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Critique de Arimbo


Arimbo
19 décembre 2023
Si j'aime découvrir de nouvelles autrices et de nouveaux auteurs et les opportunités sont immenses grâce à Babelio, j'ai aussi mes autrices et auteurs fétiches. Je les retrouve comme des amies et amis, ces Duras, Morrison, Woolf, Kundera, Modiano, Proust, Roth,etc…et puis, il y a mon cher Paul Auster, ce merveilleux conteur, même lorsqu'il parle de sa propre vie, comme dans Un homme invisible ou Chronique d'hiver. Il me surprend toujours, et rarement me déçoit (ce fut quand même le cas avec La vie intérieure de Martin Frost).

J'ai fait une nouvelle et belle découverte d'un autre aspect du monde « austérien” avec Monsieur Vertigo, un roman dans lequel Paul Auster m'a entraîné dans un autre monde, et surtout une autre manière d'écrire. Et après avoir lu ce livre, je me dis qu'avec lui, d'autres surprises m'attendent encore, avec, par exemple 4321, ou Tombouctou, que je n'ai pas encore lus.

On peut dire sans trop se tromper,je crois, que Mr Vertigo est plutôt un conte avec sa part de merveilleux et du « mentir-vrai » cher à Aragon.
L'intrigue débute aux USA en 1927, se prolonge en grande partie dans les années trente, sur fond du racisme et des méfaits du Klu-Klux-Klan, de la crise de 1929, de la pègre mafieuse de Chicago et d'ailleurs.
Comme souvent chez lui, les premières phrases sont extraordinaires, plantent immédiatement le décor. Ici c'est: « J'avais douze ans la première fois que j'ai marché sur l'eau. L'homme aux habits noirs m'avait appris à le faire… » .

C'est l'histoire de Walt Rawley, qui, dans sa vieillesse, nous raconte sa vie mouvementée et invraisemblable, aux multiples rebondissements.
Une vie marquée par une rencontre improbable entre Walt, un garçon de 12 ans passablement déluré et maître Yehudi, un homme dans la force de l'âge qui décèle en lui la potentialité d'un don exceptionnel, celui de la lévitation, qui se révèlera après de dures épreuves.
Et Walt produira un spectacle célèbre qui aura un succès retentissant dans tous les États-Unis.

C'est pour une part une sorte de roman initiatique, mais pas que cela. C'est aussi une histoire rocambolesque aux multiples rebondissements, avec des « bons » et des «méchants » et que je ne vous «spoilerai » pas, ce serait bien dommage. Et on y trouve tant de personnages attachants, et aussi quelques ordures.
Un seul petit bémol: la dernière partie du livre qui survole rapidement les péripéties de la vie de « Monsieur Vertigo », de 1939 à 1992, date à laquelle Walt se met à écrire son livre, est un peu bâclée.

Une grande réussite, à mon avis, c'est le mode narratif de ce conte « populaire ». En effet, Paul Auster a choisi de faire raconter cette histoire par Walt sur le mode truculent, trivial, argotique, parfois grossier. Il faut, sans nul doute, féliciter la traductrice, Christine Leboeuf, d'avoir su si bien traduire dans notre langue de Molière, le langage fleuri, imagé, de ce poulbot des USA.

En conclusion,une autre facette magnifique de l'oeuvre de Paul Auster, qui comme quelques autres, je pense à Woolf avec Orlando, Gary, avec sa série « Emile Ajar », dont La vie devant soi, sait à merveille changer de registre, pour notre plus grand bonheur.
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