Après la mort de Madeleine sa nièce tente de retracer sa vie et de comprendre quelle "grosse bêtise" a bien failli faire sa tante. A partir de lettres, de photos jaunies et des souvenirs de sa grand-mère et de sa cousine Louise remonte le temps.
Madeleine vit à Nantes une vie très provinciale jusqu'à son mariage sans passion avec Guy négociant en bois qui l'emmene vivre à Douala au Cameroun. Nous sommes en 1958 Madeleine a vingt sept ans. Sa beauté évoque
Michèle Morgan, ses robes de soie, ses imprimés à pois et ses jupes parachutes inspirées de Christian Dior lui donnent une élégance certaine. Elle lit Mauriac, élève la petite Louise. Rien de passionnant.
A Douala Madeleine vit au rythme de ces blancs coloniaux oisifs qui trompent l'ennui en dansant, buvant et colportant de nombreux ragots sur ceux qui évoluent avec eux dans ce milieu très fermé. A la radio ou dans les soirées dansantes passent les chansons de Mouloudji, Dalida ou
Guy Béart. C'est le déclin d'un monde colonialiste. Une ambiance surannée, une société coloniale refermée sur elle-même qui vit ses derniers instants. Les indépendantistes veulent reprendre leur destin en main et les attentats menacent.
Dominique Barberis excelle à nous plonger dans la moiteur étouffante de ce pays. Son écriture fluide et délicate fait naître des sensations sonores et charnelles. J'entends les nuées d' insectes, les oiseaux à la tombée du jour, les pluies torentielles. Je sens sur ma nuque les gouttes de sueur, dans ma gorge la fraîcheur des coktails glacés. Par touches très imagées et très sensibles elle recrée cette époque disparue.
Dans cet univers un peu vain Madeleine tombe sous le charme du séducteur local
Yves Prigent vivant à Yaoundé mais souvent présent à Douala. C'est le début d'une romance platonique. Longues promenades le long du port, danses sensuelles corps contre corps, éloignement, attente.
Malheureusement Madeleine n'est pas une héroïne attachante. Elle est froide, distante, sans empathie. Sa relation avec son boy est odieuse. Toujours sur la réserve elle refuse son désir, renonce à la passion.
Alors, habitée d'une langueur d'expatriée malgré la plume sublîme, je m'ennuie un peu. J'ai envie d'une coupe de champagne, d'une danse langoureuse. Mon esprit s'évade. Les sages promenades d'Yves et Madeleine m'entraînent vers celle d'Anne Desbarèdes et de Chauvin dans Moderato cantabile avec le désir à fleur de peau, les regards brûlants et le vin qui enivre. Un autre passage m'entraîne ailleurs sur le continent africain revivre la fin tragique de la très romantique passion de
Karen Blixen et Finch Hatton dans une ferme africaine.
Un roman écrit d'une plume magnifique qui nous transporte loin dans l'espace et
L Histoire mais une héroïne discrète et fade et "
une façon d'aimer" un peu terne ont amoindri mon plaisir de lecture.