Ki-Itchi !!, tome 8

C'est vrai que ce n'est pas crédible, et alors ? Pourquoi une belle histoire devrait-elle se laisser "plomber" , comme un oiseau en plein vol, par la cynique et lucide expérience de la vie politique ?
Ki-itchi continue son combat, pour punir ces puissants qui croient pouvoir abuser de leurs pouvoirs en toute impunité. Il a grandit et il s'est entouré, bien entouré, de ceux en qui il a confiance, confiance en leurs compétences et leurs motivations.
Encore une fois il va frapper, mais il voit les vrais rouages du pouvoir. Son poing partait dans toutes les directions pour combattre, il redevient le poing dressé haut au-dessus de sa tête comme lorsqu'il avait 3 ans. Alors, c'était une façon de se grandir ce poing dressé ; maintenant, il devient plutôt comme une flèche dressée vers le ciel, entraînat tout le corps en un élan, symbolisant une direction, pour s'arracher à la boue, à l'acceptation. A plusieurs reprises, quand il voyait des adultes courber le dos pour s'excuser (gestuelle ancestrale de soumission dans la culture japonaise) il exprimait clairement son désaccord.
Maintenant, il devient un symbole de devenir en mouvement, de par sa gestuelle, mais aussi en faisant irradier son charisme. Dressé sous la pluie torrentielle, juché sur le toit d'une camionette, le micro dans son poing dressé, comme dans une autre allégorie, c'est une flamme..."eclairant le monde " ?
Une conclusion aux accents de discour politique :
une lucarne avec un poing armé d'un marteau qui s'abat et un bandeau noir sur lequel on peut lire "QUI est le "vrai" ennemi ?
Quelques pages plus loin, un bandeau noir sur lequel on peut lire en grandes majuscules blanches "METS-TOI EN COLERE !!"
puis, sur une même page, ce que j'appellerai les "calicots" se succèdent "REVEILLE-TOI ! METS-TOI EN COLERE !", "COLERE !!", "METS-TOI EN COLERE ". Et le cri s'enfle et s'amplifie : "QUI A CREE UNE TELLE SOCIETE ?!" et devant leurs écrans télé retransmettant cet étrange discours, en réponse, des paroles de soutient.
Les deux derniers chapitres sont une apothéose, parceque l'auteur a eu l'excellente idée de choisir une immense place avec au milieu, Ki-itchi se dressant sous une pluie battante. Force des images parce que cet auteur maîtrise la représentation de l'eau sous tous ses états et du mouvement. On VOIT le pied qui se pose avec force et détermination, qui éclabousse et on sent le mouvement du corps qui se dresse. On aurait presque envie de passer un ciré et d'aller le rejoindre et crier pour le soutenir.

Prouesses graphiques, mise en scène efficace, découpage des différents tomes qui ne relache pas la pression, l'intérêt pour la suite, mais aussi un sacré descriptif de la société, et pas uniquement japonaise.

Le début de vie de Ki-itchi semble calqué sur celle de Musashi, héros de "La Pierre et le sabre" : comme Musashi, il est rejeté par la société dans lequel il vit (village pour Musashi, ecole pour ki-itchi), comme Musashi, il va s'isoler dans la forêt, expérience de survie au cours de la quelle il affine son "savoir du combat", puis le retour dans la société et la confrontation des rouages de celles-ci. Ki-itchi est un taiseux et un solitaire, mais aussi un combattant attentif, développant son adresse, comme Musashi.

Enfin, n'avons nous pas tous le rêve de trouver un être inspiré, plein d'audace et de savoir, qui serait capable de remettre notre monde d'aplomb, arrêter une course folle ? Contrepartie de ce discours utopiste, comme une pensée murmurée tout au long des derniers chapitres, ces belles phrases ressemblent bien à des slogans, et qui dit "slogan"...

Superbe manga, qui se lit à plusieurs niveaux, même si, pour l'instant, j'en suis restée "au raz des pâquerettes".
A relire pour un très grand plaisir.

Voilà déjà l'avant-dernier tome de cette saga pas comme les autres.

Le travail de paparazzi effectué par Kai et Ki-Itchi ne m'avait pas trop emballé lors du tome précédent, mais s'annonce finalement parfaitement utilisé lors de ce huitième volet. La liste des clients de Misato va permettre à Ki-Itchi de dénoncer les injustices commises par des personnes qui se croient intouchables et d'ainsi ébranler le sommet de la société japonaise. Il est d'ailleurs prêt à aller au bout de ses convictions pour combattre ces vices et cette hypocrisie qui pollue une société nippone corrompue. Sortant définitivement de son rôle d'observateur, il brandit le poing et décide de jouer un rôle actif afin de sauver Misato ... et la société japonaise.

Le personnage de Kai, toujours aussi intelligent et manipulateur, est à nouveau parfaitement utilisé par Hideki Arai. Son ingéniosité permet à Ki-itchi et ses compagnons d'utiliser les médias et le charisme de Ki-Itchi afin de bousculer les opinions et les plus hautes sphères du pouvoir. le rôle du grand-père de Ki-Itchi, qui semblait encore vouloir modérer les actions de Ki-Itchi en fin de tome précédent, est également intéressant.

Vivement la fin !