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Après avoir vu le film Hannah Arendt en 2013 de Margarethe von Trotta, j'ai acheté le livre Eichmann à Jérusalem pour tenter de comprendre la polémique qui avait fait suite à ses écrits.
C'est un livre extrêmement documenté, qui se lit avec beaucoup d'attention, dont la traduction n'est pas toujours facile à suivre, aux phrases longues, aux détails nombreux et qui nécessite souvent une relecture pour en saisir le sens à peu-près parfaitement.
En effet, en 1961, cela devait être insupportable pour les juifs de s'entendre dire « collaborationnistes » avec les nazis pour avoir envoyé leurs frères à l'extermination. Cela a pourtant bien existé (p239). Eichmann est arrêté en 1960 en Argentine par le Mossad, grâce à Fritz Bauer qui se méfie de la justice allemande envers ses anciens nazis. (Arendt n'évoque pas cette information, pourtant capitale !)
D'après Arendt, Adolf Eichmann était un homme médiocre, sans grande intelligence, ni grande culture et parfaitement malhabile quand il s'agissait de s'exprimer. Il est extraordinaire qu'il ait réussi à occuper une telle place dans l'appareil de destruction nazi. Il avait le mérite d'être très organisé et zélé et c'est à force de travail qu'il devint spécialiste des affaires juives au sein du Reich. Avant que la solution finale ne soit décidée, il était sioniste, et avait aidé des juifs à rejoindre Jérusalem (alors la Palestine), puis, il a obéi aux ordres et à la loi, rien de plus, pas une once de réflexion et d'humanité. Fonctionnaire modèle, il souscrivait sans réserve aux thèses prônées par Hitler, incapable de remettre en cause la loi érigée par le Führer.
Il a été pendu le 31 mai 1961.


Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Lecture extrêmement enrichissante, j'y ai appris de nombreuses choses.

C'est après avoir regardé le film paru en 2013 sur Hannah Arendt et traitant justement de cette période de sa vie que j'ai entamé la lecture de ce livre.
C'est le premier livre que je lis de cette auteure. J'ai commencé par celui-ci car ce n'était pas vraiment un livre philosophique mais un rapport d'audience et qu'il me paraissait accessible. Jusqu'alors, je pensais que les écrits d'Hannah Arendt devaient être compliqués. Dans ce livre, son écriture est simple et fluide et la lecture coule toute seule. Je suis maintenant totalement motivée pour lire les autres ouvrages d'Hannah Arendt à commencer par "Les origines du totalitarisme"

Ce livre a été entouré de polémiques concernant notamment trois de ces axes. 1. On accusa Hannah d'Arendt de critiquer le tout récent état d'Israël, 2. On lui reprocha d'excuser Adolf Eichmann pour ses crimes et 3. On prétendit qu'elle accusait les juifs de s'être laisser mener à l'abattoir et d'être sujette à une "haine de soi" propre au peuple juif.
Ayant maintenant lu le livre, je trouve ces reproches profondément exagérés.

Elle critique effectivement en plusieurs endroits du livre, monsieur Ben Gourion, à l'époque premier ministre d'Israël, d'utiliser le procès pour tenter de légitimer l'état d'Israël.
Il ne me semble pas que cette critique soit exagérée ou déplacée. D'autant plus qu'à l'époque il y a débat sur la légitimité d'Israël à juger Eichmann. En dehors de ses critiques visant Ben Gourion, elle aborde plutôt honnêtement la question de la légitimité du tribunal. Elle liste les arguments courants à l'époque et les discute. Et, si j'ai bien compris le livre, elle tranche en faveur de la légitimité d'Israël à juger puisqu'elle souligne que les autres peuples ont pu juger les crimes commis contre leur membres. Si elle estime que le tribunal a échoué, il n'a pas plus échoué que celui de Nuremberg.

Concernant le second reproche, il me semble totalement infondé. Si elle ne fait pas de Eichmann un monstre, elle en fait un clown, ce qui n'est pas un compliment. Par ailleurs, elle le condamne elle aussi à mort pour crime contre l'humanité. Je crois même que Eichmann aurait été du genre à aimer être pris pour un monstre car cela lui aurait conférer une certaine grandeur, grandeur qu'elle lui refuse.

Le troisième reproche me semble émaner d'une mauvaise foi la plus totale, car si elle accuse les conseils juifs d'avoir aider les nazis - faits avérés. Elle souligne qu'aucun autre peuple n'aurait pu agir autrement que l'on fait les juifs et elle se dit choquer par la question récurrente lors du procès : "Pourquoi ne vous êtes-vous pas révolté?"
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Voila un livre riche et atypique que ce "Eichmann à Jérusalem". Il est a la croisée de plusieurs genres tels que le reportage, le livre d'histoire, l'analyse politique et la réflexion morale.

Le procès en lui même n'est qu'un fil directeur pour aborder le sujet beaucoup plus large qu'est la Shoah.
Hannah Arendt nous relate l'organisation de la solution finale selon des critères chronologiques et géographiques.
La description de l'évolution de la situation dans chaque partie de l'Europe permet d'en apprendre beaucoup.
On sent le travail de recherche et synthèse de l'auteure en amont.
J'ai apprécié le l'équilibre entre les rappels des faits et les analyses qui ne sombrent jamais dans la facilité de la moralisation.
Le but ici est de comprendre le cheminement et les chaines de décisions qui ont permis d'en arrivé là.

Le livre aborde aussi d'autres sujets, dont:
-Les enjeux politiques et médiatiques du procès.
-La psychologie de Eichmann.
-Les stratégies de communication mis en place par les nazis pour dissimuler leurs intentions avec notamment l'utilisation d'éléments de langages comparables à une novlangue.

C'est une lecture passionnante et instructive sur l'absurdité du coté sombre de l'être humain.
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Rapport sur la banalité du mal : je ne suis pas sûre d'avoir tout compris de ce qu'a voulu exprimer Hannah Arendt par cette expression. En particulier en ce qui concerne l'absence de pensée d'Eichmann : car l'absence de pensée, n'est-elle pas déjà compromission avec le mal ? Eichmann a assisté à des exécutions, avant que ne soit mise en oeuvre la Solution finale. Il savait où étaient conduits les milliers de juifs pour lesquels il organisait les convois. L'absence de pensée, que signifie t'elle alors ? N'est-elle pas volontaire ? C'est la grosse question qui demeure pour moi à la fin de cette lecture, celle de la responsabilité, de la culpabilité, banalité ne signifiant bien évidemment aucunement absence de culpabilité.

Ceci dit, c'est un écrit absolument essentiel, incontournable. C'est notamment un témoignage percutant sur les échelons dans l'échelle du mal et de l'atteinte à la dignité des personnes, gravis par les dirigeants nazis, progressivement. On y trouve aussi de nombreuses informations, que pour ma part je ne connaissais pas du tout, sur l'organisation de la Solution finale dans les différents pays d'Europe.

Je dois dire que j'ai eu du mal avec la forme (j'ai trouvé l'écriture d'Hannah Arends terriblement décousue et impersonnelle…peut-être est-ce en partie la faute de la traduction ?) et avec le fond; j'espère bien ne jamais m'habituer à lire de pareilles horreurs.

J'y reviendrai tôt ou tard en tout cas, ce livre étant particulièrement dense et questionnant.

A transmettre, pour que l'on n'oublie jamais jusqu'à quel degré de perversité dans le mal l'homme est capable d'aller...
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Un livre très bien écrit au travers duquel j'ai beaucoup appris
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Quelques notes non philosophiques. Lire ce compte rendu du proces d'Eichmann à Jérusalem plus de 50 ans après les faits permet d'aborder le propos avec un sang froid mêlé de l'inquiétude actuelle face à la montée des populismes en Occident. Ce que je retiens n'est pas tellement la formule célèbre d'Arendt sur la banalité du mal, mais l'absence d'intelligence d'Eichmann, les apsects historiques et géographiques de la Shoah et le manque de visibilité des communautés juives sur l'horreur qui suiverait l'étrange valse administrative qu'ils ont dansé avec les autorités Nazi.

Cela permet de se remettre les idées en place et de découvrir une pensée juridique de l'époque.

NB: sur les principaux points des polémiques autour de l'ouvrage et de la formule "banalité du mal", Arendt y répond assez bien dans les dernières parties et je ne suis pas certaine que ce texte soit le plus emblématique si dérive il y a eu. À voir en découvrant le reste de son oeuvre.
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Assez déçu par cet ouvrage qui à l'occasion du compte rendu qu'il fait du
Procès Eichmann ,se livre à un panorama assez fastidieux des différents processus de déportation à travers l'Europe dans lequel la masse d'informations exposée n'apporte qu'un faible éclairage sur la personnalité d'Eichmann comme sur le processus d'éradication orchestré par le pouvoir Nazi. La Banalité du Mal en question (et la fascinante grille de lecture qu'elle pourrait permettre au sujet de l'organisation du monde capitaliste) est finalement peu développée. le livre contient cependant une série de réflexions tout à fait pertinentes mais qui ne sauraient remplacer un rigoureux travail d'observation clinique prolongé d' une vraie réflexion sur l'ontologie du Mal.
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livre d'une grande portée sur l'origine du mal . les thèses sont courageuses bien sur et éminemment pertinentes
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Lu après avoir vu le film Hannah Arendt. C'est un condensé éclairé de la destruction des juifs d'Europe de Raul Hilberg et une réflexion sur le procès d'Eichmann en Israel. Et la polémique bien entendu, les positions tranchées et tranchantes d'Hannah Arendt... En affirmant que les lois rabbiniques empêchent le mariage d'un juif avec une non juive (page 49), en comparant Eichmann à un clown et non à un monstre par exemple (page 126) ou encore en arguant que si le peuple juif n'avait pas été organisé, n'avait pas coopéré avec les nazis, il y aurait eu moins de victimes (page 239). Lecture dérangeante mais qui nous pousse à réfléchir encore et encore à ce qui n'aurait pas dû arriver.
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Arendt était dans le fond terriblement Allemande.Elle critique les conseils juifs qui ne sont pas responsables de la Shoah.Elle ne comprend pas Israël non plus.Sa " banalité du mal" même perçue comme le contraire de l' héroïsme des Grecs antiques reste un concept douteux.D' ailleurs Eichmann l' ambitieux ne correspond pas dans L Histoire au personnage falot qu' elle décrit.Il avait fait des études universitaires, appris le yiddish pour mieux traquer ses victimes et même voyagé en Palestine dans les années 30.Certes il cite Kant sans le comprendre vraiment.Suite à ce livre Arendt s' est brouillé avec Gershom Scholem, et elle a suscité beaucoup d' incompréhension chez les Juifs, tout en consolant les Allemands
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