Je ne note pas ce document inclassable du moyen-âge car je n'ai pas les références pour le faire, notamment peu de connaissances sur l'univers celte et sa mythologie, souvent attachée aux lieux et aux fêtes de l'année.
Il s'agit là de la plainte formulée en vers (la traduction n'a pas pu restituer la forme rimée) d'une vieille femme regrettant sa vie de naguère et sa beauté disparue qui ne lui permet plus de convoiter de jeunes hommes. Les aimer, elle le peut toujours, mais non les étreindre, hélas ! "Jusant me vient, comme à la mer ma vie reflue".
Car dans la société celte du 9ème siècle irlandais, les femmes ont le droit d'écrire des poèmes d'amour et leur plume est libre.
Attention cependant, mes maigres lectures sur la question, émanant de la préface de cet opuscule, m'ont appris que les chevaliers s'adressant à leur seigneur ou à leur roi pouvaient utiliser la forme féminine.
Il n'est donc pas certain que cet écrit émane d'une femme, elle peut aussi être le dit nostalgique d'un noble âgé (comme on était âgé à cette époque, trente cinq, quarante ou cinquante ans), ne se sentant plus les forces nécessaires pour servir son roi et méditant de se retirer dans un monastère (ou dans un domaine hors du cercle du pouvoir).
La forme du poème est simple et belle. Je devine, sous sa limpidité, tout un monde complexe et inconnu de moi, lectrice de bonne volonté mais novice.
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Jusant me vient, comme à la mer
ma vie reflue, en jaunissant,
je peux pleurer, je peux pleurer
Lui, joyeux, s'avance vers sa proie.
C'est moi Bui, la vieille diablesse de Beare ;
autrefois, toujours parée de neuf ;
aujourd' hui, misère m'étreint et j'erre
sans un haillon pour me couvrir la peau.
Voyez ces bras
osseux et décharnés
leur art était si doux
enlacer des rois glorieux
J’ai brûlé ma jeunesse, ce fut une naissance
et je ne regrette rien, j’ai tout voulu