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4,08

sur 1001 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est un endroit limite qui n'existe pas "entre la mer et la terre", une frontière mouvante qui s'efface et qui revient; le bord de mer.

Un endroit où se sont les enfants qui apportent les réponses aux adultes, où les destins déchirés se rencontrent et s'assemblent comme des puzzles pour se reconstruire. Il y a ceux qui cherchent, ils cherchent tous à comprendre et la mer finit par leur parler. Tous ces naufragés ont trouvé refuge sur ce frêle esquif l'espace d'un moment, puis ces destins se dispersent et trouvent leur chemin. Les hommes sont comme la mer, bordés d'indéfinissables frontières, ils sont tout autant infinis.

J'ai dévoré ce livre emprunt de magie, drôle souvent, dramatique et poétique tout le temps. Sa structuration est surprenante mais n'entrave pas la lecture. Elle permet, de plus, de conserver un suspens jusque dans les dernières pages. La narration est délicieuse et délicate, elle nous place en suspens au-dessus de ce petit monde, les mots nous bercent, nous secouent, c'est envoutant. Un livre pétri de la cruauté des hommes, de la beauté de l'infini, de poésie et de douleur. On en frissonne à sa pensée. Une très belle découverte, un auteur à lire encore et encore.
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Sept naufragés de la vie se retrouvent dans un endroit étrange, qui existe à peine, et où le temps semble arrêté.

La pension Almayer qui abrite ces personnages est posée « sur la corniche ultime du monde », toute proche de la fin de la mer. Elle semble être arrivée là, toute seule, ne pouvant continuer son chemin, attendant la fin.

Face à eux , l'Océan qui ne finit pas, on ne sait où il commence, on ne sait dire qui il est. Est-il un monstre engloutissant les navires ou est-il cette vague inoffensive qui finit sa course sur la plage ?
Et ces traces de pas sur la plage qui s'effacent, recouvertes par la marée, semblent dire qu'ils n'ont jamais existé. Ce n'est qu'une illusion. Un décor planté là, le temps d'un récit.

« C'est le bord de la mer, un endroit qui n'existe pas, ni la terre, ni la mer »

Un récit d'aventures, dont le personnage principal est l'Océan. Les sept personnages sont venus guérir leurs blessures par la mer, prendre congés d'eux-mêmes, arrêter le temps pour trouver le bonheur d'être soi.
Chaque personnage est attachant, atypique, sensible et parfois drôle. Ils se complètent comme les pièces d'un puzzle.

Roman d'aventures étonnant, on y retrouve à la fois du suspense, de la poésie, de l'humour, de la violence, de la douceur, de la philosophie. Au départ, c'est déroutant, après c'est un régal.
On est envoûté par l'écriture, comme les personnages le sont par l'Océan, la pension Almayer et les enfants magiques qui semblent des anges gardiens. La disposition du texte sur la page contribue aussi à cet enchantement. L'écriture est musicale, elle semble nous raconter une fable. La fable de la vie, avec le temps qui passe, nos vies qui s'effacent, nos bonheurs et nos blessures, nos interrogations.

La pension Almayer attend la fin du récit pour s'éclipser et l'Océan efface toutes les traces, nous laissant dans le silence et l'émerveillement, nous éveillant doucement de ce songe enchanté.





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Me voilà bien triste d'avoir regagné la terre ferme après un si beau voyage en mer !
Un voyage improbable en compagnie de sept personnages de conte.
Sept personnages qui cherchent une rédemption qui ne peut venir que de l'océan.
Un océan qui fait peur à l'époque, considéré comme le repaire des forces du mal, ventre affamé engloutissant navires et équipages.
Comment l'apprivoiser, l'amadouer, le comprendre ?
En le peignant ?
En lui cherchant des limites ?
En le défiant ?
Ou, au contraire, en s'imprégnant de sa puissance, de sa magie ?
Chacun va l'appréhender à sa façon, va y puiser ce qui le transcende, le met face à lui-même.
À la fois source d'inspiration, de curiosité, de fascination, de passion ou de fureur, il est le maître du jeu, celui qui, au gré de ses humeurs, donne ou reprend, anime ou tue.

La plume d'une poésie si particulière d'Alessandro Baricco fait à nouveau merveille dans cette très belle allégorie maritime.
Tel un mirage, la pension Almayer fait face au bleu infini et nous convie à un voyage angélique sans toutefois nous épargner la réalité brutale du drame humain.
Une lecture qu'on fait sans toucher terre, en apesanteur, bercés par des vagues, tantôt douces, tantôt tumultueuses mais qui, toujours, touchent l'âme.
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Il y a le ciel, le soleil et la mer...
Suite et fin de mon triptyque personnel de l'été : après le ciel de Chine de Garrido, et le soleil d'Ispahan de Rufin, j'ai la joie de finir sur une vraie pépite : l'Océan Mer de Baricco.

Comme beaucoup ici sur Babelio, j'ai lu Ocean Mer après Soie, guidé par des critiques. Or beaucoup de lecteurs enthousiastes de Soie s'avèrent déçus par Océan Mer. Barrico y a pourtant franchi un cran de plus, touchant pour moi au chef-d'oeuvre, à tel point que j'ai hésité à mettre 5 étoiles et m'inquiète de parvenir à trouver mieux en poursuivant la lecture de cet auteur...

Comme certains de mes amis babeliesques, je dois bien l'avouer, pendant des dizaines de pages, je n'ai rien compris... le texte est à ce point décousu que j'ai cru qu'il s'agissait de poèmes, de tranches de vie sans rapport entre elles, avant de comprendre enfin où voulait nous mener l'auteur...

Il faut vraiment mettre en garde le prochain lecteur : connaissez vous les baïnes de la côte basque ? eh bien c'est ce qu'est ce roman. Etrange, poétique, philosophique, il se construit en deux lieux, la mystérieuse pension Almeyer, et un radeau de naufragés clairement inspiré du Radeau de la Méduse. Ce livre est une vague-dépression dont on ne sort pas indemne ; On en sort rincé, déboussolé, roulé, ayant perdu tout repère. Alors, si la vague qui vous pousse vers le large n'est pour vous que source d'angoisse, si vous pensez que toutes les plages devraient chaque jour être aplanies à coups de bulldozer pour éviter tout accident, ne lisez pas ce livre. Mais si vous avez l'esprit baroque, et le cran de vous abandonner à une vague incertaine, pour mieux lutter, à la recherche du sens profond de la vie caché dans les abysses, alors lisez le...

Baricco, qui démontrait déjà dans Soie -chronologie de ma lecture, et non de l'écriture de l'auteur... malheureusement...- un syle bien particulier, déconcertant, décousu, tout en conservant une lègère trame... de soie... nous invite cette fois à une perte totale de repère. En cela son roman porte encore une fois bien son nom. C'est un hymne à la Mer, et même plutôt à l'Océan. Les vies des personnages humains se croisent au creux d'une vague, se mêlent un instant, avant de se noyer, vaines, dans la tourmente liquide. Alessandro Baricco chante l' Océan Mer. La cruelle vérité de la vie et de la mort se révèlent sur le Radeau de a Méduse, et la vanité des préoccupations des hommes fait de même à la Pension Almeyer, tenue par les anges de la mer. Grain de sable, la de vie de personnages à peine esquissée, songe fugitif, s'agrège dans un château de sable dont se jouent les vague, avant de tout engloutir. le peintre Plasson, le plus inexistant des personnages, est sans doute, paradoxalement, parmi les fantômes de la pension Baricco, le plus révélateur, grâce à son oeuvre : il peint la mer, en cherchant toute sa vie le tableau parfait. Il mourra heureux quelques années plus tard, ayant atteint sa chimère, laissant à la postérité une collection presque entièrement constitué... de toiles blanches...certain d'avoir enfin su capter et restranscrire la musique de L'océan.

C'est magistral, c'est troublant, difficile à lire si l'on essaie de nager avec palmes et bouée ... il faut lâcher prise et se laisser porter... un net cran au-dessus de Soie, et un étrange moment de lecture que je conserverai en mémoire... flottant quelque part entre le Typhon de Conrad, les Pecheurs d'Islande de Loti, le K de Buzzati, le Vol de Nuit de Saint Exupéry et le Pendule de Eco.
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« Partons la mer est belle… » Répondons à cet appel et partons pour une magnifique incursion dans l'imaginaire car comme le dit l'auteur : « La mer ensorcelle, la mer tue, émeut, terrifie, fait rire aussi, parfois, disparaît, pas moments, se déguise en lac ou alors bâtit des tempêtes, dévore des bateaux, elle offre des richesses, elle ne donne pas de réponses, elle est sage, elle est douce, elle est puissante, elle est imprévisible. Mais surtout, la mer appelle. (p.97) »

Plongeons dans cet ouvrage qui compte un lot de personnages improbables réunis par hasard dans un hôtel tenu par des enfants qui lisent dans les rêves. Il y a un peintre qui peint des toiles blanches, un scientifique qui cherche à trouver la fin de la mer, une jeune fille escortée par un prêtre, envoyée par son père pour soigner son hypersensibilité et même, une épouse venue se guérir de son infidélité.

Mais il n'y a pas que poésie et légèreté, il y a aussi une terrible tragédie. Une horreur inspirée d'un scandale du dix-neuvième siècle, une histoire vraie : « le radeau de la Méduse » où des hommes se sont entretués et auraient même mangé de la chair humaine pour survivre.

Le roman navigue donc à travers une mer d'émotions et de réflexions. Il sera question de la vie et de la mort, de l'art et de l'amour. Tantôt dans la délicatesse d'une dentelle, tantôt dans la macabre brutalité d'un corps décapité par un coup de sabre, on voguera sur les flots poétiques vers des horizons inexplorés.

Et une fois le livre refermé, on pourra garder le souvenir ému d'une petite pension qui émerge peut-être du brouillard au bord de l'océan…
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Exercice périlleux que d'écrire sur ce livre; la couverture reprend roman à suspense, livre d'aventures, méditations philosophiques et poème en prose. Et bien oui, c'est tout cela à la fois et c'est très réussi. Il ne faut pas hésiter à se laisser immerger dans cette mer que l'auteur décrit avec beaucoup de subtilité. Avec autant de profondeur que la mer elle-même, autant de noirceur et de violence dont elle est capable mais aussi avec douceur et fluidité comme les vagues qui s'évanouissent sur le rivage.
Les pensionnaires au lourd passé de la pension Almayer viennent y chercher quiétude, un sens à leur vie, des réponses. Chacun y trouvera un chemin ou un destin funèbre.
La très belle plume nous emmène dans le monde d'à côté, celui de l'introspection. Et pourtant, Océan mer se lit vite, pour ses passages d'aventures, quelques dialogues décalés, une scène burlesque et l 'attachement que l'on ressent envers chaque personnage.
Une lecture originale et fort agréable.
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Roman postmoderne, récit poétique hybride, véritable ovni littéraire…: la liste des attributs pour qualifier cet ouvrage relèverait de l'infini. Pas assurée de trouver les bons mots pour vous en parler tant le langage manque pour liserer cette mirifique fable. Au fond, peut-être que, seule, l'absence est un hommage, l'unique possibilité de rendre compte du vertige. Passons les sentiments de vulnérabilité et d'indécision et portons l'outrecuidance nécéssaire afin de partager l'enchantement qu'a provoqué sur moi cette lecture. Alessandro Baricco offre un trébuchement littéraire, un méta-roman où l'ouvrage enlace la poésie et fréquente dès lors le champ énigmatique. Idée, à mes yeux, de promettre un espace inexhaustible où la langue balaye la prétention d'une unique compréhension : l'éminente séduction mâtine alors la très belle éventualité de ne pas comprendre.

Au raffinement du verbe, se dessinent sept vies, sept histoires dont la gravitation commune n'est autre que l'océan, la mer, l'océan mer, vaste solipsisme qui altère le réel. Unique être qui se disperse dans la totalité du monde, l'ensemble des existences, nous fait boire la tasse. À son centre omniscient, une minutieuse et patiente observation sur la nature et son histoire universelle, sur les possibilités humaines, ses actes et ses conséquences. Signalons l'engagement du romancier italien à cultiver, sinon quelques hommages, à tout le moins certaines allusions - tantôt discrètes, tantôt évidentes - à d'autres oeuvres artistiques. La première allégorie, limpide, se noue dans la seconde des trois parties que constituent l'ouvrage. Au coeur du livre. Il s'agit là d'une réinterprétation du naufrage de la Méduse, ici intitulé L'alliance, concentrée autour de Savigny et Adams. C'est à mon sens la section la plus réussie, tout du moins celle qui m'a le plus captivée. Glissement vers un pluriel, le naufrage est un symbole qui se fait l'apanage de multiples lectures, pièces d'un puzzle dont l'image représente la mer, ici personnifiée. Autorité aliénante qui contraint aux pires actes de barbarie.

Notons que l'auteur ne renâcle pas devant quelques descriptions sanglantes allant jusqu'à l'anthropophagie. L'océan comme une amorce. C'est à travers ce point central que nous plongeons -littéralement- dans les entrailles de l'horreur et de la cruauté. À ce paroxysme du cauchemar, la mer y est décrite de manière frontale, réaliste, dans toute son ambivalence, celle qui trace la fracture entre hostilité et protection, folie instinctive et raison, mort et vie. À l'acmé de la bestialité, ne reste que la vérité, l'horreur de la vérité, “la vérité – dit Adams – ne se révèle que dans l'horreur”.
Aux extrémités de ce noyau damné, sont balisées deux parties se déroulant à la pension Almayer, saluons d'ailleurs le délicat hommage à La folie Almayer, premier roman de Joseph Conrad. Fragmentation narrative, où chaque protagoniste adopte un point de vue sur la mer. Serait-ce là le parangon du sensationnisme ? La mer comme guérisseuse, seul remède aux maux universels (Ann Devéria, Elisewin, Père Pluche) la mer comme énigme, sans limites (Bartleboom, Plasson) cosmos d'un rêve, d'un salut. Alors vient le sublime de l'infini, de la totalité qui confine le·a lecteur·rice à l'insignifiance, à sa microscopique valeur.
Lien : https://lepointcul.wordpress..
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Il va très vite Baricco, faut suivre, et se laisser aller sans préjugés sans certitudes et sans modèle de raisonnement, comment il faut faire ceci et cela. le savoir tombe à l'eau rapidement, et on l'y laisse pour qu'il se rafraîchisse le ciboulot.
Au début, c'est la pension Almayer, "posée sur la corniche ultime du monde", des personnes s'y rencontrent, des histoires de vies, rendez-vous des pièces d'un puzzle en train de créer des liens surprenants, venus de loin : un professeur qui écrit des lettres à la femme qu'il aimera, et une Encyclopédie des limites, une femme venue pour guérir d'adultère, un peintre qui veut faire le portrait de la mer et cherche ses yeux, Elisewin, seize ans, "une petite fille trop fragile pour vivre et trop vivante pour mourir", des personnages qui cherchent un début ou une fin, un retour des souvenirs, où "la réalité s'évapore et tout se transforme en mémoire", des naufragés de la vie cherchant à s'y accrocher... et la mer, et les vagues "continuelle alternance de création et de destruction".
Un souvenir terrible, lourd de conséquences, vient comme porteur de désespoir et de vengeance, un naufrage, un radeau et la mer qui dévore et engloutit, la mort...
Des noms et des verbes habillés de fête, costard cravate, des phrases courtes, envolées comme des jeunes filles et la valse de leur première sortie, tourbillon, ivresse, unité faite de contraires pour laisser les paradoxes vivre leur vie. Lire Océan mer, s'étonner sans cesse et aimer ça, entrer dans l'océan sans se noyer, voir l'envers de l'endroit et vice versa, tenir les pièces du puzzle et se sentir plus perdu que jamais. Les pages du livre tournent, une page une vague qui amène et reprend des vies et des souvenirs vers des rivages lointains, vers un ailleurs. "Le bord de mer, c'est ni la terre, ni la mer, c'est un endroit qui n'existe pas."
"La mer ensorcelle, la mer tue, émeut, terrifie, fait rire aussi, parfois disparaît, par moments, se déguise en lac ou alors bâtit des tempêtes, dévore des bateaux, elle offre des richesses, elles ne donne pas de réponses, elle est sage, elle est douce, elle est puissante, elle est imprévisible. Mais surtout la mer appelle", comme la vie.
La mer, ce n'est pas un paysage, la mer est notre vie, un puzzle, des morceaux séparés et réunis, avec ou sans sens, c'est la faute à la mer, entièrement, totalement, c'est elle la sorcière qui fait et défait, entortille, noue et déchire, la mer personnage éternel,... la vie.
"S'il y a, dans le monde, un endroit où tu peux penser que tu n'es rien, c'est cet endroit, c'est ici. Ce n'est plus la terre, et ce n'est pas encore la mer. Ce n'est pas une vie fausse, et ce n'est pas une vie vraie. C'est du temps. du temps qui passe. Rien d'autre."

Le style d'Alessandro Baricco, comme la mer, se met dans tous ses états, du murmure calme et chatoyant au déchaînement bruyant, des dialogues rapides enfilés à la verticale, des paragraphes denses comme des regards qui partent au-delà des horizons et reviennent après portant la charge du monde entier ; narration d'un passé demeurant présent dans la chair, dans la tête et dans l'âme, des répétitions en litanie, en sac et ressac grisant, jusqu'à l'obsession, en avancées vertigineuses, en retraits lents entraînant tout ce qui ne s'y oppose, ce qui résiste sera emporté la prochaine fois, les vagues reviennent sans cesse.
Musique de la mer et de la vie, les chants du retour des vagues, une infinitude de finitudes, infiniment finies.
Et la blessure du monde, de notre vie, qui peut la réparer ?
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Où commence-telle ? Où finit-elle ? L'inachevée. L'Océan mer. Pieds sur terre, lecteur. Genou à terre. Ici s'arrête le temps. le mal de terre te prends . L'océan mer à coeur ouvert. Alessandro Baricco. Maelstrom exceptionnel, merveilleux, déroutant, onirique. Tableaux blancs, enfants voyants. Celle qui n'a rien vu , celui qui en en trop vu. C'est sur terre que l'on rencontre les monstres marins. Ils sont humains. C'est sur mer que flottent les anges. Pension Almayer. Sept pièces d'un merveilleux et cruel puzzle. Destinée ? Hasard ? Sept personnages pour conter ce journal de bord.
Écrit au bord de l'océan, du bord de mer, au bout de la terre. Cette histoire que depuis toujours les hommes se racontent de port en port, lorsque la nuit épouse l'orage.
Si 1900, le pianiste, était l'enfant de la Terre , un enfant mystère, qui sont ceux, ici, qui furent sauvés de la mer ? Quels sont ces naufragés ? Pension Almayer, un second radeau, face à la mer, qui appelle les yeux des bateaux.
C'est un roman noir. Un roman que seul les nuit de tempêtes enfantent. « C'est ça, ce que m'a enseigné le ventre de la mer.Que celui qui a vu la vérité en restera à jamais inconsolable. Et que n'est véritablement sauvé que celui qui n'a jamais était en péril. Il pourrait même arriver un bateau, maintenant à l'horizon, qui accourrait sur les vagues jusqu'ici, qui arriverait l'instant d'avant notre mort pour nous emporter avec lui, et nous faire revenir, vivants, vivants : ce n'est pas ça qui pourrait, véritablement, nous sauver. Quand bien même nous retrouverions une terre, quelle qu'elle soit, il n'y aurait plus jamais aucun salut possible pour nous. Ce que nous avons vu restera dans nos yeux, ce que nous avons fait restera sur nos mains, ce que nous avons entendu restera dans notre âme. Et pour toujours, nous qui avons connu ce qui est vrai, pour toujours, nous les fils de l'horreur, pour toujours, nous les rescapés du ventre de la mer, pour toujours, nous les savants et les sages, pour toujours nous serons inconsolables. Inconsolables.». Terrible et merveilleux roman. « La vie est un terrible métier ». Aucun ne peut être sauvé. Il faut l'écriture de Baricco, l'intelligence qu'il met à construire ce roman, pour que l'on puisse entendre passer à livre ouvert, par dessus le bord de la terre , ces terribles mots.
«  Oh ! cette double mer du temps et de l'espace
Où le navire humain toujours passe et repasse,
Je voulus la sonder, je voulus en toucher
Le sable, y regarder, y fouiller, y chercher,
Pour vous en rapporter quelque richesse étrange,
Et dire si son lit est de roche ou de fange.
Mon esprit plongea donc sous ce flot inconnu,
Au profond de l'abîme il nagea seul et nu,
Toujours de l'ineffable allant à l'invisible...
Soudain il s'en revint avec un cri terrible,
Ébloui, haletant, stupide, épouvanté,
Car il avait au fond trouvé l'éternité. » La pente de la rêverie, Victor Hugo, extrait.
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Un roman d'Alessandro Baricco envoutant , mystérieux, magique, romanesque , sacré , réaliste et poétique sur la vie, la mort, l'illusion, la peur et la fragilité des êtres ...et sur la fascination de la mer, de l'océan !
Sept personnages qui sont venus chercher la vérité, le sens de la vie ...tous différents, tous naufragés qui se sont installés à la pension Almayer pour se reposer et contempler la mer et réparer leurs "bleus" à l'âme !
Et, le souvenir de de cette frégate " l'Alliance " qui s'est échoué sur un banc de sable au large du Sénégal, l'abandon du navire, les canots qui se sont détachés pour laisser le radeau affronter la tempête..Le médecin Savigny est tourmenté par sa "pensée" , " la nuit", " les corps déchirés", " la faim", "l'horreur", les "fantômes de la folie, la "chair", et Thomas ! Car l'océan c'est aussi le ventre de la mer, de celle qui peut guérir mais qui tue férocement.
En dernière partie du roman : les chants du retour, les personnages vont réagir :
Elisewin va connaître l'amour, le père Pluche va retrouver Dieu et ses prières, Ann Devéria guérira de son péché d'adultère, Plasson mourra en paix en laissant de nombreuses toiles blanches et Bartleboom trouvera 2 femmes idéales , puis verra les anges..
Quant à Savigny, rescapé du naufrage et rongé par les remords et par la peur de Thomas (ou Adams le sauvage, le sorcier ) qui le guette va devenir médecin de campagne !
Sans oublier, le vieil homme qui bénit la mer et qui provoque ainsi la destruction de la pension Altmayer, des mots et des histoires, de la terre, de la mer et du roman !
C'est la magie de Baricco !

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