Ravage

Une panne et voilà toute une civilisation qui s'écroule. Roman catastrophe, comment survivre après la fin.

Ce livre, écrit en 1942, est plus qu'un livre de science-fiction. Il est truffé d'allusions politiques, autant que la liberté de l'époque le pouvait. Apologie de la ruralité (Vichy) et destruction de la technologie (Berlin ?). le passage du ministre de la Défense qui, en 2052, persiste a fabriquer des baïonnettes 1916 est une excellente critique de la IIIe République (avec le ministre franc-maçon qui croit que cette faillite électrique est due à un complot clérical, le ministre des Sports incapable de faire à pied Passy-Trocadero (un quart d'heure de marche...)). Quant à la fin, jugée "réactionnaire", n'est-elle pas l'amorce de la décroissance chère aux "révolutionnaires écologistes" ?

Au delà du roman de science-fiction « classique », qui nous emporte dans des temps éloignés, imaginaires, mais toujours suffisamment proches de nous pour nous paraître crédible, « Ravage » est aussi une ode à la pureté, à la simplicité, à la vie naturelle. Barjavel le dédie d'ailleurs « à la mémoire de [ses] grands-pères, paysans ». Il est même presque déroutant d'être séduit par l'aspect moderne et attrayant d'un futur matériel tout en praticité, efficacité et technologies, alors que la morale nous renvoie, tout au contraire, aux valeurs sûres que sont celles des ressources naturelles, du travail des mains, des liens familiaux.
François Deschamps et Blanche Rouget, tous deux issus de familles de paysans ont migré vers la capitale en quête de réussite. Blanche ne tarde d'ailleurs pas à se faire repérer par Jérôme Seita et devient rapidement « Régina Vox », annoncée comme étant la future grande vedette de ce monde moderne.
Malheureusement, (ou heureusement), une terrible catastrophe empêche ce destin de se réaliser. Comme l'indique la quatrième de couverture, « Tous les moteurs d'avion se sont arrêtés hier à la même heure, juste au moment où le courant flanchait partout. Tous ceux qui s'étaient mis en descente pour atterrir sur la terrasse sont tombés comme une grêle. »
S'en suit une incroyable épopée à travers une ville, et même un pays dévasté par la disparition inexpliquée de l'électricité, et par là de tous les repères de citoyens trop assistés par les machines, les mécanismes, l'énergie « artificielle » en général.
Toutes les valeurs jusque là essentielles des hommes deviennent rapidement obsolètes, et la vie de tout un chacun s'en voit plus que chamboulée. Blanche et François, accompagnés d'une petite troupe composée à l'improviste et au fil des jours, dont la volonté de survivre dépasse la peur, l'horreur, le danger, se met alors en tête de rejoindre Vaux, village natal des deux protagonistes.
On retrouvera plus tard un peu de l'esprit de ce livre dans Malevil, de Robert Merle, qui nous conte l'aventure d'un groupe de survivants après une exposition nucléaire ayant détruit toute la surface de la terre...

Ravage, le fameux ravage du GRAND Barjavel, de la grande science-fiction. Paru un 1943 et dont l'action se passe 2052.

L'auteur nous montre ce qui pourrait bien arriver dans notre monde actuel où presque tout dépend de l'électricité.

Plus rien ne fonctionne, ni les ascenseurs, ni les voitures, les avions s'écrasent, toute la ville est en flamme… C'est l'apocalypse, le chaos.

François Deschamps, étudiant en chimie, sauve son amie Blanche et décide de quitter Paris avec quelques-uns de ses amis pour regagner sa Provence natale pour y reprendre une vie paysanne. A pied la route va être longue surtout pour eux qui n'ont connu que le confort et la technologie. Dans cette fuite, chacun essaie de sauver sa peau. Et sauver sa peau entraîne des actions qui ne sont toujours très belles… Ils vont tout supporter, la chaleur des incendies, la peur, la soif, les hallucinations, la mort pour certains. Ils ne rencontrent que des morts. Mais François tient bon, il encourage les autres. Il faut arriver au but pour recréer une nouvelle civilisation basée sur le travail de la terre.

J'ai palpité pendant toute ma lecture mais, à partir de la fuite j'ai trouvé que les sentiments, les impressions des autres personnages étaient escamotés et c'est dommage parce que ça m'a empêché de m'attacher à eux comme j'aurais voulu. Et, plus j'avançais dans ma lecture, plus je trouvais un côté macho surtout dans la dernière partie.
Mais je ne veux pas aller plus loin dans mes explications pour laisser la découverte aux lecteurs.

C'est un livre passionnant que j'ai lu d'une traite, avide d'en connaître le dénouement.

La disparition de l'électricité entraîne la désagrégation de la société. le primitif reprend vite le pas sur le civilisé. Pourtant certains s'efforceront de recréer un éden pastoral, dépouillé de toute technologie. Roman écologique avant l'heure....

Imaginez un monde, notre monde, avec une avancée technologique sensiblement plus étendue que la nôtre. Balancez un EMP (impulsion électromagnétique), la même que dans Matrix, qui supprime toute activité électrique sur la Terre. Et comme tout est basé sur l'électricité, je vous laisse imaginer le bazar inter-planétaire qui suit.
René Barjavel rejoint ici mon grand copain Saramago, dans l'illustration et la démonstration du chaos, ici généré par la technologie qui abandonne la race humaine.
L'humanité doit survivre dans un monde d'habitude si obligeant, qui subitement devient l'ennemi, aidé bien entendu par le genre humain lui-même, si prompt à redevenir animal.
Le beauté de ce livre est dans les descriptions succintes mais complètes du monde si "évolué". Dans le brusque retournement de situation, cette survie soudain omniprésente qui oblitère complètement de votre mémoire immédiate l'ancien monde et tous ses acquis.
Ce livre a été publié en 1943, et je ne peux que remercier éperduement M. Barjavel de ce si bel ouvrage, cette avancée de la littérature française, ce livre qui restera en très bonne place dans ma bibliothèque, et qui je l'espère trouvera sa place dans la vôtre.
Lien : http://angel-caprices.over-b..

C'est vraiment très intéressant de voir le côté visionnaire de Barjavel, de s'imaginer en 1943 un avenir qui se révèle en partie réalité aujourd'hui.
Puis le côté post-apocalyptique qui est digne des Bloc-buster de Hollywood. Je me suis régalé tout au long de la lecture.

Lu très jeune, ce roman m'a marqué.
Barjavel ne prend pas de gants et décrit sans détour ce qui pourrait arriver à notre société technologique si celle-ci devenait obsolète.
Quand on sait à quelle époque ce livre a été écrit, on ne peut qu'admirer la vision de l'auteur.
Seul bémol, à mon sens, l'auteur laisse un peu trop transparaitre ses propres opinions mais on lui pardonne vue la qualité du récit.

Un très bon livre qu'on ne lâche pas du début à la fin. Barjavel est visionnaire et ce roman résonne étrangement avec le monde actuel... A dévorer absolument!

Un des grands classiques de la se francaise. Écrit en pleine seconde guerre mondiale, il transpire toutes les angoisses de l'epoque. Ce roman post apocalyptique est toujours très actuel et n'a pas vieilli a !dire d'urgence.