Quant à l'utilité de la pudeur, dit Stendhal, elle est mère de l'amour; on ne saurait plus rien lui contester. Pour le mécanisme du sentiment, rien n'est plus simple : l'âme s'occupe à avoir honte, au lieu de s'occuper à désirer ; on s'interdit les désirs et les désirs conduisent aux actions.
Les artistes à travers les siècles, dans la représentation des sexes, usèrent de procédés à la fois ingénieux et comiques pour satisfaire aux lois de la Pudeur, si variables selon les dispositions de la mode ou les coutumes des pays.
Leur soin naturellement, s'attacha à cacher les parties génitales ou à les défigurer !
C'est-à-dire que de naïves banderolles, volant comme par hasard, vinrent masquer à temps, les organes sexuels de tel ou tel individu; ce -furent d'imprévues draperies, des rameaux inopinés amenant le sourire.
La satisfaction du désir expliquerait davantage le secret pudique que l'inutile pudibonderie.
Quand nous disions que tout se ramène à la pudeur féminine, nous pensions plus exactement à la vertu intacte de la jeune fille, car l'attitude qui sied à la femme initiée à l'amour serait plutôt de la décence et de la modestie.
Décence parce qu'elle connaît le siège du plaisir intime, modestie car elle a l'avantage d'avoir été aimée.
La convention du voile et son symbole, somme toute, équivalent aux usages conservés notamment en Angleterre, où il est considéré actuellement encore, comme très inconvenant, qu'une femme à quelque condition qu'elle appartienne, sorte dans la rue tête nue.
La Préfecture de Police parisienne n'a-t-elle pas contraint les prostituées à mettre un chapeau, afin de ne pas blesser la pudeur, lorsqu'elles déambulent sur le trottoir ?
Même, la difficulté de chasteté est plus grande encore à une personne habillée qu'à une personne nue, surtout lorsque cet « habillé » montre en réalité un ingénieux déshabillé suggestif.
D'autre part, nous pensons en regardant telle femme habillée, par exemple, à un sexe dont nous convoitons la réalité tandis que, aussitôt nue, nous verrons à travers notre imagination cette même créature idéale : une Diane, une Vénus !