Sa vie est une lutte perpétuelle entre la philosophie et les affaires, entre spéculation et l’action, entre l’amour de la science et l’amour des grandeurs et des richesses; à côté des plus grandes pensées et des plus généreux entreprises, elle offre le triste spectacle des plus déplorables faiblesses. Une telle vie n’est est que plus instructive : car elle pourra jeter à la fois quelque lumière et sur l’histoire de la philosophie, et sur l’histoire politique de l’époque, et même, ce qui est d’une plus haut intérêt encore, sur l’histoire du coeur humain.
En publiant, les Oeuvres philosophiques de Bacon, nous nous sommes proposé un double but : nous avons voulu d'abord reproduire, et mettre à la disposition du plus grand nombre des lecteurs, ouvrages importans pour la philosophie, qui étaient devenus rares, ou qui dans la volumineuse collection des oeuvres complètes de l'auteur, se trouvaient comme perdus au milieu d'écrits de genre différens; nous avons voulu en outre accompagner ces ouvrages de secours qui pussent en faciliter l'intelligence et en propager la lecture : nous devions en un mot en un mot donner une édition et un commentaire.
Pour la plus part des philosophes et des écrivains, l’histoire de leur vie est tout entière dans l’histoire de leurs pensées et de leurs ouvrages. Il n’en est pas de même avec Bacon. En même temps qu’il se livrait aux spéculation de l’ordre le plus élevé et qu’il concevait ou exécutait les plus vastes desseins philosophiques, il vivait au milieu des affaires, il prenait par à tous les évennemens de son temps, il se mêlait à toutes les intrigues de la cour, il éprouvait les passions les plus propres à agiter la vie des hommes et les plus contraires au calme qu’exige la méditation.