Lorsque j'ai sélectionné ce livre lors de la dernière Masse Critique Non Fiction, j'avais comme objectif d'être un peu plus éclairée sur l'affaire d'Outreau qui résonnait en moi comme un immense gâchis et une tragédie sans nom.
Je n'en connaissais ni les détails ni les rebondissements. Je savais simplement que des paroles d'enfants avaient alerté travailleurs sociaux, policiers, magistrats, médias et opinion publique et qu'à plusieurs niveaux, le travail d'enquête, de justice, de journalisme avait été bâclé voire mal fait.
Je n'ai pas été déçue de cet ouvrage de
Gilles Antonowicz qui résume bien cette affaire sordide. Mais le début de la lecture a été très ardu.
Les premiers chapitres sont une succession de noms, de dates, de témoignages, de contre-témoignages, d'accusations, de rétractions, d'éléments contradictoires. . Je me suis sentie complètement perdue face à tous ces éléments présentés sans filtre, de manière très détaillée dans un souci de clarté et de fidélité à l'affaire mais qui a eu sur moi un effet de repoussoir.
Je me suis battue devant les détails immondes. Dégoûtée, désespérée et nauséeuse. Comment sortir de cette spirale de violence sous toutes ces formes ? Comment trouver un semblant de lumière dans ce quart-monde émotionnel ? Comment faire confiance à des témoignages, des compte-rendus et des procès judiciaires lorsque les mensonges habitent les mots - consciemment ou non - des différents acteurs de cette tragédie ? Comment comprendre et accepter la voracité des médias cherchant à faire le buzz et à rendre la justice au détriment de la prudence, de la patience, de la présomption d'innocence des uns et des autres ? Comment arriver à lire au coeur d'un tel drame les restes d'une humanité acculée, blessée, déviante ou/et en quête d'une vraie justice ?
La deuxième partie du livre m'a beaucoup intéressée.
Gilles Antonowicz revisite l'exploitation et la responsabilité des médias, du personnel de loi, des instances politiques et de l'opinion publique. Chacun, de son côté, avec plus ou moins de succès, plus ou moins d'influence, plus ou moins de conscience a participé à ce désastre.
Désastre que l'auteur analyse sous toutes ses formes : désastre humain, institutionnel, culturel, moral et financier.
Personne ne sort gagnant de cette affaire.
Si le Mal existe, il s'est installé à Outreau il y a quelques années. Il a scellé à tout jamais le nom de cette cité des Hauts-de-France à un fait divers monumental et sordide. Tous aimeraient l'oublier. Pourtant il continue de hanter les esprits et de laisser ses traces moches et indélébiles sur tous ceux qui l'approchent.
Et au moment de refermer ce livre, seuls quelques mots brisent ma soif de silence devant l'horreur : "Plus jamais ça !"
Merci aux
Editions Max Milo et à Babelio pour cette lecture hors de ma zone de confort.