Prix Goncourt de 1916. Prix Goncourt en 1916 ! Au coeur de la boucherie, Barbusse donne à voir, à sentir, à essayer de saisir, et avant tout, plus que tout, à entendre, dans ces parlés si divers, ces accents chantants ou rocailleux, ces syntaxes bousculées, ces mille poésies, ces styles chamarrés, le sort des poilus, de tous les âges, de toutes les conditions, de toutes les croyances et idées politiques. C'est donc cela la guerre : un communisme infernal, un nivellement par le néant, une mise au rang derrière la peur, l'absurdité et la souffrance. Avec cet horizon complètement fou donné à la vie de ceux qu'on décrète comme soldats, qu'une vie cassée, irréparable, même dans les bras et les attention de ceux qui sont restés derrière et voudraient les aider, les aimer, les soigner. Une vie invivable, ni sur le front, ni à l'abri, une vie écrasée par l'immensité du désastre. Ils s'en remettront disent-ils, parce que la guerre est trop grande pour l'homme, qu'il ne peut pas la loger dans ses souvenirs, dans ses pensées, dans sa logique, dans ses cicatrices mêmes. Parce que ses souffrances non plus ne peuvent pas durer toujours sauf à mourir sans fin. Ils s'en relèveront, donc... Mais pour aller où ? Il n'y a plus nulle part où se rendre quand la guerre vous a tout pris, jusqu'à l'envie de vivre. Ils n'iront plus, ils erreront, de leurs âmes nues, décharnées, désossées. La guerre totale, industrielle, avale l'homme, le mâche, le broie, et le recrache, déchet de civilisation, désormais incapable de vivre vraiment.
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H. Barbusse a 41 ans quand il s'engage volontairement en 1914. le témoignage sur la guerre qu'il publie en 1916 fait beaucoup de bruit car accusé de saper le moral des troupes et de faire le jeu de l'ennemi. H. Barbusse cherche à rapporter des faits réels, bruts sans fioriture. Il adopte même le langage argotique de ses camarades d'escouade qui viennent de partout en France et ne se comprennent parfois pas. Il faut bien se rappeler qu'en 1914 la France est rurale et peu lettrée. Ce roman a été récompensé par le prix Goncourt en 1916 alors que la guerre faisait rage. Très intéressant. Je l'ai lu dans l'édition Flammarion de 2014 destinée aux prépas scientifiques et ai pu apprécier l'excellent dossier d'accompagnement de l'oeuvre qui m'a donné de précieux éclairages sur la réception de l'oeuvre.
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Si les scènes et l'ambiance sordide des tranchées sont très bien retranscrits, l'usage du vieux français, de l'argot et de l'argot militaire datant de 1940 rendent la lecture de l'ouvrage difficile.
Je pense que cet ouvrage a vieilli, et qu'il faudrait un dictionnaire sous la main pour comprendre tous les dialogues et les situations.
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Tranche de vie crue et sans fard du quotidien des Poilus. Considérés comme des héros par un arrière et des « planqués » qui glorifient un sens du sacrifice dont ils se passeraient bien et dont ils s'efforcent d'être à la hauteur. Abandonnés à leur sort par un pays qui se dit dédié à leur cause. Très belle mise en avant de particularisme et parlers régionaux aujourd'hui quasi éteints.
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Ce roman mérite largement son prix Goncourt en 1916.
Il relate l'expérience de soldat de l'auteur pendant la Première Guerre Mondiale. En plus d'un récit autobiographique touchant, l'auteur nous plonge dans l'ambiance de cette guerre en ne nous épargnant aucun détail: le parler des Poilus, la vie sur le front, les combats, les odeurs, les mutilés, les morts, le désespoir...
En bref, une virée poignante et réaliste dans les tranchées de la Grande Guerre.
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