Merci à Babelio pour ce livre reçu dans le cadre de la masse critique, que je n'aurais jamais lu sinon.
Einstein est devenu une figure mythique du XXe siècle et il m'intéressait à la fois de mieux comprendre sa théorie et de découvrir l'homme. Étienne Barilier réussit le tour de force de présenter les deux, mais aussi les implications philosophiques de la théorie de la relativité en 160 pages. Dommage que le style et les considération personnelles de l'auteur m'en aient rendu la lecture si pénible.
De l'enfance d'Albert, fasciné à quatre ans par la découverte du magnétisme, au vieil ermite en quête d'harmonie cosmologique, cet essai nous fait parcourir les textes et les penseurs qui ont eu une influence majeure sur Einstein, retrace les circonstances de l'élaboration de sa théorie, dresse le portrait d'un homme aussi épris de science que de
musique, distancié par rapport aux contingences mais pacifiste et antimilitariste convaincu qui dut revoir ses positions face à la montée du nazisme, et montre comment la philosophie occidentale s'est construite en réaction ou en extrapolation de ses découvertes.
Un petit livre très instructif donc, mais dont j'ai trouvé le style pompeux ("Cette constance imperturbable de la déesse Lux, en tous lieux égale à elle même, ébranle, nous le pressentons bien, l'autorité du dieu Chronos" p. 48) et manquant singulièrement d'objectivité. Passe encore que le biographe insiste à de nombreuses reprises sur le choix par Einstein de la nationalité suisse, le livre étant édité par les Presses polytechniques et universitaires romandes, mais ses conjectures sur la vie maritale et amoureuses d'Albert sont insupportables : "Einstein écrit ainsi, tranquillement, peut-être sur un coin de table de son petit appartement, où il manipulait les équations tandis que Miléva en faisait autant des casseroles, accompagnés tous deux par les vagissements de Hans Albert". (p. 54)
Les faits suffisent à dénoncer le détachement égoïste d'Einstein envers ses enfants, ses épouses, ses amantes, même si dans certaines lettres à Marie Winteler il se montre très romantique ; inutile d'en rajouter dans la goujaterie ! "Certains biographes veulent nous persuader qu'il en fut amoureux. Après tout, il ne la trompa pas tout de suite (p. 64). "Ajoutons qu'il aurait peut-être hésité, pour le choix de ladite épouse, entre la mère (Elsa) et la fille (Ilse). Mais la mère était sans doute meilleure cuisinière" (p. 67).
Si le biographe a voulu faire de l'humour, il est clair que nous n'avons pas le même et je crains que la plupart des lectrices se hérissent à la lecture de ces considérations machistes, aussi inutiles au fond qu'exaspérantes dans la forme.