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EAN : 9782353272440
234 pages
De Boeck Supérieur (16/10/2014)
2.5/5   2 notes
Résumé :
L'ouvrage s'articule autour des caractéristiques cognitives, conatives et comportementales de la conduite addictive de cette population ainsi qu'aux prises en charge et traitements pouvant être proposés. Les auteurs développent le point de vue de la psychopathologie, de la psychologie sociale, des neurosciences, de l'éthologie comparée, de la psychologie différentielle et clinique de la santé, et cela dans une perspective phylogénétique, développementale et intégrat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Avant-propos : Je suis psychologue travaillant (entre autres) dans le domaine des addictions, ai lu pas mal de choses autour de "ces sujets" et suis donc en attente de surprises informatives, de choses qui vont à l'encontre de l'intuition et vérifiées scientifiquement, d'une certaine rigueur, ou encore des choses extrêmement pointues d'ordre scientifique-neuro-psycho-génético-... Ce qui, au-delà des articles de revues, se trouve finalement peu ou de façon décevante dans l'édition au sens large.
Ce livre correspond parfaitement (ou presque) à ce qu'il est. C'est-à-dire un recueil-ouvrage scientifique sérieux, fiable, rigoureux. Y chercher autre chose (humour, ton décalé, légèreté...), c'est nécessairement aboutir à une déception. Mais si vous ne vous trompez pas sur ce qu'est cet objet, vous serez parfaitement (ou presque) comblé. Pas de tromperie sur la marchandise.

La lecture n'est pas facile, vous décrocherez si vous n'êtes pas déjà sensibilisé aux matières présentées. Il y a parfois aussi une flopée de chiffres qu'il n'est pas toujours facile de digérer ou de ressentir l'importance. Trop de chiffres tue le chiffre(?). Par moments ce sentiment pourrait vous étreindre. Mais ce n'est que par moments, le temps d'arriver aux mini-conclusions qui parsèment les paragraphes.

D'ailleurs, chaque chapitre comporte un résumé et chaque section de chapitre se termine peu ou prou par des éléments conclusifs. le contenu est donc clair et je ne m'attellerai pas à vous le reproduire. Au mieux ça ne serait qu'un pis-aller qui empêcherait d'aller lire le texte lui-même, au pire je risque de faire quelques erreurs...

Ce contenu me semble-t-il est tout à fait crédible, étayé sur de nombreuses études auquel un regard critique est administré. Certes du coup on sent beaucoup beaucoup de précautions et souvent les conclusions sont tièdes, rarement on sent un ton net, tranchant et décidé sur les options préventives, thérapeutiques ou étiologiques à prendre. Mais c'est le revers de la médaille au sérieux et à la scientificité. Ca va moins vite, fort et loin qu'une intuition.

Chaque chapitre se conclut sur une abondante bibliographie.

Plusieurs auteurs, plusieurs points de vue, plusieurs orientations théoriques et techn(olog)iques.

Pour moi le pari est assez réussi.

Les articles oscillent entre bien faits et relativement intéressants à très bien faits et très intéressants. J'ai appris au passage pas mal d'éléments pointus, je n'ai sans doute pas tout compris en une seule lecture.

C'est le genre de livre sur lequel il est intéressant de revenir au cours des expériences qu'on vit et des rencontres de patients, personnes, sujets que les auteurs ont ciblés, il est sans doute opportun d'y revenir en cas de doute "scientifique". Y revenir tout en imaginant - c'est le propre de la science : les connaissances évoluent sans arrêt - que de tels articles, un tel ouvrage est voué à terme (mais à quel terme?) à être dépassé.

Plus d'éléments sans doutes atrocement partiels...

Le chapitre 1 : "Attachement social et dépendance aux substances psychoactives : quel rapport ?" propose une énième explication sur l'attachement, l'attachement social... Des propos tout à fait habituels, sans ton particulier. L'auteur parsème son article de quelques réserves, c'est plutôt tiède. Mais c'est bien fait !

Je note toutefois que les références ne sont pas si récentes qu'espérées. Une de 2012, une autre de 2010, puis d'autres nettement plus anciennes. Un peu dommage pour un livre de 2014.

Ce chapitre n'est pas nécessairement représentatif de l'ensemble, ni le plus passionnant à mes yeux.

Le chapitre 2 : "Conduites d'alcoolisation et de binge driking chez l'adolescent et le jeune adulte" se révèle nettement plus ardu et très intéressant, et heuristique.

Le hic : les études sont toujours à prendre avec des pincettes, puisque chaque cas, chaque personne nous incite à relativiser. Par exemple : les polyconsommations qui ne permettent pas d'affirmer que l'alcool-produit est responsable de telle ou telle conséquence, ou même parfois seulement d'évaluer son degré de responsabilité. Néanmoins, les constats sont clairs et accablants. A tous les niveaux envisagés. Neuropsychologique, neuroanatomique... Les impacts du binge drinking, phénomène pas encore tellement étudié, se révèlent et me sont fort informatifs !

Autre point intéressant, le rappel du distingo entre type I et type II des personnes alcooliques pour qui le côté impulsif et les personnalité de cet ordre ne seraient pas ou seraient assez impliquées ou consécutives, explicatives ou pas.

Intéressant encore, l'aspect "attente positive" par rapport à la boisson, qui aurait un vrai impact concernant l'impulsivité ?

Beaucoup de questions... toujours plus de questions, mais on avance.

Et encore d'autres éclairages, d'autres pistes : électrophysiologie, études de personnalité, neuropsychologie, génétique (polymorphisme), analyse des structures cérébrales, patterns fonctionnels... Etudes sur les antécédents familiaux (paternels), facteur fragilisant et prédicteur...

Ah, un point faible au passage : Les auteurs présentent deux modèles théoriques (Théorie de la sensibilisation motivationnelle (liking et wanting) et le Modèle dual process de Wiers), mais en critiquent le manque de prise en compte des spécificités de l'adolescence et en pistent un troisième (Modèle triadique, Ernst). Ok. Mais pourquoi n'avoir pas plutôt développé ce troisième modèle ? Enfin, soit. Ce livre a le mérite de susciter la curiosité.

Chapitre 3 : "Le tabagisme des adolescents et des jeunes adultes en France"

Aucun des nombreux chiffres donnés ne m'étonne véritablement, et ne devrait étonner pour qui connaît un tant soi peu le sujet. Mais qui, d'ailleurs, méconnaît vraiment le sujet ??

Le point 2.4 sur les motifs de non-consommation des adolescent est plus original, j'apprécie. C'est point positif !

Un peu trop de chiffres donc, mais en quelques pages le duo d'auteures brosse un tableau assez complet. Et valorise un travail préventif et actif tout à fait spécifique pour les jeunes. Il donne en outre pas mal d'outils existants plus ou moins comportementaux mais qui sont tout autant des élargissements et du plus ciblé.

Chapitre 4 : "Les effets néfastes du cannabis,un facteur de risque à l'adolescence ?"

Je me contenterai de recenser les thèmes des paragraphes, vous (vous) y retrouverez sans difficulté, car là aussi, rigueur et bonne facture sont de mise.

Contexte épidémiologique

Impact neurobiologique (système endocannabinoïdes, développement et maturation cérébrale, études d'imagerie cérébrale).

Troubles cognitifs, psychiatriques.

Modèle de vulnérabilité et de transition dans la pathologie.

J'ai apprécié en outre la distinction entre les taux de delta9-THC et de cannabidiol et leurs impacts respectifs. le premier ayant des effets psychomimétiques que le second limiterait. Or, le produit qu'on trouve le plus souvent actuellement contient des taux de THC de plus en plus élevé !!

Chapitre 5 : "L'addiction aux jeux vidéo" me semblent être celui qui est le plus indépendant des autres. Il pourrait se tenir tout seul. Car il réexplique un peu le fonctionnement des différents outils et moyens d'analyse et de compréhension, pour progressivement en arriver à ses conclusions. On part de A jusque Z alors que les autres articles considèrent déjà le lecteur comme averti et se passent de préalables explications.

Vrai plus : la description et critique des différents tests-échelles psychométriques concernant la problématique des jeux vidéo et d'Internet. Jamais lu de cette façon par ailleurs !

Les auteurs plaident pour une vraie reconnaissance diagnostique de l'addiction aux jeux vidéo, nécessité pour mieux traiter, prendre en charge adéquatement plus rapidement, et faire une prévention plus efficace également.

Chapitre 6 : "Les troubles alimentaires chez l'enfant et l'adolescent : des trajectoires développementales addictives ? Très bons et complets constats de ce qu'on sait et conçoit sur ces troubles. Les différentes approches : génétiques, familiales, développementales...

Plus original : la revisitation de la question de la genèse des désordres et troubles alimentaires à l'aune des théories et des modélisations transactionnelles de la psychologie.

Avec cette idée de "trajectoire addictive" qui sort un peu du clivage net entre normal et pathologique et qui est certainement moteur de nombreuses recherches à venir et d'interventions de plus en plus ciblées, rapides et efficaces. Très bien !

Chapitre 7 : Passion et addiction : théorie et recherche :

Ce chapitre concernant les passions, le modèle dualiste de la passion: distinction entre passion harmonieuse (pleine de vertu et non prédictive d'addiction) et passion obsessive (prédictrice ou productrice d'addiction), est à la fois le plus court et... est en effet un peu court. Je ne vois pas bien dans quelle mesure cette distinction est une nouveauté. J'ai l'impression de catégorisation ou de dénomination certes nouvelles mais qui ne fait pas apprendre grand chose. Impression en outre d'un nouveau manichéisme (après les bonnes et mauvaises émotions, voici les bonnes et mauvaises passions...) qui donne à cet article l'impression d'aller à l'encontre des précédents, tendant et tentant à montrer que la pathologie est à comprendre dans un continuum. Evidemment ce champ de recherche est neuf et donc est à creuser et à conforter et à et à et à... Bref, je reste sur ma faim et trouve que l'ouvrage n'aurait pas du se terminer comme cela.

Puisqu'il s'agit d'un livre, j'espère et attend toujours une certaine unité, cohérence. Un dernier chapitre avec une portée éthique, une discussion croisée entre ces auteurs sur les perspectives des recherches, qui remette un peu en sens le contenu, m'aurait bien plu.

Quatre étoiles seraient un peu beaucoup, j'ai envie aussi de valoriser la rigueur (si rare actuellement), il est clair également que, de cet iceberg baignant dans une eau un peu trop tiède, saillent ici et là plusieurs pépites, mais trois étoiles me semblent un choix plus correct.
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
L'idée selon laquelle il pourrait exister un gène de l'addiction à l'alcool apparaît aujourd'hui comme une idée simpliste et erronée. Ainsi, même si les études de jumeaux rendent compte de 49 à 64% de la vulnérabilité à l'alcoolo-dépendance (respectivement chez les garons et les filles, [...] 2011), 'addiction à l'alcool est une pathologie complexe, hétérogène, dont l'héritabilité ne s'inscrit pas dans un modèle simple à gène unique de type mendélien. Il s'agit plutôt d'un modèle polygénique et à pénétrance incomplète. C'est-à-dire que ce modèle fait intervenir différents gènes et à des degrés d'implication plus ou moins importants en fonction de sous-types cliniques et de l'interaction avec l'environnement. Et que des sujets peuvent être porteurs de facteurs de vulnérabilité génétique mais n'expriment pas cliniquement la maladie (notion de pénétrance incomplète).
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Une étude de Vallerand et al. [...] en comparant la passion de joueurs réguliers au casino (qui vont au casino de Montréal au moins une fois par semaine) à celle de joueurs aux prises avec de graves problèmes de jeu, si bien qu'ils se sont eux-mêmes placés sur la liste d'auto-exclusion du casino de Montréal. Ces derniers individus font donc face à de graves problèmes d'addiction au jeu (93% des joueurs faisant partie de l'échantillon d'auto-exclusion ont fait preuve de jeu pathologique, contre seulement 37% de l'échantillon des joueurs réguliers), notamment lorsqu'on considère qu'entre 2 et 4% de la population générale seulement souffre d'un tel problème. Ainsi les individus devraient avoir arrêté de jouer depuis longtemps. Malgré tout ils ont continué à s'engager dans cette activité, et ce de manière rigide. La passion obsessive est-elle en cause ?
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Chez les patients schizophrènes, la consommation de cannabis est associée à une survenue plus précoce d'environ deux ans et demi des troubles schizophréniques par rapport aux patients schizophrènes n'ayant jamais consommé, ce qui va dans le sens de l'hypothèse d'un effet précipitant du cannabis dans la schizophrénie [...]. En outre, certains patients schizophrènes chez qui une sensibilité aux effets psychomimétiques du cannabis est rapportée dans l'histoire des troubles (début des troubles dans un contexte de consommation de cannabis ou effets psychomimétiques marqués lors des consommations) ont un âge de début des troubles psychotiques plus précoce, un âge de consommation plus précoce et des antécédents familiaux de schizophrénie plus fréquents.
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Vallerand et al. (2003) ont développé un modèle s'intéressant à la dualité de la passion envers une activité. Le modèle dualiste de la passion envers une activité [...] définit la passion comme une vive inclination envers une activité (ou un objet, une cause, et même une personne) bien précise que la personne aime, valorise et dans laquelle elle investit régulièrement temps et énergie. En plus de représenter une puissante force motivationnelle, la passion comporte aussi une importante dimension identitaire, puisque l'activité est intériorisée dans l'identité de l'individu pratiquant l'activité [...]. Ainsi, après une certaine période de temps, une personne ne fait pas que jouer aux jeux de hasard et d'argent, elle devient un "joueur".
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Contrairement à la passion harmonieuse, la passion obsessive est associée à une persévérance rigide face à l'activité. En d'autres termes, peu importe les émotions (culpabilité, frustration) ou les conséquences associées à la pratique de l'activité, l'individu continuera d'y investir temps et énergie, et ce même au détriment de son propre bien-être émotionnel ou physique. Ce type de passion est par le fait même liée à un moins bon ajustement psychologique que la passion harmonieuse.
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