AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,22

sur 112 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un roman qui dérange tant par sa justesse que sa noirceur.

Les réseaux sociaux sont des lieux de perdissions pour certains. C'est aussi l'occasion pour d'autres d'avancer masquer et du coup de se permettre beaucoup. Beaucoup plus disons de ce qu'ils pourraient faire a visage découvert. J'ai trouvé la justesse dans ce que l'on peut retrouver sur certains sujets sur de nombreux réseaux sociaux. La mise a mort virtuelle (pour l'instant) de personnes exposées ( je pense entre autre à Zineb) . A ces gens qui se font insulter gratuitement pour avoir été d'accord ou non avec d'autres. C'est aussi le lieu d'harcèlement pour les jeunes ou moins jeunes… enfin bref un roman qui reprend ce que l'être humain a de plus noir caché derrière un écran. Je déplore cela et ne le comprends pas. Je pense que ces insultes ces menaces démontrent le manque d'arguments de la personne utilisant ces manières. Et cette façon de faire me fait froid dans le dos, car face a cette vindicte on ne peut se battre que contre des moulins à vent.

J'ai trouvé les personnages très travaillés. Laure qui se plonge a corps perdu dans une aventure qui la fait se sentir vivante. Ce dont elle a besoin avec sa tumeur. Mais également les personnages secondaires. le ton est juste et le côté psychologique très prenant.

Ce que j'ai trouvé d'étrangement bien fait dans ce roman, c'est que le lecteur sait ce qu'il va se passer. Avec logique on sait ( sauf le twist final qui est imprévisible), mais malgré tout on a besoin de savoir. L'écriture de l'auteure est addictive et on lit se roman quasi d'une traite.

J'avoue que c'est le premier roman de Solène Bakowski dans lequel je me plonge, mais la maison d'édition étant gage de qualité je n'ai pas mis longtemps a sauter le pas… et une fois encore ce roman confirme cette qualité. Je peux juste ajouter que ce ne sera pas le dernier roman de cette auteure que je lirais.
Commenter  J’apprécie          9610

Babelio : 105 amis
Facebook : 31 amis
Line : 61 amis

Impossible de lire un roman de Solène Bakowski sans penser au moins un peu à son amie Amélie Antoine.
Les deux anciennes reines de l'auto-édition ont en effet partagé leur talent respectif avec les romans Sans Elle / Avec Elle.
Elles ont toutes les deux désormais trouvé un éditeur de renom.
Dans Sans Elle, Amélie Antoine a modifié la fin initiale de son roman pour délivrer une fin Bakowskienne.
Comprenez noire, désespérée et tragique.
Cette année les deux compères publient exactement le même jour ( le 17/10/2019 ) leur nouvelle offrande : Un livre pour les jeunes enfants cette fois pour la Lilloise ( Ernest et moi ) et Miracle donc pour l'auteure parisienne.
Miracle qui dans sa construction et son aspect glaçant n'a pas été sans me rappeler Raisons obscures, et je peux difficilement faire un plus beau compliment.

Composé de deux parties principales, la première regorge d'espoir.
"Vous n'imaginez pas le bonheur que Laure emporte dans son sillage."
Raconte un quotidien qui n'a rien de banal mais qui est bien plus doux que des histoires macabres de sacs, de disparition d'enfant ou de soeurs ennemies.
Ce qui peut donc paraître étrange chez une auteure qui ne jure habituellement que par le malaise et la perdition des âmes.
Bon, on n'est pas non plus dans le monde des Bisounours puisque tout commence avec une des pires nouvelles que peux recevoir une jeune femme de vingt-et-un ans.
"Une tumeur. Inopérable. Trop grosse, trop loin, trop risqué."
D'abord anéantie, Laure Laan, fille d'un célèbre navigateur disparu en mer, va prendre la décision de reconstruire le voilier de son père.
Elle a toujours été passionnée par l'eau, les vagues, le surf, et décide d'accomplir cet exploit en solitaire.
"L'océan a toujours été son élément".
Elle qui est plutôt solitaire, qui a de grandes difficultés à l'oral ( "Elle n'aime pas s'exprimer, les mots ne viennent pas naturellement, elle se tétanise dès que l'attention se rive sur elle." ) va oser diffuser une vidéo sur internet dans laquelle elle évoque à la fois sa maladie, les jours qui lui sont comptés, et son rêve d'accomplir ce dernier voyage.
Parce qu'elle a besoin d'aide financière pour remettre le bateau en état et qu'elle ne risque rien en prenant cette initiative, même si elle n'en n'attend pas grand chose.
Mais la vidéo devient virale.
Les gestes de soutien et d'encouragement, qu'ils soient financiers ou de simples mots bienveillants, font le tour de la blogosphère. Le monde entier la soutient.
Voyant un bon filon à exploiter, un assureur prendra à sa charge les réparations du Laurelle et s'assurera une monstrueuse publicité en soutenant cette cause.
Parce que la timide et complexée Laura, qui n'en n'a plus que pour deux ans à vivre, devient sans le vouloir une icône, un symbole d'espérance, elle incarne la lutte contre le cancer par son courage et sa volonté.
"Donner de l'espoir aux gens l'électrise."
Elle suscite l'admiration de tous, en particulier du jeune Lucas, atteint de leucémie. Ou de sa mère Isabelle qui voit son fils s'épanouir de nouveau, excité par cette aventure. Ou encore de Lionel, jeune homme des plus serviables, infirmier dans le même hôpital pédiatrique, qui semble ne vivre que pour redonner un peu le sourire à tous ces enfants malades, voire condamnés.
"Elle irait même jusqu'à penser que sa tumeur est une seconde chance."
Laure se découvre une vocation, aussi courte soit-elle sa vie va enfin avoir un sens.
"La jeune femme existe enfin, pour elle-même et par elle-même."
Son nombre d'amis sur facebook ne cesse de croître, son nombre d'abonnés sur Instagram ou Twitter est exponentiel.
Ce sont les réseaux sociaux qui sont à l'origine de sa notoriété, qui vont lui permettre de réaliser son rêve, qui la rapprochent de toutes ces personnes qu'elle n'a jamais rencontrées et pour lesquelles elle pourrait soulever des montagnes. Elle réalisera des miracles pour redonner espoir à tous ces malades, pour qu'eux aussi voient s'accomplir leurs rêves.
Les réseaux sociaux sont souvent critiqués, on en oublie les amitiés qui s'y créent, l'engouement qui peut y être suscité, les liens qu'ils permettent de maintenir, la générosité et l'entraide qu'ils suscitent.
"Ils disent qu'elle a changé leur existence. Ils disent que sans elle, sans son message, sans son courage, ils n'auraient pas su où puiser le leur."

Mais alors, où est Solène Bakowski ?
L'auteure qui dérange en nous parlant de personnes différentes, un peu folles, manipulatrices, dévastées, qui mettent des trucs ignobles dans des sacs ?
Oui, ça parle de tumeur au cerveau et d'enfants qui ont le cancer, ce ne sont pas les sujets les plus joyeux qui soient mais derrière cette gravité on découvre une facette résolument optimiste de la Parisienne.
Comme si dans les pires moments qui soient il existait toujours un verre à moitié plein.
Il ne faut pas abandonner ses rêves mais les réaliser par tous les moyens tant qu'il en est encore temps.
Il n'est jamais trop tard pour donner un sens à sa vie.
Eh ben, nous voilà donc avec un livre de développement personnel ?
Laurent Gounelle, sortez de ce corps ! Rendez moi Solène !

Solène Bakowski n'est jamais partie bien loin.
Comme dans Raisons obscures, il faudra attendre néanmoins la seconde partie pour qu'intervienne l'innommable.
Pour que l'on soit parfois obligé de reposer le livre et de respirer un grand coup.
Plus atroce que le cancer.
Le revers de la médaille de la célébrité.
L'autre facette des réseaux sociaux.
L'ignominie, la lâcheté, les obsessions purement humaines dont on avait déjà eu un aperçu mais qui prennent tout leur envol.
"Une course au commentaire le plus dégueulasse, à la vanne la plus trash."
L'histoire suit un ordre chronologique, de la date où est diagnostiquée la tumeur, le 09 août 2019, jusqu'à un drame qui a lieu exactement un an plus tard et qui est relaté dans le prologue.
Par bien des aspects les deux parties sont les reflets l'une de l'autre. Mais l'auteure nous emmène ensuite de l'autre côté du miroir.
Les mêmes éléments sont repris mais cette fois c'est la face cachée qui nous est dévoilée.
Pendant deux cent pages Solène Bakowski fait pousser des fleurs aux couleurs de l'arc-en-ciel, nous berce d'espoirs et d'illusions sur ce que le monde peut avoir de merveilleux, sur la bonté désintéressée des êtres humains.
Pour mieux piétiner encore chaque pétale, pour mieux nous enlever nos illusions, jusqu'à ce qu'il ne reste que des ruines fumantes.
Comme si chaque être, chaque évènement, ou l'océan lui-même avaient leur part d'ombre, de pourriture, et voulaient prendre leur revanche.
Comme si l'altruisme n'existait pas.
Que tout devait se payer au prix fort, y compris les miracles.
"Ca existe les erreurs. Ou les miracles. Il faut croire aux miracles."

Véritable Pénélope attendant son Ulysse, Solène Bakowski défait la tapisserie qu'elle a tissée, et c'est tout particulièrement vrai pour les réseaux sociaux.
Qui peuvent être formidables par bien des aspects comme ils peuvent être des outils de destruction massive.
"Laminée puis sauvée par les réseaux sociaux."
Elle évoque par exemple cette mode consistant à faire le buzz avec des vidéos d'accidents quand les gens préfèrent filmer une scène choquante plutôt que d'intervenir pour tenter de sauver une vie.
De nombreux extraits de dialogues entre internautes parsèment le livre de façon tout à fait crédible, et il est amusant de reconnaître les pseudonymes de certains des protagonistes principaux du roman quand ils interviennent ainsi sur la toile.
"D'ailleurs ce n'est que du virtuel, c'est impalpable, abstrait, du vent, des données, ça ne compte pas."
Bien sûr que si, ça compte.
L'anonymat permet d'être acerbe, méchant, insultant ou menaçant en toute impunité.
La critique est facile. Influencer d'autres personnes avides de répandre les pires horreurs l'est tout autant.
Ce n'est un secret pour personne, écraser gratuitement autrui permet de se sentir exister, de se donner de l'importance, d'avoir du pouvoir.
Peu importe les conséquences.
Et ça ne se limite pas aux ragots des collèges ou des lycées.
"Nos enfants ne sont pas armés contre les dingues qui sévissent sur internet."

Je n'ai qu'un léger reproche à formuler.
Un rebondissement totalement inattendu arrive dans les dernières pages du roman, donnant à celui-ci des allures plus marquées de véritable thriller, mais ce que le lecteur gagne en surprise, le roman jusqu'alors parfait le perd en intensité et en crédibilité. A mon sens il n'y avait nul besoin de cet artifice pour permettre au livre de conserver toute sa puissance, tout son impact. Mais chaque lecteur se fera sa propre opinion.

Avec ce roman la plume de Solène Bakowski a gagné en fluidité tout en gardant une certaine magie dans l'écriture, avec de-ci de-là des phrases vraiment somptueuses.
Elle qui n'était pas toujours à l'aise dans la construction de ses histoires est parvenue à un résultat implacable, avec les deux principales parties qui se reflètent à tous points de vue.
Le bien, le mal.
L'espoir puis l'angoisse.
La lumière terrassée par les ténèbres.

Alors n'hésitez pas davantage, #Embarquez avec Solène Bakowski à bord du Miracle.
Et ne croyez pas un instant qu'elle s'est assagie.
Après le calme viendront la tempête, les noeuds dans l'estomac, les nausées et les vertiges.
Bon voyage !


Commenter  J’apprécie          3913
Si on me demandait de classer « Miracle » dans un genre, j'en serais bien incapable. En effet, en 400 pages, il réunit une multitude de facettes qui se révèlent au fur et mesure. Ce livre passe par différentes phases et change même de styles en cours de route.

Pour nous narrer le destin pour le moins incroyable de Laure, le récit se fait intimiste. Il va au coeur d'une famille touchée par la maladie et par le deuil. Il nous met face aux conséquences de drames sur l'entourage de la victime. Il nous montre aussi les effets de la notoriété. Confrontée à une popularité démesurée, l'héroïne va connaitre l'euphorie de l'ascension et la violence de la chute.

Certains chapitres sont des échanges entre des internautes issus de Twitter. Ils permettent de se rendre compte des réactions des gens face aux mésaventures de Laure. Ils mettent ainsi en lumière la versatilité des réseaux sociaux et leur impact sur la vie d'autrui.

A d'autres moments, le roman devient un véritable thriller. Plein de rebondissements et de révélations, il nous envoie sur une piste et prend brusquement des virages à 90 degrés. Tout au long de ma lecture, à plusieurs reprises, j'ai cru deviner la finalité de l'aventure. Mais le talent de l'autrice a su chaque fois retourner la situation pour redonner un coup de fouet à l'histoire et me remettre dans le flou.

Solène Bakowski nous offre une oeuvre à la fois multiple et homogène. Très accessible par le style et complexe par sa structure, ce texte inclassable traitre d'un grand nombre de thèmes qui font l'actualité de notre société. En tant que lecteur, on passe par toutes les sentiments : la tristesse, la colère, la joie, l'indignation, l'amour, la surprise… On ressort donc chamboulé de ce déferlement d'émotions mais avec le bonheur d'avoir été joliment manipulé.
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
Commenter  J’apprécie          180
Difficile d'être originale après tous les avis enthousiastes qui passent sur la toile depuis la sortie de Miracle de Solène Bakowski, J'ai donc essayé de ne pas les lire et j'ai débuté ma lecture sans trop en savoir. Me voilà donc à la fin de cette histoire et je me dois à présent de trouver les mots pour vous dire à quel point je l'ai aimé mais sans vous en dire trop pour autant...


https://livresque78.wordpress.com/2019/11/01/miracle-de-solene-bakowski/


Commenter  J’apprécie          120

Aujourd'hui je vous parle d'une nouveauté des éditions Cosmopolis, Miracle de Solene Bakowski.
En lisant la quatrième de couverture je savais déjà qu'on ne serait pas dans un thriller sanglant mais dans un roman axé sur la psychologie et je n'ai pas du tout été déçue. L'autrice nous embarque dans une spirale infernale ou j'ai été captivé du début à la fin.

Bon cette chronique va être compliqué car je n'ai pas envie de vous dévoiler trop l'intrigue. Je pense qu'il vaut mieux se laisser porter par le récit. J'ai lu ce livre en a peine 24h tant j'ai été captivé par la plume de l'autrice.

La quatrième de couverture résume assez bien le début du roman. Je dois avouer que j'ai très bien vu ou voulais nous amené l'autrice mais ça n'avait aucune importance car c'était bon, elle m'avait eu. J'étais prise au piège de ce roman qu'il fallait absolument que je termine.

J'étais avec le personnage principal je comprenais très bien tout ce qui lui arrive.
Sujet plus que d'actualité, Solene Bakowski décortique les réseaux sociaux, pour le meilleur et pour le pire.
Le tout dans une intrigue très bien construite.
Elle montre si bien la solitude, la maladie et tout les formes qu'elle peut avoir.
Car les monstres ne sont pas toujours ceux à qui l'on pense.
Certes le sujet a été déjà beaucoup traité et nous sommes de moins en moins naïfs envers certaines pratiques mais c'est un livre qui fait réfléchir. Plusieurs fois j'ai été émue et j'ai trouvé certaines phrases tellement vraies et bien écrites.

C'est un livre qui traite de plusieurs sujets, le tout sous forme de thriller psychologique. L'intelligence de ce livre, à mon sens, c'est de se dire constamment, je vois venir le truc et je ne veux pas que ça arrive malheureusement ou heureusement on ne contrôle rien et on se laisse porter dans cette histoire qui fait ressortir les travers de notre société 2.0
Vous l'aurez compris j'ai beaucoup aimé ce roman et je vous le recommande sans plus tarder
Commenter  J’apprécie          60
Quand le miracle annonce la tempête... Miracle de Solène Bakowski est un roman dans lequel je me suis plongée intégralement et qui m'a captivée de la première à la dernière page. Un coup de coeur pour cette histoire qui dépasse le cadre du roman noir.
Le roman s'ouvre sur un point de bascule, une annonce qui va bouleverser la vie de Laure, on lui a diagnostiqué une tumeur au cerveau qui ne lui laisse que 2 ans, 3 maximum, à vivre. Commence alors le décompte mortifère et vient l'inévitable question : qu'est-ce qu'elle va faire ? Laure décide alors de vivre intensément ce temps qui lui reste et de réaliser son rêve. Fille du grand navigateur disparu, Hervé Laan, Laure a des envies de traversée de l'Atlantique. Elle lance une collecte sur internet pour restaurer le bateau de son père laissé à l'abandon dans un abri. Une immense ferveur se crée sur les réseaux sociaux autour de son projet, une vague immense qui a le pouvoir de la porter comme celui de l'engloutir...
Quel fantastique moment de lecture m'a offert Solène Bakowski avec ce roman ! J'ai parcouru les pages sans vraiment savoir où l'histoire allait me mener et j'ai adoré ça. Ce roman sous des faux airs de thriller se révèle en fait être un roman social noir en accord total avec notre époque hyper connectée. L'auteure, à travers ce roman, fait un constat amer sur les réseaux sociaux qui s'insinuent dans notre quotidien à tel point qu'ils faussent parfois la notion de réel chez certains. Des réseaux sociaux qui peuvent nous acclamer et, dans la seconde d'après, nous écraser. Tout au long du récit, on voit les rouages de cette persécution virtuelle se mettre en place et prendre une ampleur effrayante. J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteure traite les thématiques de la maladie, du deuil et de la famille car c'est fait avec beaucoup de psychologie. Enfin, j'ai trouvé la construction du roman très réussie, l'histoire prend des tournants très surprenants auxquels je ne m'attendais vraiment pas.
Miracle est un roman que j'ai eu beaucoup de mal à lâcher tant j'étais prise dans l'histoire.  Un coup de coeur évident pour ce roman qui captive autant qu'il fait réfléchir sur les conséquences de nos actes virtuels.
Commenter  J’apprécie          50
Laure, 21 ans est atteinte d'une tumeur au cerveau : inopérable et incurable. Les médecins lui donnent 2 ans, peut-être 3, à vivre. « Incomplète. Sa vie, tout ce qu'elle ne fera pas. Incomplète. Tout ce qu'elle ne sera jamais, parce qu'elle n'en aura ni le temps ni l'envie. » Si la nouvelle a l'effet d'une bombe à retardement, l'espoir et l'envie d'accomplir un rêve naissent : traverser l'Atlantique en solitaire sur le bateau qui appartenait jadis à son père. de nos jours, rien d'impossible ! Pour cela, utiliser des moyens à portée de nos doigts, les réseaux sociaux. GoFundMe, Facebook, Instagram, YouTube, tous les moyens sont bons. En quelques clics et des milliers de partages, son rêve fait le buzz et devient le rêve par extension de milliers d'autres personnes atteintes du cancer. Sous le hashtag #OnEmbarqueAvecLaure, #LeCancerNeVaincraPas, Laure devient une idole des temps modernes, suscitant admiration, espérance et foi en l'avenir. Parfois, ce qui a fait votre gloire fait aussi votre chute : sûrement le prix à payer pour un miracle….

Il y a toujours un avant et un après Solène Bakowski. Elles sont rares à percer ainsi les secrets de nos coeurs, à faire tomber les murs construits pour ne pas qu'on nous abîme trop l'âme. Elles sont deux, l'autre s'appelle Amélie Antoine. J'ai autant d'affection pour l'une que pour l'autre, et une même tendresse pour leur habileté à inclure dans leurs textes, des héroïnes de l'ordinaire, vous, moi, à qui il arrive des pépins de tous les jours, presque banals, mais qui se transforment bien souvent en drame. On sent que le dérapage est imminent, que quelque chose va nous sauter au visage, on ressent d'ailleurs cette petite gêne au creux de notre estomac qui va rapidement devenir une gigantesque boule dans la gorge. On sait que le chemin sera noir. On sait que l'humanité cruelle. On sait qu'on va morfler…

En créant des personnages hautement charismatiques dans leur profonde humanité, comme Laure ou Lucas, ces héros ordinaires qui affrontent la maladie au quotidien, Solène Bakowski emporte avec elle ses lecteurs à qui elle montre le monde par le petit bout de la lorgnette, le côté face d'une même pièce dont on aurait déjà largement abusé du côté pile. Sadiquement, elle prend son temps. Elle nous fait aimer ses personnages. Elle nous les pose dans le creux de la main et elle dit nous regarde-les, prends en grand soin, parce que la vie (pas moi) va leur faire beaucoup de mal, va les atteindre au plus profond d'eux-mêmes et les laisser quasi morts sur le bord de la route. L'identification à ces personnages est quasi immédiate : c'est le talent indéniable de l'auteur.

La 4e de couverture évoque la chute de Laure dans l'enfer des réseaux sociaux. Ne vous y méprenez pas, ce livre n'est pas un brûlot contre les réseaux que nous utilisons tous. Il est un miroir de la réalité, le fruit, à mon avis, de longues heures d'observations et d'analyses de ce qui s'y passe. Oui, les réseaux sont parfois « le coeur de la nuit », et les choses y vont très loin, bien trop loin. En cela, le roman est juste. Solène démontre de façon très pertinente combien ils peuvent être utiles et source de ralliement pour créer des communautés dans des combats communs, mais aussi combien ils peuvent rapidement vous faire payer au centuple le fruit de ce rapprochement. J'en faisais moi-même l'expérience très récemment encore : il suffit d'un canard boiteux dans une meute pour faire basculer tout le troupeau. Rajoutez à cela un discours pas trop débile, des attaques bien ciblées, un ton un peu méprisant, et vous obtenez une équation parfaite pour faire dérailler un train. Se greffent alors des insultes, des hashtags bien sentis, et tous les suiveurs qui trouvent très distrayant de partager des posts où on se moque, mais méchamment de quelqu'un. Pensez un peu à Greta Thunberg…. Son discours se perd dans la haine populaire juste parce qu'elle a l'air d'une sale gosse capricieuse. La popularité est un programme de démolition massive. « Tu vois bien que t'es un personnage public, alors on a le droit de tout dire, si on veut t'insulter on t'insulte, c'est pour ça que t'es sur Internet. » Les mots sont également un programme de destruction massive surtout lorsqu'ils détruisent votre moi profond « Il y a pire que le cancer, lui a répondu une voix en miettes à l'autre bout du fil, ce sont les réseaux sociaux. Nos gamins ne sont pas armés contre les dingues qui sévissent sur Internet. »

Au-delà du mécanisme parfaitement décomposé du cercle vicieux lancé à pleine vitesse dans la seconde partie du roman, et dont je ne parlerai pas parce que ce serait criminel de vous en gâcher le plaisir de lecture (et croyez bien que c'est difficile, car j'aurais tant de choses à en dire…), Solène décortique l'arrivée de la maladie dans le cercle familial. Là encore, je ne peux que m'incliner devant la pertinence des propos et l'éventail des réactions proposées. Entre ceux qui veulent décider à la place du malade, ceux qui s'octroient le droit de décider de « la fin », ceux qui veulent gérer la vie du mourant parce qu'ils savent mieux, eux, ce qui est bon, et ceux qui entravent simplement la liberté de choix sur la fin de vie, Solène ne nous épargne pas grand-chose. Soigner et secourir à quel prix ? Sauver contre son gré ? Elle a même pensé à créer un personnage qui, de la lumière passe brutalement à l'ombre, comprenez un personnage qui représente une sorte de vénération familiale, fierté exacerbée de celle à qui tout réussit, à un passage au second plan, celle qui n'est pas entrain de crever… Belle brochette d'êtres humains, avec leurs failles et leurs forces, leur tendresse et leur violence. Absolument tout ce que j'aime pour ne pas entrer dans toute forme de manichéisme ou de jugement.

Les romans de Solène Bakowski me procurent toujours de belles émotions. Si elles sont hétérogènes, elles n'en restent pas moins douloureuses parfois. Il y a toujours sur ses épaules le bon et le mauvais génie. le bon peut être clément, le mauvais est sans pitié. Ses romans sont le reflet de tragédies ordinaires, de celles qui vous émeuvent le plus parce qu'elles peuvent être les vôtres… et dans certains cas, elles le sont. « (…) cette jeune femme portée aux nues par les réseaux sociaux. » en est une belle démonstration. Mais, « C'est toujours pareil, la compassion résiste mal à la proximité de la détresse. »

Solène c'est un coeur tendre dans la nuit noire de l'existence. Sa sensibilité exacerbée fait d'elle un auteur rare, dont les mots, puissants, justes, parlent d'abord à vos tripes avant de parler à votre cerveau. Ses romans se vivent et se ressentent. Ils sont l'opposé de l'indifférence, ils nous mettent en face de nos propres contradictions et démontrent combien la vie se charge d'en faire tanguer l'équilibre.

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
Commenter  J’apprécie          50
Retour sur ma lecture « miracle » de Solène Bakowski aux éditions @cosmopoliseditions
Énorme coup de coeur pour ce roman qui comme chaque livre de Solene m'a émue au plus profond.
L'auteur décrit avec force chaque personnage, leur psychologie, leurs sentiments, leurs états d'âme sans jamais ennuyer le lecteur et d'une manière si profonde! C'est un vrai talent que l'on retrouve chez peu d'auteurs.
Dans ce roman décomposé en 3 parties, on fait la connaissance de Laure à qui l'on annonce une tumeur incurable au cerveau et qui décide de partir en bateau pour quelques semaines pour réaliser un rêve qui suit les traces de son père.
Tout le monde va la suivre à travers les réseaux sociaux mais jusqu'où cela la mènera t-elle?
L'auteur aborde un sujet délicat que sont les limites des reseaux sociaux le positif comme le négatif et le fait de manière authentique et sans jugement avec sincérité.
Les personnages sont superbement travaillés et m'ont tous touchés même les plus énervants à la base!
Je me suis prise de nombreuses claques au cours de ce livre que je n'ai pas vu venir et le final m'a coupé le souffle. L'auteur m'a transporté et j'ai été nostalgique de refermer déjà ce roman que j'ai lu trop vite à mon goût 😆
On peut parler ici d'un thriller psychologique grandement réussi!
Commenter  J’apprécie          40
Il y a des auteurs que tu apprécies tellement que tu les lis les yeux fermés. Solène en est de la partie ! Pourtant, Dieu sait à quel point ce sujet m'est hyper sensible et me retourne les tripes.

Laure, 21 ans, se voit diagnostiquer une tumeur au cerveau inopérable. Les statistiques lui donnent 2 ans, 3 au mieux. Une fois le choc à peu près digéré, cette passionnée de la mer, monitrice de voile, file sur la plage ramasser 1 095 coquillages. Elle en peint 1 tiers en rouge (l'année de bonus, si tout va bien). Rempli un bocal avec tous ces coquillages : le reste de sa vie. Et fait tomber chaque jour un coquillage dans un bocal vide. J'ai attaqué la réserve de mouchoirs à ce moment-là. Ce n'était pourtant rien par rapport à notre arrivée au service d'oncologie pédiatrique. Que ce soit Lucas, ou encore Marilou, ou la petite Samia, ils m'ont rempli le coeur d'une émotion incroyable. Mais je me perds…Il n'empêche que j'ai failli abandonner ma lecture tellement elle me retournait les tripes et le coeur.

Au début du roman, Laure est sur Facebook, comme tout le monde, je dirais. 398 amis. Nous suivrons la progression des ses « amis » et abonnés en début de chaque chapitre. L'océan, c'est sa passion. Et si, au lieu de se morfondre, elle remettait en état le Laurelle, le voilier de son père, grand navigateur disparu en mer, et partait traverser l'Atlantique ? Mais où trouver le financement ? Elle a l'idée de publier une vidéo et de faire une cagnotte en ligne. Un pauvre petit clic peut avoir de multiples conséquences. Et Solène va nous montrer comment, une fois lancée, la machine du net peut être folle, et surtout inarrêtable.

La maladie est présente, et même bien présente au début. Mais attention, on ne vire pas dans le pathos. Non Solène nous immerge dans le service pédiatrique avec énormément de sensibilité. Elle n'enjolive rien, mais elle montre l'humanité, les liens qui se tissent, les amitiés qui naissent entre ces enfants dont le compte à rebours est lancé, les soignants, les parents. Et l'espoir, omniprésent.

Ce roman contient 3 parties. Rassurez-vous, vous n'aurez aucun temps mort, il n'existe pas d'arrêt sur l'autoroute du miracle, même si le lecteur est tenté de faire une pause sur la bande d'arrêt d'urgence. Mais un miracle, ça se mérite. Ça se paye également, quoi qu'on en dise. Les réseaux sociaux sont un miracle, mais jusqu'à quel point ?

Solène nous brosse un portrait très judicieux de notre société actuelle. Sa plume est acerbe, nette, tranchante. Elle l'était déjà avant, mais je trouve qu'elle a gagné en maturité, elle s'est étoffée, elle a murit c'est certain. Solène ne fait pas dans la dentelle, elle touche son lecteur en plein coeur, le bouleverse, le met au pied du mur.

Alors, oui, cette lecture est loin d'être un parcours de santé, mais elle est nécessaire. Pour se méfier des réseaux, que l'on utilise bien souvent sans se douter ce qui peut se cacher derrière, mais également pour nous faire savoir que la vie est belle, qu'il faut la savourer avant qu'il ne soit trop tard, et que nos rêves méritent que l'on se donne la peine de tenter de les réaliser.

Quant à la dernière partie, je vous souhaite de ne pas avoir le mal de mer. Car la nausée s'intensifie au fil des pages et des découvertes. On se rend compte que l'on s'est planté sur toute la ligne. Les émotions nous submergent, la vague nous emporte, nous entraîne vers le fond. le fond de l'âme humaine, là où la lumière disparait au bénéfice des ténèbres, si noires, si glauques.

Une lecture bouleversante que je vous conseille !

Vous ne regarderez plus votre fil d'actu FB sans avoir une pensée pour Laure. #TousAvecSolene #SoleneNouveauTalentAffirmé

Je remercie les Éditions Métropolis et Solène pour cette magnifique lecture.
Lien : https://soniaboulimiquedesli..
Commenter  J’apprécie          40
Les réseaux sociaux comme un puit sans fond où chacun vomit sa haine, ses frustrations, sans même imaginer l'être vivant qui se trouve à l'autre bout de l'écran. Un être fait d'émotions qui se retrouvera façonné à la douleur.
Ils retournent alors à leur vie sans se dire qu'ils en ont peut-être détruit une autre.
J'ai fini en larme…
Quelques mots qui ne sont qu'une partie de ma chronique très particulière que j'ai faite pour ce livre très particulier. Je ne peux malheureusement pas la copier ici...Elle ne serait pas lisible et tu comprendras quand tu l'auras vue. Je t'invite donc à la retrouver dans son intégralité sur mon blog.
Lien : https://sangpages.com/2019/1..
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (262) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2879 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}