Idiss qui vivait dans la famille du jeune Robert depuis son veuvage a illuminé l'enfance de son petit-fils par sa tendresse, les brioches qu'elle lui apportait à la sortie de l'école et le mélange très personnel de français et de yiddish qu'elle pratiquait. "
Idiss", c'est une dette d'amour envers sa grand-mère.
Avec une bouleversante sobriété,
Robert Badinter raconte l'histoire d'une famille balayée par la Shoah, mais surtout l'espoir et la confiance qui guidaient ces immigrés passionnément épris des valeurs républicaines.
Née en Bessarabie (Moldavie), province d'un Empire tsariste férocement antisémite,
Idiss a quitté son "shtetl" avec sa fillette de 7 ans - Chifra, mère de l'auteur - suite aux terribles pogroms de 1903 et 1905 afin de rejoindre mari et fils déjà établis à Paris. Un choix évident pour ces Juifs dont la francophilie tenait à plusieurs facteurs, selon R. Badinter:
«Ce qui est complètement perdu de vue, aujourd'hui, c'est que la Révolution française en Europe, pour la première fois, avait accordé aux Juifs la qualité de citoyens. le fait d'être citoyen à part entière entraînait pour les Juifs français la possibilité d'être fonctionnaires, et à ce titre, magistrats (...) C'était une hérésie républicaine: comment? Des Juifs vont juger des catholiques, des chrétiens?»
A la grande fierté d'
Idiss, sa petite Chifra brillera à l'école de la République, grâce notamment à un instituteur qui lui consacre du temps et qu'elle évoquera souvent devant ses deux fils Claude et Robert (le cadet), pour leur transmettre l'amour du savoir.
Aussi profondément attaché aux valeurs républicaines que sa femme, Simon Badinter, père
De Robert, voit son monde s'écrouler en 1940 avec l'instauration du régime de Vichy et des mesures contre les Juifs. Il quitte Paris pour Lyon en 1941, sa femme et ses fils devant le rejoindre plus tard.
Robert Badinter a 13 ans quand il prend congé d'
Idiss malade, confiée à l'un de ses oncles restés à Paris, pour se réfugier avec sa mère puis son frère dans un village savoyard.