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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un polar? Non, bien plus que cela.

Un roman noir? Un thriller psy? Une histoire de sexe et de mort?  L'archéologie d'un crime ? La thérapie d'un trauma?

Un peu tout cela....mais ce serait alors passer sous silence la part esthétique du récit, la place que William Bayer accorde à l'art dans l'économie et la dynamique du roman ( le tissage ou le modelage avaient ce même pouvoir actif  dans Trame de sang).

Elle est  centrée, ici , sur l'art du coup de crayon, sur la vérité du portrait graphique, où le talent, la technique tiennent leur puissance  d'une connaissance intuitive des êtres.
 
Car le coup de crayon inspiré,  c'est le "sel de la terre" de ce polar qui plonge dans l'archéologie d'une affaire classée:  le narrateur,  "portraitiste-physionomiste" pour le FBI, hanté par un crime non élucidé qui a bouleversé son enfance et sali sa famille, entreprend,  des dizaines d'années après, de gratter ses plaies avec la pointe de son crayon HB.

La lumière jaillira-t-elle du sfumato?

 L'écriture de William Bayer est  sismique, concentrique, obstinée, comme un portrait où hachures et traits finissent par faire émerger de l'ombre la grâce lumineuse d'un visage..

Comme l'univers qu'elle scrute, elle tente d'exhumer une vérité perdue dans les brumes du passé.

Pour la  mélancolie de cette enquête rétrospective,  pour les ombres qui persistent, les questions qui demeurent, j'ai très souvent pensé à  True Detective -saison 1 ou 3- ce qui est, à mes yeux, plus qu' un compliment.

Décidément, les livres de William Bayer sont une ...mine, si vous me passez ce mauvais jeu de mots!

A lire absolument !
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Après 15 ans d'absence, David Weiss, portraitiste judiciaire, revient à Calista la ville du Midwest qui l'a vu naître. Il doit y couvrir un procès très médiatisé mais c'est surtout pour lui l'occasion d'exhumer une vieille affaire jamais résolue. Il y a 26 ans de cela, dans un motel miteux de la ville, Barbara Fulraine et son amant Tom Jessup ont été assassinés alors qu'ils faisaient l'amour. David connaissait Tom qui était son professeur, et aussi Barbara, mère de deux de ses camarades de classe et patiente de son père psychanalyste. A l'époque, le crime avait fait grand bruit, Barbara étant une personnalité en vue, divorcée d'un richissime magnat de l'acier, maîtresse d'un membre de la pègre et qui pleurait encore la perte de Bella, sa petite fille kidnappée et jamais retrouvée. Près de trois décennies après le drame, David est bien décidé à mener sa propre enquête, et pourquoi pas, à trouver le coupable de ce crime qui a indirectement bouleversé sa vie.

Il y a dans ce roman des chevaux brisés mais il y a surtout une femme brisée, Barbara Fulraine. Brisée par un père absent, une mère autoritaire, un mariage ennuyeux et surtout par la disparition de sa fille. Pour remplir le vide laissée par cette enfant au destin tragique, Barbara se sert de sa seule arme, sa sexualité, serial séductrice multipliant les amants, faisant l'amour comme on se tue, pour oublier la vie. C'est cette femme que David Weiss va apprendre à connaître, à travers les témoignages de ceux qui l'ont connue et surtout par les carnets laissés par son père qui la psychanalysait. Rien ne restera secret de ce qui faisait l'essence de celle qui incarnait la réussite, la beauté, la richesse. Mais derrière la façade de la femme comme de la ville se cachent les petites misères, les échecs, les jalousies, les bassesses.
Grâce à un suspense bien mené, une fine analyse d'une ville américaine moyenne et une très belle écriture, William Bayer nous plonge au coeur du drame, au centre de la vie de ses personnages, principaux et secondaires, tous brillamment dépeints, dans un livre difficile à lâcher, mélange de polar, de roman psychologique et de quête identitaire. Un bien bon roman américain.
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The Dream of the Broken Horses
Traduction : Gérard de Chergé

Tout apprenti-romancier devrait lire ce livre qui, par la rigueur de sa construction et la profondeur de ses analyses des personnages et des situations, atteint pratiquement à la perfection, une perfection que, jusqu'ici et dans le genre "polar", je n'ai rencontrée que chez Ellroy ou Lehane.

Si l'on excepte le flou qui entoure jusqu'à la fin le destin tragique de la petite Belle Fulraine, rien, dans ce livre, ne laisse à son lecteur une impression d'inachevé. (Encore peut-on penser que ce flou fait écho à l'épouvantable incertitude qui est trop souvent le lot des parents dont les enfants ont été enlevés et qui ne reparaissent jamais.) Tous les détails ont été peaufinés avec des tendresses d'horloger travaillant à une machine infernale. Les contradictions des caractères sont exposées, puis démontées et remontées avec une passion d'entomologiste. Enfin, contrairement à ce qu'il arrive trop souvent dans ce genre d'intrigue, la fin ne déçoit pas et les mobiles du meurtrier restent crédibles.

Avec tout cela, il ne faut pas s'étonner si l'ambiance de cette tranquille petite ville du Midwest, avec ses notables et ses moins notables, leurs secrets, leurs réussites et leurs échecs, est formidablement rendue. En prime, toute une palanquée de personnages dits "secondaires" qui auraient fait merveille dans l'un des grands films noirs des années quarante. Sans doute était-ce l'un des buts recherchés par Bayer puisque lui-même établit des parallèles entre le bar où se déroulent un bon nombre de scènes - l'omniprésent Chez Waldo - et le club dirigé par Bogart dans Casablanca (Chez Rick, si mes souvenirs sont exacts.)

Mention toute spéciale au personnage du psy qui tente de soigner Barbara et qui, peu à peu, grisé par l'idée qu'il tient un cas digne de "L'homme aux loups" de Freud, va dériver complètement.

Et puis, quelle maîtrise des flash-backs ! ...

L'intrigue déroule ses spirales empoisonnées autour du meurtre de Barbara Fulraine, épouse en instance de divorce du magnat des aciéries locales, et de son amant, Tom Jessup, qui était l'un des professeurs de leurs deux garçons, Mark et Robin. Les deux amants ont été criblés de balles, dans la chambre 101 d'un hôtel miteux local. Au-dehors, l'après-midi était splendide et chaud.

David Weiss, qui n'est autre que le fils de l'ancien psychanalyste de Barbara, a l'occasion de revenir sur les lieux en qualité d'illustrateur pour un procès à huis-clos, le procès Forrest. Et, fatalement, tout cela remue pas mal de souvenirs en lui, d'autant que son père s'est suicidé peu après l'affaire Fulraine qui, vous vous en doutez, n'a jamais été résolue.

Décidé à obtenir au moins quelques réponses, même s'il doit pour cela remuer la boue, Weiss s'enfonce dans sa propre enquête ...

Le reste, je ne vous le raconterai pas. Procurez-vous "Le Rêve des Chevaux Brisés" et venez nous dire ici si vous partagez mon enthousiasme - ce que je vous souhaite. Et merci à Gémini, qui m'a suggéré cette lecture. ;o)
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Un grand livre de William Bayer, qui mêle intrigue policière et psychanalyse, autour d'un rêve étrange et d'un crime commis des années auparavant. le héros a un métier aussi assez insolite - portraitiste judiciaire - ce qui fait de ce roman un livre plutôt unique dans le genre. L'atmosphère est lourde, érotique, un peu malsaine: on a bien du mal à poser le livre, il se lit d'une traite. A découvrir.
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David Weiss est un dessinateur judiciaire talentueux et un artiste qui réalise des portraits-robots pour la police. Ce n'est pas uniquement pour croquer en coulisses les acteurs d'un procès médiatisé qu'il revient à Calista sa ville natale, mais aussi parce que 26 ans plus tôt, enfant, il a été témoin d'un crime irrésolu dont l'onde de choc a provoqué le suicide de son père et l'éclatement de sa famille.


« Une femme de la haute assassinée dans son nid d'amour », c'est ainsi que le quotidien local a résumé à la une, le meurtre de Barbara Fulraine, riche bourgeoise divorcée, et de Tom Jessup, son jeune amant et professeur de ses enfants, au Flamingo Court, un motel minable dans une zone commerciale minable.


Pourquoi David tient-il tellement à exhumer cette affaire ancienne ? Dans quel but ? Elucider les meurtres du Flamingo Court, absoudre son père, ou quelque chose de plus profond, comprendre Barbara, la femme qui est au centre de cette toile de mobiles contradictoires et de loyautés conflictuelles ? Parce que ses souvenirs d'enfance le hantent, David ne souhaite pas recueillir de nouvelles informations mais plutôt se faire une idée exacte, sentir les événements tels qu'ils se sont déroulés, dévoiler les éléments enfouis, creuser en profondeur, arracher les couches protectrices, sonder l'inconscient de ceux qui ont, de près ou de loin, joué un rôle dans le drame.


A partir de cette trame, William Bayer construit un roman éblouissant et dense dans lequel les intrigues et les vies s'enchevêtrent, l'atmosphère étouffante et la tension érotique s'alourdissent au fil des pages, mais c'est surtout pour l'auteur l'occasion de présenter au lecteur une galerie de personnages sombres et torturés : Barbara, l'héroïne, femme blessée, mal-aimée par sa mère, mariée, pour accéder à un statut social privilégié à un homme puissant dont elle a divorcé, et dont la petite fille, Belle, a été kidnappée et jamais retrouvée. Barbara se décrit comme une nymphomane, une femme perdue, qui monte les hommes comme elle monte ses chevaux, maîtresse officielle d'un caïd de la pègre locale, propriétaire d'un casino illégal, maîtresse également de Tom Jessup, un prof timide et terne avec qui elle partagera la mort. Tous les éléments de la vie de Barbara semblent converger vers une issue tragique, tout dans sa manière de le cacher révèle son chagrin.


William Bayer dresse également le portrait approfondi du père de David, psychiatre de Barbara, qui a vu en elle et dans son rêve récurrent « le rêve des chevaux brisés », un cas psychanalytique fascinant susceptible de surpasser celui rendu célèbre par Freud, « l'homme aux loups ». Tous les personnages sont intéressants, du chroniqueur mondain qui colporte les derniers ragots des happy few de Calista, au commissaire retraité qui n'a jamais digéré l'échec de son enquête sur le meurtre, en passant par le photographe qui ne dédaigne pas les photos sado-masochistes, le barman du Waldo qui sait tout sur tout le monde, ou Pam, journaliste pour CNN, femme généreuse et compatissante dont David tombe amoureux.


Ce roman m'a subjuguée de la première à la dernière page. Lisez-le, vous comprendrez mon enthousiasme.
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Psychologie, enquête, absence, autorité, secrets,
ennui, disparition, tragédie, oubli, façades, misères, échecs, jalousies, bassesses... En un mot : la vie.
Dense, fort, original, palpitant, noir, poétique, fin.
Avec en prime, un suspense insoutenable !
Un must !
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Sans être un roman policier au sens strict du terme, ce roman nous mène dans l'enquête du photographe qui cherche à connaître les raisons du meurtre de son ancien professeur et de la patiente de son père psychologue. On découvre le journal d'analuse du psy, le journal intime de la victime. Quelques incursions dans le passé nous éclairent sur la situation présente. Bien mené, sans véritable suspense à la mode thriller, on est guidé page après page dans la découverte des personnages, de leurs complexités, de leurs émotions et de leurs faiblesses.
Jusqu'au bout, le dénouement est incertain. Toutes les pistes sont possibles pendant une bonne partie du roman.
Le héros n'en est pas un. Il a juste une obsession qui le mène au bout de sa démarche. Ni caricatural, ni looser, un dessinateur, artiste, un homme "normal". On s'identifie aisément.
Bref, à lire si vous tombez dessus au hasard d'une bibliothèque.
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