Lady Susan est ma deuxième lecture d'une oeuvre de
Jane Austen. Celle-ci est d'ailleurs particulière par rapport à ses autres romans, puisqu'elle concilie brièveté (seulement une centaine de pages) et récit épistolaire. Elle raconte en effet l'histoire de
Lady Susan Vernon par l'intermédiaire de lettres écrites par elle et par son entourage : son amie Alicia Johnson ; Catherine Vernon, la femme de son beau-frère, ainsi que la mère et le frère de celle-ci, respectivement Lady de Courcy et Reginald de Courcy.
Nous découvrons, au fil de ces lettres, que
Lady Susan, récemment veuve, est une jeune femme frivole, qui cherche avant tout à séduire les hommes qui l'entourent, pas forcément par nécessité de se remarier mais plutôt par plaisir. Ce comportement, dont elle use avec une stratégie digne d'un général des armées (en cela, ce récit épistolaire me fait un peu penser aux Liaisons dangereuses, même s'il est beaucoup plus léger et sobre : était-il possible que ce roman soit connu en Angleterre quand
Jane Austen, tout jeune auteur, a écrit le sien ?) est développé au fil de sa correspondance avec son amie, nous décrivant un personnage imbu de lui-même et franchement machiavélique, qui s'amuse à torturer moralement ceux qui l'entourent pour obtenir tout ce qu'elle désire, juste parce qu'elle le désire.
En même temps, nous découvrons l'antipathie générale qu'elle produit sur les femmes, plus particulièrement les de Courcy, qui assistent impuissantes à l'"endoctrinement" de Réginald, perdant toute faculté de raison face à la passion qui le dévore pour
Lady Susan jusqu'à sa prise de conscience finale. Cette antipathie est bien sûr présente seulement dans ces lettres, puisque ces mêmes femmes font bonne figure face à la veuve, même si elles la trouvent détestable.
Par ces lettres,
Jane Austen nous décrit donc, avec un certain cynisme, les moeurs anglaises de l'aristocratie de l'époque, entre hypocrisie et stratégies sournoises pour obtenir ce que l'on veut, ce dont
Lady Susan n'est pas du tout la seule à user et à abuser...
Lady Susan est une lecture que j'ai trouvé très intéressante : on découvre, dès les premières lettres, la façon particulière qu'a
Jane Austen de décrire les moeurs de son époque à travers la vision qu'en ont et qu'en donnent les femmes. Ce récit a peut-être, malgré tout, plus de piquant que d'autres de ses oeuvres qui suivront, ce que j'aimerai bien trouver de temps en temps dans ma lecture actuelle de
Raison et sentiments d'ailleurs !