moment extrêmement dense et on ne se pose pas de questions existentielles ou sur son avenir professionnel. Ces hommes ont également le sentiment d'appartenir à une aristocratie militaire et fraternelle, celle de ceux qui assument la mort et les mains sales, à l'inverse des politiques et des officiers sans réelle expérience du feu (voir par exemple la relation d'amitié très forte avec les Montagnards qui combattent à leurs côtés, dont ils respectent les traditions, même si Anderson n'en fait toutes une histoire en les faisant basculer dans le côté soldats New Age). D'ailleurs, quand Hanson part aux États-unis, dans le "monde réel" comme disent les soldats avec ironie, il ne s'y acclimate pas, il a envie de dézinguer ceux qui le contrarient, il ne peut pas marcher en rase campagne sans chercher un coin où se protéger en cas d'attaque. Il repartira au Nam plus rageur encore, mais en paix avec lui-même.
"Sympathy for the Devil" m'a donné envie de lire "les Chiens de la nuit". Hanson est désormais dans la police, sur la piste de Kent Anderson, passé par cette étape avant de devenir prof d'Anglais et se consacrer à la littérature, pour notre grand bonheur, car c'est surtout un sacré écrivain qu'il est urgent de découvrir et faire connaître. Les dialogues sont extraordinaires, les scènes de batailles ou de bar sont racontées en alternant lyrisme et précision documentaire. La construction est également originale car elle échappe au schéma obligé de tous les récits de guerre, l'incorporation, l'attente, le premier combat, le final... Seule allusion autobiographique que je ne résiste pas à vous dévoiler. Pendant ses classes, Hanson résiste en ayant toujours avec lui des pages de poèmes qu'il parvient à lire en douce quand on les fait stationner des heures durant au garde à vous, grâce à une technique très étudiée. Ses camarades le surnomment "Pageman".


Lien : http://polaroides.blog.lemon..
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Tu le savais, hein, qu'il me plairait ce livre? Les Stones, les Who, mes 17 ans....
C'était une guerre rock'n roll, une guerre de dingues, un sketch monumental, des officiers supérieurs finalement plus à l'Ouest que leurs sous-officiers déjantés.
Hanson oscille entre grâce et enfer. J'ai adoré qu'il pense à de la poésie en pleine folie guerrière. Il navigue avec spiritualité au milieu d'un délire total. Il est intelligent et a l'instinct de survie. Il a choisi la seule voie possible pour tenter la vie, exclure de rester parmi les médiocres, rejoindre les forces spéciales. Comme il est attachant, ce soldat qui lit de la poésie, est fasciné par un sorcier chaman, un ''montagnard'', aime l'odeur de liberté de l'herbe éléphant de la jungle. J'ai aimé ses contradictions, ses doutes.
J'étais triste qu'il rentre au pays si paumé, qu'il sombre dans l'alcool, la came et les amours minables. J'étais heureuse qu'il rempile pour retrouver un diable ayant la voix de Mick Jagger et la tête de Keith Richards.
J'ai souffert avec lui. J'ai eu peur pour lui à chaque page ou presque. J'ai rigolé avec ses copains au bar du foyer. J'y étais avec lui, là-bas, au Nam dans les années 60.
Anderson est saisissant de justesse. Les descriptions me parlent, est-ce à cause des films vus sur le sujet, ou d'un imaginaire construit lors des leçons d'histoire de mes études?
Son écriture est crue, vraie, nerveuse et lente, violente, sans artifice. La lumière dans les ténèbres. J'ai aimé les moments où tout se fige avant le choc, la délivrance de l'assaut.
Mon passage préféré :
«Hanson ignorait encore qu'il venait de décider de faire ce que l'armée attend précisément de certains de ses hommes, des meilleurs des siens - tenter de la battre à son propre jeu. Guerre était le nom de ce jeu et, lorsqu'on frôle la guerre de trop près, qu'on la regarde au fond des yeux, elle peut vous entraîner tout entier, muscles, cervelle et sang, jusqu'au plus profond de son coeur, et jamais plus vous ne trouverez la joie en dehors d'elle. Hors d'elle, amour, travail et amitié ne sont plus que déboires.»
Tu écoutais quoi toi, à tes 17 ans?
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Un excellent ouvrage au style tonique et vrai qui réveillera bon nombre de souvenirs chez les anciens militaires. Des portraits d'hommes rudes et simples à la fois qui échappent un temps à leur destins grâce au combat. Ce roman apportera un brin de nostalgie aux "baroudeurs" qui, comme moi, le dévoreront d'une traite. A ne pas manquer.
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Il est clair que pour nombre d'auteurs américains , la guerre à était une réalité , qu'il faut exorcisée pour pouvoir avoir un semblant de vie normale , si tant est que cela soit possible ... Anderson comme beaucoup a eu le besoin de faire connaitre son expérience au feu au cours de la guerre du Vietnam , et cela dans le cadre d'un livre qui s'apparente a un croisement entre Platoon et Full Metal Jacket. Il estévident qu'Hanson son personnage principal est là comme son double littéraire . La folie qui prend au corps ce personnage qui arrive dans un enfer , lui qui a fait des études supérieures , tout cela est trés bien rendu par l'auteur qui s'attache a faire vivre au lecteur ce qu'il a ressenti sur le terrain au millieu des balles et des mines . le contexte est d'un réalisme assez marquant , il est clair que l'auteur n'a pas voulu ménager son lecteur . le tout peut paraitre assez éprouvant pour les ames sensibles. Ici l'on est pas dans un conte de fées , et le réalisme de certains passages s'avére dur a supporter . Mais l'intégrité de la démarche de l'auteur est a saluée , il a tenu a faire connaitre a tous ce que fut le quotidien des ces jeunes hommes lachés face a d'autres jeunes qui avaient pour eux la connaissance du terrain . L'un des livres pami les plus rudes sur ce conflit atroce qui a traumatisé toute une génération sacrifiée au nom de l'imbécilité et de l'orgueuil de certains puissants avides de gloire .
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Un livre sur la guerre du Viêt-Nam bien Rock n 'roll et construit comme un film. On sent un grand besoin pour l'auteur de se livrer, car son vécu personnelle de la guerre a été un désastre psychologique, lui a probablement volé sa jeunesse et bien plus encore. Autant les descriptions de la violence de la guerre seront aussi bien présentes dans "Matterhorn" de Karl Marlantes, mais ce qui m'a le plus marqué ce sont ces passages où Hanson, en permission, n'arrive plus à s'intégrer, à sortir de cette guerre.

Ce roman est important selon moi, il faut savoir que c'est un livre qui dénonce non seulement la violence de la guerre en soi, mais aussi ceux qui, dans leurs uniformes très gradés, assis dans leurs fauteuils, commandent ces massacres. Je n'en dis pas plus pour réserver au futur lecteur cette découverte, mais Anderson ne fait pas dans la dentelle!!
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« Hanson était allongé sur le dos et regardait les nuages défiler à travers le toit d'épineux, en souriant dans le noir. Il était à près de quinze mille bornes de chez lui, en plein milieu d'un carré de broussailles, en train de participer à une opération transfrontalière illicite, cerné de toutes parts par l'ennemi, et il était heureux. Bien sûr, il y avait la peur, mais il était aussi heureux que possible, aussi heureux qu'il avait jamais rêvé de l'être. La seule chose dont il avait à s'inquiéter, c'était de rester en vie. S'il se plantait, il mourrait, et tous ses problèmes seraient terminés. »

Avec Sympathy for the devil, Kent Anderson présente le parcours de son double, Hanson, appelé sous les drapeaux en pleine guerre du Vietnam et qui a fait le choix de s'engager dans les forces spéciales, les fameux bérets verts, pour ne pas devenir une simple piétaille destinée à servir de chair à canon. Pour pouvoir choisir sa mort, en quelque sorte. Ainsi de ses classes à son deuxième séjour au Vietnam en passant par un retour écourté au pays pour cause de paranoïa aigüe et d'incapacité à retrouver la vie civile, on suit pas à pas ce soldat entré dans l'armée sans le vouloir et qui s'est mis a aimer la guerre.

« Hanson avait été entraîné à tuer, c'était là le grand art qu'avait su maîtriser sa jeune vie et, lorsqu'il se sentait bien, une partie de lui-même aspirait à tuer quelqu'un, comme d'autres mouraient d'envie de courir, de skier, de danser ou de déclencher une bagarre dans un rade. »

Autant dire que le roman d'Anderson apparaît de prime abord peu moral – ce que confirme rapidement la suite – avec ce héros qui s'est découvert un talent pour le moins dérangeant, ainsi qu'il s'en aperçoit lorsqu'il revient aux États-Unis après son premier tour au Vietnam, et qui, conscient de son statut de soldat d'élite, méprise plus encore le reste de son armée que les soldats adversaires. Ce que dépeint Anderson, c'est au-delà de la camaraderie, des liens qui se tissent entre Hanson, ses amis bérets verts et les Montagnards qui les accompagnent, c'est toute l'absurdité d'une guerre – la première guerre « rock'n'roll », comme le dit un personnage – menée avec une incompétence confondante et des hommes inexpérimentés (« Les recrues qu'on leur balançait était de plus en plus souvent des criminels analphabètes ou des drogués incapables d'obéir aux ordres. Les gradés n'avaient d'ailleurs rien à leur envier. Certains de ces jeunes sous-lieutenants appelés n'avaient même pas les compétences suffisantes pour gérer un magasin 7-Eleven, pour ne rien dire d'une unité combattante. ») destinés à mourir ou à flirter dangereusement avec la folie meurtrière.

Tout cela décrit non pas froidement mais avec au contraire une fascination pour la guerre et la mort que l'auteur amène le lecteur à partager par le biais d'une écriture non dénuée d'humour, à travers des scènes de combats efficaces, et, surtout, des dialogues et des réflexions qui peuvent apparaître moralement choquants mais contrebalancés par le sentiment de camaraderie qu'arrive à faire passer Anderson. C'est toute cette ambigüité troublante qui, par ailleurs, donne à ce roman une réelle épaisseur et en fait un témoignage fort sur l'absurdité d'une guerre vécue comme telle par ceux qui la font.
On pense évidemment en lisant Sympathy for the devil aux films que l'on a vus à ce sujet, de Platoon (pour la peinture du quotidien des soldats et des conflits internes) à Full Metal Jacket (pour les classes, notamment) en passant par Apocalypse Now (pour la folie de Kurtz) ou Rambo (le premier, tiré du Premier sang de David Morrell, pour le difficile retour à la vie civile) ; mais il y a chez Anderson un supplément d'âme, cette capacité à créer un véritable malaise face à la fascination qu'exerce son récit sans pour autant vous pousser à le lâcher. Un roman d'une rare puissance.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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