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Cette année, au salon du livre de Paris, l'Inde était invitée. A cette occasion, Zulma avait prévu une série collector designée par le maître des -sublimes- couvertures de la maison David Pearson, à partir de créations originales de Roshni Vyam, peintre indienne. le résultat est superbe et tant pis pour le salon annulé. Bibhouti Bhoushan Banerji (1894-1950) a écrit ce livre en 1937-1939 et il est traduit et publié pour la première fois en français, considéré pourtant comme l'un des premiers grands romans écologiques. Banerji a vécu cette vie de régisseur pendant quelques années à partir de 1925. C'est la description d'un monde disparu maintenant, une faune et une flore incroyables et formidables. Un écosystème qui fonctionne parfaitement bien sans l'intervention humaine.

Le romancier raconte au travers d'anecdotes, de rencontres de gens extra-ordinaires comment les gens vivent en harmonie avec la nature, sans la détruire ou la gêner. On y rencontre des gens pauvres voire très pauvres, souvent satisfaits de leur sort, ne demandant qu'à manger à leur faim. Il ne fait pas l'impasse sur les difficiles conditions de vie dès qu'un événement malheureux survient : la mort d'un homme et c'est toute sa famille qui est menacée de ne plus pouvoir manger. Un événement climatique et c'est toute la population qui peut mourir de faim, ou d'un incendie lorsque la sécheresse s'installe pour de longs mois. Tout est joliment dit, dans une langue emplie d'images, de légendes, de paraboles. B.B. Banerji parle tellement bien de la nature qui entoure son héros que l'on parvient presque à la voir, la sentir, l'entendre lorsqu'il s'agit des oiseaux notamment, la craindre lorsqu'il faut traverser la forêt la nuit...

Banerji s'interroge sur l'irruption de la modernité dans ce monde protégé, sur le sentiment de supériorité des citadins sur ces peuples qui vivent loin du confort. Jusqu'à quand résisteront-ils ? Et la nature jusqu'à quand restera-t-elle aussi belle, préservée ? Plus globalement, c'est l'éternelle question du mal que l'homme fait à la planète, à la faune et la flore et à lui-même. Presque un siècle -je compte mal, merci Alex (voir dans les commentaires)- et ce roman nous parle d'aujourd'hui.
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De la forêt
Bibhouti Bhoushan Banerji
2020 (pour la traduction française)
Écrit entre 1937 et 1939

Fortement autobiographique, Banerji ayant vécu entre 1925 et 1930 en tant que régisseur dans un domaine situé à une centaine de kilomètres de Purnea.

J'ai des collègues de travail sympas (enfin ... pas tous). Lors de mon changement récent de poste, ils ont eu le merveilleuse idée de m'offrir un abonnement à Kube, ce qui fait que périodiquement, je reçois une petite boîte avec plein de livres choisis par des libraires indépendants, sur un thème bien précis : le dernier en date concernait l'Inde. J'ai par conséquent allumé une des petites baguettes d'encens (fournie dans la boîte) et mis en fond sonore le Best-of des meilleures chansons de Bollywood avant de me lancer dans la lecture de ce roman.

C'est donc dans une atmosphère embrumée de temple bouddhiste (voire de bar à chicha) que j'ai fait la rencontre de Satyacharan (Satya pour les intimes), un p'tit jeune de la ville (Calcutta en l'occurrence) qui, malgré une licence en poche, galère à trouver du taf. Cela ne l'empêche pas de sortir avec ses potes, restos, d'aller voir des concerts, des cinés et de manger plus ou moins à sa faim mais il faut bien avouer que les thunes, ça pousse pas sur les arbres et que le fait de ne recevoir que des réponses négatives à ses candidatures commence à devenir problématique.

Un beau jour, à une soirée, il rencontre Abinash, un ancien étudiant de sa promo, issu d'une famille pleine aux as, et avec qui il avait sympathisé dans le temps. Ils décident de se revoir le lendemain pour papoter un peu plus longuement. Un thé et quelques souvenirs potaches plus tard, il fallait bien que la question fatale arrive : "et toi tu fais quoi dans la vie ?"

Difficile pour Satya de cacher la vérité et Abinash lui dit que sa famille possède des forêts dans le district de Purnea, au Bihar. le trou du cul du monde. Autour de 400 hectares à gérer, à répartir entre des métayers qui déboiseront et exploiteront ces forêts, mais qui exploiteront aussi des hommes, des femmes et des enfants, de castes inférieures. Il cherche un manager de confiance et propose à Satya d'en parler à son père. Ni d'une, ni de de deux, l'affaire est conclue et la lettre d'embauche est signée aussi vite que descendrait un naan au fromage de ma bouche à mon estomac.

Satya aurait évidemment préféré un boulot à Calcutta, c'est clair. La perspective de vivre dans la forêt entouré de bouseux rachitiques, de buffles et de tigres affamés lui faisait quand même moins briller les yeux que la vie palpitante de Calcutta. Cela dit, parfois, nécessité fait loi et hop, le voilà engagé comme manager de cette forêt dont il ne connaît ni les codes, ni les usages, ni même la langue.

Une fois arrivé sur place, il s'installe dans un campement nommé la Katcheri. " Les gens de la katcheri étaient pour moi comme autant de sauvages, ils ne comprenaient pas ce que je disais, et moi, je ne les comprenais pas non plus. [...] Je me disais que ce travail n'en valait pas la peine ; plutôt que dépérir ici il aurait mieux valu jeûner à Calcutta. Quelle erreur j'avais faite en venant dans cette jungle déserte à la demande d'Abinash ! Ce n'était pas une vie pour moi."

Mais c'était sans compter sur le pouvoir magique de la forêt. Un autre collègue de la katcheri lui dit un jour : "Vous aussi vous comprendrez. [...] La forêt vous possédera. Petit à petit, vous ne supporterez plus l'agitation ni la foule. J'ai fait la même expérience. le mois dernier, je suis allé à Monghyr pour un procès. Je n'arrêtais pas de me demander quand je pourrai m'en aller et revenir ici."

Cela dit, il rajouta : "Gardez toujours un fusil à portée de main quand vous dormez. Ce lieu n'est pas sûr. [...] Et puis, au milieu de cette forêt, si on tue quelqu'un pour le voler, qui le saura ?"

Délicieux !

Satya va donc entreprendre de découvrir cette forêt, cette jungle qu'il va avoir à gérer pendant quelques années. Il rencontrera des gens pauvres au-delà de tout ce qu'il pouvait imaginer, des gens courageux. Il y rencontrera des vraies crevures mais aussi des gentlemen qu'on ne rencontre plus vraiment de nos jours.

"J'éprouvais soudain pour eux une grande sympathie qui me surprit moi-même. C'était leur pauvreté, leur simplicité, leur capacité de résistance dans un combat si dur."

Au fil des jours et des nuits, Satya va petit à petit tomber sous le charme et sous la fascination de cette forêt grâce aux rencontres qu'il fera et surtout à la beauté sauvage et mystique des lieux.

Que dire de cette femme aux cheveux longs qui se balade la nuit en bordure de forêt et de ce chien qui aboit toutes les nuits mais dont on ne retrouve jamais la trace la journée.

Que dire de Dharuriya, un gamin qui vit tant bien que mal de sa passion pour la danse mais qui ne connaîtra jamais Calcutta.

Ou encore de Dharampur qui n'avait comme seule occupation de disperser et semer des graines dans les bois. Malgré son extrême pauvreté, "ses efforts et sa passion étaient uniquement consacrés à enrichir la beauté de la forêt".

Et c'est sans oublier Maruknath (faut bien l'avouer, on galère un peu avec les prénoms Indiens...), qui s'est mis dans la tête d'ouvrir une école à la katchiri. "La voilà ton école ! Maintenant, à toi de trouver des élèves !"

La gestion de cette forêt devient de plus en plus compliquée au fur et à mesure qu'il tombe amoureux de ce lieu. Il doit distribuer les terres pour qu'elles soient exploitées mais chaque parcelle détruite devient un véritable crève-coeur.

"Des lettres me parvenaient de temps en temps du bureau central me demandant pourquoi je tardais tant à donner en fermage les environs de l'étang de Sarasvati. J'avais trouvé toutes sortes d'excuses, mais cela ne pouvait plus durer. L'avidité humaine était trop grande, et je savais bien qu'on n'hésiterait pas à détruire cette somptueuse forêt pour quelques kilos de maïs et de millet."

Ce livre de la fin des années 30 résonne avec une puissance qui ne peut laisser insensible dans le contexte actuel où l'écologie émerge à peine du bruit de fond médiatique ambiant.

J'avoue faire partie de ceux qui pensent (ou qui espèrent) que le progrès scientifique et technologique permettra toujours d'apporter plus de bénéfices que de contraintes à l'humanité. Mais quoi que l'on en pense, une des dernières phrases du livre résume parfaitement le dilemme auquel on est tous confrontés : "Que veulent vraiment les hommes? le progrès ou le bonheur? A quoi bon le progrès si le bonheur est absent? J'en connais beaucoup qui ont progressé dans la vie, mais qui ont perdu le bonheur. A force de jouissance, l'acuité de leur désir et de leur facultés intellectuelles s'est émoussée, et il n'y a plus rien qui leur apporte la joie. La vie leur paraît monotone, une grisaille dépourvue de sens. Leur coeur devient dur comme de la pierre, l'émotion n'y pénètre pas."

Au-delà du fait que ce livre, qui date d'une petite centaine d'années, est considéré comme un de premiers livres écologistes, il me vient en tête une citations issue du poète Dany Boon dans son oeuvre Bienvenue chez les Chtis : "Quand tu vas dans cette forêt, tu pleures deux fois. Une fois en arrivant et une fois en partant"

scob
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De la forêt est considéré comme l'un des premiers romans écologiques venus tout droit d'Inde où il a été écrit en 1937. Son auteur et narrateur ont réellement vécu cette expérience : celle de passer 6 ans en tant que régisseur dans une immense forêt indienne reculée afin de donner des terres en fermage à des paysans.

Progressivement se produit la transformation de ce jeune homme de la ville éduqué et habitué des théâtres et sorties entre amis en une sorte de Robin des Bois qui distribue des terres à des personnes démunies. Il éprouve une grande admiration pour celles-ci à qui la vie n'a pas fait de cadeau et qui se contentent de bien peu. Si au début il souffre de solitude, il se laisse vite captiver par la beauté des paysages et les silences de la nature. C'est paradoxal car il s'émerveille devant l'immensité de la forêt et il est chargé, d'une certaine manière, de la détruire. Cet environnement le pousse à s'interroger sur des thèmes toujours incroyablement d'actualité près de cent ans plus tard.

Ce roman largement autobiographique est très poétique et lyrique. C'est un hymne à la nature libre et sauvage, dénuée du passage de l'homme, que j'ai beaucoup apprécié pour son immense sensibilité.
Lien : https://alinebouquine.fr/for..
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Laissez-moi vous transporter au Bihar, au Nord-Est de l'Inde, dans les années 20/30. Dans cette région au porte de la modernité c'est la nature qui domine. Aussi majestueuse qu'elle est dangereuse.
Satyacharan, jeune diplômé de Calcutta accepte un poste de régisseur/manager dans cette partie reculée de l'Inde. Lui l'homme de la ville habitué au bruit et aux nombreuses distractions se retrouve catapulté dans une atmosphère nouvelle. Quasiment seul en pleine forêt avec le silence comme compagnon quotidien . Si les premiers temps sont à la nostalgie, Satyacharan respectueusement appelé « Babuji » finira par tomber lui aussi amoureux de la forêt. « La forêt vous possédera. Petit à petit, vous ne supporterez plus l'agitation ni la foule » lui dit Goshta « babu » le jour de son arrivée.
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La forêt, sauvage et dangereuse. Cette faune hostile: les hommes, les buffles, les sangliers, les antilopes et les tigres mangeurs d'hommes... Mais la forêt c'est aussi ces rencontres inopinées : un usurier altruiste, un Raja vaincu, un poète, des danseurs et bien d'autres personnages singuliers semblant sortir tout droit d'un conte.
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Comme toujours les éditions Zulma nous propose des textes hors du commun. Si j'ai mis du temps à rentrer dans l'histoire m'approprier les noms, les mots j'ai fini par succomber moi aussi à l'appel de la forêt ! Cette envie d'ailleurs, d'oxygène, de retour à l'essentiel, de vie simple. Bien sûr tout n'est pas tout rose. L'auteur dénonce la société indienne de l'époque, avec son système de caste, la place des autochtones, leur extrême pauvreté.
J'ai vécu les débuts comme un journal intime/de voyage et la suite je l'ai ressenti comme un conte, le lyrisme et le romantisme prenant le dessus sur le factuel .
Un roman écologique, onirique, initiatique et spirituel à découvrir au moment opportun 😉.
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🌿 Quelques mots sur l'auteur 🌿
Bibhouti Bhoushan Banerji est une figure majeure de la littérature Bengalie. Il est né en 1894 au Bengale dans une famille peu fortunée appartenant à la caste des Brahmanes. Il se fait connaître en France à la fin des années 60 avec son roman « La complainte du sentier » adapté au cinéma une décennie plus tôt par Satyajit Ray.
« De la Forêt » , Aranyaka en bengali à été écrit entre 1937 et 1939 et est autobiographique.
🌙 Plus d'infos dans post-face de la traductrice 🌙
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Une immersion verte en Inde...
L'auteur livre la chronique de son expérience vers 1925, pendant 6 ans au coeur d'une forêt et des communautés humaines qui la cotoient.
J'ai aimé pour la lenteur, la poésie, la plongée dans des mentalités passées et lointaines, l'humanité, et... La forêt.
Hypnotique roman.

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J'ai adoré ce livre ! Il m'a permis de m'évader pendant cette période de confinement. Avec de la forêt, j'ai voyagé, mais j'ai également rêvé, réfléchi, médité… bref, c'était la lecture parfaite pour la situation actuelle.
On apprend de nombreuses choses dès le prologue : il n'y a donc pas de surprise dans de la forêt. Un jeune homme, Satyacharan, fraîchement diplômé, ne trouve pas de travail à Calcutta. Grâce à un ami, il va trouver un travail dans une forêt du Nord-Est de l'Inde, afin de la partager en fermages auprès des paysans de la région pour le compte du propriétaire Bengali.
Regardant d'abord de haut les habitants du Bihar et méprisant les beautés de la forêt, il va tomber progressivement sous le charme de la région et des personnes qu'il va y rencontrer. Mais ce bonheur sera éphémère : son travail l'oblige à détruire cette forêt dont il est tombé amoureux pour la transformer en terres agricoles.
Lien : https://ledevorateur.fr/de-l..
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Paru en 1938 en Inde, en France en mars 2020, ce livre est qualifié par sa traductrice France Battacharya dans la postface de « premier roman écologique ».
Ce qualificatif me fait penser au livre de Romain Gary « les racines du ciel » lu il y a quelques années et qui m'avait donné cette impression, même s'il se passe dans les années 40. Trêve de comparaison un peu hasardeuse sans doute !
« de la forêt »est le récit, à la première personne, du rôle joué par le narrateur pour s'employer, sur ordre d'un grand propriétaire, à la déforestation d'une jungle du Bihâr (région indienne du Nord Est au pied de l'Himalaya).
Bengali de Calcutta, ce jeune homme qui ne s'appellera que « Maître » ou, familièrement « Babuji » tout au long du récit, arrive dans cette région sans rien connaitre de la nature, ni des habitants.
Il tombe sous le charme de cette jungle dont il fait des descriptions passionnées et jamais ennuyeuses. Sa mission étant de distribuer les terres à des paysans, souvent de basses castes, il les découvre, essaie de les comprendre, est étonné par leurs habitudes de vie précaire, s'attache à certains, et essaie sans exagération, sans apitoiement, sans condescendance aucune, d'améliorer leur vie.
Mais il regrette de voir la jungle disparaître au profit des humbles cabanes que se construisent les métayers, des champs de blé, de moutarde, de lentilles qu'ils cultivent pour survivre.
J'ai craint au début, d'avoir du mal à m'y retrouver avec les noms des lieux et ceux des personnages ; mais l'auteur, souvent resitue qui est la personne dont il parle et ces noms ne sont finalement pas si compliqués !
J'ai trouvé un charme fou à ce livre, édité chez Zulma qui a d'excellentes références en littérature étrangère et dont la couverture a attiré mon regard suffisamment pour que je le choisisse à la médiathèque.

Lien : https://poirson.marie-helene..
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Ce roman, en grande partie autobiographique, a été écrit en bengali vers 1937-1939. Son auteur est décédé en 1950.

Il nous emmène faire un séjour prolongé dans une jungle profonde de l'état du Bihar, au nord-est de l'Inde. Les tigres, ours, serpents et autres prédateurs nous y attendent. Mais aussi et surtout des hommes et des femmes qui luttent contre la pauvreté.

Il s'agit tout à la fois d'un hymne à la nature et de la description des conditions de vie dans une partie très pauvre de l'état le plus démuni de l'Inde. Un jeune homme est chargé par le propriétaire d'un immense territoire forestier de lotir ce dernier en parcelles louées à de pauvres gens. Il participe à son corps défendant à la destruction de la beauté qu'il découvre, lui le résident de Calcutta soudain confronté simultanément à la beauté naturelle et à la misère humaine.

Pour ce qui est de la description de la forêt, le rapprochement est immédiat avec l'oeuvre de Henry David Thoreau : de là est sans doute venue la tentation à l'éditeur de qualifier cet ouvrage de premier "grand roman écologique". On pense plutôt au Douanier Rousseau, à la contemplation émerveillée des paysages, arbres et fleurs ; John Muir n'est pas loin non plus.

Au milieu de la splendeur de la jungle, survivent des hommes et des femmes aux destins attachants. Leurs noms et ceux de leurs villages sont un peu déroutants pour nous, mais on comprend vite toute l'empathie de l'auteur pour ce petit peuple semi-nomade, tenaillé en permanence par la faim et à la merci des grands propriétaires et des usuriers. le régime des castes leur impose de surcroît des contraintes que l'on découvre au gré des rencontres.

Ce roman est une belle découverte de ce que la sensibilité d'une culture fort différente de la nôtre peut nous apporter.
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Une découverte et une vraie ! Bien que ce livre ait été écrit en 1937, ce n'est que récemment que la version française a été publiée.
Cet auteur bengali, nous propose un des premiers grands romans écologiques, qui bien que datant de près de 80 ans, est toujours d'une incroyable actualité aujourd'hui : La menace que fait planer sur une nature en équilibre, l'avancée de la modernité et du développement, y compris le tourisme. Un visionnaire en quelque sorte.
Mais rassurez-vous, ce livre n'a rien de triste en soi. Vous vous régalerez page après page des exubérantes descriptions des paysages de la jungle et des forêts, vous comprendrez la sagesse de ces populations qui bien que pour la plupart totalement démunies, n'aspirent pas à la richesse, vous aimerez les danseurs et les poètes qui tentent de vivre de leur art, vous comprendrez un peu mieux l'organisation des castes, découvrirez des rois déchus et des divinités protectrices incroyables.
Voici un livre fascinant, vraiment différent, qui m'a enchanté et que je recommande.
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Satyacharan est un jeune homme tout juste diplômé à la recherche d'un emploi. Il se voit proposer un poste de régisseur bien loin de sa Calcutta natale, dans la forêt de Labatuliya. Son travail consistera à distribuer des terres aux paysans, des lopins de forêt qu'ils devront défricher pour s'y installer et entreprendre de cultiver la terre.

Très vite, la magie des lieux, de la forêt et des personnes qu'il rencontre vont opérer sur le jeune homme qui doit pourtant se rendre à l'évidence : le travail qu'il effectue signifie la disparition de cette forêt auquel il s'est attaché.

Ce livre est encore une fois une très belle découverte due aux Editions Zulma qui ont eu la formidable idée de publier ce livre de la littérature bengalie.

Écrit dans les années 1930 ce roman frappe par sa très grande modernité et ses préoccupations très actuelles autour de la disparition de la nature au profit d'activités humaines. La nature est le personnage principal de ce récit qui regorge de figures pittoresques et attachantes comme Yugalprasad, horticulteur amateur qui plante de nouvelles espèces au coeur de la forêt. Ou Bhanumati, jeune fille issue d'une famille royale déchue.

Pendant les sept années que Satyacharan va passer dans ces lieux, il aura maintes fois l'occasion de s'émerveiller de tout ce que la nature offre à celui qui sait la regarder. La faune et la flore jouent évidemment un rôle primordial mais aussi toutes les légendes qui sont attachées à cette immense forêt et qui disparaîtront probablement avec elle.

Ce roman dégage une atmosphère à la fois paisible et pleine de nostalgie. Paisible car les habitants vivent au rythme des saisons et nostalgique car inévitablement ce monde est amené à finir.

Bibhouti Bhoushan Banerji nous emmène aussi à la rencontre d‘une population qui vit très loin de la modernité des villes et qui se bat chaque jour pour vivre, manger, élever ses enfants. Et pour laquelle Satyacharan ça se prendre d'une grande affection. Cela permet à l'auteur d'entrer dans le détail des relations entre les castes, entre les hommes et les femmes, entre les citadins et les paysans.

L'auteur nous rappelle, grâce à ce roman, l'extrême fragilité de la nature mais aussi de tous ceux qui restent au bord du chemin. Un roman absolument captivant sur l'Inde mais qui interroge plus largement sur la place de l'homme au milieu de la nature.
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