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sur 356 notes
Alors que tout le monde avait oublié sa venue, la fiancée du Fils de la Famille arrive d'Argentine à ses dix-huit ans alors que ce dernier est absent. le Père a jugé bon en effet qu'il voyage et prenne part aux affaires De La Famille. En attendant son retour, elle est priée de s'installer car elle est après tout la future Epouse du Fils. Dans cette famille où toute notion d'objectivité semble ne pas exister, Père, Mère et Fille et l'Oncle se lèvent tard, prennent des petits déjeuners où l'abondance est de mise et qui s'étirent jusque dans l'après-midi. Souvent d'autres personnes sont invitées et discutent avec eux de sujets divers. Personne ne se presse jamais puis chacun se retire dans ses appartements pour sa toilette et s'occupe de quelques activités jusqu'à l'heure du coucher vécue avec la crainte de ne pas se réveiller le lendemain. La Jeune épouse découvre sa future famille : l'Oncle atteint de narcolepsie, le Père souffrant d'une « inexactitude au coeur " qui pourrait lui être fatal. Il est formellement interdit de lire et les livres sont bannis ("tout est déjà dans la vie, si l'on prend la peine de l'écouter, et les livres nous distraient inutilement de cette tâche, à laquelle tous se consacrent avec une sollicitude telle, dans cette maison, qu'un homme plongé dans la lecture ne manquerait d'apparaître en ces lieux comme un déserteur"), c'est ce qu'apprend la jeune fille par le fidèle Modesto dévoué à la famille. le temps passe et quand elle pose la question de savoir quand le Fils reviendra, des objets aussi insolites que variés commencent à arriver d'Angleterre signe de son retour sous peu selon la Famille.

Avec une écriture (et une traduction) superbe, Alessandro Baricco nous immerge dans cette famille d'aristocrates comme suspendue hors du temps. Au départ, il est au difficile de savoir quand se déroule cette histoire, seule la date de naissance de la Mère donnée nous permet de la situer au XXe siècle. La Fille initie la Jeune Epouse à se donner du plaisir tout seule puis la Mère dont la beauté est saisissante à l'art de se faire désirer. le Père la conduira par la suite avec lui dans un bordel où elle apprendra l'histoire De La Famille.
Un roman où l'érotisme se déploie à chaque page avec grâce, sensualité et élégance. Mais Alessandro Baricco ne s'en tient pas là, il s'immisce dans le récit et introduit des réflexions sur le rôle de l'écrivain (tout en modifiant la narration et le changement d'époque).

Malgré toute le talent et l'écriture d'Alexandro Baricco qui m'avait fait pleurer de bonheur à la lecture de Mr Gwyn, cette alchimie ne s'est pas produite avec ce roman (dont la fin m'a laissée dubitative).
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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J'ai peu de certitudes à propos de ce roman, hormis celle d'avoir eu à faire à une oeuvre habile, qui prône la liberté sous toutes ses formes : de ton, de narration et de moeurs.

Tout au long de cette lecture, qu'il fut troublant de côtoyer d'aussi près cette bourgeoisie italienne délicieusement décadente, cette cellule familiale si atypique, dont la vie en vase clos se voit un beau jour perturbée par l'arrivée d'un nouveau membre inconnu en son sein : la jeune épouse du fils de la maison.

C'est une histoire baroque, sur fond de condition féminine et de philosophie de la vie. Qui nous rappelle à chaque page - avec sensualité et truculence - que c'est le désir qui révèle chaque personne à elle-même.

La jeune épouse est une splendide héroïne romanesque : une Emma Bovary moderne toute en dualité et transgression, une anti-Pénélope qui attend lascivement le retour d'Ulysse, une figure angélique - comme dans le film « Théorème » de Pasolini - qui fédère les êtres autour d'un même désir.

Comme moi, vous aimerez aussi voir l'auteur débouler de façon audacieuse et « abymée » dans son propre récit, à l'instar de cette jeune femme débarquant inopinément dans sa nouvelle famille, pour tout bousculer : le rythme, les habitudes et le destin.
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Pénétrer l'univers d'Alessandro Baricco est toujours un enchantement, provoqué notamment par les surprises que son inventivité nous fait découvrir tout au long de ses récits, et par la manière dont il divulgue peu à peu la complexité et la singularité de ses personnages, que leur discrétion ou leur apparente insignifiance ne nous avait pas de prime abord laissé soupçonner. Et plus vous progressez dans ses romans, plus vous êtes ferré, car en dévoilant d'étranges et poignants secrets, ou les liens insolites unissant ses héros, il révèle des toiles tissées de mystérieuses connexions, dont la dimension subtilement surnaturelle et poétique vous séduit doucement...

"La jeune épouse" se déroule en Italie, à une époque où les automobiles sont encore rares, mais peu importe les repères spatiaux ou temporels qui émaillent avec parcimonie l'intrigue. le récit est en effet centré sur le microcosme formé par une poignée de personnages, pour la plupart membres De La Famille, que l'on dirait insoumis à toute influence extérieure. Eux-mêmes sont d'ailleurs innommés, désignés selon la place qu'ils occupent au sein du foyer -le Père, la Mère...-, mais même ces titres ne sont pas toujours l'exacte traduction de ce qu'ils sont. Un Fils peut être en réalité un frère, un Oncle un inconnu pourtant devenu indispensable à l'équilibre du clan...

C'est dans ce microcosme qu'arrive, tout droit d'Argentine -mais peu importe là aussi, tout pays lointain ferait l'affaire- la Jeune Épouse, pour respecter la promesse faite trois ans auparavant au Fils de devenir sa femme. Seulement, le futur mari est absent, parti en Angleterre depuis de nombreux mois pour y développer les affaires familiales. Mais que la Jeune Épouse se rassure : les objets hétéroclites, et souvent très encombrants, qu'il envoie quotidiennement depuis Londres au domicile parental est assurément un signe de son retour prochain.

En attendant, elle découvre son nouveau foyer, ses rituels étranges, les hantises qui s'y transmettent de générations en générations -celle de la nuit dominant toutes les autres-, et les subterfuges, à la fois ridicules et émouvants, élaborés pour les affronter ou les supporter. Au sein De La Famille, obsédée par la nécessité de lutter contre sa vulnérabilité, règne une routine rigide, protocolaire, comme s'il était question d'organiser le monde pour contrer toute possibilité d'imprévu, d'ignorer la succession des jours pour viser à n'en vivre qu'un, parfait, répété à l'infini... le majordome Modesto, à son service depuis toujours, assure avec une savante discrétion la pérennité de cet implacable fonctionnement.

Cette dimension routinière est cependant colorée par la bizarrerie des protagonistes et de leurs habitudes, source de ravissement permanent pour le lecteur. La Jeune Épouse, d'abord spectatrice, contrainte de subir la rigueur et les tabous qui règnent dans son nouveau foyer, devient peu à peu la dépositaire de leurs secrets, s'initie avec certains d'entre aux à la sensualité, puis en arrive à vouloir briser l'inflexibilité de cette existence finalement dépourvue de toute liberté.

Créant une mise en abyme, intervient à intervalles réguliers la voix d'un narrateur écrivain, auteur du récit qui nous est donné à lire, la parole de ses personnages s'entremêlant parfois à la sienne, de manière quelque peu déconcertante, ce procédé se révélant, mine de rien, le prétexte à une réflexion très touchante sur le pouvoir de la création littéraire, et de l'imagination...

Un texte magique et en même temps troublant, car sous l'envoûtement provoqué par son humour fantasque et son étrange poésie, affleurent d'insondables détresses, et se devine la fragilité de l'équilibre entre folie et "normalité".

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Étrange! Mais pour autant, quelques semaines après sa lecture, flotte le sentiment d'un livre qui reste présent.
Étrange et différent de ce que j'ai pu lire de Barrico.
Les critiques précédentes mentionnent entre autres l'aspect sensuel, merveilleux, troublant, fantastique, et j'y souscrit.
J'ajouterai que tout est froissement d'étoffes, soupirs, murmures, allusions.
Pour autant, cela ne résume pas complètement le vivre, qui est aussi l'occasion d'esquisser des "leçons de vie" ou plutôt des avis sur comment vivre ou survivre.
En revanche, l'intervention, de plus en plus fréquente lorsque l'on progresse dans le livre, m'a ennuyé.
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Une bien étrange fable ... qui me laisse dubitative ... une lecture dérangeante ... mais sans grande passion ... je reste perplexe ....
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Il est de certains livres, comme de certaines personnes, avec qui on a des relations difficiles.
Et ce fut le cas entre ce roman et moi.
Dès que je l'ouvrais, il m'agaçait et je m'obligeais à lire, et dès qu'il était fermé je ne rêvais que de me plonger à nouveau dans ces lignes.
Je suis incapable de dire si je l'ai adoré ou si je l'ai détesté.
L'histoire est plaisante, intéressante, un peu surréaliste.
Mais c'est le style qui m'a posé le plus de soucis. Ces changements de points de vues permanents sont parfois assez déstabilisant. Et sans ce style je ne suis pas sûre que ce roman présenterait le même intérêt.

Je l'ai enfin fini, et je pense que je m'en souviendrai longtemps.
Peut-être même, je le relirai.
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Quelle déception !
J'aurai voulu tellement aimer ce roman !
Je suis triste.
Comme un chagrin d'amour.
Incompréhensible.
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J'avais adoré Soie du même auteur, alors quand j'ai vu celui-ci chez mes grands parents, je l'ai embarqué ni une,ni deux. Un peu de poésie ne me ferait pas mal. Et j'en ai eu pour ma dose ! Proche du réalisme magique la narration de la découverte de la sensualité dans une famille étrange, aux milles règles -non dites, absurdes et contournées étaient prenant et dépaysante. Tout est joli et bien écrit. Je déplore en revanche les expériences narratives un peu sur surfaites qui complexifient souvent la lectures et les petites réflexions sur le travail d'écrivain qui apparaissent superflues et lourdes sans apporter grand chose.
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J'avais aimé "Soie" du même auteur, je ne suis pas déçu par celui-là. On y retrouve cette sensualité qui m'avait déjà beaucoup touchée. le récit est parfois interrompu par l'écrivain qui apparaît pour nous faire part de ses doutes et de ses choix. C'est original et étrange mais pas dérangeant.
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La Jeune Epouse se présente au domicile du Fils pour se marier. le hic, c'est que le Fils n'est pas là et que le Père, la Mère, la Fille et l'Oncle ont un peu oublié l'engagement pris 3 ans plus tôt. La Jeune Epouse va donc s'installer pour attendre et découvrir le mode de vie fait de "dolce vita" de cette drôle de famille autour de la table du petit déjeuner, entrecoupées des visites de courtoisie des notables du coin, de discussions légères, de coupes de champagne. Chaque membre de la maison va initier la Jeune Epouse aux moeurs de cette maisonnée : à l'histoire familiale mais aussi à la sensualité. Si l'écriture de Baricco est très belle, cette histoire ne m'a pas séduite. Quelques passages semblent prometteurs mais j'ai été très gênée par les changements continuels de narrateurs, y compris des interventions de l'auteur lui même... Je suis restée sur ma faim jusqu'à la fin. Il n'y a que le personnage de Modesto (le seul à être nommé) qui a vraiment trouvé grâce à mes yeux.
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