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3,5

sur 874 notes
Je recommande ce livre aux parents d'ados en rébellion contre leur autorité, leur fonctionnement. Finalement votre ado est un adulte sain en devenir, et prompt à se poser des questions, animé par l'envie de trouver son propre chemin, ce qui est plutôt bon signe pour lui.
Il n'y a qu'à voir Farah, dans ce livre. Elle grandit à Liberty House, une communauté d'éclopés aux airs de Cour des Miracles, menée par le charismatique Arcady, dont la seule injonction est l'amour. S'aimer quel que soit son aspect et répandre cet amour sans limites aux autres membres de la communauté. Une sorte d'Eden du jouir, décrit sans une once de pudeur. Et malgré ce terreau de libertés, et de bienveillance, viendra pour Farah l'ère de la recherche des limites, et de la remise en question des valeurs transmises.
Mais d'abord, dans un écrin de verdure fiché sur une colline, nous faisons l'expérience d'un mode de vie dénué de ce que certains désignent comme les tares modernes de la civilisation : l'internet, la souffrance animale, la religion monothéiste, l'individualisme, la monogamie... Nous faisons connaissance de tous les habitants de la maison, jeunes et vieux, obèse, dépressifs, handicapés, coulant des jours sereins sous la houlette de leur « directeur de conscience » :
« Dans un monde où les gens n'ont ni gouvernail ni grappin, n'importe qui peut s'improviser capitaine et traîner tous les coeurs derrière lui » (p400).
Une belle vie de grande « famille recomposée » en autarcie joyeuse et décomplexée avec sa propre morale, ses propres fonctionnements transmis par un être inspirant ? Un refuge inespéré pour inadaptés à notre société ? Oui. Où est le hic ? le message de l'autrice se situe-t-il simplement dans cette démonstration d'un autre mode de vie et de pensée possible? Ou est-ce pour mieux s'attaquer à ce que je suspecte d'abord être une secte, avec tout ce que ce mot comporte de négatif, ayant à sa tête un gourou fort talentueux pour manipuler ses ouailles ? Je me pose la question une bonne première partie du livre, me demandant à quel moment l'intrigue va se jouer, à quel moment le récit va se tordre. Un moment un peu trop attendu, mais qui fut à la hauteur.
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J'ai été conquise par mon hôte, la solaire Farah, qui s'exprime avec gouaille, sans filtre, et une sincérité authentique. Elle est amoureuse d'Arcady depuis son plus tendre âge et attend, non sans impatience, de partager les plaisirs charnels en sa compagnie, il lui a promis pour ses 15 ans, hors il se trouve que c'est justement pour bientôt… le corps de Farah est au centre du récit, et si comme je l'ai noté auparavant, il est question dans ce livre de questionner les stéréotypes sociétaux, il est aussi question de stéréotypes de genre et d'identité. En effet, Farah se décrit physiquement, ce qui n'est pas si simple à se figurer je vous l'accorde, quelque part entre Sylvester Stallone et Kirsten Stewart. Elle va, aidée de toutes les armes acquises lors de son enfance, tâcher de ne pas se percevoir uniquement au travers du syndrôme de Rokitanski qui caractérise son physique et son anatomie, cette mitoyenneté au genre à la fois mâle et femelle, sans réelle appartenance à l'un ou à l'autre.
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J'avais déjà été touchée par Ruby, l'ado de Eden écrit par la même autrice. Emmanuelle Bayamack-Tam, alias Rebecca Lighieri semble avoir décidément un lien privilégié avec cette période charnière de l'adolescence. Une période de questionnements, de chamboulements et de désordres, de vitalité, qu'illustre à merveille sa plume incisive et lumineuse, qui mêle d'une façon remarquable vocabulaire argotique et recherché, passages crus et sensibles.
Une période d'espoir prompte à initier un monde meilleur, à moins que sa voix ne soit finalement étouffée et broyée par le système en place.
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Une bibliothécaire enthousiaste, le prix Livre inter 2019, voilà comment je me suis plongée dans Arcadie signé par Emmanuelle Bayamack-Tam.
Un univers fort éloigné du mien, une communauté libertaire établie dans une zone non loin de la frontière italienne. Liberty House offre à ses "pensionnaires" un havre de paix en dehors du monde ou presque. Une zone blanche hors de toute antenne-relais, ni téléphone, ni internet , un régime végétarien, une survie en autarcie, la liberté de vivre sa sexualité à sa guise. Voilà le lieu où se sont réfugiées une trentaine de personnes, tous en butte avec une société qui les rejettent sans vergogne. Farah y est arrivée avec ses parents à l'âge de 6 ans. Les années ont passé, elle a grandi et s'est découvert différente.
Ce roman foisonnant aborde une multitude de sujets de société: l'environnement , les nouvelles technologies, leur nocivité, l'intersexuation, les migrants, les sectes et leurs dérives potentielles. ...Quand l'abondance nuit à la perception du propos.
Beaucoup de longueurs, beaucoup de redites, seule Farah et sa métamorphose physique et psychologique m'ont empêché de fermer ce roman avant la fin.






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Jouissif. Ce livre est vraiment jouissif.
Bienvenue à Liberty House, un lieu où vit Farah, une fille de 6 ans quand l'histoire commence, jeune adulte quand le livre se referme, à la fois héroïne et narratrice.
Comme sa mère souffre d'électro sensibilité, ses parents et sa grand-mère décident de rejoindre une communauté quelque part dans l'extrême sud est de la France (on devinera la ville de Menton au fait qu'on est proches de la frontière italienne, ce qui va d'ailleurs être un des ressorts de l'histoire aux deux tiers du récit, mais il est trop tôt pour en parler).
Menée de main de maître par l'animateur de cette communauté (que d'aucuns prendront pour un gourou) nommé Arcady, qui donne son titre à l'ouvrage d'Emmanuelle Bayack Tam, cette communauté réunit une panoplie d'énergumènes – de « freaks » dira Farah - avec toute sorte de handicaps : « les obèses, les dépigmentés, les ¬bipolaires, les électro¬sensibles, les grands dépressifs, les cancéreux, les poly¬toxicomanes et les déments séniles ».
Les deux tiers du livre sont consacrés à la vie en communauté – une communauté totalement libre, notamment sur le plan sexuel, où tout le monde peut avoir des relations sexuelles avec tout le monde. Une sorte de phalanstère moderne, où l'amour sous toutes ces formes est le mot d'ordre général.
Mais la mécanique bien huilée de la communauté va se gripper lorsqu'un grain de sable prenant la forme d'un beau jeune homme « issu de l'immigration » va franchir les frontières du domaine …
Plusieurs thèmes s'entremêlent dans ce roman foisonnant : des questions d'identité (Farah découvre une particularité physique qui peut lui faire douter de son genre féminin), des questions d'accueil ou de refus de ces « migrants » qui nous viennent de Syrie, d'Afghanistan, d'Érythrée ou du Soudan, et des questions plus profondément sociologiques, comme de savoir si la vie dans une communauté où le sexe est possible pour tous, quel que soit son âge, son orientation ou ses handicaps est encore possible aujourd'hui.
L'histoire est fantasque, mais derrière les sourires que provoquent les heurs et malheurs de Farah, pointe une réflexion plus profonde sur notre monde comme il va.
En témoignent cet extrait où Farah découvre la vie à l'extérieur au Collège et au Lycée : « Passons sur le fait que je sois rattrapée tous les matins par la mesquinerie et la grossièreté de mes congénères : s'il ne s'agissait que de supporter mes années collège, je me ferais une raison, d'autant qu'elles touchent à leur fin. Non, ce qui m'inquiète c'est que je ne sens pas plus de gentillesse chez les adultes que chez les enfants – et ne parlons pas des adolescents, chez qui la méchanceté est une seconde nature. En dehors de ma petite confrérie secrète, les gens n'ont pas envie d'être bons, pas plus qu'ils n'envisagent de se grandir, de s'élever, de s'éclairer. Leur ignorance crasse leur convient très bien. Et s'ils ont l'occasion de me tirer dessus, ils le feront. Pas besoin de raison pour ça : la folie suffit. Dans le monde extérieur, c'est tous contre tous et chacun pour soi – non, même pas : chacun procède d'abord à sa propre tuerie intime, parce qu'il faut être mort avant de partir en guerre. »
Jouissif, mais aussi subversif.
Le roman de Emmanuelle Bayamack-Tam dénonce aussi une autre forme de dérive : « En tant que dernière réserve naturelle de désir sans fin et de plaisir gratuit, nous contrevenons à la marche du monde vers les abysses technologiques ; en tant que derniers représentants de l'espèce humaine, nous faisons tache dans la grande parade post humaniste. »
Alors si cette utopie peut paraître farfelue, fantasque et baroque, il n'en reste pas moins qu'elle nous interroge, en nous faisant douter : les habitants de Liberty House ne sont-ils pas les derniers témoins de quelque chose qui est en train de disparaître, à coup de Smartphones et de réseaux sociaux ?
Et si c'était le nous qui disparaissait ? Ce pronom peut-il encore être utilisé avec du sens ?
Pour Farah, ce « nous » correspond à son vécu : « A Liberty House, nous baignons dans l'amour : celui qu'Arcady nous donne et que nous lui rendons bien, mais aussi celui que nous éprouvons les uns pour les autres malgré l'exaspération que suscite immanquablement la vie en communauté. Nous … Je prétends pouvoir le dire sans ridicule, sans que ce pronom renvoie à une structure exsangue et atrophiée comme le couple ou la famille. Je prétends même que mes débuts dans la vie font de moi une spécialiste du nous, contrairement à la plupart des gens qui n'y entravent que dalle et passent toute leur vie sans imaginer qu'on puisse être autre chose que soi. J'ai été nous dès l'enfance : ça aide. »
Arcadie, monde merveilleux et utopique, récit baroque et foisonnant, fait partie de ces livres qui, une fois la dernière page refermée, nous restent encore bien présents à l'esprit. Ce n'est pas le moindre de ses mérites.

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Arcadie est le livre d'une utopie, nom d'une communauté autarcique qui refuse les nouvelles technologies pour revenir à un mode de vie plus simple. Farah arrive avec sa famille dans cette communauté dont le « gourou » s'appelle Arcady. le roman raconte la manière dont Farah cherche sa sexualité et sa liberté. Adolescente dans une communauté libertaire, elle n'a en tête que d'être dépucelée par Arcady (lequel couche un peu avec tout ce qui bouge). Il attend néanmoins que Farah ait atteint sa majorité sexuelle pour la satisfaire. Je me suis vite lassée de cette communauté et je n'ai pas été au bout du roman. L'ardent désir de Farah m'ennuyait, sa quête de liberté arrive trop tard dans l'histoire et les 150 premières pages en parlent peu.

Il faut pourtant avouer qu'Emmanuelle Bayamack-Tam a un talent d'auteure indéniable et une écriture addictive. Il n'y a qu'à voir à quel point son roman Les Garçons de l'été, publiée sous un autre nom de plume, Rebecca Lighieri, s'est vendu comme des petits pains à l'été 2018. Néanmoins Arcadie ne m'a pas convaincue, je n'ai pas réussi à entrer dedans et suis restée comme hermétique à l'histoire qui me paraissait vide de sens.

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Dans son nouveau roman Emmanuelle Bayamack-Tam continue à explorer l'adolescence. Cette fois, elle imagine Farah cherchant son identité sexuelle au sein d'une communauté.

C'est un peu comme le paradis sur terre, cette grande propriété entourée de forêts et d'un grand jardin. Farah y débarque à 14 ans avec ses parents et sa grand-mère pour intégrer la communauté libertaire qui a choisi de tourner le dos à la technologie, en particulier aux écrans et aux ondes, pour se consacrer à la nature, à la littérature et à l'amour.
L'adolescente arrive dans cette période où son corps change, où elle devient femme. Sauf que pour elle la chose est loin d'être évidente. Au lieu de seins, ce sont des pectoraux qui se développent et une analyse plus poussée permettent de découvrir qu'elle est atteinte du syndrome de Rokitanski, soit l'absence totale ou partielle d'utérus et de vagin. Voilà qui peut perturber une jeune fille. Mais pour Farah, cette robinetterie défaillante va être l'occasion de mener l'enquête sur le genre, d'essayer de comprendre ce qu'est une femme, ce qu'est un homme.
Emmanuelle Bayamack-Tam, en choisissant une communauté libertaire comme terrain d'observation, nous offre une joyeuse – mais fort intéressante – exploration en offrant à chacun des protagonistes approchés par Farah de donner leur définition, à commencer par Arcady, le «gourou» toujours avide de nouvelles expériences.
À Liberty House, Farah peut quasiment exiger qu'il la déflore. Elle attendra pour cela sa majorité sexuelle, mais aura droit à une initiation qui la rassurera et lui ouvrira de nouveaux horizons.
Et c'est au moment où elle semble goûter pleinement à la seule règle de la communauté, «Omnia vincit amor» ou «L'amour triomphe de tout», qu'elle va en découvrir les limites avec l'arrivée d'un migrant. le groupe va alors se scinder en deux, entre ceux qui veulent l'accueillir parmi eux et ceux qui jugent sa présence contraire aux exigences de la communauté.
Un épisode qui poussera Farah à prendre ses distances. Et sans dévoiler l'issue du roman, on dira que cette décision s'avèrera des plus sages.
Après Une fille du feu et Je viens qui nous proposaient déjà des portraits de jeunes filles partant à la conquête de leur liberté, on trouvera avec Arcadie une nouvelle variante, allègre et satirique.
En guise de conclusion, disons un mot du style très particulier de cette romancière qui mélange avec bonheur les références classiques et le langage très cru. Une sorte de récit biblique agrémenté de San-Antonio. Là encore, on saluera cette belle liberté.


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Alors là, la claque.
Énorme, monstrueuse, gigantesque.
Arcadie est d'abord un grand livre d'Amour.
Arcadie est un roman incroyable de beauté, de fulgurance, de justesse, de magnificence.
D'une beauté surnaturelle.
Madame Bayamack-Tam, je vous tire mon chapeau.
Ne serait-ce que pour le style.
Le plus sincèrement du monde, pour votre monde imaginé et imaginaire, votre Arcadie miraculeuse.
Arcadie, le pays d'Arcady le syrien, qui embrasse d'un regard amoureux sa communauté de gens cabossés, abîmés, fracturés, mais entiers, ô oui, combien entiers.
Farah, adolescente de presque 15 ans au début du roman, nous narre avec une maturité hallucinante sa communauté, son beau pays d'Arcadie, son Arcadie, et l'amour fou qu'elle porte à son mentor, un amour incroyable, celui de sa vie même.
Puis, l'on est bercé par cette prose si poétique, ce style magnifique, sublime, on en pleurerait presque tant c'est beau.
Elle nous raconte la vie dans cette communauté (non, ce n'est pas une secte !), ces personnages incroyables, ces descriptions de la nature superbe, cette liberté providentielle, et le début de sa vie sexuelle, car, oui, il y a beaucoup d'érotisme dans ce roman, et c'est tant mieux.
La pauvre souffre d'une maladie orpheline, le syndrome de Rokitanski, qui consiste en une aplasie utéro-vaginale. En clair, elle n'a pas l'utérus, mais des ovaires atrophiés, et un vagin de seulement trois centimètres. Malgré cela, elle trouvera son plaisir dans les bras de l'amour de sa vie, Arcady. C'est elle qui le désirera, elle attendra d'ailleurs sa majorité sexuelle pour ce faire.
Peu à peu, elle grandit, et peu à peu, elle se transforme en un 3e sexe comme elle dit ; elle n'est pas une fille totalement, mais pas non plus vraiment un garçon, même si des testicules atrophiés lui poussent peu à peu et que ses seins s'effacent.
Elle n'est ni l'un, ni l'autre, une sorte de monstre finalement. Comme les autres membres de cette communauté nichée dans la campagne niçoise, ils ont tous une tare, ou quelque chose en plus ou en moins. Une chance.
Un jour, Farah les quittera car ils n'accepteront pas d'accueillir un migrant passé pas là.
Puis, à la fin, c'est le drame, et Farah, devenu un garçon, se redressera et se fera la promesse de reconstruire une nouvelle communauté, dont la philosophie sera tout simplement l'Amour.
J'ai été soufflée par la maturité et la conscience incroyable qu'elle a de la vie, de sa vie.
L'immense talent de cette auteure que je ne connaissais pas réside dans le fait pour moi de faire parler et réfléchir Farah en temps réel, avec de plus en plus d'intériorité, et de sagesse et de générosité au fil des pages.
Alors, non ce n'est pas un livre si drôle que ça finalement, car elle en bave Farah, mais avec une telle philosophie de sa vie, de la vie, et de l'amour aussi qu'elle en devient lumineuse.
Pour moi, ce livre est un des plus beaux que j'aie pu lire à ce jour, et je remercie l'auteure pour ce grand moment de lecture, ce grand coup de coeur de la rentrée. Ce livre est un cadeau et un merveilleux conte écrit avec le coeur.
A coup sûr, ce livre obtiendra un prix.
Allez. Faites-le pour Farah, au moins.
Elle le mérite tellement.
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J'ai découvert la plume d'Emmanuelle Bayamack-Tam avec Les garçons de l'été (écrit sous le pseudonyme Rebecca Lighieri) que j'ai beaucoup aimé.
Arcadie, publié en 2018, a remporté le prix du Livre Inter l'année suivante.

Eh bien moi qui aime être surprise, on peut dire que cette deuxième lecture m'a de nouveau gâtée !

Dans l'Antiquité, l'Arcadie désignait un « lieu béni des dieux, un âge d'or perdu. » Dans le roman, Liberty House est le havre bucolique d'une communauté de freaks aux moeurs libertaires. Arcady est leur hôte, mentor et gourou fantasque et charismatique, qui permet à ces exclus de s'épanouir sans tabous physiques ni moraux. Vie champêtre, végétarisme, naturisme et amour libre ; leur devise « Omnia vincit amore » (« L'amour triomphe de tout »).

Malheureusement, la misère va s'inviter dans cet Éden et bousculer ces beaux sentiments.

La narratrice, Farah, est laide et s'interroge sur son identité sexuelle. Elle se sent fille, mais des signes masculins s'affirment, et le syndrome de Rokitanski est médicalement reconnu.

Arcadie n'est pas seulement le roman d'une adolescente qui devient homme, c'est aussi celui d'une héroïne curieuse du monde extérieur, qui questionne avec discernement les principes de ceux qui prônent l'altruisme, mais se cramponnent frileusement à leur « entre-soi » confortable.

Arcadie est une utopie, une ode à l'amour, à la tolérance, à l'acceptation de l'autre et de soi.

Un roman audacieux, subversif, piquant, décapant, sensuel et débridé, drôle et tragique, très contemporain et en même temps intemporel.
C'est aussi un roman sociologique qui aborde avec poésie de graves enjeux écologiques, éducatifs, moraux, sexuels, migratoires et politiques.

Une lecture fascinante, d'une grande originalité. Un coup de coeur !
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Farah a toujours vécu dans le domaine de Liberty House, une secte qui accueille à bras ouverts tous les marginaux de la société : électrosensibles, autistes, toxicomanes, etc. Généreusement financée par quelques vieilles personnes à la fortune confortable, la secte prône l'amour universel, et surtout l'acceptation de tous les corps, loin des diktats du monde moderne. Dans Liberty House, il y a des corps obèses, flasques, vieux, meurtris et personne ne doit s'en préoccuper.

Ce discours est heureux pour Farah. Déjà considérée comme moche à l'enfance, l'adolescence lui joue un nouveau tour. Elle découvre en effet être intersexuée : un vagin de quelques centimètres, et des caractéristiques physiques masculines qui se décident soudainement à se manifester.

Pas facile dans ces conditions de construire son identité, même quand le discours entendu depuis son enfance prône la bienveillance. Bien qu'élevée dans une société hors-normes, pouvoir définir son identité reste important, et les trajectoires compliquées des autres membres du groupe ne lui est que de peu d'utilité. Ses parents ont démissionné de leur rôle depuis longtemps, seul le gourou de la secte tente de la guider. Mais là encore, le passage à l'âge adulte lui fait également prendre conscience des fissures qui se cachaient dans les préceptes d'amour universel défendus par la secte.

Le ton est léger, souvent cru et ne s'embarrasse pas de métaphores. le livre devrait sans doute convenir parfaitement à un public lycéen : il aborde une foule de thèmes brûlants – la beauté, le genre, la sexualité, l'immigration et l'accueil des réfugiés, les sectes… – sans chercher à donner de leçons. Les protagonistes ont des avis différents, ce qui est une bonne manière de lancer un débat.
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J'ai adoré ce livre…
Le dire ne veut pas dire grand chose , je sais bien, alors parlons du style , de la langue , de l'histoire, des personnages…

Farah est la narratrice de ce roman et pour notre plus grand bonheur, c'est une jeune fille ou un jeune homme , c'est là un des sujets du livre, à l'esprit vif et perçant.
Son intelligence irradie le livre et sa personnalité à un souffle de liberté qui est contagieux.

Arcadie qui est en quelque sorte le gourou auprès duquel Farah a grandit, est un personnage merveilleux d'incandescence, de luminosité, de bonté et de générosité.

C'est un livre incroyable, qui parle de bien des sujets contemporains avec une lumière particulièrement intéressante.

L'auteur nous livre un portrait de l'époque on ne peut plus juste avec une histoire qui ressemble à un conte cruel.

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Voilà un roman que j'ai adoré, qui brille par son originalité. D'ailleurs, "Arcadie" d'Emmanuel Bayamack-Tam s'est fait remarquer en étant sélectionné dans de nombreux prix littéraires cette année. Pour autant, elle n'en n'a pas encore reçu mais j'espère bien qu'un prix lui sera décerné.
Ce livre est sulfureux voire incandescent et montre ce qu'est la vraie littérature. C'est un roman déjanté, cru et ultra moderne sur une adolescente qui se découvre transgenre en même temps que son rapport au monde est bouleversé. L'histoire est un peu difficile à résumer parce qu'elle parle aussi de sexe, d'amour, d'utopie et de politique.

Farah, la narratrice, a une famille un peu bizarre. Une grand-mère naturiste lesbienne qui s'assume, une mère dépressive et d'une grande beauté un père qui se ressource grâce aux fleurs. Cette famille est à la recherche d'une zone blanche pour éviter la nocivité des rayonnements électromagnétiques. Elle va donc s'installer dans une communauté créée par Arcadie qui va vite devenir un modèle pour la petite Farah qui n'a que 6 ans. Il faut dire que Liberty House est un paradis pour les inadaptés sociaux qui peuvent y vivre en autarcie.
Ponctuée d'anecdotes propres à la vie en communauté qui fait penser par moment au mouvement hippie, la vie de Farah va changer quand son corps se transforme à la puberté. Alors qu'elle ressemble de plus en plus à Sylvester Stallone, Arcadie, qui aime autant les filles que les garçons, va lui faire découvrir les plaisirs du sexe. Cela ne l'empêchera pas d'enquêter auprès de ses proches en les questionnant : C'est quoi pour toi être femme ?
Transgenre ou pas, elle tombe amoureuse d'un migrant venu squatter à Liberty House. Mais quand il est découvert, Arcadie va décréter l'état de siège en lieu et place des formules de bienvenue qu'elle attendait. Il est d'ailleurs très intéressant ce parallèle entre une communauté qui prône les vertus du bien vivre ensemble et refuse de s'ouvrir aux migrants.
Alors elle va fuguer et retrouver Maureen. Elle découvrira la vie non protégée et appréciera le bruit et le portable proscrit jusque-là. Pourtant, jamais elle ne lâchera ceux qui lui ont inculqué des valeurs de partages et d'amour.
Un roman entre émotions, réflexions et rires à lire absolument.

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