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Ça brûle à Saint- Leup , petit village de la région angevine, où se déclenche une série d'incendies criminels. Au premier rang des pompiers volontaires, Bertrand Colu, dit « Tête de drap » depuis qu'il porte en permanence un passe-montagne pour dissimuler son crâne défiguré par un coup de lance-flammes en 1940.
Ça brûle aussi chez les Colu , depuis que l'amour d'Eva pour son mari Bertrand s'est changé en haine pour ce « monstre » qu'il est devenu, qu'elle ne lui adresse plus la parole sinon pour lui demander de la libérer enfin de sa présence, que l'atmosphère est devenue étouffante au sein du foyer. Entre Bertrand, le taiseux,qui supporte sans rien dire toutes les vilenies de sa femme et dont chacun dans le village admire le courage, et Eva qui refuse de perdre sa jeunesse à côté de lui, il y a Céline, leur fille de seize ans, qui adore son père mais aime aussi sa mère , qui subit cette violence au quotidien et refuse de choisir entre ses deux parents. C'est elle qui raconte l'histoire.

L'Huile sur le feu entremêle donc intrigue policière (qui est le pyromane?) et roman psychologique , avec, autour du trio principal, toute une galerie de personnages comme on peut en voir dans ces petits villages de campagne où tout le monde se connaît et où les commérages vont bon train... Hervé Bazin dresse aussi un tableau très réaliste de ces terres d'Anjou où il est né et a vécu toute sa vie, avec une précision et un vocabulaire régional qui fleure bon les années d'après guerre ( le roman date de 1954) : « Le vent s'engouffre dans sa blouse à poche qui se gonfle dans le dos comme un ballon. Il marche sur un demi-cent de bons clous qui rabotent la terre et, pour le mieux signaler encore à l'attention d'éventuels clients, sa culotte-à-choux de grosse toile, jetée par dessus ses houseaux, imite le bruit de la râpe à betterave. »

C'est violent et triste, comme le vent et la pluie la nuit dans les sous- bois, très bien écrit, et on sourit aussi de quelques sentences bien envoyées ( «  Quand le compte des ans passe le compte des dents...tu commences à les perdre , et bien d'autres choses avec ! »). Un bon roman.
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Céline est une jeune fille écartelée entre ses parents. Sa mère voue une haine profonde envers son mari. Elle ne peut plus le voir depuis qu'il a été défiguré par les flammes. Céline, par contre, est fière de son père. C'est un vaillant pompier et elle aime le suivre lorsqu'on fait appel à lui, même en pleine nuit. Elle sillonne d'ailleurs souvent les routes de campagne avec lui, sans honte. Les incendies sont néanmoins de plus en plus nombreux au village et on pense à un malade. Puis chacun en vient à soupçonner son propre voisin. Qui peut bien être ce pyromane ? Une ambiance sinistre pendant laquelle on craint pour Céline et son entourage. Une superbe écriture et beaucoup de suspense.
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La narratrice de ce roman est une adolescente dans la campagne angevine des années 1950. Elle tente tant bien que mal de garder ensemble ses deux parents, alors que sa mère ne supporte plus son mari depuis qu'il est revenu de la guerre avec des cicatrices sur tout le crâne. Pendant ce temps, des incendies ravagent la commune et les pompiers, dont le père de l'héroïne, sont à la peine pour identifier le coupable.
On trouve dans ce roman la violence familiale de Vipère au poing, ainsi qu'un air de fraîcheur apporté par cette jeune fille qui perd peu à peu ses illusions sur ses parents. Elle m'a touchée dans ce combat apparemment sans espoir qu'elle mène quand même pour conserver sa vie de tous les jours. le style, réaliste, accorde une belle place à la description des paysages du bocage, rappelant un peu "La terre" de Zola, lue plus tôt cette année : les paysans n'ont pas tant changé en un siècle...
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Je ne connaissais que " Vipère au poing" de l'auteur, surtout grâce au film ; tombé par hasard sur ce livre, j'ai eu envie de découvrir d'autres lectures et l'histoire de ce pompier incendiaire m'a interpellé, au vu de l'actualité de cet été.
Il y a aussi le thème de la famille, avec un femme là encore, méchante et tyrannique qui pousse son mari à ses actes de folie.
Enfin, il y a l'ambiance, un village de campagne dans les années 50/60/70 ; où il y avait tout : des commerces, des artisans, un docteur, un notaire, une école, une gendarmerie, et le chatelain, comme dans mon enfance.
J'ai beaucoup aimé cette lecture, je vais en lire d'autres.
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L'écriture de Bazin est magnifique, l'histoire passe au second plan à mon avis, mais le plaisir de lire est là.
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Un très beau début m'a incité à prendre ce roman dans ma pile de livre à lire: J'ai été happée par une ambiance, un style certain..
Malheureusement l'ensemble devient vite ennuyeux: l'histoire s'embourbe dans une série d'incendies entrecoupée de descriptions d'une vie de famille décevante et désespérée et des désillusions de la jeune fille de la famille, le tout agrémenté de quelques maltraitances animales que certains auteurs semblent considérer comme indispensables (faut pas mollir...) ce qui a achevé de me dégouter du bouquin.
Je crois que je n'aime pas vraiment Bazin tout compte fait!
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Plutôt une bonne surprise, de la part d'un auteur dont je ne connaissais que l'adaptation cinématographique de Vipère au poing, oeuvre avec laquelle on relève assez facilement la principale concordance avec le roman ici évoqué, à savoir l'exploration du visage sombre de la structure familiale.

L'intrigue de L'huile sur le feu est principalement d'ordre policier. Dans le village, un incendiaire sévit chaque soir de mariage. Toute l'histoire consiste, à travers les réminiscences soit vécues soit imaginées d'une jeune narratrice, à découvrir le coupable et ses mobiles. de ce point de vue, on notera un style vraiment très particulier dont les premiers paragraphes du livre sont typiques. Alors que l'on commence sur la description d'une ambiance de déluge nocturne, on glisse imperceptiblement vers la poursuite d'une ombre. On sait que le texte cherche à attirer notre attention sur elle, tout en la dérobant, en la perdant délibérément au coeur des ténèbres, mais il y revient, par petites touches suggestives de plus en plus denses, et lorsque cette ombre finit par prendre toute la place, le crime est déjà commis. le schéma se répète à plusieurs reprises, faisant de chaque phase descriptive un peu emphatique une annonce informelle du drame à venir. Comme dans tous les récits policiers, il n'y a que quelques figures qui se distinguent parmi les villageois, autant de suspects pour le lecteur évidemment, même si on a rapidement l'intuition de l'identité du pyromane et que sa révélation, peu surprenante, a lieu non pas à la fin, mais vers les deux tiers du livre, de quoi aménager un final en apothéose où se confondent les figures du héros et du criminel.

Pour autant, cette ambiance bien réelle de récit policier sans véritable enquêteur se partage l'intrigue avec un tableau assez dramatique de la vie domestique. C'est certainement la dimension la plus prenante du récit, la perspective de cette gamine de 16 ans (oui, je dis gamine parce qu'elle se comporte et qu'on la traite comme si elle avait la moitié de son âge), systématiquement collée à son père, bloquée au milieu d'un ménage en plein naufrage. le personnage de la mère est certainement l'un des personnages les plus odieux que j'ai jamais croisé dans un livre. Messieurs, si vous croyez que votre femme fait tout pour vous excéder, je vous défie de refermer ce livre avec le même sentiment. Révulsée par son mari, qui est rentré affreusement brûlé de la guerre, elle n'apparaît dans le texte que pour oeuvrer à obtenir un divorce que le comportement exemplaire du père lui interdit : crises de colère, vexations, humiliation publique, ignorance délibérée de sa présence, tentatives pour monter sa fille contre lui, voilà un panorama non-exhaustif de ce que cette femme peut inventer pour pousser ce mari irréprochable à un geste malheureux, coupable mais humain, soit envers elle, soit envers lui-même, qui le priverait pour toujours de les revoir, elle et sa fille. Même moi, qui ne suis qu'un observateur extérieur et pas la victime de cette furie domestique, je me suis surpris à moment donné à l'insulter à la lecture d'un procédé particulièrement hideux. Et pourtant, la fille refuse de préférer l'un de ses parents à l'autre ; même témoin des mensonges et des manipulations de sa mère, elle ne lève pas le petit doigt pour la confondre parce que sa mère fait autant partie d'elle-même que son père. Il en ressort donc une image assez ambiguë de la famille qui, même en unissant des caractères incompatibles qui s'exaspèrent jusqu'à la haine, peut susciter des liens de dépendance et de fidélité.

Pour ce qui est de l'environnement du récit, on ne peut pas dire que l'univers mesquin et sournois du village soit particulièrement attachant, ni les manies plus ou moins séniles des uns, ni les sordides rivalités des autres. L'humanité du récit est uniformément médiocre, même si on peut tempérer cette sentence pour le père et de sa fille, eux-mêmes assez instables mais d'une façon plus subtile. le contraste avec les actes d'héroïsme ou les scènes de cataclysme, à la dimension presque épique, en est d'autant plus marqué qu'ils s'expriment dans un cadre et à une échelle apparemment insuffisants pour les contenir. On n'atteint pas la dimension pathétique d'un Zola, mais l'humanité du roman, contrairement au mode de raisonnement abscons de la narratrice, y fait penser avec ses ridicules et ses ironies, à la différence que le discours de l'auteur n'est absolument pas moralisant.

Histoire terrible et sombre fusionnant le policier et le familial, personnages mémorables et écriture pessimiste fortement empreinte de poésie.
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Titre à double sens.
Le couple est rongé par le sort du mari.
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Saint leu du Craonnais:un village tranquille qui voit se perpetrer incendies sur incendies et où le soupcon et la peur rendent bientot la vie quotidienne invivable :un huis clos comme l'auteur sait nous en mitonner et où tout son talent explose au gre des pages.Ideal pour découvrir l'univers de cet auteur à la fois classique et moderne.
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"Mets de l'huile"

Mon avis ne sera pas subjectif et ce pour plusieurs points.
Déjà j'ai commencé à la lire en 2019, ce qui date un peu et puis (et surtout) je ne l'ai pas fini !
Je me souviens que je ne comprenais pas l'histoire et c'est qui a fait que je me suis arrêté de le lire.

Je pense qu'en m'y remettant aujourd'hui j'aurai un avis différents. Cependant ma PAL est plutôt énorme, alors je ne le relirai pas de si tôt.
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