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3,39

sur 417 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Intéressante introspection, les recherches du jeune Racine sur la musique des mots, l'influence de sa rigoureuse formation classique de Port-Royal sur sa recherche de perfection, de concision.

Intéressant contexte aussi, comment faire sa place auprès du roi Soleil parmi les Molières et autres Corneille.

Par contre j'ai le sentiment que Nathalie Azoulai s'adresse à des connaisseurs et ne nous apprend pas grand chose sur le contenu des tragédies à part cette anachronique Bérénice refusant de décrocher son portable pour le moribond Titus.
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Je n'avais jamais rien lu de cet auteur et c'est chose faite avec ce roman dans lequel l'auteur aborde l'histoire d'une jeune femme d'aujourd'hui, moderne et intelligente qui vient d'être délaissée par son amant, un homme marié qui a décidé de ne pas quitter sa femme malgré son amour pour elle. Classique me direz-vous !

Aidée par sa plongée dans la lecture de Racine et dans la vie de l'écrivain et, vous l'aurez compris surtout dans "Bérénice", cette reine de Palestine délaissée elle aussi par Titus, l'empereur de Rome qui lui a préféré sa femme, la Bérénice moderne va tenter de comprendre en pénétrant les mots de Racine, la teneur de l'amour que son amant lui portait.
Elle entreprend donc d'entrer dans l'oeuvre et la vie du tragédien, et cet attrait va devenir pour elle, une véritable thérapie...

L'auteur se lance alors dans le récit de l'histoire et de la vie de Racine, une histoire romancée certes mais qui ne manque pas de sel.
Ainsi le lecteur apprend tout de sa jeunesse et de sa découverte des mots et du latin, de son plaisir à traduire à sa façon les textes que ses maîtres jansénistes lui imposaient.
On le voit se battre pour monter à Paris, tenter de se faire connaître, puis gravir pas à pas les échelons qui vont l'amener à devenir un des plus grands tragédiens de son temps et un des favoris du Roi.
Il est intéressant de voir que déjà à l'époque de Louis XIV, la concurrence était rude et parfois amère, la jalousie présente et la violence un état de fait.
Pourtant les mots de Racine sont empreints d'amour et de douceur.
Comment un homme comme Racine, avec l'éducation et la vie qu'il a eu, a-t-il pu en venir à écrire ces mots-là, ces tragédies-là ?
Sous la plume de Nathalie Azoulaï, Racine devient le confident de toutes les dames esseulées, invitées à lui raconter les sentiments qui les animent après avoir été délaissées, amoureuses comblées ou mal-aimées, autant de matière à l'écriture de ses futures tragédies, au risque de choquer les biens-pensants de son temps.
Notre Bérénice moderne en arrivera à la conclusion que si Titus a quitté Bérénice c'est qu'il ne l'aimait tout simplement pas aussi fort qu'elle l'aimait.

La lecture à deux niveaux est par instant difficile à suivre. L'histoire, somme toute bien anodine de la Bérénice moderne, n'est en fait qu'un prétexte à entrer dans les mots et dans le rôle de l'héroïne de la tragédie racinienne, ainsi que dans la vie du grand Racine.
Peut-être ce livre vous donnera-t-il envie de relire vos classiques ? Et de les lire à haute voix pour s'imprégner non seulement des mots mais aussi de leur musique. C'est à essayer...
Le théâtre est fait pour être déclamé...vous n'en douterez plus un seul instant après avoir lu ce livre qui reste néanmoins difficile à aborder.

Il ne m'a pas totalement convaincue, tout en m'offrant quelques belles envolées littéraires...et le plaisir d'une écriture toute en sensibilité et qui sonne toujours juste.
Et je l'ai donc découvert avec plaisir...et lu sans aucun ennui.
Mais je garde un avis réservé sur cette lecture très (trop) intellectuelle et qui ne pourra pas plaire à tout le monde. Vous êtes prévenus...
C'était ma lecture intellectuelle de l'été !
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Deuxième rencontre avec les lauréats 2015 du Goncourt, cette fois-ci tête-à-tête avec Nathalie Azoulay. Un incipit assez mauvais car redondant, un rythme ternaire pauvre sujet-verbe-complément constant, des phrases mièvres au possible et creuses telles que « Dans le jardin, il y peu de fleurs, beaucoup de buis et surtout des arbres immenses. » (l'auteur de Oui-Oui au pays de la botanique n'aurait pas fait mieux), tout était réuni dès le début pour que le roman parte en vrille totale, et soit raté. Et pourtant on persévère un peu, et on finit par y trouver un intérêt, et le style passe en arrière-plan finalement, et ne dérange plus tant. Mais le véritable problème du texte réside quand même dans ce style trop inégal : tantôt virtuosité de clichés, tantôt sec et sibyllin, tout alourdit le récit.
Cependant, les échanges entre Racine et ses camarades ou professeurs sont des joyaux : véritable réflexion sur la matière classique et la traduction, le roman propose là un second niveau de lecture extrêmement passionnant.
Tout n'est pas parfait dans ce livre, mais tout n'est pas à jeter pour autant.
Verdict : trop moyen pour être goncourable.
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Un peu déçue par ce roman qui, pour moi, n'a pas tenu dans sa longueur toutes les promesses de son début...
Je n'ai d'abord pas vu l'intérêt de faire un récit-cadre, une Bérénice moderne quittée par un Titus trop fidèle à sa femme Roma. J'ai bien compris que le but était de montrer que les histoires d'amour mal (en général), qu'il faut souffrir pour sublimer ses larmes en mots et se transcender ensuite dans l'écriture, que c'est la force des passions qui donne à la vie son intensité... Certes, mais ce n'est ni original, ni subtil. Comme si l'autrice n'avait pas osé écrire directement la biographie de Racine, et qu'il lui fallait un prétexte, à savoir un personnage qui va lui-même se renseigner sur Racine après avoir aimé son oeuvre.
J'ai beaucoup aimé le début sur la jeunesse de Racine à Port-Royal - même si rien n'est clairement dit de Port-Royal : ce n'est pas un roman historique explicatif, l'institution est présentée par le silence et l'effacement, tel celui du visage de la tante tant aimée qui couvre ses cheveux et sa tendresse. Dans ce monde clôture et de lois, le jeune garçon se passionne pour la grammaire et ses règles. Ces passages étaient fascinants : par une écriture elle-même épurée, l'autrice réussit à parler de grammaire et de versions latines ou grecques pour expliquer les origines de la poétique racinienne.
Néanmoins, j'ai moins aimé la suite du roman. Racine projette ensuite une fascination sur le roi - qui est présenté, lui, comme un personnage de théâtre, non comme un être vivant ; comme si ses oeuvres et sa langue ne comptaient plus face à la louange du "plus grand roi du monde" ; les mots deviennent alors l'encens d'un nouveau dieu. Pour moi, d'un point de vue historique, cette proximité en miroir avec Louis XIV n'est pas réaliste.
Un peu dommage donc, le début et le style d'écriture annonçaient un roman que j'aurais aimé plus apprécié dans son entièreté.
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Une rupture s'étend dans l'écho sourd de la fêlure, ruisselle malicieusement dans une chimère blessure,sournoise, s'étire au coeur de votre chair, se répand comme virus dans le flux d'hémoglobine de nos veines, Nathalie Azoulai respire sa littérature celle de Racine.
Suite à une séparation notre héroïne coule lentement dans le personnage de Bérénice, cette femme modelée par jean Racine dans sa tragédie où Titus la quitte pour être empereur, respectant la tradition de Rome.
Le roman de Nathalie Azoulai semble être un prétexte pour rendre hommage à jean Racine. Toute la trame s'enroule sur la vie de Jean, son enfance à Port Royal, ses Maitres le façonnant au gré de leur volonté, sa Tante devenue Carmélite, sa dualité religieuse et son amour pour le roi Louis XIV, ses maitresses, ses comédiennes, sa femme, ses enfants, ses amis, ses rivaux, ses tragédies, ses mots...
Nathalie Azoulai dissèque tel un chirurgien la passion tragédienne racinienne, respire avec amour les oeuvres - Bérénice qui sera pour notre héroïne son âme soeur, la dualité entre sa vie amoureuse actuel et celle de la pièce de Racine....
Nathalie Azoulai surprend avec ce roman ou Racine devient cet Héros panseur de plaie, sa vie romancé sous la plume chantante s'étire page après page, pour devenir «son rectangle de tragédie»

«Que Titus n'a jamais aimé Bérénice ou qu'il l'a aimée, que vouloir comprendre ce qu'on appelle l'amour, c'est vouloir attraper le vent. Au jeu de la marguerite, on pourrait arracher n'importe lequel des pétales, à la folie, passionnément, pas du tout. Te voilà bien avancée...»

L'amour reste une maladie incurable.....
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Un homme quitte une femme qu'il dit aimer car il ne peut se résoudre à laisser son épouse et ses enfants. Pour tenter de traverser sa peine et sa douleur, la femme quittée fait une plongée dans l'oeuvre de Racine, écartelé entre son éducation stricte à Port Royal et ses aspirations, ses sentiments et surtout fasciné par les ors de la Cour.
L'auteure nous parle de Racine comme d'un intime, elle nous le rend proche au delà des siècles en nous livrant sa biographie romancée et romanesque, qui donne envie de relire ses pièces.
L'écriture est belle , comme influencée par cette fréquentation assidue du dramaturge qui a su décrypter jusqu'à l'os les tourments de la passion amoureuse . Livre un peu étrange, qui nécessite une certaine concentration. A relire peut-être...
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La Bérénice de nos jours a été quitté par Titus qui lui a préféré sa femme et aujourd'hui il se meurt à ses côtés mais sur son lit de mort il réclame Bérénice !
Bérénice s'y refuse tant elle a été dévastée par la rupture et veut se venger. Elle a mis un an à s'en remettre, un an à trouver pour seul réconfort la lecture de Racine.

Grâce à ce texte on voyage à l'époque de Racine, on y rencontre Corneille, Boisleau et La Fontaine, on découvre le dilemme de Racine partager entre la foi et popularité, dévasté lui-même par la mort de sa maîtresse DuParc et son éternel besoin de dépasser Corneille, même dans la mort.

Je ne suis pas une littéraire mais j'ai pourtant été touchée par la très belle écriture de Nathalie Azoulai, très pure et très musicale.
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L'amour, toujours l'amour, celui qui nous fait vivre mais aussi tant souffrir. Sujet éternel, si bien décrit il y a plusieurs siècles par Racine qui en fait son sujet de prédilection au coeur de la cour du roi soleil en côtoyant Corneille et Molière. La tragédie qui commence à l'époque lointaine des grecs se poursuit au fil des siècles, déjà à cette période les rivalités amoureuses, les trahisons occupaient si bien les esprits. Nous n'avons rien inventé, si ce n'est que nos histoires contemporaines semblent parfois bien fades en comparaison des tragédies de Monsieur Racine. Pour pouvoir aussi bien décrire les sentiments humains il a du donner de sa personne et plonger lui même au milieu du plaisir de la chair et goûte. Puis il s'est assagi à la fin de sa vie, en organisant une vie de famille autour de sa femme et de ses enfants. Même si J'ai eu un peu de mal à rentrer dans le livre j'en garderai que la substance moelle : l'amour et ses tragédies. Mais pas de vie sans amour alors on se laisse berner et on plonge à chaque fois à pieds joints dans une relation...Dormez en paix, Monsieur Racine, vos tragédies n'ont pas finies d'exister et se perpétuent dans le temps puisque l'auteur a jugé intéressant de plonger dans le passé pour tenter de comprendre le présent.
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Ce livre est nullement celui du récit de l'histoire de Titus, empereur romain, et de Bérénice, princesse Palestinienne, couple qui s'est aimé mais ceci en semant un tel malaise dans la Curie du fait du statut de la dame (connue à l'occasion d'une guerre menée contre son pays, et ramenée à Rome) que Titus, malgré cet amour partagé, a choisi de répudier, considérant que son devoir était de préférer le sentiment de son peuple à son amour.
Ce livre est tout simplement ceci: l'histoire de Jean Racine. L'adolescent studieux et appliqué qui étudie à Port Royal, l'homme qui se rapprochera de la Cour, qui aura pour amis Boileau, Corneille, La Fontaine, Molière... Et qui écrira une à une des tragédies à chaque fois attendues, espérées, et par conséquent auscultées, discutées, commentées, souvent admirées, parfois contestées. Parmi celle-ci, Bérénice, c'est vrai (elle sera semble-t'il préférée à la version de Corneille). Oublions Bérénice et Titus, ce livre porte sur l'histoire de Racine: c'est tout à fait intéressant, et écrit ici avec une hauteur de vue impressionnante. L'auteure a une grande culture, cela se lit à chaque ligne. Ceci fait un livre inspiré, mais évidemment pas un livre facile; il nécessite un réel effort intellectuel, nous ne sommes pas dans une historiette, mais dans une oeuvre travaillée et exigeante.
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Ceux qui aiment le genre de la biographie et l'auteur Jean Racine seront comblés par ce roman : cette biographie romancée présente la vie de Jean Racine d'une manière relativement détaillée, de toutes les étapes de sa vie et de toutes les émotions que Racine a pu ressentir en écrivant ses pièces ou quand il était auprès du roi ou même quand il siégeait à l'Académie.

Cependant, nous pourrions reprocher une chose à ce roman : le style qui est par moment un peu lourd, un peu pesant et relativement complexe, avec parfois des détails inutiles, qui amenait parfois à relire certaines phrases plusieurs fois pour bien les comprendre. Comme si l'excellence oratoire qui était monnaie courante au XVIIe siècle devait se retrouver dans ce roman.

Une autre chose que l'on pourrait regretter, même si ce n'était pas l'objet du roman : les passages racontant l'histoire de Titus et Bérénice au XXIe siècle sont malheureusement trop rares (environ une dizaine de pages sur 300), ce qui pourrait faire passer cette histoire d'amour pour un simple prétexte à la biographie.

Cependant, ce roman était relativement bon, même s'il était quelque fois fastidieux à lire, d'où ma note un peu moindre.

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