Alors là, la claque.
Énorme, monstrueuse, gigantesque.
Arcadie est d'abord un grand livre d'Amour.
Arcadie est un roman incroyable de beauté, de fulgurance, de justesse, de magnificence.
D'une beauté surnaturelle.
Madame Bayamack-Tam, je vous tire mon chapeau.
Ne serait-ce que pour le style.
Le plus sincèrement du monde, pour votre monde imaginé et imaginaire, votre
Arcadie miraculeuse.
Arcadie, le pays d'Arcady le syrien, qui embrasse d'un regard amoureux sa communauté de gens cabossés, abîmés, fracturés, mais entiers, ô oui, combien entiers.
Farah, adolescente de presque 15 ans au début du roman, nous narre avec une maturité hallucinante sa communauté, son beau pays d'
Arcadie, son
Arcadie, et l'amour fou qu'elle porte à son mentor, un amour incroyable, celui de sa vie même.
Puis, l'on est bercé par cette prose si poétique, ce style magnifique, sublime, on en pleurerait presque tant c'est beau.
Elle nous raconte la vie dans cette communauté (non, ce n'est pas une secte !), ces personnages incroyables, ces descriptions de la nature superbe, cette liberté providentielle, et le début de sa vie sexuelle, car, oui, il y a beaucoup d'érotisme dans ce roman, et c'est tant mieux.
La pauvre souffre d'une maladie orpheline, le syndrome de Rokitanski, qui consiste en une aplasie utéro-vaginale. En clair, elle n'a pas l'utérus, mais des ovaires atrophiés, et un vagin de seulement trois centimètres. Malgré cela, elle trouvera son plaisir dans les bras de l'amour de sa vie, Arcady. C'est elle qui le désirera, elle attendra d'ailleurs sa majorité sexuelle pour ce faire.
Peu à peu, elle grandit, et peu à peu, elle se transforme en un 3e sexe comme elle dit ; elle n'est pas une fille totalement, mais pas non plus vraiment un garçon, même si des testicules atrophiés lui poussent peu à peu et que ses seins s'effacent.
Elle n'est ni l'un, ni l'autre, une sorte de monstre finalement. Comme les autres membres de cette communauté nichée dans la campagne niçoise, ils ont tous une tare, ou quelque chose en plus ou en moins. Une chance.
Un jour, Farah les quittera car ils n'accepteront pas d'accueillir un migrant passé pas là.
Puis, à la fin, c'est le drame, et Farah, devenu un garçon, se redressera et se fera la promesse de reconstruire une nouvelle communauté, dont la philosophie sera tout simplement l'Amour.
J'ai été soufflée par la maturité et la conscience incroyable qu'elle a de la vie, de sa vie.
L'immense talent de cette auteure que je ne connaissais pas réside dans le fait pour moi de faire parler et réfléchir Farah en temps réel, avec de plus en plus d'intériorité, et de sagesse et de générosité au fil des pages.
Alors, non ce n'est pas un livre si drôle que ça finalement, car elle en bave Farah, mais avec une telle philosophie de sa vie, de la vie, et de l'amour aussi qu'elle en devient lumineuse.
Pour moi, ce livre est un des plus beaux que j'aie pu lire à ce jour, et je remercie l'auteure pour ce grand moment de lecture, ce grand coup de coeur de la rentrée. Ce livre est un cadeau et un merveilleux conte écrit avec le coeur.
A coup sûr, ce livre obtiendra un prix.
Allez. Faites-le pour Farah, au moins.
Elle le mérite tellement.