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sur 723 notes
Grace Marks, jeune domestique d'une quinzaine d'année, est accusée d'un crime sordide en compagnie de son supposé amant : ils seraient responsables du double meurtre de leur employeur et sa gouvernante, leur supérieure. Condamnée à perpétuité pour le meurtre, elle a donné plusieurs versions des choses, et le docteur Jordan veut percer le mystère de ses souvenirs... Innocente, schizophrène ou perfide manipulatrice, lors d'entretiens où Grace nous conte sa vie, il cherche à comprendre la présumée meurtrière dont la présence sur les lieux du crime ne fait aucun doute... et le lecteur cherche à comprendre avec...

Fondé sur un fait divers sordide réel des années 1850 au Canada, Atwood ne nous décrit pas tant la culpabilité d'une femme que le destin d'une pauvre fille qui a, au cours de sa courte vie, subit l'immigration (le passage où elle retrace son enfance et son voyage depuis l'Irlande jusqu'au Canada est vraiment prenant), la mort de ses proches, le dur labeur... A aucun moment on ne peut trancher sur sa culpabilité dans le meurtre (ce qui est un sacré tour de force pour un récit en grande partie raconté à la première personne) mais on se laisse porter par le récit, à tel point que la question devient vite accessoire. On est happés par le tableau qu'Atwood nous peint, de ces "gens de maison" qui font vivre les classes qui les oppriment en les traitant comme des moins-que-rien, sauf quand il s'agit de trousser les pauvres filles qui attirent l'oeil des hommes bien nés.

J'ai donc été touchée par le récit de Grace, navrant et bouleversant par moments... mais j'ai en revanche été moins convaincue par toute la partie autour du docteur Jordan, qui se voit comme un grand innovateur dans les sciences médicales (et effectivement il y a du progrès à faire quant au traitement des maladies mentales à cette période ^^) mais qui est un espèce de porc concupiscent. Ces parties intercalées ajoutent un faux rythme au roman, et noient le récit, en en diminuant la portée. Il fallait probablement de la respiration au milieu de toute cette détresse pour éviter le misérabilisme, mais j'ai quand même eu du mal avec le rythme du livre du coup. Il n'en restera pas moins un roman qui, je pense, me marquera.
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Voici un roman bourré de qualités, dont la principale réside sans doute dans le talent de narratrice de Margaret Atwood.
Au milieu du XIXème siècle, Grace, une jeune irlandaise de 16 ans, quitte son pays natal pour tenter une vie meilleure au Canada. Elle est servante dans plusieurs maisons,est accusée de meurtre et échappe de peu à la pendaison. C'est qu'on hésite : est-ce une meurtrière ou une folle ?
Les scientifiques de l'époque s'intéressent à la psychiatrie et un médecin entreprend de l'interroger longuement chaque jour pour essayer de comprendre le fonctionnement de son cerveau. Ou plutôt il la laisse parler de son passé.
Ce récit constitue largement la moitié des six cents et quelques pages du roman. Grace détaille sa vie quotidienne très monotone de servante. Elle raconte comment elle nettoie la maison, prépare à manger, effectue des travaux de couture. Et pas une seule page ne m' a semblé ennuyeuse ! le plus extraordinaire, c'est que le lecteur ne voit pas plus clair dans le jeu de Grace. Son discours semble tout à fait sincère, mais elle ne raconte que ce qu'elle veut bien. Elle semble tour à tour bien naïve, puis remplie de bon sens, voire très psychologue, tout cela sans longs discours mais par quelques mots bien placés, parfois teintés d'ironie: du grand art !
Mais il y a davantage : ce roman est original, varié dans la forme. L'autrice nous relate ainsi plusieurs correspondances entre des personnages, s'intéresse aux conceptions de l'époque sur l'hypnose, le somnambulisme…
« Captive » est basé sur une histoire vraie que l'autrice dit avoir bien respectée. Les nombreuses pétitions émises pour la libération de Grace aboutiront-elles ? Voyez l'original !
Merci donc à Margaret Atwood pour ces moments de lecture bien agréables, et sans rancune pour le tableau fort noir qu'elle dresse de la gent masculine !
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J'ai beaucoup apprécié cette lecture. Margaret Atwood a un talent fou ! Bon, je dois bien avouer que c'était très long, mais totalement captivant. J'ai été déstabilisée par la mise en page et la ponctuation de ce roman. Elle a réussi à dépeindre à merveille la société de l'époque. Les hommes présents ici sont d'immondes porcs grossiers et infâmes. Les femmes ne sont pas en reste et on nous montre du doigt leur traitement à l'époque. Mais ce qui m'a fasciné tout le long du roman, c'était le fait que je ne savais pas comment me positionner face à Grace. Me ment-elle ? Est-elle folle ? Manipulatrice ? Naïve ? Coupable ? Innocente ? À la fin de cette lecture, je ne sais toujours pas !

Les + :


* L'histoire en elle-même est plutôt prenante. J'ai adoré me retrouver dans la tête de Grace au fil de ses divagations. Elle nous raconte sa vie et sa version des faits. du coup, difficile de savoir si elle nous mène en bateau ou si elle est sincère.

* J'ai beaucoup aimé les personnages. Ils sont tellement complexes et attachants. Grace est fascinante. Qui était vraiment cette femme, je ne sais pas, je n'ai pas réussi à la cerner. Une gamine naïve ? Une réelle manipulatrice ? Une malade mentale ?

* La plume de l'auteur est vraiment prenante. Elle est arrivée avec brio et intelligence à me mener en bateau. J'étais sans arrêt dans le doute en ce qui concerne Grace. J'ai vécu un réel ascenseur émotionnel, de la rage, de la tristesse, de la joie, de l'incompréhension...


Les - :

* Que c'était long, un monticule de détails alourdissent grandement le récit. Par contre le rythme s'accélère vraiment à la deuxième partie.

* J'ai eu du mal à la fin à cerner le vrai du faux.
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Grace a assassiné son maitre et sa gouvernante. Ou peut-être pas, c'est ce que cherche à savoir le docteur Jordan. Il essaie de l'aider à retrouver ses souvenirs, glaçants.
Ce roman inspiré d'un fait divers sanglant survenu au Canada au XIXe siècle est très bien construit, le passé et le présent s'entremêlant habilement. Il m'a donné envie de découvrir l'adaptation en série. Cependant, j'ai parfois trouvé qu'il y avait quelques longueurs.
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Le 23 Juillet 1843 un double meurtre est commis dans un village canadien près de Toronto.
Très rapidement un homme et une femme qui ont fuit aux État-Unis sont arrêtés, jugés et comdamnés à mort. L'homme, James McDermot sera effectivement pendu, la jeune femme, Grace Marks verra sa peine commuée en prison à vie. Pendant des décennies, psychologues, journalistes et le grand public s'intéresseront encore à sa vie et aux circonstances de l'assassinat: Grace Marks, est-elle vraiment coupable?
Cette histoire est le point de départ du roman de la grande dame de la littérature canadienne Margaret Atwood. Publié 10 ans après son livre bien plus célèbre La servante écarlate, il fut très bien reçu, nommé pour le Prix Booker et gagna le Prix Giller canadien en 1996.
Atwoord évoque superbement la vie d'une femme issue d'une famille pauvre, immigrée de Grande-Bretagne. Fille aînée d'une famille de six enfants, elle perd sa mère pendant la traversée de l'Atlantique. Une fois arrivée dans une Amérique du Nord avant la Guerre de Sécession elle est placée en tant que servante, pour gagner quelques sous pour nourrir la famille. Son père la bat, boit l'argent durement gagné, bref c'est pire que du Zola.
Grace décide de partir, mène une vie de servante et finit par se trouver impliquée dans un meurtre qui lui vaudra plus de vingt ans de prison. Pendant une partie de son séjour un médécin, Simon Jordan, lui aussi intrigué par son histoire, lui rend des visites régulières. Atwood utilise plusieurs styles et différents points de vues pour décrire cette situation: conversations entre Grace et Simon, lettres de celui-ci à des confrères, ou à sa mère, monologues intérieurs de Grace, dans lesquels elle peut faire des remarques pertinentes sur son environnement. le tout basé sur des sources historiques, comme les témoignages de la 'vraie' Grace Marks, les procès-verbaux et les études plus ou moins scientifiques de l'époque.
Ce roman vaut absolument qu'on le lise, même si j'ai trouvé que la première partie aurait gagné à être un peu plus courte et qu'on aurait carrément pu se passer du dernier chapitre. Néanmoins, bravo madame Atwood!
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Un roman de Margaret Atwood basé sur des faits réels, très bien documenté semble-t-il. Un peu trop long à mon goût. Très précis dans beaucoup de descriptions, ce qui donne un effet particulier, car comment comprendre que Grace se souvienne de si petits détails, si longtemps après les évènements décrits quand par ailleurs elle a "oublié" tout ou partie de son implication dans deux crimes. Mais voilà c'est tout l'art de Margaret Atwood de nous faire sentir le problème et qui sait nous tenir en haleine pendant 620 pages!
Un livre que j'ai beaucoup aimé.
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En 1873 au Canada, la jeune Grace Marks âgée de seize ans est condamnée à la réclusion à perpétuité pour un double meurtre et échappe de peu à la pendaison. Après un passage en hôpital psychiatrique, elle demeure au pénitencier de Kingston où elle fait figure de prisonnière modèle. Un jeune psychiatre le docteur Jordan s'intéresse à son cas et cherche à percer la vérité. Grace est-elle une coupable manipulatrice ou une pauvre innocente ?

Par le biais des entretiens que le docteur Jordan mène auprès de Grace, on découvre petit à petit sa vie. Avec un père violent porté sur la boisson et une mère décédée lors de leur traversée en bateau depuis l'Irlande, Grace doit travailler comme domestique dans différentes maisons à partir de ses treize ans. Elle nous inspire de l'intelligence, du discernement mais également pour ma part une forme de naïveté touchante. Et comme le docteur Jordan, on essaie de la cerner. Avec de nombreuses descriptions, on sent que Margaret Atwood s'est bien documentée sur ce fait réel qui a divisé l'opinion en son temps. Impossible de savoir au final si Grace était coupable ou non et chacun se fera son propre avis.

Drôlement bien mené, ce roman est très troublant car l'auteure entretient donne des points de vue différents et elle entretient habilement les doutes en s'appuyant sur l'approche psychiatrique de cette époque. Les maîtresses de maison sont croquées avec une pointe d'ironie et quand Margaret Atwood nous dépeint des séances de spiritisme dont ces dames raffolent, c'est délicieusement piquant.
Un bon gros roman prenant où la psychologie des personnages est fouillée mais dont la fin peut désarçonner. Et maintenant je n'ai qu'une envie : voir la série qui en a été adaptée ( je sais, j'ai au moins un train de retard).


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Pour relater cette histoire, Margaret Atwood choisit d'alterner les points de vue de Grace Marks, la servante emprisonnée qui nous raconte son histoire et sa vision des choses avec l'utilisation du « je », et celui de Simon Jordan, jeune médecin qui s'intéresse à la psychiatrie et va tenter de faire parler Grace de son passé pour en éclairer les points d'ombre, en utilisant cette fois la narration à la troisième personne. Cette alternance de mode narratif a pour intérêt principal de situer rapidement le protagoniste auquel on s'intéresse. Grace raconte les choses comme elle les pense, sans dialogue, avec des phrases parfois longues, qui sont le reflet de sa pensée parfois peu ordonnée, quand Simon Jordan est beaucoup plus prosaïque, distant, et rationnel.

Pourtant, la rationalité et le cartésianisme sont mis à mal par moment dans ce roman qui interroge également les origines de la psychiatrie et tous les mythes et représentations qu'on pouvait encore se faire au 19e siècle sur les troubles mentaux et psychiques. Une amie avec qui je discutais de cette lecture me disait avoir été particulièrement intéressée par l'aspect domestique de ce roman (on entre dans le quotidien des domestiques à l'époque, dans toutes les tâches qui leur sont confiées, etc.). Pour ma part, si cet aspect est réel et apporte un regard sur l'époque qui est racontée, j'avoue avoir particulièrement apprécié toute la réflexion sur l'amnésie et la construction des souvenirs qui sous-tend cette histoire.

Avec ce roman inspiré d'une histoire réelle, Margaret Atwood s'engouffre dans les blancs de l'Histoire, dans les vides de l'enquête et construit son hypothèse quant au double meurtre à l'origine de la condamnation de Grace Marks. Un roman passionnant à plusieurs titres, dont j'ai bien envie de voir l'adaptation en série désormais !
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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En 1843, Grace Marks, une jeune servante de 16 ans, est condamnée pour le double meurtre de son employeur et de sa femme de charge. le doute a toujours plané sur sa culpabilité - d'autant qu'elle dit souffrir d'amnésie concernant ces événements : est-elle « folle » ou manipulatrice ?

À partir de ce fait divers et des archives de l'époque, Margaret Atwood a créé une histoire passionnante et mystérieuse. Nous avons le point de vue de Grace pendant la quasi totalité du roman : six ans après les événements, elle raconte son histoire à un jeune psychiatre, embauché par des gens souhaitant prouver son l'innocence.
Dans les 600 pages du roman, nous suivons alors un quotidien de servante, avec ses hauts, ses bas et son opinion sur le monde. Je ne sais pas comment s'y est pris Mrs Atwood, mais cela m'a passionnée. C'est peut-être le ton de Grace, à la fois détaché mais dans lequel on perçoit pourtant une forte personnalité. Ou tout simplement parce que l'on cherche dans les détails la clé de nos questions.

Si ma lecture m'a paru longue vers la fin, je ne me suis pourtant pas ennuyée une seule seconde. J'ai apprécié le parti pris de l'auteure, qui choisit de faire voguer son histoire à la frontière du fantastique, alors que j'imaginais plutôt une forme de thriller avec un retournement de situation.
Au final, tout reste à l'interprétation du lecteur ou de la lectrice. Cela ne m'a pas dérangée, car mon avis était fait, même si je suis toute prête à admettre également la seconde, voire même troisième hypothèse

Je ne sais pas ce qu'il me restera de ce roman, mais j'ai été totalement happée dans cet univers et par le rythme monocorde du récit de Grace. J'ai vu les 3 premiers épisodes de la série et je les ai trouvés très fidèles au roman, tant dans l'ambiance que sur le fond !
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Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Captive ?
"Pourquoi ai-je eu envie de lire ce livre alors que j'ai peu aimé mes deux précédentes expériences avec cet auteur, vous demandez-vous ? Parce que je suis une éternelle optimiste et que je cherche toujours à comprendre ce qui a pu m'échapper."

Dites-nous en un peu plus sur son histoire...
"En 1859, Grace est déjà en prison depuis quinze ans lorsqu'un jeune docteur, spécialiste des maladies mentales, vient de nouveau l'interroger, cherchant à comprendre si elle a vraiment oublié les deux meurtres dont on l'accuse ou si elle feint son état..."

Mais que s'est-il exactement passé entre vous?
"J'ai plutôt été récompensée de ma persévérance puisque c'est sans conteste le roman de l'auteur que j'ai préféré (en comparaison avec La Servante Écarlate et C'est le Coeur qui Lâche en Dernier). Je maintiens malgré tout que Margaret Atwood est bien meilleure pour trouver des idées, voire pour être en avance sur son temps, que pour les mener à bien. Ici encore, nous avons droit à des citations, des poèmes, des extraits et des lettres qui ne présentent pas tous un réel intérêt et des détails à n'en plus finir qui nous assomment sans pour autant faire monter la tension. Mais évidemment, l'attrait de la vérité et du mensonge, l'envie de savoir si cette femme nous ment, nous manipule ou si elle n'est qu'une victime, l'empathie et la méfiance qui se mêlent, tout cela est irrésistible. Il faut que l'on sache si elle est coupable, il faut que l'on sache si elle va être libérée, il faut que l'on sache si le docteur Jordan va résister à ses charmes... Tous ces ingrédients suffisent largement à nous faire tourner les pages les unes après les autres, toujours en sautant quelques passages pour ma part."

Et comment cela s'est-il fini?
"Je dois dire que toutes les surprises prévues pour la fin m'ont plutôt déçues. Disons que je n'ai pas trouvé les idées mauvaises mais pas géniales non plus. D'ailleurs, si on doit être honnête, on aimerait que Grace soit libérée parce qu'on a appris à la connaître et qu'on l'apprécie mais je ne suis pas sûre que l'on souhaiterait la même chose si on nous présentait son cas sans affect, mais je ne peux en dire plus sans vous spoiler. En tous cas, si vous souhaitez découvrir l'auteur, je vous recommande sans hésiter cet opus-ci plutôt qu'un autre.

Un dernier mot pour dire que j'ai enchaîné avec la série, curieuse de voir ce qu'ils en auraient fait et c'est assez conforme, si ce n'est qu'ils élaguent beaucoup, là où on pourrait penser qu'une série à plutôt intérêt à faire durer le suspense, ce qui confirme mon ressenti que beaucoup d'éléments sont inutiles. Dans l'ensemble, je l'ai donc trouvé sympathique même si je regrette que les mêmes acteurs jouent le rôle de personnages que l'on découvre enfant et que l'on suit jusqu'à la quarantaine passée..."


Lien : http://booksaremywonderland...
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