D'abord deux points:
1/ je suis un très fervent admirateur d'
Alessandro Barrico,
2/ je considère comme inconvenant de mettre un jugement de valeur sur une oeuvre d'art, fusse t-elle un roman.
Cependant voici une critique très négative, qui sonne comme une condamnation. Paradoxe suprême car quand on aime un auteur, on cherche plus avant à le découvrir, à lire ses écrits précédents.
Ainsi, décidé à poursuivre la découverte d'un auteur admiré, a débuté la lecture d'"
Océan mer", après celles de "
Soie",
City", "les
châteaux de la colère", "
cette histoire là", entre autres, tous livres lus avec grand plaisir et fascination même.
Ce roman de Barrico est assurément très différent des autres. La trame romanesque existe, elle est difficile à reconnaître, à suivre, tant l'auteur a voulu donner une vision à la fois onirique avec ses fulgurances violentes, et impressionniste toutes en suggestions et non dits. L'argument est simple, c'est une sorte de huis-clos dans une pension loin de tout mais en bord de mer (en bordure de tout...), sept pensionnaires, des histoires humaines qui y naissent, s'y jouent ou s'achèvent, et la mer en arrière plan. Je ne sais pour quelle raison, ce livre m'a fait penser au film de
Polanski "Ghostwriter", où la mer, la nature, jouent également ce rôle de miroir des violences humaines.
Seulement voilà, cette fois l'auteur est très difficile à suivre. La premier tiers du livre se montre assez onirique, presque fantastique avec ces deux enfants qui lisent dans les rêves des adultes. Cette première,partie permet de poser le cadre des drames et histoires des sept protagonistes du roman.
Le milieu du livre rassemble une évocation très réussie du naufrage de "La Méduse". le dernier tiers, expose la résolution de toutes les interrogations posées auparavant. Mais voilà, le lecteur est trop souvent perdu, laissé seul face à ds retours en arrière complexes, et surtout face à un symbolisme exacerbé, comme par exemple ce peintre (Plasson) qui ne peint que des tableaux blancs censés représenter les yeux de la mer. J'aime quand un auteur nous prend par la main et nous accompagne dans son univers au fil d'une narration compréhensible. Ici, je me suis senti perdu, cherchant trop souvent quelque repère, l'intention du romancier.
Pour moi Barrico est sans doute allé trop loin dans le subliminal, trop de prose intriquée de poésie, trop d'imaginaire, au final trop pour un seul livre, trop pour le lecteur.