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EAN : 9782366584080
360 pages
KERO (25/09/2019)
3.65/5   10 notes
Résumé :
19 novembre 2018, 15 h 30. Un jet privé se pose sur le tarmac de Tokyo. Son unique passager est arrêté par la police japonaise. Et la nouvelle fait immédiatement le tour du monde. Il s'agit de Carlos Ghosn, le PDG de Nissan et de Renault, l'un des industriels les plus puissants de la planète. Près de vingt ans plus tôt, le Japon en avait fait un héros. Ghosn est celui qui a ressuscité Nissan. Un fait d'armes qui a créé une forme de culte de la personnalité, et autor... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
L'enquête sur la chute de Carlos Ghosn commence par retracer en 160 pages les 20 années du mariage entre Renault, Nissan et Mitsubishi, qui ont vu un commando de managers français, soigner puis guérir l'industriel nippon qui était en faillite en 1999 et en faire une société profitable élaborant avec Renault des synergies profitables aux deux puis trois parties. Cette alliance « entre égaux » où aucune partie ne contrôlait l'autre, était cimentée par un PDG aussi puissant qu'incontesté car la progression de l'alliance vers la position de leader mondial neutralisait toute opposition ou contestation. Et ce PDG était régulièrement approché pour redresser GM ou autre société automobile en difficulté ce qui le plaçait en situation de force pour négocier ses émoluments.
Mais le nationalisme et les programmes politiques de Shinzo Abe et Emmanuel Macron ont progressivement fissuré l'alliance à partir de 2015 et créé un climat de défiance qui s'est mué, le jour où Nissan a commencé à perdre de l'argent, en haine propice à tous les coups fourrés. le piège se mettait alors en place et la justice japonaise confia à un groupe de cadres japonais le soin d'enquêter … pour l'incarcérer le 19 novembre 2018. Cette première moitié du livre est passionnante et révèle nombre de faits concrets jusqu'ici peu connus du grand public.

La seconde partie de l'ouvrage révèle, en cinquante pages, les tenants et aboutissements du complot ourdi par les japonais pour éliminer un PDG qui leur semblait être devenu le bras armé du gouvernement français pour prendre la majorité du capital de Nissan et le vassaliser. Ces pages sont dignes d'intérêt mais sont à manier avec précaution puisque les enquêtes en cours sont loin d'être achevées, et que nos deux journalistes ont l'honnêteté de montrer les « agences de communication » à l'oeuvre … avec tout ce que leurs « éléments de langage » peuvent induire et manipuler. Cette partie n'est donc pas achevée et ne peut pas l'être quelque soit le talent de nos écrivains.

La troisième partie esquisse ce que « l'alliance » vit depuis 2019 et les difficultés des groupes respectifs … quel gâchis !
Effondrement des cours en bourse, chute des ventes, arrêt des nouveaux programmes (véhicules électriques), fuite de cadres dirigeants, échec du rapprochement avec Fiat.
Et bien sur, la situation de Carles Ghosn poursuivie par une justice à charge est décrite largement mais le livre étant sorti en octobre 2019, son évasion n'est pas mentionnée, et cette troisième partie assez prospective est plus riche de craintes et de questions que de réponses … l'avenir étant imprévisible par nature.

En conclusion, un ouvrage indispensable à qui veut comprendre « le piège » et découvrir de l'intérieur Renault, Nissan et le secteur automobile. Une enquête aussi passionnante qu'un roman avec un Carlos Ghosn qui ne laisse personne indifférent et deux auteurs talentueux qui mènent le lecteur à travers les continents, les cultures et les décennies. Merci à Babelio et Kero de me l'avoir adressé lors de la Masse Critique de février.

Un ouvrage terrible et attristant pour tout français qui voit Renault, un mythe né de la Régie, massacré et abandonné aux intérêts financiers internationaux par des politiques aussi arrogants que maladroits.

Un ouvrage dont la faiblesse, à mes yeux, est de pas inscrire « ce piège » dans la série ouverte par l'affaire Alcatel en 1994, qui a vu son PDG Pierre Suard totalement innocenté et réhabilité en 2005 … mais Alcatel et Alstom en sont sorties moribondes ; Lafarge poursuivi pour « financement d'al Qaida » et « crimes contre l'humanité » … pour le plus grand profit de Holcim. La guerre économique ne recule devant aucun coup fourré et manifestement notre pays (et la commission européenne) sont d'une naïveté criminelle et laissent piller notre patrimoine industriel avec les conséquences que l'on sait en termes d'emplois.

Là est le scandale Renault.
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Avant toute chose, je dois m'excuser auprès des auteurs, Bertille Bayart et Emmanuel Egloff ainsi qu'auprès de la maison d'édition Kero. Je pense que je n'ai pas pu tout apprécié l'excellent travail de recherches effectué pour la rédaction de ce document dense et complet. le fait d'avoir lu ce livre en cette période si particulière que nous connaissons en Belgique, en France, en Europe mais aussi à travers le monde n'a peut-être pas été un choix très stratégique. Mais vu que je me suis engagée à le lire dans le mois de sa réception, je m'y suis malgré tout attelée. Pourtant vu les temps difficiles que nous connaissons, je pense avoir plus besoin de « légèreté » et d'évasion à travers mes lectures.

J'ai eu des difficultés à me plonger dans ce livre, dans le sens où je me suis parfois égarée avec le très long panel de protagonistes qui interviennent lors de différents moments. Un index de ces personnalités aurait peut-être été un atout, surtout pour les profanes comme moi qui n'ont que peu de connaissances dans le secteur automobile et dans le milieu des hautes sphères du pouvoir.

On ressent à l'écriture que les deux auteurs sont des experts en leur domaine et qu'ils n'ont pas hésité à effectuer de nombreuses recherches approfondies pour cette enquête sur la chute de Carlos Ghosn, ex-PDG de Nissan et de Peugeot. Ayant vécu une vie faite de fastes et de richesses, sa chute n'a dû en être que plus douloureuse. Pour tout citoyen lambda, même si au fin fond de nous, nous savons que des excès peuvent exister dans les plus hauts domaines, en lire des faits est tout bonnement hallucinant.

Cette investigation approfondie révèle des choses, que certains auraient sûrement préféré taire, et auraient normalement été tues. C'est ce que j'apprécie et que je recherche dans ce genre de lectures où les journalistes n'ont pas la langue dans leur poche, quitte à déplaire à certains pour que la vérité éclate au grand jour. Leur « travail de fourmi » pour pouvoir sortir un document aussi étayé est à saluer !

Ce livre est paru peu de temps avant la fuite de Carlos Ghosn hors du Japon vers le Liban, il serait intéressant de voir si les deux auteurs présenteront une édition réactualisée, notamment au sujet de la troisième partie où des questions ont été posées mais n'avaient à l'époque pas encore de réponses définitives.

Un tout grand merci aux éditions Kero et à Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la Masse Critique Non-fiction.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Le livre sur "l'affaire" qui a defrayé la chronique judiciaire et économique en France à l'époque. On a ici un récit fidèle des faits qui se sont déroulés tout au long des mois précédents l'arrestation du patron à Tokyo à sa descente d'avion et les évènements qui ont conduit à l chute du grand patron. Chacun se fera son opinion sur l'affaire et la culpabilité ou non de Mr Ghosn mais le livre se lit comme un thriller ou tout est vrai : un bon livre, vite lu et qui est bien argumenté et fidèle aux faits : un bel ouvrage !
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Très bon travail journalistique pour un bouquin quasiment annonciateur de l'évasion de M. Goshn, avant date.

Travail remarquable d'investigation et d'explication des arcanes d'une multinationale à la française soumise à la loi du marché.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Chez Nissan, on prend carrément à la légère la certification, le kanken. Le ministère découvre que des employés lambda se servent des hanko, tampons officiels en principe réservés à des salariés dûment habilités, ou que les candidats à l'examen pour devenir inspecteurs dans la chaîne de contrôle qualité connaissent à l'avance les réponses aux questions qui leur sont posées. Pis, les dossiers transmis à l'administration ont été falsifies pour que ce petit arrangement avec les règles puisse continuer. Pendant des années et même des décennies. La honte.

Au pays de l'industrie « zéro défaut », l'émotion est immense. Début octobre, Nissan doit rappeler plus d'un million de voitures, c'est-à-dire toutes celles qu'il a vendues dans l'archipel depuis 2014. Une semaine plus tard, il prend la décision la plus douloureuse possible pour un constructeur automobile : il arrête toutes ses usines pendant quinze jours. Cette affaire va coûter cher.

Hiroto Saikawa boit le calice jusqu'à la lie. Il apporte en personne au ministre des Transports le volumineux dossier d'enquête qui raconte par le détail les turpitudes industrielles de Nissan. Comme directeur général, il endosse toute la responsabilité. Ce qui signifie, précise-t-il devant la presse ce 17 novembre, que sa rémunération de l'année sera amputée. «Je vous prie d'accepter toutes mes excuses pour avoir trompé la confiance du public », ajoute-t-il.

Que pense-t-il en réalité ? Face aux caméras, le masque de Hiroto Saikawa est impénétrable. Ce jour-là comme tous les autres jours. Chez Nissan, le patron a depuis longtemps été surnommé «le Cyborg». Un bourreau de travail, sans affect. Ses collègues les plus proches sont pour certains incapables de dire s'il a une famille - il est marié et a trois enfants - ou ce qu'il fait de son temps libre, du moins s'il en fait quelque chose.
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Ghosn se grise-t-il du succès ? « "Toyota a eu son M. Toyoda, Honda a eu son M. Honda, mais Nissan n'a eu personne, ont l'habitude de dire les gens de Nissan », signale-t-il parfois. Croit-il qu'il est devenu le « M. Nissan », que le constructeur a trouvé en lui sa figure de référence, presque fondatrice, paternelle ? Le respect et la confiance ne font pas l'appartenance. Un cadre japonais, qui en 1999 avait préféré quitter le constructeur désormais dirigé par des étrangers, raconta une anecdote à l'un des Français : « Les Japonais sont reconnaissants au général MacArthur. Il nous a aidés. Il nous a sauvés de la ruine et de la famine après la guerre, il nous a donné une Constitution et puis il est parti. Aujourd'hui, les Japonais visitent son bureau, celui dans lequel il a écrit la Constitution, dans l'ancien Q.G. des forces américaines à Tokyo. Eh bien, je pense qu'un jour, on visitera aussi le bureau de M. Ghosn. » Pour ce Japonais, la fin de l'histoire est limpide : un jour, il faudra que, comme MacArthur, Ghosn-san reparte.
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Ghosn et Bercy, c'est une vieille histoire de détestation réciproque qui semble résister au temps et aux incessantes passations de pouvoir de ce ministère. Le PDG de Renault se méfie de l'État qui, juge-t-il, n'a cessé depuis 2005 de lui donner des leçons d'industrie et de morale sur sa rémunération. Il digère mal la convocation en 2010 à l'Élysée, pour se faire reprocher par Nicolas Sarkozy son projet de fabrication de la Clio en Turquie. Il n'avait surtout pas supporté les séances dans le bureau du ministre de l'Industrie de l’époque, séances qu'il raconte des années plus tard, à la fois hilare et méprisant, les yeux écarquillés et les deux mains battant la mesure sur sa poitrine : « moi ! À moi, Christian Estrosi va expliquer comment on fabrique des automobiles ! Estrosi ! A moi ! » .
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En 2006, à 52 ans seulement, Carlos Ghosn est au faîte de sa gloire. Nissan lui a en quelques années confié tous les pouvoirs : il est président de l'entreprise, président du conseil d'administration, directeur général. Le Japon lui a décerné toutes les distinctions possibles. Il est à la fois élu « père idéal » par la presse féminine, désigné comme possible ministre, croqué en héros de manga, récompensé comme meilleur manager de l’ère de l'empereur Akihito, honoré par le Premier ministre Jun'ichiro Koizumi pour sa contribution à l'économie japonaise.. . Il obtient même ce qui paraissait inaccessible à un gaijin : la décoration du ruban bleu, que lui a remise sur son coussinet de velours l'empereur lui-même, dans le cadre d'une cérémonie au palais d'Akasaka en 2004. Une marque de confiance, un gage d'intouchabilité.
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