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sur 17232 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lire et relire Les Fleurs du Mal est toujours une joie même si ce « livre atroce » est bien loin de cette émotion.
Mais déclamer ces vers, entourés d'amis, offre une compensation bien loin du spleen et de la tristesse. Chacun cherche et trouve le poème qui l'a le plus ému ou étonné. Pour moi, cette fois-ci, cela a été « une charogne » ! Quel poème ! Jamais, ô grand jamais, une telle description poétique sur un sujet aussi peu ragoutant aura retenu ainsi mon attention (et croyez-le bien, mon groupe d'amis a lui aussi été tout ébaubi par celle-ci). Je ne vais pas vous retranscrire ce poème dans son intégralité mais en voici la première et les deux dernières strophes :

Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux...

Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand, vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés.

J'avoue que j'ai bien ri à la lecture de ce poème (comme quoi chez Baudelaire, on peut rire aussi) au déroulement très olfactif et visuel. J'ai ri car je me suis dit que parler aux femmes était vraiment tout un art dont certains usaient avec puissance et violence alors que d'autres auraient plus simplement et doucement dit « Mignonne, allons voir si la rose... ».

C'était le choix du jour...
Mais, il y a tant à dire sur ce poète fabuleux, torturé, émouvant et sur ses textes aux noirs profonds et denses comme les tableaux de Soulages qu'on a comme un vertige devant tant de beautés, devant tant de souffrances.

Lire et relire Baudelaire aujourd'hui et demain...

Lien : http://mespetitesboites.net
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"L'Héautontimorouménos" : titre grec, qui signifie littéralement « bourreau de soi-même », et reprend le titre d'une pièce d'un dramaturge latin Térence.

"A J.G.F". par deux fois retrouvée chez Charles Baudelaire.
La première en tête des paradis artificiels 1860 où elle est suivie par "Ma chère amie". La deuxième fois dans l'édition de 1861 des "Fleurs du Mal". Peut être pourrait-il s'agir d'une certaine Juliette Gex-Fagon selon une hypothèse avancée par un certain R.J.... Robert Jacquet, peu après la seconde guerre mondiale, mais il n'existe pas de preuve des liens entre le poète et la mystérieuse, dont la trace n'a jamais pu être retrouvée et dont l'existence n'a pas pu être établie.
Peut-être est-ce mieux de ne rien savoir de cette Mystérieuse!
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Le recueil le plus connu de la bohème. Tant par ses thèmes (mort, homosexualité, temps qui passe) que par son histoire mouvementée (procès multiples, interdictions). Et la personnalité torturé de son auteur.
Mais fi de ses considérations de cours de français : Les Fleurs du Mal est un recueil dans lequel tout le monde peut se reconnaître, s'immerger, se noyer. Point n'est besoin de souffrir du spleen pour apprécier les poèmes, l'écriture, la musicalité des vers.
Baudelaire a transformé sa boue intérieure en or pour enrichir notre esprit.
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Les beaux vers de Baudelaire, me plaisent et m'apaisent, je n'ai pas son talent mais je ferais de mon mieux.
« Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits »
(LXXVIII – Spleen)

Baudelaire ça vous fait aimer la langue française même dans un spleen, ça vous fait penser, vibrer, pleurer, rire ou sourire, que vous ayez 7 ou 77 ans. Je suis loin d'être un adepte de poésie mais Les fleurs du mal ça se lit tout seul, je ne me suis pas attardé sur les moults notes que contient mon ouvrage car il y en a toutes les deux lignes, sans exagérer. Je l'avais déjà lu il y a plusieurs années, mais je n'avais pas aimé ma critique alors me revoici pour cette fois quelques choses d'un peu plus concluant.
Ces poèmes ont tous une accessibilité et une universalité, une intemporalité également qui m'ont tout de suite convaincu du charme de cet art, c'est beau comme une nuit étoilée de van Gogh, comme un Duo des fleurs de Lakmé. Mes quelques nuits d'insomnies ne sont pas parvenues à bout de ce livre, j'ai préféré le déguster comme un bon thé qu'on sirote à l'aurore.
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Grand Maître Parfumeur ! Il est sans doute celui qui nous a donné le meilleur de ces fleurs. Extraire pour délivrer une concrète matière. Des miasmes, des cendres, de la solitude, des peurs, des bûchers du malheur, de la mélancolie, de la déveine, de l' Ennui, et des amours cruels.
« Les parfums, les couleurs et les sons se répondent ».
Que serait l'encens sans le musc, que serait le plaisir sans le reflet de sa douleur ? Que serait « le travail de mes mains » sans « l'amour de mes yeux ». Extraire, enfleurer, ne rien réduire mais tout exhaler.
Cueilleur de « purs miroirs » , d'images idéales . Presser de toutes ses forces l'abcès du Mal pour accueillir la Beauté qui seule peut être en mesure de désaltérer une âme. « Il est de forts parfums pour qui toute matière est poreuse.On dirait qu'ils pénètrent le verre ».
Image,flamme, miroir, l'alchimie de la douleur.
Pour qu'il y ait soleil il faut qu'il y ait eu noirceur.
Il faut donc au poète accepter les Ténèbres. Les traverser au risque de s'y perdre, de s'y faire dévorer, d'y perdre pieds, de tomber dans l'abîme, au risque de croiser des monstres stupides, gorgones terribles, d'embrasser des sirènes fantômes, d'enlacer des ombres vipérines.
Tenter d'atteindre l'Idéal préférant « la douleur à la mort » plutôt que « l'enfer au néant ».
Étonnant voyageur... « comment, amour incorruptible, t'exprimer avec vérité ? » …
Libérer le parfum de la beauté pour retrouver le goût des libertés. « il portait dans ses yeux la force de son coeur, dans Paris son désert vivant sans feu ni lieu, aussi fort qu'une bête, aussi libre qu'un Dieu ».
Transmutation sublime de nos plus terribles blessures en la Beauté éternelle de leurs coeurs.
Étonnant...étonnant parfumeur. L'élixir de Baudelaire, le contre poison à notre ignorance des couleurs, un autre langage, un soupçon de bonheur dans les larmes de ces fleurs.

Astrid Shriqui Garain
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À la fin d'un poème, le recueil refermé, après plusieurs lectures, Les Fleurs du Mal continuent de conserver une place tout à fait particulière pour moi, une place réservée.
Un peu d'histoire (ça ne peut pas faire de mal) : commencée en 1840, l'écriture des Fleurs du Mal et tous les poèmes qui les composent ne sont pas à l'origine destinés à la publication. Ce n'est que très progressivement que l'idée d'un recueil s'imposera dans l'esprit de son auteur. Édité en 1857 sous le titre des Fleurs du Mal (Baudelaire voulait initialement intituler son ouvrage Les Lesbiennes puis Les Limbes), dédié à Théophile Gautier qui ne voudra jamais reconnaître la dédicace, le recueil s'impose comme un livre totalement à part. Tellement à part que son auteur et son éditeur seront jugés par le Tribunal correctionnel en août 1857 pour délit d'outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs (plusieurs poèmes seront alors interdits à la publication*). Publiées une seconde fois en 1861 puis une troisième en 1868, Il faudra attendre un arrêt de la Cour de cassation de... 1949 pour réhabiliter Les Fleurs du Mal.

Les premiers textes du recueil empruntent au réalisme et à la cruauté pour parler de la mort, du désespoir, de la pauvreté,… Une écriture mélancolique qui n'a rien à voir avec le romantisme et le classicisme encore en vogue à l'époque, la destinée humaine plutôt que l'être seul face à son destin.
Paradoxe de cette poésie tourmentée, le sujet central des Fleurs du Mal est la... beauté. Familière, allégorique, symbolique, divinisée, éphémère,… elle irrigue toute l'oeuvre. Derrière l'excès de réalisme, l'abondance d'images parfois rudes (on pense au poème Une charogne), Baudelaire pose une réflexion métaphysique, ironique, sans détour sur la vie, comme le fait une vanité en peinture.

" Ô vous ! soyez témoins que j'ai fait mon devoir
Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte.
Car j'ai de chaque chose extrait la quintessence,
Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or. "

Ces derniers vers d'un " Projet pour un épilogue " intégré dans la seconde édition de 1861, résument à eux seuls tout le travail d'écriture de Baudelaire, le rôle du poète tel qu'il le concevait.
Le " Tu ", c'est la ville de Paris, lieu incontournable des Fleurs du Mal. " Ta boue ", ce sont ses méandres, ses rues emplies d'histoires et de paradoxes, qui porte en elles la vie des déshérités, des laissés pour compte mais aussi celle des rentiers, des bien-nés à l'exubérante apparence, comme les projets du baron Haussmann (" le vieux Paris n'est plus, (la forme d'une ville change plus vite, hélas ! Que le coeur d'un mortel "**)) et une modernité qui emporte tout sur son passage.

Si certains poèmes de Baudelaire ont un caractère un peu académique, un peu compassé, la plupart cependant, dans leur sonorité, leur rythme, dans les images qu'ils éveillent touchent littéralement au sublime. Ainsi La Chevelure (extrait) :

" […] Je plongerais ma tête amoureuse d'ivresse
Dans ce noir océan où l'autre est enfermé ;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
Infinis bercements du loisir embaumé.

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendus,
Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond ;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
De l'huile de coco, de musc et de goudron.[…]"

Poésie intemporelle, ouvrant la beauté (esthétique) jusque dans l'impensé, jusque dans le macabre et la solitude de notre condition mortelle, Charles Baudelaire, poète incompris, idéaliste, est allé au plus près du langage dans ce qu'il a de plus sensible, de plus édifiant.
Théorisant (il était un grand critique d'art) sur le beau et la beauté, composant avec les paradoxes et s'affranchissant des styles, Baudelaire avec les Fleurs du Mal a rendu la poésie encore plus indispensable, plus essentielle à notre monde.


(*) Les poèmes interdits en 1857 par le Tribunal correctionnel de la Seine sont "Les Bijoux", "Le Léthé", "À celle qui est trop gaie", "Femmes damnées", "Lesbos" et "Les Métamorphoses du vampire".
(**) extrait de « Ébauche d'un épilogue »
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Je viens de réaliser que j'ai perdu mon exemplaire des Fleurs du mal, et depuis longtemps apparemment puisque je ne l'ai même pas rentré sur Babelio. Cet oubli est réparé, mais mon exemplaire a bel et bien disparu ; peut-être trop usé, peut-être prêté et non récupéré ??? Alors que c'est un de mes ouvrages de poésie préféré... Plus précisément, dans beaucoup de recueils de poésie j'aime beaucoup quelques poèmes, mais là, c'est quasiment tous, et l'ensemble qu'ils forment. Comme son nom l'indique c'est la beauté, l'harmonie, la poésie qui naît de la douleur, de la souffrance de l'âme, des tourments, du désespoir. Au vu du nombre de critiques il est difficile d'ajouter un avis pertinent de plus. Bref, un chef d'oeuvre inégalable !
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Mon livre de chevet pendant des années.

Il m'a accompagné et continu de le faire et il comprend "Les Fleurs du Mal" suivi
de "Les Paradis Artificiels".

De magnifiques poèmes :

"Sous ses apparences insolentes et insolites, son oeuvre est un cri. Il ne cesse de dire la difficulté d'être, aussi bien son inadaptation au monde que son désir de fusion dans l'harmonie universelle.
Reprenant les analyses de Fondane, Sartre dit de Baudelaire qu'il est l'homme qui "se sent un gouffre".
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Les Fleurs du Mal. Six parties, cent poèmes, un classique à lire et à relire.
Depuis sa publication en 1857, ce recueil a fait couler de l'encre, a dérangé, a changé la littérature française. Ainsi, chaque année, tous les lycéens français lisent Les Fleurs du Mal, et leurs parents et leurs grands-parents se souviennent d'un poème au moins qui les a marqués dans leur jeunesse.
Alors, pourquoi un tel engouement pour le spleen de Baudelaire ?
D'abord car il brise les codes et dérange. Six de ses poèmes ont été condamnés pour outrage à la morale publique, dont « Femmes damnées » ou « Les Métamorphoses du vampire ». Baudelaire ne s'embarrasse pas du politiquement correct, et c'est ce qui fait son succès. Il fait parler son coeur et son talent pour innover, il écrit ce qui ne l'a jamais été. Par exemple, « Une charogne » décrivant un cadavre comme la beauté même, avec des mots mélioratifs, nous entraîne dans la contemplation de la charogne, qui démontre le talent et le style de Baudelaire.
Il aime créer, et est l'un des fondateurs du symbolisme, comme le montre son poème « L'Albatros ». Ce magnifique texte symbolise le poète en un albatros capturé et illustre sa sensation d'être prisonnier de la vie.
Baudelaire exprime ses états d'âme, son spleen et son idéal dans le recueil du même nom, qui est une partie de lui-même. Son spleen est mis à l'honneur et on le ressent au plus profond de soi-même en lisant les poèmes « Spleen ». L'idéal est également présent dans certains poèmes comme « correspondances » ou « Le Soleil ».
Baudelaire nous donne, sans aucune retenue mais avec beaucoup de style, ses sentiments qui sont universels, et partage avec nous les tourments de l'âme humaine : « Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère ». Ce vers tiré du poème « Au lecteur » montre parfaitement que Baudelaire veut mettre en lumière la beauté mais surtout la laideur de nos âmes. Il sait que cette laideur et les sentiments qui la traversent sont universels.
Baudelaire ajoute dans nombreux de ses poèmes des références à la mythologie. Charon dans «  Don Juan aux enfers », Sisyphe dans « Le Guignon », Sapho dans « Lesbos », ou encore le Léthé dans « Le Léthé », le poète fait preuve d'une grande connaissance des mythes et vous en apprendra sans doute certains !
Les références à des tableaux ou oeuvres littéraires sont aussi nombreuses comme le montre le poème «  Les Phares », qui explique les travaux de peintres célèbres, ou « La Béatrice » qui cite Hamlet, héros de Shakespeare, ou encore Don Juan, personnage de Molière, dont les aventures versifiées sont écrites dans « Don Juan aux enfers ».
Baudelaire aime aussi décrire la nature et vous transporter dans des contrées lointaines, avec « Parfum exotique », qui est aussi un éloge de la femme, ou « L'homme et la mer », qui décrit avec sensibilité les relations houleuses mais profondes entre la mer et les hommes. « La vie antérieure » est également un poème qui présente la beauté de la nature.
le poète écrit des formes originales comme la litanie dans « Les litanies de Satan », ou encore répète le premier vers à la fin de chaque strophe, des antépiphores, comme dans les poèmes « Le Balcon » ou « Réversibilité ».
Baudelaire aime choquer. Il fait des reproches à Dieu dans « Le reniement De Saint-Pierre », écrit un poème à la gloire du vin dans « L'Âme du vin »...
Baudelaire cherche à provoquer, choquer, oser, changer. Et c'est cela que vous aimerez : un recueil de poèmes qui se distingue, tant par sa forme que par le message qu'il délivre.
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Rédiger une critique des "Fleurs du mal" de Baudelaire ? Pour moi Baudelaire, c'est plus qu'un poète, c'est un maître à penser. "Les fleurs du mal" sont des poèmes qu'il faudrait avoir sous la main en permanence. Pour ne pas oublier ce qu'est l'Humain, ce qu'est la vie, ce qu'est la société. Et savourer de la vraie poésie. La base de la poésie. Il y a avant et après Baudelaire.
Baudelaire, ça ne se discute même pas !
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