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3,69

sur 308 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel livre exceptionnel !
Un homme va quotidiennement voir sa belle-fille atteinte d'un cancer.
Pour se rendre à l'hôpital, au fil des jours, il emprunte le boulevard périphérique et égrène ses souvenirs comme s'égrène le chapelet des portes de Paris.
Dès les premières pages, les personnes qui ont marqué sa vie, les évènements passés se succèdent, se mêlent au présent.
Avec un grand art, Henry Bauchau nous fait passer d'une époque, d'un personnage à l'autre, sans que jamais on ne sente de rupture dans la lecture.
On suit avec délice les méandres de ses pensées et de ses souvenirs, l'une ou l'un entraînant l'autre.
Quelle sensibilité dans l'écriture, quelle fine analyse psychologique de l'Homme et des relations humaines !
De l'ouvrier immigré qui creuse le regard dans le vide à l'ami de jeunesse, au bourreau nazi, maîtrise personnifiée, tous les portraits, et ils sont nombreux, sont sublimes et criants de vérité.
Quel art pour dire si légèrement des choses si profondes !
La mort, omniprésente côtoie l'espérance et l'amour avec une infinie délicatesse.
J'ai lu ce livre lentement, très lentement, mais trop vite encore pour m'imprégner de toutes les richesses qu'il contient.
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Dans le roman, l'auteur est psychanalyste comme dans la vie, mais il ne nous parle pas de son métier, il se fait humble devant l'épreuve. Chaque jour, en empruntant le boulevard périphérique, il rend visite à sa belle-fille, Paule, qui se bat contre un cancer. Il l'accompagne dans sa lutte et tente de lui apporter du réconfort. Ses pensées vont aussi vers son ami, Stéphane, décédé, qui l'a initié à l'escalade, l'a poussé au-delà de ses limites, lui a appris à vaincre sa peur par la force qu'il lui insufflait. Cet ami, résistant est mort en 44, achevé par un russe attaché à la cause nazie, Shadow, passé à l'Ouest. le narrateur revient sur sa rencontre avec Shadow, quelques années après la mort de Stéphane, et a appris les conditions de captivité, sa confrontation entre lui, l'être léger qui n'avait aucune crainte de la mort, sans attaches, sans failles et l'autre, le corps lourd, pesant, traînant ses crimes comme un boulet, sa douloureuse enfance, sa perversion.
Complexe, d'une grande humanité, beaucoup d'émotion et de tendresse.
L'auteur porte en lui la mémoire de ces deux êtres aimés, il décrit la relation père-fils, il nous propose une belle réflexion sur la mort, l'espoir et l'amitié.
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Impressions en vrac :
roman sur la mort et la solitude, peu de dialogues, tout passe par les regards.
la solitude, une impression que chacun des personnages est seul, malgré la solidarité qui entour Paule.

le narrateur : déjà un certain âge, puisque grand-père, retraité ? son métier était probablement médecin, psy peut-être, l'amie qu'il consulte pour l'enfant est psy, sans compter sa façon d'analyser les faits passés et présents. Marié, mais il semble avoir eu une forte attirance (partagée) envers Stéphane.

Paule, la belle-fille dont on suit la maladie, semble plus proche de son beau-père que de son époux ?

Stéphane, homosexuel ? pas dit clairement, on ne lui connaît aucune aventure, mais il semble inspirer l'amour autant aux hommes qu'aux femmes.

Paule et Stéphane, me semble la représentations d'un dieu et d'une déesse qui sont condamnés à mourir jeunes, trop beau, trop solaire pour pouvoir vivre une vie commune, ils ne peuvent que finir avant de se faner.

la mère, de Paule, personnage rassurant, image de la pieta ?

Mikha, Win, le fils et le petit fils du narrateur, personnage un peu en dehors de l'histoire. Impression qu'il y a un ancien contentieux entre Mikha et son père, leur relation ne semble pas simple, mais pas vu d'explication, sauf peut-être une certaine rivalité dans l'affection de Paule ?

Argile, épouse du narrateur, au début j'ai pensé qu'il s'agissait d'une employée. Doit-on se poser la question sur la symbolique de son prénom ?

le colonel Shadow, enfin, qui vient hanter comme une ombre le narrateur, représente la force brutale, masculine, le père, un dieu du mal et de la mort ?
Des relations ambiguë également avec Stéphane ; amour ? Eros et Thanatos ? Ne doivent-ils pas périr l'un par l'eau et l'autre par le feu ?

Marguerite, résistante, amoureuse de Stéphane, ce qui ne l'empêche pas de suivre jusqu'à sa mort le colonel Shadow... là, encore un personnage que je n'arrive pas à cerner.

boulevard périphérique, titre choisi pour le fait que le narrateur l'emprunte souvent ou pour une autre symbolique ? sorte d'anneau de Moebius où passé et présent se cotoyent ?

Un très beau roman qui ne laisse pas indifférent, je suis ravie de l'avoir lu, avec une préférence pour l'histoire de Stéphane. Comme prévu l'histoire de Paule m'a mise assez mal à l'aise, et fait revivre quelques épisodes douloureux que je pensais avoir surmontés.
Lien : http://mazelannie.blogspot.f..
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Le narrateur est un homme d'une bonne soixantaine d'années qui emprunte chaque jour le boulevard périphérique afin de se rendre au chevet sa belle fille malade, pour laquelle il éprouve une grande affection. Paule est atteinte d'un cancer et ses chances de s'en sortir sont quasi-inexistantes. La famille a choisi de laisser croire à la jeune femme qu'elle est sur la voie de la guérison. Durant cette même période, le narrateur repense à Stéphane, son grand ami de jeunesse, mort en 1944 dans des circonstances assez troubles. Un troisième personnage occupe ses pensées. Il s'agit du responsable de la mort de son ami, un officier nazi au chevet duquel il a été appelé alors que ce dernier était mourant. Lui aussi était fasciné par Stéphane…

Je me suis demandée au départ s'il y avait un point commun entre les deux histoires. Je n'en vois pas vraiment, si ce n'est qu'elles évoquent toutes deux la mort cruelle d'un être jeune. Les deux parcours sont très tristes, mais superbement racontés par un homme qui éprouve le besoin de revisiter son passé à une période douloureuse de sa vie. L'histoire de Stéphane n'est pas simple à saisir, il m'a fallut attendre la fin du livre pour la comprendre vraiment. Les passages évoquant l'amitié des deux hommes sont très belles. Stéphane avait initié le narrateur à l'alpinisme et au dépassement de soi.

J'ai aimé ces deux histoires entremêlées mais tout autant les réflexions que nous livre le narrateur alors qu'il fait le bilan d'une existence et évalue ce qui lui reste à vivre. Il est question d'amour et d'amitié, de jeunesse et de vieillesse mais aussi de la difficulté que peuvent avoir un père et fils à communiquer. C'est un livre où il est question de la vie mais aussi de la mort, celle qui frappe en pleine force de l'âge ou que l'on voit arriver parce que l'heure approche. Ce n'est pas une lecture facile car très foisonnante. On suit les pensées du narrateur qui parfois s'échappent et divaguent. On peut imaginer (surtout après avoir lu sa biographie) que les pensées sont celles de l'auteur autant que celles du narrateur.

Certains passages sont de petites merveilles. Je vous en livre un, mais comme j'ai eu du mal à choisir, d'autres suivront.

Extrait :

"Je suis sans doute à ses yeux un père qui écrit des livres qui n'ont trouvé que peu de lecteurs et il doit se demander pourquoi j'y consacre tant d'effort et de temps. Je suis le père sans argent. Pourquoi pas ? Mais dans sa structure intime le père est celui qui peut aider. Qui peut aider avec de l'argent. A ce moment de désolation, je sens une main qui cherche la mienne, une main qui me semble glacée et qui veut se réchauffer dans les miennes. Je prends la main de Paule dans mes mains, il n'y a pas de paroles."

A noter aussi :

- le livre est très agréable à lire par son format (Actes sud), la texture et la couleur du papier (écru) la police et la taille de l'écriture (juste comme j'aime).
- L'illustration de couverture est un pastel de l'auteur.
- Henry Bauchau n'est pas un débutant. Il a 95 ans et a écrit de nombreux ouvrages. Il me semble pourtant qu'il est assez peu connu.
- Ce livre a obtenu le Prix-Inter 2008


Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Ce livre, je l'ai trouvé magnifique à bien des égards. J'en retiens, entre autres, l'explication qu'à certains moments extrêmes de la vie, nous découvrons en nous des capacités inconnues qui nous permettent d'affronter et de surmonter des stuations extrêmes. Avant, j'appelais cela du courage, mais en fait, non "comme si on avait le courage, comme si on le possédait alors qu'il naît quand on a plus le choix, plus d'autre recours"...c'est ça, c'est exactement ça,
En fait, la question du courage ne se pose pas, il faut qu'on fasse, il faut qu'on soye là, il faut qu'on avance, il FAUT pour l'autre, pour soi, au vu des circonstances que l'on ne maîtrise pas. C'est rétrospectivement qu'on se rend compte de tout cela, au moment où ça arrive, on a le "la tête dans le guidon" , on n'est pas en état de le voir.

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J'ai tout de suite été prise par le style de l'auteur qui nous entraîne dans une double histoire.
La première se déroule à Paris dans les années 80. le narrateur va chaque jour rendre visite à sa belle-fille qui est traitée pour un grave cancer dans un hôpital au nord de Paris.
Le périphérique qu'il va prendre quotidiennement va devenir le symbole de ces journées.


De plus en plus proche de cette belle-fille avec laquelle il avait d'abord eu du mal à communiquer, cette proximité avec la mort lui rappelle un de ses amis de jeunesse.
C'était au début de la guerre et Stéphane, après lui avoir tout appris de l'escalade et du dépassement de la peur qu'elle implique, s'engage dans la Résistance.
Il est découvert mort quelque temps plus tard.
C'est à la fin de la guerre que son "meurtrier", un SS en fin de vie, souhaitera appeler le narrateur pour lui parler de Stéphane et de ses derniers jours.


C'est avec un sens extraordinaire de l'introspection que Bauchau fait revivre les émotions de ces événements (probablement en grande partie autobiographiques).
L'approche de la mort est le thème central du livre et Bauchau fouille au plus profondément de lui pour l'exprimer par des mots.
Mais c'est aussi une réflexion sur le sens de la vie, sur le temps qui passe, le bilan d'une vie, et aussi sur les relations entre un père et son fils quand celui-ci est adulte.


C'est vraiment l'universalité de la pensée qui donne au livre sa profondeur.
L'expérience de l'auteur devient celle de l'homme en général et on ne peut qu'y être sensible et surtout admirer le style magnifique de l'auteur.
Vraiment Bauchau est pour moi un auteur majeur dont je n'ai heureusement pas encore lu tous les récits.

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Le narrateur entremêle plusieurs périodes, celle de l'occupation avec Stéphane, l'alpiniste, une amitié intense s'installe entre eux pas besoin de beaucoup de paroles, juste le regard, il incarne aussi la pureté, à l'inverse de Shadow le SS, le tortionnaire et son diabolisme, au présent c'est sa belle fille qui se meurt d'un cancer à l'hôpital.

C'est l'analyse des relations familiales dues à la mort prochaine d'un être cher au travers de la fille Paule (la belle fille du narrateur) et sa mère, de Mykha et son père (le narrateur), également Mykha et son fils.

Le Boulevard périphérique est un aller et venue dans le temps et l'espace, c'est une réflexion sur l'idée de la mort, l'analyse des sentiments, des actes, des vérités humaines.

Beaucoup d'émotions, de réflexions dans ce livre il faut le lire se l'approprier.

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La valse des souvenirs et l'humanité dans toute sa diversité, voilà en quelques mots ce que nous propose Henry Bauchau dans son roman "Le boulevard périphérique".

Ce livre retrace le cheminement intérieur d'un homme dans la seconde partie de sa vie, confronté au cancer de sa belle-fille. Bouleversé par sa fragilité, et par l'incertitude de l'avenir, il se sent vaciller...Visite après visite lui reviennent alors avec netteté ses souvenirs de jeunesse. de cette amitié si forte, si fulgurante avec Stéphane, parenthèse dont il s'est nourri toute sa vie. de ces instants d'accomplissement et d'exactitude lors de leurs virées escalade. Une amitié intense, mais soumise aux aléas de la guerre, qui n'en a fait qu'une bouchée. Puis sa mort pleine de questions, ses rencontres avec le SS qui l'a tué... : tout est là et entre en résonance avec la réalité de sa vie d'homme actuelle.

L'auteur explore méticuleusement l'âme humaine, passant de l'âme la plus pure à l'âme la plus noire. Entre deux, en quête de modèle, le narrateur, simple homme parmi tant d'autres, hésitant à embrasser pleinement la vie, redoutant la mort , confronté à la dure acceptation de lui-même et méditant sur le sens de sa vie...

L'écriture foisonnante d'Henry Bauchau nous emporte et nous éclaire par sa profondeur et par la qualité de son discernement. C'est une lecture que l'on s'approprie petit à petit, qui offre de multiples pistes de réflexion ; et qui une fois finie s'impose à nous par sa valeur !

Un livre profondément humain, ancré dans la société et dans L Histoire : laissez-vous habiter par ce récit remarquable !
Lien : https://auxpetitespepites.bl..
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Le drame familial vécu par le narrateur se déroule en 1980. A cette époque Bauchau avait déjà 67 ans. C'est à plus de 90 ans qu'il entame l'écriture de ce roman pour le publier en 2007.

Tous les personnages, ceux du récit principal comme ceux des histoires incidentes sont confrontés à la peur : peur du vide, peur de la maladie, peur de la perte, peur de l'abandon, peur du manque, toutes formes de la grande peur de la mort (de la vie ?).

Il y a d'abord les personnages terriblement humains rassemblés autour de Paule, la belle-fille du narrateur atteinte d'un cancer en phase terminale. La mère, le mari, les amies qui pendant des semaines se relaient avec le narrateur au chevet de la jeune femme.

Il y a aussi deux personnages étranges et mythiques : Stéphane et Shadow, le résistant martyr et le bourreau nazi. Bauchau, non excusez-moi, le narrateur se sert des souvenirs qu'il dit avoir gardés d'eux, pour faire un contre-point de tragédie classique à une douleur domestique et familiale.

Il y a des défaites et il y a des victoires. Il y a des victoires dans les défaites. Celle de Stéphane dans la mort choisie. Celle du narrateur dans l'aveu de sa détresse. Paule meurt. Son enfant a été éloigné, le père ne veut pas son retour. le narrateur et grand-père (Bauchau est psychanalyste) est persuadé que c'est une erreur de jugement terrible et irrattrapable. Il comprend la douleur de son fils mais tente désespérément de le faire revenir sur sa décision. le refus réitéré du fils déclenche le lâcher prise du narrateur qui s'effondre physiquement. La faiblesse du père entraîne alors en ricochet le lâcher prise du fils qui revient sur sa position de blocage et accepte d'aller rechercher l'enfant pour qu'il revoit sa mère.

Le boulevard périphérique, c'est la route qui conduit le narrateur au chevet de Paule jusqu'à la fin. Une sorte de sas entre la chambre d'hôpital ou gît Paule, et la maison du narrateur au bord de la Seine où la vie était calme et tranquille, avant. C'est au long de cette triste route aller-retour quotidienne qu'est née l'écriture d'une oeuvre bouleversante.

Pour en savoir plus sur Henry Bauchau : http://bauchau.fltr.ucl.ac.be/ (Fonds Henry Bauchau, Université Catholique de Louvain)
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@Le boulevard périphérique m'a profondément touchée. Quelle richesse et quel roman captivant sur notre condition de mortel ! Certes, il y a de l'incertitude mais aussi de l'espérance. C'est si beau que je relis à haute voix certains passages. @Henry Bauchau met des mots là où on ne sait pas toujours les poser.
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