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EAN : 9782809450163
280 pages
Panini France (26/08/2015)
3.75/5   4 notes
Résumé :
L'agent Bob de la CIA a une tâche des plus difficiles : assagir Deadpool puis lui confier des missions impossibles. Mais que peut-il faire lorsque le mercenaire préfère séduire la belle Inga plutôt que d'affronter l'organisation criminelle de Hammerhead ? Wade Wilson doit aussi contrer la menace de larme chimique appelée Liquide X... et sauver son mariage !
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome regroupe les 2 moitiés de la première saison de la série Deadpool Max. La fin se trouve dans La liste noire.

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- Un penchant pour la violence : épisodes 1 à 6 de la série ayant commencé en 2010, avec un scénario de David Lapham et des illustrations de Kyle Baker.

L'officier Bob travaille pour une organisation américaine gouvernementale d'espionnage. Il doit "superviser" les interventions de Wade Wilson, un malade mental qui se promène toujours en costume rouge et noir avec sa cagoule, en se faisant appeler Deadpool. L'histoire commence avec Bob rendant compte à sa hiérarchie par internet. Pour cette mission (assassiner Hammerhead), Bob devait infiltrer l'immeuble duquel Hammerhead dirige ses opérations criminelles. Pour ce faire, il s'est fait embaucher comme homme à tout faire, et a accepté les avances du chef (un homme) de la sécurité d'Hammerhead. Par le biais de ses faveurs sexuelles assez douloureuses, il a pu réaliser le moulage d'une clef d'accès (dans un excrément) et faire pénétrer Deadpool dans ce bâtiment sous très haute surveillance. le jeu du chat et de la souris peut commencer jusqu'à l'exécution finale. Les missions suivantes impliquent une séance de psychothérapie pour Deadpool dans une clinique qui se livre au trafic d'organes, le démantèlement d'une résurgence du Ku Klux Klan, l'assassinat d'un baron de la drogue ne quittant pas son île privée, la protection d'un sénateur et la délivrance d'un agent du renseignement.

En 2010, Marvel Comics a décliné le personnage Deadpool à toutes les sauces avec une série mensuelle principale (à commencer par Deadpool 1 de Daniel Way, en anglais), une série de Deadpool avec un invité différent à chaque fois (à commencer par Deadpool Team-up 1, en anglais), une série d'une équipe de 5 Deapool (à commencer par le club des cinq), une minisérie de Deadpool décliné en série noire (Deadpool Pulp). Les lecteurs avaient-ils vraiment besoin d'une autre série mensuelle ? Dans une page de texte, David Lapham explique que lorsqu'un éditeur l'a contacté pour écrire ces histoires, il était hors de question de faire un copier-coller.

Effectivement, Lapham s'est lâché. Les 2 premières blagues reposent sur une relation homosexuelle malsaine et sur un individu en train de fouiller dans des excréments humains. Il s'approprie les caractéristiques du personnage de Deadpool (malade mental ayant une vision déformée de ce qui l'entoure et tueur hors pair) en renforçant le coté trash, et l'importance de Bob, l'agent de liaison qui devient un souffre-douleur masochiste. Bob doit s'assurer que Deadpool accomplit ses missions coûte que coûte, en payant à chaque fois de sa personne et en souffrant des douleurs horribles. Lapham y va très fort dans le registre de l'humour noir et la maltraitance de ce personnage. de son coté, Deadpool est ingérable, si ce n'est par Bob et il se lâche dans des scènes de carnage sans pitié.

Chaque mission est intéressante par elle-même et maintient un suspense quant à l'issue de la mission. Lapham rajoute par là-dessus une ambiance d'espionnage dans laquelle Bob finit par ne plus savoir pour qui il travaille vraiment et les buts recherchés par ses mystérieux employeurs. Tout ce qu'il sait, c'est que ces derniers sont en capacité au mieux de l'envoyer en prison pour le restant de ses jours, au pire de le faire assassiner. Lapham ajoute également une couche d'univers partagé Marvel, bien déformé, en utilisant des noms connus (Hammerhead, Task Master, Domino, Nathan Summers, etc.) et en pervertissant ces personnages comme il est la règle dans l'univers MAX. Et puis, il développe le personnage de Wade Wilson en évoquant son enfance, ses années de formation et même ses sentiments pour une femme. Ces passages sont aussi exagérés et impossibles que les autres, mais malgré tout touchant car les horreurs décrites utilisent des tabous de notre sociétés.

Pour illustrer ce Deadpool tordu à souhait, Marvel a embauché (ou a réussi à convaincre) Kyle Baker, un illustrateur, lui aussi, incontrôlable. Son style graphique est assez difficile à décrire car il évoque tantôt celui de Lapham sur sa série Young Liars (à commencer par Daydream Believer, en anglais), tantôt du Joe Kubert un peu distordu, tantôt des expériences graphiques pop art jouant avec le simplisme au frontière de l'abstraction. Il intègre également régulièrement des photographies retouchées et recolorées. Ces fluctuations de styles demandent une certaine ouverture d'esprit de la part du lecteur. de même, Kyle Baker joue avec les couleurs passant de pages aux teintes pastel, à des pages où les couleurs jurent les unes à coté des autres dans les teintes les plus vives possibles. le résultat ne ressemble pourtant jamais à un patchwork, mais bien à une progression logique dans laquelle chaque style s'adapte à la nature de la scène, de l'action, du dialogue, etc. le niveau le plus expérimental est atteint lors de 2 séquences sur les maltraitances supportées par Wade Wilson pendant son enfance dans lesquelles les couleurs sont criardes et les formes limitées à des contours simplistes quasi géométriques. Et pourtant ces dessins suggèrent admirablement la souffrance de cet enfant et la veulerie de ses parents.

Cette version de Deadpool ne fait doublon avec aucune autre, tellement elle possède des caractéristiques très marquées et jusqu'auboutistes. le niveau de violence est très élevé, l'humour est très noir et se vautre régulièrement dans le mauvais goût, il y a quelques moments de nudité (fesses, seins). La maltraitance et la cruauté font rage. Les illustrations et les couleurs mettent à l'épreuve la tolérance et le sens de l'aventure du lecteur. Mais David Lapham et Kyle Baker ne grugent pas le lecteur ; ils racontent une vraie histoire avec de vrais personnages tous psychopathes, mais jamais simplistes ou unidimensionnels.

- Longue vie à l'Hydra : épisodes 7 à 12 de la série. -

Wade Wilson (Deadpool) s'est mis en ménage avec Inez (Domino) qui est enceinte. Il se projette déjà en train de lire les conquêtes d'Hannibal à son fils, de pêcher avec lui, de l'entraîner à rattraper la balle au football américain et de faire un peu de mécanique en réparant le tank familial. Inez se rend compte qu'elle s'est fourrée dans un drôle de pétrin, et elle part trucider quelques millionnaires bedonnants pour se détendre et ramasser un peu d'argent. de son coté, Bob est dans un sérieux pétrin car il a échoué à libérer Blind al et il est prisonnier d'un groupe islamiste extrémiste, les Chevaliers du Croissant de Lune, qui s'apprête à le décapiter pour servir d'exemple dans la vidéo de leur revendication. Après avoir réglé ces menus détails, Deadpool organise un enterrement de vie de garçon pour Bob (ça partait d'un bon sentiment). Et puis c'est le retour au boulot pour lutter contre Hydra et Taskmaster, avec un détour par l'orphelinat dans lequel Wade Wilson a passé les plus jeunes années de sa vie.

Le lecteur retrouve les mêmes artistes que pour le tome 1 : David Lapham pour le scénario, et Kyle Baker pour les illustrations, à l'exception de l'épisode 9 (l'enterrement de vie de garçon) illustré par Shawn Crystal.

Pour ces épisodes, David Lapham utilise des ingrédients irrémédiablement incompatibles avec le politiquement correct et la morale bienpensante, comme dans le premier tome : une grossesse pour un couple incapable de devenir des parents responsables, des meurtres gratuits et des assassinats sadiques, des prostituées et leur souteneur, des terroristes à la foi élastique, une arme bactériologique, du sadisme, de la violence et des enfants maltraités. On ne peut pas dire qu'il soit en mal d'idées ou de provocations, mais la sauce prend moins bien que dans le premier tome. Dans la première moitié de cette saison, le lecteur sentait que Lapham suivait une direction claire et construite pour présenter ses personnages, les développer et les faire évoluer. Avec ces épisodes, le lecteur a l'impression que l'histoire globale avance à la "va comme je te pousse", au gré des humeurs du scénariste qui semble improviser l'histoire suivante, sans lien logique avec la précédente. Mis à part les épisodes 7 & 8 dédiés à la potentialité de paternité de Deadpool (des visions cauchemardesques), Deadpool et Bob se trimballent d'une aventure à l'autre, en recyclant parfois les mêmes thèmes (l'incapacité de Bob à dire la vérité, ses disgrâces successives avec ses patrons, et l'imprévisibilité destructrice de Deadpool). du coup le lecteur a bien sa dose d'humour trash et crade, mais les épisodes s'assimilent plus à une suite de nouvelles qu'à un roman formant un tout.

L'épisode illustré par Shawn Crystal permet de mieux apprécier l'originalité de Kyle Baker, par contraste. Crystal adopte un style un peu cartoon (surtout pour la grosse prostituée), avec des silhouettes dégingandées, complété par une mise en couleur informatique traditionnelle. le résultat est satisfaisant, mais fade par rapport à l'exubérance graphique de Baker.

De la même manière que Lapham s'autorise à jouer avec toutes les facettes du mauvais goût, Kyle Baker s'autorise à incorporer tous les styles visuels qui lui passent par la tête pour servir le scénario. Pour commencer il effectue lui-même la mise en couleur et il s'en sert pour écraser les traits à l'encre qui délimitent les contours des formes en appliquant les couleurs par-dessus. Ensuite il n'hésite pas insérer quelques photos retouchées et coloriées à la truelle pour définir un décor, mais cela reste sporadique. Parfois, il se passe des lignes de contour en n'utilisant que la couleur pour définir les limites d'une forme (une grosse tache rouge pour un short par exemple). La juxtaposition des 2 techniques donne une impression d'un fouillis hétérogène. La majeure partie du temps il utilise un encrage qui évoque celui de Joe Kubert, un peu sec, un peu appuyé, sauf s'il décide de passer à un encrage plus grossier et plus lâche sur la même page dans la case d'à coté. Ces hiatus stylistiques peuvent parfois déconcerter, voire donner mal aux yeux. Mais d'un autre coté, ils évitent l'ennui au lecteur. Toutefois, comme pour le scénario, la lecture donne l'impression que Kyle Baker met moins de conviction dans le premier tome pour choquer le lecteur par des prises de risques graphiques. Il fait plutôt fructifier les bases qu'il a posées dans le tome précédent.

Cette deuxième moitié de première saison confirme le non-conformisme de cette série et justifie son positionnement dans la ligne éditoriale MAX. À la réflexion, il est même difficile à croire que Marvel puisse produire une telle série, et qu'il ne s'agit pas plutôt d'une expérimentation d'une maison d'édition indépendante. Toutefois, l'effet de surprise du premier tome est passé, et le lecteur a l'impression que l'équipe créatrice se repose un peu sur ses lauriers, se contentant de réutiliser les mêmes trucs que dans la première moitié, avec un peu moins d'inventivité.
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