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sur 644 notes
Il y a quelques années j'ai fait la connaissance de la plume de Badinter avec L'exécution et L'abolition. Déjà, l'écriture fluide et l'humilité de l'auteur m'avaient transportée, et pourtant le sujet abordé, la peine de mort, était hautement technique et laissait peu de place à l'émotion littéraire.
Idiss est de fait le troisième ouvrage que je lis et la magie est toujours là. Robert BADINTER rend un hommage à sa grand mère Idiss, un hommage servi par un texte fluide, pudique et à mon sens empli de douceur.
La lecture d'Idiss c'est une fresque familiale dont l'héroïne nous marque par sa force mais aussi une période de l'histoire que nous ne pourrons jamais oublier. Ce qui m'a notamment marquée dans cet ouvrage c'est à quel point les victimes de cette entreprise monstrueuse sont restées dignes.
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J'avais écouté Robert Badinter dans une émission parler de sa grand-mère avec un amour indéfectible. Et c'est ça plus que tout autre chose qui a déclenché ma lecture. Ayant, moi aussi, beaucoup admiré ma grand-mère j'étais curieuse de lire l'amour d'un petit fils pour celle qui s'est battue pour les siens.
On suit la vie d'Idiss d'abord en Bessarabie où elle va fonder une famille, puis leur départ pour la France afin de fuir les pogroms antisémites et rêvant d'une vie meilleure à Paris.
Mais à cette époque la menace antisémite est loin d'être terminée et Idiss et sa famille vont connaître bien des épreuves malgré les liens solides de leur famille. le petit Robert Badinter va éprouver une véritable fascination pour sa grand-mère et nous livre un témoignage émouvant sur le racisme, sur la répression, sur la guerre.
Un témoignage poignant sur la guerre et toutes ses horreurs mais aussi un doux message d'amour pour sa grand-mère.
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"J'ai écrit ce livre en hommage à ma grand-mère maternelle, Idiss". Tels sont les mots de Robert Badinter repris sur la 4ème de couverture. Et quel hommage. En 212 pages, il retrace la vie de cette dernière, de sa Bessarabie natale (région méridionale au bord de la mer Noire) à Paris. A travers son histoire personnelle, j'ai eu l'impression de lire un cours d'histoire sur les persécutions dont les juifs ont été victimes des années 1910 à 1942, leur vie quotidienne, leurs rites, leurs croyances, leurs doutes et leurs espoirs. J'ai beaucoup apprécié le style. J'ai été touchée par l'amour qui unit les membres de sa famille. J'ai senti la force des sentiments qui liaient Robert Badinter à sa grand-mère. En peu de mots, il exprime tellement de choses. « Valises bouclées, restait le plus douloureux : dire au revoir - en réalité adieu - à notre grand-mère. Ce moment-là, je l'appréhendais plus que tout autre. Je savais que ses jours étaient comptés. Sa vie allait s'achever et je ne la reverrais jamais. Cette pensée, je la repoussais de toutes mes forces. Mais elle était la vérité. » Je vous souhaite autant de plaisir à le lire que moi.
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Un grand livre, c'est un livre qui dépasse la condition singulière de ses personnages et le contexte dans lequel ils évoluent pour toucher tout le monde et atteindre l'universel.
Oui, le contexte - les contextes - est particulier : le début du siècle dans une province de l'Empire russe, l'attractivité intellectuelle de Vienne, le Paris populaires des immigrés, aux années folles au bord de mer pour la bourgeoisie aisée, jusqu'à l'horreur de la guerre, de l'Occupation. Mais c'est l'histoire, notre histoire européenne. Et c'est ce qui renforce le récit : là où les personnages s'inquiètent, nous savons, nous, que des malheurs encore plus grands arrivent.
Mais surtout, c'est un récit universel. le portrait magnifique d'une femme remarquable, épouse, mère puis grand-mère, prête à tout pour sa famille, prête même à quitter son pays, sa culture, sa langue, certaines de ses pratiques religieuses même, au nom de l'amour maternel. Il y a de la grand-mère du Narrateur de la Recherche dans Idiss, mais il y a surtout de mes propres grands-mères. Chaque lecteur pourra retrouver ses propres figures aimées, ses propres figures de l'amour absolu, tirant leur bonheur des sourires de leurs petits enfants. Et moi aussi , je regrette de ne pas leur avoir dit à quel point je les aimais maintenant qu'elles sont parties...
Un grand portrait d'une grand dame, par un homme lui-même remarquable - le texte est un récit de famille, solide historiquement, mais sans haine, sans appel à la violence, au contraire, avec des valeurs d'espoir, de tolérance, de fraternité, du rire aussi.
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Outre l'hommage plein d'amour et de tendresse à sa grand-mère, et de manière plus générale à sa famille dont nous apprenons à connaître l'histoire, je retiens surtout de ce livre l'antisémitisme profond répandu dans toute l'Europe au début du XXe siècle... et cela n'est pas rassurant!
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"Aller vers l'idéal en partant du réel."
Le réel, c'est l'histoire d'Idiss, grand-mère de Robert Badinter, femme juive russe, réfugiée en France avec sa famille pour échapper à l'antisémitisme grandissant dans la Russie du début du siècle dernier.
Une famille laïque qui fera sienne les valeurs républicaines de la France.
La France, idéal républicain.
La République Française, terre d'accueil. Protectrice. Egalitaire.
La France, pays des Lumières, idéal de clarté dans un monde où les ténèbres se propagent.
La France, idéal de lumière pour éclairer la réalité de la nuit.
Des ampoules colorées pour en briser la noirceur.
Une nuit qui dure, s'éternise; la guerre est déclarée, l'Allemagne nazie envahit la France.
Paris rend les armes. le régime de Vichy instaure ses lois antisémites.
Les lumières s'éteignent.
La nuit de fait éternelle.
Alors Idiss prie l'Eternel. Pour que l'aube se lève.
Pour que la République, en laquelle sa famille croit tant, continue d'éclairer ces femmes et hommes, ombres dans la nuit, de ses principes d'égalité, de liberté et de fraternité.

Mais quand le souffle de la haine éteint les bougies, que la noirceur envahit les hommes et les âmes, seule reste la fuite.
Idiss, malade, ne peut partir.
Sa famille est déchirée.
Rester, c'est choisir le passé, auprès d'Idiss, symbole d'une époque lumineuse où la France éclairait le monde. Mais c'est aussi choisir de rester dans la nuit, au risque de se faire emporter dans ses ténèbres.
Vers la mort.
Partir, c'est suivre l'éclairage d'un phare dans la nuit vers l'espoir et l'avenir.
Vers la vie.
Sa famille suivra la lumière.
Idiss rejoindra l'obscurité.

Robert Badinter signe un texte lumineux, hommage digne et sincère à sa grand-mère et à tous ces êtres humains que la nuit a enveloppés pour les entraîner vers ses ténèbres.
Ces femmes et hommes que le réel a privé d'un idéal.
C'est aussi un hommage à la France Républicaine, terre d'asile dont les valeurs d'égalité et de fraternité illuminaient le monde.
Puissions- nous ne jamais les oublier et nous laisser guider vers un idéal universel, pour chacun , en suivant ses lumières tel un phare dans la nuit.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Dans cette courte biographie, Robert Badinter livre l'histoire d'une grand mère auprès de laquelle il a passé son enfance jusqu'à ce qu'elle soit emportée par un cancer en 1942 en pleine occupation allemande alors qu'il venait d'être obligé de quitter Paris avec sa famille pour échapper aux rafles policières.
Le récit est historiquement documenté et retrace le parcours de ces familles juives venues de Russie, qui ont fui les pogroms pour s'installer en Europe occidentale à la recherche d'une vie meilleure.
Arrivée à Paris avant la première guerre mondiale, Idiss a du faire face à un déracinement culturel, mais elle a eu la chance de vivre au sein d'une famille élargie reconstituée dans une aisance matérielle croissante au fil des années.
Pas de misérabilisme donc, même s'il est bien évident que des douleurs intimes ne l'épargnèrent pas, notamment la perte de son époux.
Pourquoi ais-je l'impression que le récit est idéalisé et que les aspérités des différents protagonistes habilement escamotés ? Un récit familial mémoriel doit-il obligatoirement être hagiographique ? Et tous les moments forts de la vie de sa grand-mère gagnent-ils à être nimbés d'une aura de bienveillance quasi mystique?
Quelle femme n'aurait pas râlé (à juste titre) de voir son mari dilapider au jeu le peu d'argent du ménage ....en voilà un exemple....
Toujours est-il que ce parcours de femme est intéressant car il retrace les difficultés que les juifs ont connu sous toutes les latitudes et il devient véritablement poignant quand il décrit les dernières années d'Idiss et sa fin terrible dans la capitale occupée.
On sent entre les lignes l'amour profond de ce petit-fils devenu un brillant avocat et un homme politique influent pour cette paysanne illettrée qui l'a élevé et qui a su l'entourer et le protéger quand il était enfant.
Alors que l'âge avance, Robert Badinter a choisi de se tourner vers ses jeunes années pour en livrer un témoignage émouvant qui, même s'il n'est pas toujours parfaitement convaincant, n'en mérite pas moins le plus profond respect.
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Grand-mère de Robert Badinter, Idiss est née et a vécu de longues années dans un Shtetel Bessarabien. La vie la conduira à Paris, à Fontenay-sous-Bois, à Nantes... enfin sur ce territoire français qui la faisait tant rêvé, car pour beaucoup d'hommes et de femmes à travers le monde, les idéaux de la révolution française et la devise républicaine étaient synonymes d'espoir. L'espoir de vivre et d'éduquer leurs enfants loin de la haine.

Charlotte (fille d'Idiss) et Simon, parents De Robert et Claude inculqueront à leurs enfants les valeurs républicaines.

Mais sur ce sol, l'horreur rattrapera ces hommes et ces femmes. L'horreur indescriptible qui détruira des familles entières.

Si ce livre est une lettre d'Amour à une grand-mère, c'est aussi un témoignage d'une époque, une ode aux valeurs républicaines.

C'est aussi une mise en garde.

Un livre que je vous recommande.
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Pour moi R. Badinter est un tribun opiniâtre qui a permis l'abolition de la peine de mort. Il est l'image de la rigueur et de la justice.
Rien ne transpirait jamais de sa vie privée.
Et puis il y eut La Grande Librairie : cet homme de 90 ans, un peu rigide, retient avec peine un sanglot lorsqu'il évoque le Kaddish qu'il a récité à Sobibor où est mort son père . Son émotion d'enfant de père déporté est intacte.
Il était venu parler de sa grand mère Idiss.

Son livre est un hommage à sa grand mère maternelle et de sa famille. Née en Bessarabie, dans le Yddishland, elle connaît avec son mari et ses trois enfants les pogroms antisémites. La famille décide alors de partir en France : République de culture, de justice .
R. Badinter décrit de façon simple et minutieuse l'installation, le travail, l'ascension sociale de la famille. LA fille d'Idiss a épousé Simon , juif comme eux tous, ils ont deux fils : Claude et Robert dont la mission est d'être excellents à l'école. Ils sont proches de leur grand mère illettrée, qui s'exprime dans un mélange de russe, de yiddish et de français et partagent sa complicité.

Peu à peu, elle profite de sa vie parisienne, entourée de ses enfants et petits enfants.
Mais Hitler accède au pouvoir, l'antisémitisme se répand, les lois anti juives se multiples. Idiss est rattrapée par le malheur.

Pour la 1ère fois le sort de ces Juifs d'Europe centrale est clairement décrit : la nécessité de trouver une place, l'inquiétude toujours en arrière-plan et le désir d'intégration et puis le retour du malheur : la fuite, les arrestations, la déportation.
Un livre simple et sobre qui remet les faits en place et en perspective.


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L'histoire de la famille de Robert Badinter, en commençant par celle de sa grand-mère Idiss. Mais aussi l'histoire des juifs à travers l'Europe depuis la fin du 19ème siècle.

Une très belle écriture bien sûr, tendre et délicate. Mais aussi, parfois, l'impression d'un certain manque d'approfondissement, en particulier du ressenti d'Idiss. Dont on aurait aimé percevoir davantage les joies et les désillusions.

Une jolie lecture mais, me concernant, une légère déception. Sûrement liée à l'énorme attente autour de l'oeuvre.
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