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sur 475 notes
" Peut-être que le silence est une façon d'aimer."

Madeleine, beauté discrète et mélancolique des années 50, quitte Nantes où elle a grandi dans un milieu modeste pour suivre son mari qui est muté au Cameroun. La jeune femme se retrouve transplantée dans un monde étranger, violent et magnifique aux antipodes de sa province française. A Douala, lors d'un bal de la Délégation, elle rencontre Yves Prigent, administrateur civil à Yaoundé, un brin aventurier avec qui elle accepte de longues promenades dans les rues de la ville. Mais la décolonisation est en marche...

Après la mort de Madeleine, sa nièce cherche à reconstituer son histoire à partir d'une photographie des années 50 de sa tante dans les rues de Douala avec sa petite fille Sophie née quelques mois après leur arrivée au Cameroun.

Dominique Barberis nous transporte en Afrique et en restitue à merveille l'atmosphère, les bruits, les singes, les oiseaux... l'ambiance qui y régnait, la peur diffuse à la veille de l'indépendance fixée au 1er janvier 1960. Un climat tendu seulement égayé par les fêtes à la Délégation où était invité tout ce qui comptait à Douala.
Portrait d'une époque, celle des années 50, de la province bourgeoise française de l'après-guerre et de l'Afrique coloniale où la communauté d'Européens vivait en micro-société en ayant pleinement conscience de leur sursis dans ce pays. "une microsociété où les gens tournent en rond et s'observent." Madeleine s'ennuie au milieu de ces expatriés qui vivent les uns sur les autres, elle s'ennuie dans ce lieu aux multiples intrigues. "On se fréquentait, on dînait les uns chez les autres, on s'épiait."
Magnifique portrait d'une femme "à l'air provincial décourageant, à la fois sévère et désemparé", une femme d'une beauté raide, un peu triste, discrète, timide et sans expérience, "grave et raide comme une poupée". Une femme mystérieuse qui ressemblait à Michèle Morgan.
Une ambiance, une femme, une époque... Des petites touches, le boy Charlie qui a du mal à accepter l'autorité de Madeleine, la girafe que mâchonne Sophie, la chanson de Brel "Ce soir j'attends Madeleine", des petits riens qui constituent un roman plein de grâce. Sensible, délicat, doux et touchant ce texte est empreint d'une douce mélancolie. Un vrai bonheur de lecture.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Un livre doux- amer,sur ce qui aurait pu être,et ne sera jamais,sur ce qui fut et n'est plus.
Une petite mélodie, celle du vague à l'âme,de la nostalgie et si le récit est marqué d'une certaine mélancolie il est aussi marqué par la recherche de toute une vie, recherche du bonheur,en couple,un couple qui a fait face,glissant sur les évènements qui l'avaient mis en danger,pour mieux, l'âge avançant,chanter la douceur paisible et réconfortante des habitudes.
Il y a plein de façons d'aimer, n'est ce pas....
On regarde beaucoup les vieilles photos dans ce roman,on remue le passé,au rythme des musiques d'alors.
C'est joliment écrit.
Ça m'a fait penser à ces vieux films avec des femmes fragiles en jolies robes et capelines,aux officiers sirotant un autre gin,encore un,en les reluquant,dans une atmosphère tamisée et presque intime, comme ralentie.
Hors du temps commun.
Ces films où rien n'est dit.
Où finalement il ne s'est rien passé.
Et moi aussi je ressors de ma lecture mélancolique , nostalgique de ce Nantes où débute l'histoire,ce quartier où j'aurais pu guider l'auteur.
C'est beau la mélancolie.

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La narratrice essaie de reconstituer la vie de sa tante qui a vécu au Cameroun juste avant l'indépendance. Cette femme à la vie si rangée en apparence y aurait vécu une histoire d'amour extraconjugale. Un beau roman avec une très belle écriture qui outre cette histoire d'amour aborde avec sensibilité quelques points intéressants comme la décolonisation, la position de la femme à cette époque-là.
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Madeleine a 27 ans et vient de se marier avec Guy, mariage d'amour ou de raison on ne le saura pas. Ils partent vivre au Cameroun où Guy travaille, nous sommes dans les années 50.
Ce livre nostalgique nous relate la vie et la fin des colons en Afrique. La chaleur, l'ennui, les fêtes , les illusions et désillusions, les amours possibles.....
Un livre nostalgique.
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Madeleine, la tante de la narratrice, se marie à 26 ans et quitte alors Nantes pour suivre son mari au Cameroun.
Très élégante, elle ressemble à Michelle Morgan, mais elle est timide et effacée.
Elle a du mal à s'intégrer, mais à une soirée elle rencontre un homme qui ne lui est pas insensible.
Il ne se passe rien entre eux, à part quelques promenades dans Douala.
C'est à partir de photos, de lettres, de coupures de presse, que sa nièce reconstitue sa vie.
Tout d'abord, je trouve le titre mal choisi.
Il ne reflète pas du tout le contenu du livre qui nous fait découvrir Nantes et le Cameroun
C'est pas mal écrit, mais ça ne m'a pas soulevée plus que ça.
Je n'ai pas vraiment réussi à cerner Madeleine, femme assez contradictoire et somme toute pas si intéressante que ça.
Je n'ai pas vraiment compris où voulait nous mener l'auteure, et à part une description réaliste de l'ambiance et des paysages camerounais, l'histoire est plutôt fade.
Reste le style, plus que correct.
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Après la mort de Madeleine sa nièce tente de retracer sa vie et de comprendre quelle "grosse bêtise" a bien failli faire sa tante. A partir de lettres, de photos jaunies et des souvenirs de sa grand-mère et de sa cousine Louise remonte le temps.

Madeleine vit à Nantes une vie très provinciale jusqu'à son mariage sans passion avec Guy négociant en bois qui l'emmene vivre à Douala au Cameroun. Nous sommes en 1958 Madeleine a vingt sept ans. Sa beauté évoque Michèle Morgan, ses robes de soie, ses imprimés à pois et ses jupes parachutes inspirées de Christian Dior lui donnent une élégance certaine. Elle lit Mauriac, élève la petite Louise. Rien de passionnant.

A Douala Madeleine vit au rythme de ces blancs coloniaux oisifs qui trompent l'ennui en dansant, buvant et colportant de nombreux ragots sur ceux qui évoluent avec eux dans ce milieu très fermé. A la radio ou dans les soirées dansantes passent les chansons de Mouloudji, Dalida ou Guy Béart. C'est le déclin d'un monde colonialiste. Une ambiance surannée, une société coloniale refermée sur elle-même qui vit ses derniers instants. Les indépendantistes veulent reprendre leur destin en main et les attentats menacent.

Dominique Barberis excelle à nous plonger dans la moiteur étouffante de ce pays. Son écriture fluide et délicate fait naître des sensations sonores et charnelles. J'entends les nuées d' insectes, les oiseaux à la tombée du jour, les pluies torentielles. Je sens sur ma nuque les gouttes de sueur, dans ma gorge la fraîcheur des coktails glacés. Par touches très imagées et très sensibles elle recrée cette époque disparue.

Dans cet univers un peu vain Madeleine tombe sous le charme du séducteur local Yves Prigent vivant à Yaoundé mais souvent présent à Douala. C'est le début d'une romance platonique. Longues promenades le long du port, danses sensuelles corps contre corps, éloignement, attente.

Malheureusement Madeleine n'est pas une héroïne attachante. Elle est froide, distante, sans empathie. Sa relation avec son boy est odieuse. Toujours sur la réserve elle refuse son désir, renonce à la passion.

Alors, habitée d'une langueur d'expatriée malgré la plume sublîme, je m'ennuie un peu. J'ai envie d'une coupe de champagne, d'une danse langoureuse. Mon esprit s'évade. Les sages promenades d'Yves et Madeleine m'entraînent vers celle d'Anne Desbarèdes et de Chauvin dans Moderato cantabile avec le désir à fleur de peau, les regards brûlants et le vin qui enivre. Un autre passage m'entraîne ailleurs sur le continent africain revivre la fin tragique de la très romantique passion de Karen Blixen et Finch Hatton dans une ferme africaine.

Un roman écrit d'une plume magnifique qui nous transporte loin dans l'espace et L Histoire mais une héroïne discrète et fade et "une façon d'aimer" un peu terne ont amoindri mon plaisir de lecture.
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J'ai eu du mal à entrer dans ce roman, l'auteure parlant d'un sujet puis d'un autre. le début m'a paru brouillon.

Et puis le récit prend son envol lorsque Madeleine, sa petite fille et son mari partent au Cameroun où il a trouvé du travail.

Nous suivons Madeleine dans sa phobie des microbes dont le boy Charlie se moque ; son ennuie dans cette ville de colonie (nous sommes dans les années 50) où tout le monde se connaît.

J'ai aimé que Madeleine reste mystérieuse : pourquoi est-elle tombée amoureuse d'un autre homme au Cameroun ? Quels étaient ses rapports avec son mari ?

J'ai adoré les leitmotivs du récit : les robes que Madeleine coud elle-même ; le chapeau pointu que sa fille porte pour sortir, et que tout le monde appelle La petite chinoise ; la girafe que Sophie mâchonne sans cesse ; les pluies du soir qui durent la nuit ; la chanson Ce soir j'attends Madeleine dont quelques strophes reviennent ponctuer le récit.

J'ai aimé cette femme qui, si elle n'était pas jolie dixit sa propre mère, a su développer une prestance et un maintient digne des stars hollywoodiennes de l'époque.

J'ai refermé ce roman en regrettant de ne pas avoir connu Madeleine.

L'image que je retiendrai :

Celle des soirées de la femme du Délégué qui réunit tout le microcosme français expatrié.
Lien : https://alexmotamots.fr/une-..
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Je découvre la plume délicate et sensible de Dominique Barberis avec ce roman du souvenir et de la mélancolie, aux antipodes de ces histoires à multiples rebondissements qui font généralement recette.
L'argument est assez mince : la narratrice contemple une petite photographie à bords dentelés au format d'un biscuit LU ( j'ai adoré ce rapprochement !) représentant sa tante Madeleine ( soeur aînée de sa mère) donnant la main à sa cousine Sophie . La photo est datée de 1958, elle a été prise à Douala au Cameroun. La narratrice admire l'élégance de sa tante, son faux air de Michèle Morgan, et se souvient de paroles sibyllines au sujet d'une grosse bêtise qui n'a finalement pas eu lieu...c'est ainsi que l'auteure emporte ses lecteurs dans une sorte d'enquête qui est aussi une reconstitution très incarnée de ce que Madeleine, jeune mariée, provinciale a pu vivre de cette « confrontation » avec l'Afrique à une époque où l'indépendance est en marche. Cette jeune femme timide, voire apeurée, a du mal avec les bestioles, la chaleur humide, le bruit de la ville , le microcosme et les intrigues des expatriés qui vivent entre eux. Dans ce contexte où elle est « nerveuse » et assez seule , elle fait la connaissance d'un administrateur colonial à la réputation de séducteur qui lui fait une cour platonique. le talent de l'auteure est de nous tenir en haleine avec ce presque rien par la grâce d'une écriture toute en finesse. Je n'en dis pas plus !
Je ne cache pas qu'il m'a fallu un peu de temps pour m'immerger dans cette atmosphère, mais en y réfléchissant, je trouve que la lenteur est un ingrédient qui participe au charme indéniable de ce roman. Je me demande simplement si ce charme opère aussi sur un jeune lectorat ( moins de 30 ans) dont l'univers est très éloigné de ce que décrit Dominique Barbéris . Mais ce livre a le mérite de laisser trace d'un monde disparu, de témoigner « d'une façon d'aimer » en silence et dans une forme de renoncement à ce qu'on pourrait être, condition partagée par beaucoup de femmes dans ces années -là.
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Je vois les qualités évidentes de ce roman qui vient d'être couronné par le Grand Prix du roman de l'Académie française 2023 : style précis et reposant, nostalgie élégante, "charme mélancolique" de la vie en province dans les années 50, thème du secret et questionnement correspondant. Que se passe-t-il en effet quand on ne dit pas les choses gênantes, comme les liaisons adultères ? Peuvent-elles s'effacer ? Ces questions permettent au récit de jouer à plein son rôle de révélateur, qui arrache des scènes entières à l'oubli supposé, ce qui donne au geste d'écrire une certaine force.

Pourtant quel ennui ! Ma lecture me rabattait vers une impression molle de déjà vu, je pensais à Camus, à Duras, à Annie Ernaux, à Chantal Thomas. Ils étaient là, en moins bien.
Et puis quel hiératisme ! Il faut attendre la centième page pour qu'apparaisse enfin cette possibilité d'aventure extra-conjugale dans le personnage d'Yves Prigent, qui pourrait bousculer le déroulement très sage et linéaire d'un récit engoncé dans les souvenirs - mais elle restera avortée, rendormons-nous. le style est d'un académisme suranné (peut-être est-ce un atout pour séduire l'Académie française…). le personnage de Madeleine est ennuyeux et inexpressif au possible, et plus généralement, les personnages frôlent le stéréotype (on a donc un bellâtre séducteur, une provinciale belle et timide, un mari bien gentil qui finira par pardonner). Les dialogues sont lourds, la voix des personnages est écrasée par la vision omniprésente de la narratrice. Tout est à sa place, rien ne bouge, sauf les pages qu'on tourne, peut-être.
Chez Duras par exemple, puisque le style blanc et l'atmosphère coloniale nous y ramènent sans cesse, le dépouillement se mêle à une sauvagerie, une violence des personnages qui viennent le ravager. Rien de tout cela dans ce récit au rendu maniéré. Une sorte de Duras sans alcool… Cette rigidité scolaire fait passer la nostalgie, un beau sentiment léger, pour du passéisme, quelque chose de nettement moins sympa…

Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices Elle 2024
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Peu convaincue par ce roman.

Madeleine et Guy sont nantais et se marient. Puis Madeleine suit son mari qui travaille à Duala, au Cameroun, un peu avant l'indépendance du pays.
Madeleine rejoint alors la communauté des expatriés, dans un contexte historique assez tendu. L'adaptation n'est pas facile. Elle est nerveuse, reste en retrait, élève sa fille mais ne s'intègre pas. Il y a tout de même un homme : Yves Prigent, à la réputation de séducteur, qui réussit à créer du lien avec elle...

Cette histoire est racontée par la nièce de Madeleine, qui par ce qu'on a pu lui raconter, par des photos gardées, des écrits etc, tente d'imaginer ce qui a pu se passer. Et je pense que c'est cette narration par une tierce personne qui m'a gênée. Je n'ai pas du tout était transportée par l'histoire. Je l'ai même trouvée un peu ennuyante. Leur "histoire d'amour" est plate. Je n'ai rien ressenti. Madeleine reste un mystère, on ne sait rien de ses sentiments.
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