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Ce qui m'a plu, c'est avant tout le style de l'auteur, ses tournures de phrases, sa façon de mener le récit. Ensuite, c'est le psychodrame familial, du point de vue d'une jeune fille de 16 ans, prise entre l'amour de son père et sa mère qui se déchirent. Enfin, c'est l'intrigue autour de l'incendiaire qui déclenche des feux dans la commune (qui? pourquoi?).
J'ai beaucoup aimé ce roman: il nous projette dans une France rurale appartenant à une époque révolue mais le style n'a pas (trop) vieilli et le livre nous tient assez bien en haleine pour découvrir qui est coupable de ces incendies criminels.
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Hervé Bazin est un écrivain du 20ème injustement oublié. Pas tant que ça, me direz-vous, il y a Vipère au poing et ses deux adaptations cinématographiques avec Alice Sapritch et Catherine Frot. Certes. le premier et le plus connu de ses romans. Mais peu connaissent ses autres romans et c'est un auteur dont on parle peu pour ne pas dire jamais.

Il a les qualités habituelles des écrivains de cette époque : une écriture solide, un vocabulaire riche, une syntaxe bien ordonnée, une grammaire impeccable. On peut s'y fier, c'est une valeur sûre.

L'huile sur le feu est un roman qui remet sur le métier certaines des obsessions (ou souffrances) de l'auteur. La mère mauvaise (dont l'archétype est Folcoche) en la personne de la mère de l'héroïne. Car l'héroïne est une adolescente, coincée entre ses parents qui se déchirent. Violemment pour la mère, sournoisement pour le père. Cette pauvre petite aime ses deux parents et ne veut pas choisir, bien qu'elle penche vers son père (faut dire que la mère paraît parfois un monstre d'égoïsme et d'insensibilité). Son père qui l'aime, mais qui… allons bon, voilà que j'allais vous raconter cette tragique histoire (car elle est tragique).

Des longueurs et des répétitions, ici et là, qui étirent la trame narrative plus que de raison sans la diversifier suffisamment. Un défaut qui empêche ce roman d'être excellent. Mais il a de réelles qualités. Psychologiquement, c'est assez fin.

Oui, ce Bazin, c'est un bon romancier. Y a pas de doute.

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Plutôt une bonne surprise, de la part d'un auteur dont je ne connaissais que l'adaptation cinématographique de Vipère au poing, oeuvre avec laquelle on relève assez facilement la principale concordance avec le roman ici évoqué, à savoir l'exploration du visage sombre de la structure familiale.

L'intrigue de L'huile sur le feu est principalement d'ordre policier. Dans le village, un incendiaire sévit chaque soir de mariage. Toute l'histoire consiste, à travers les réminiscences soit vécues soit imaginées d'une jeune narratrice, à découvrir le coupable et ses mobiles. de ce point de vue, on notera un style vraiment très particulier dont les premiers paragraphes du livre sont typiques. Alors que l'on commence sur la description d'une ambiance de déluge nocturne, on glisse imperceptiblement vers la poursuite d'une ombre. On sait que le texte cherche à attirer notre attention sur elle, tout en la dérobant, en la perdant délibérément au coeur des ténèbres, mais il y revient, par petites touches suggestives de plus en plus denses, et lorsque cette ombre finit par prendre toute la place, le crime est déjà commis. le schéma se répète à plusieurs reprises, faisant de chaque phase descriptive un peu emphatique une annonce informelle du drame à venir. Comme dans tous les récits policiers, il n'y a que quelques figures qui se distinguent parmi les villageois, autant de suspects pour le lecteur évidemment, même si on a rapidement l'intuition de l'identité du pyromane et que sa révélation, peu surprenante, a lieu non pas à la fin, mais vers les deux tiers du livre, de quoi aménager un final en apothéose où se confondent les figures du héros et du criminel.

Pour autant, cette ambiance bien réelle de récit policier sans véritable enquêteur se partage l'intrigue avec un tableau assez dramatique de la vie domestique. C'est certainement la dimension la plus prenante du récit, la perspective de cette gamine de 16 ans (oui, je dis gamine parce qu'elle se comporte et qu'on la traite comme si elle avait la moitié de son âge), systématiquement collée à son père, bloquée au milieu d'un ménage en plein naufrage. le personnage de la mère est certainement l'un des personnages les plus odieux que j'ai jamais croisé dans un livre. Messieurs, si vous croyez que votre femme fait tout pour vous excéder, je vous défie de refermer ce livre avec le même sentiment. Révulsée par son mari, qui est rentré affreusement brûlé de la guerre, elle n'apparaît dans le texte que pour oeuvrer à obtenir un divorce que le comportement exemplaire du père lui interdit : crises de colère, vexations, humiliation publique, ignorance délibérée de sa présence, tentatives pour monter sa fille contre lui, voilà un panorama non-exhaustif de ce que cette femme peut inventer pour pousser ce mari irréprochable à un geste malheureux, coupable mais humain, soit envers elle, soit envers lui-même, qui le priverait pour toujours de les revoir, elle et sa fille. Même moi, qui ne suis qu'un observateur extérieur et pas la victime de cette furie domestique, je me suis surpris à moment donné à l'insulter à la lecture d'un procédé particulièrement hideux. Et pourtant, la fille refuse de préférer l'un de ses parents à l'autre ; même témoin des mensonges et des manipulations de sa mère, elle ne lève pas le petit doigt pour la confondre parce que sa mère fait autant partie d'elle-même que son père. Il en ressort donc une image assez ambiguë de la famille qui, même en unissant des caractères incompatibles qui s'exaspèrent jusqu'à la haine, peut susciter des liens de dépendance et de fidélité.

Pour ce qui est de l'environnement du récit, on ne peut pas dire que l'univers mesquin et sournois du village soit particulièrement attachant, ni les manies plus ou moins séniles des uns, ni les sordides rivalités des autres. L'humanité du récit est uniformément médiocre, même si on peut tempérer cette sentence pour le père et de sa fille, eux-mêmes assez instables mais d'une façon plus subtile. le contraste avec les actes d'héroïsme ou les scènes de cataclysme, à la dimension presque épique, en est d'autant plus marqué qu'ils s'expriment dans un cadre et à une échelle apparemment insuffisants pour les contenir. On n'atteint pas la dimension pathétique d'un Zola, mais l'humanité du roman, contrairement au mode de raisonnement abscons de la narratrice, y fait penser avec ses ridicules et ses ironies, à la différence que le discours de l'auteur n'est absolument pas moralisant.

Histoire terrible et sombre fusionnant le policier et le familial, personnages mémorables et écriture pessimiste fortement empreinte de poésie.
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Deuxième livre de Hervé Bazin que je lis et deuxième livre qui est impitoyable avec les femmes. Là où bien des livres présentent les femmes comme des êtres aimant et n'hésitant pas à se sacrifier pour les autres ( les livres récents les présentent également comme fortes et meneuses ), lui représente la femme à cette époque sous son jour le plus sombre. C'est dur mais c'est plus réaliste malheureusement.

L'histoire nous présente donc Céline, fille de Bertrand et Eva. Son père est un pompier qui est également agent d'assurance, tandis que sa mère est femme au foyer. Je ne vais pas raconter toute l'histoire histoire de ne pas spoiler mais le récit se concentre sur les relations entre ces 3 personnes alors que sa mère déteste son père qui lui l'aime.
A noter que l'histoire se passe après la seconde guerre mondiale mais que celle ci n'est presque pas mentionnée. La vie a repris plus ou moins comme avant.

Que dire ? C'est dur. Comme je l'écrivais en introduction l'auteur n'a aucune complaisance avec la mères qui est montrée comme horrible au dernier degrés. J'ai trouvé l'histoire assez triste puisqu'au final c'est Céline qui en souffre le plus, elle qui n'a rien demandé se retrouve toujours entre ses 2 parents qui sont autant intransigeants l'un que l'autre.
Les personnages secondaires ne sont guère mieux entre Julienne ( encore une femme ) qui hait son amie et Mr Heaume qui semble perdu en permanence.

Si je devais résumer la vue de l'auteur dans ce roman ce serait que les femmes ont la haine tenace et la vengeance minable tandis que les hommes sont ballottés au grès du temps. Pas très joyeux donc.
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Je ne connaissais que " Vipère au poing" de l'auteur, surtout grâce au film ; tombé par hasard sur ce livre, j'ai eu envie de découvrir d'autres lectures et l'histoire de ce pompier incendiaire m'a interpellé, au vu de l'actualité de cet été.
Il y a aussi le thème de la famille, avec un femme là encore, méchante et tyrannique qui pousse son mari à ses actes de folie.
Enfin, il y a l'ambiance, un village de campagne dans les années 50/60/70 ; où il y avait tout : des commerces, des artisans, un docteur, un notaire, une école, une gendarmerie, et le chatelain, comme dans mon enfance.
J'ai beaucoup aimé cette lecture, je vais en lire d'autres.
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Au premier abord, on pourrait croire à un roman policier. Mais l'enquête n'est qu'un prétexte pour nous livrer une vision de la famille négative et destructrice comme souvent dans les romans d'Hervé Bazin.

Le feu, allégorie du mal, est partout présent dans ce roman. C'est celui qui détruit le village de Saint Leu, qu'un pyromane ne cesse de prendre pour cible. Celui qui enflamme l'esprit d'Eva Colu, détestant l'idée de gâcher sa jeunesse aux côtés d'un mari défiguré lors de la guerre. Celui qui consume le coeur de Bertrand Colu, acceptant toutes les vilénies de son épouse sans dire un mot. Enfin, celui qui anime Céline, leur fille de 16 ans, tiraillée entre deux parents qui se déchirent mais exaltée à l'idée de suivre son père, chef des pompiers, lors de chacune de ses interventions.

La jeune fille est fière de ce père taiseux que tout le village admire pour son courage mais surnomme "Tête-de-Drap" car il cache son visage mutilé sous un cache-montagne. Fière de cet homme qui se moque des colibets et se joue des incendies, qui n'a peur de rien... si ce n'est que sa femme le quitte. D'elle, il accepte tout : les insultes, les mensonges, les trahisons. Et tandis que les adultes s'affrontent, l'adolescente aime et pardonne.

Quel beau roman! C'est vrai, j'ai assez vite compris qu'elle en serait la fin mais, comme je l'ai dit au début de ma critique, l'enquête n'est qu'accessoire. Ce qui importe, ce sont les relations se créant au sein d'une famille, parfois salvatrices, souvent toxiques. Et ce qui nous est dépeint ici c'est le tumulte des émotions qui, comme le feu, peut nous réchauffer... ou nous brûler.
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c'est le roman des idées fixes,des comportements obsessionnels,de l'ambivalence amour/ haine.c'est aussi pour Céline , l'adolescente qui raconte l'histoire, l'apprentissage douloureux que personne n'est tout blanc ou tout noir. C'est l'histoire de deux amours passionnés,celui du père pour sa femme,Eva,nymphe à la cuisse légère,qu'il dégoute,et l'amour passionné d'un père pour sa fille qui l'admire,le comprend et l'absoudra.
Comme c'est Bazin l'auteur,nous avons la une peinture au vitriol du couple,de la famille. Non je ne vais rien divulguer de l'histoire. Je vais juste saluer le talent de Bazin,qui dissèque au scalpel les psychologies de ses personnages et se joue de ses lecteurs en leur présentant l'histoire selon Céline,qui mettra du temps à comprendre les tenants et aboutissants. Les lecteurs n'en seront que plus choqués. Et je salue de monsieur Bazin qui sait si bien jouer avec nos sentiments et nos certitudes l'extraordinaire sens du timing et le style impeccable.
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Saint leu du Craonnais:un village tranquille qui voit se perpetrer incendies sur incendies et où le soupcon et la peur rendent bientot la vie quotidienne invivable :un huis clos comme l'auteur sait nous en mitonner et où tout son talent explose au gre des pages.Ideal pour découvrir l'univers de cet auteur à la fois classique et moderne.
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"Mets de l'huile"

Mon avis ne sera pas subjectif et ce pour plusieurs points.
Déjà j'ai commencé à la lire en 2019, ce qui date un peu et puis (et surtout) je ne l'ai pas fini !
Je me souviens que je ne comprenais pas l'histoire et c'est qui a fait que je me suis arrêté de le lire.

Je pense qu'en m'y remettant aujourd'hui j'aurai un avis différents. Cependant ma PAL est plutôt énorme, alors je ne le relirai pas de si tôt.
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Céline a 17 ans, elle vit dans un petit village de l'ouest de la France, dans l'immédiate après-guerre et dont la vie est toujours calquée sur le mode ancestral des paysans qui ont façonné cette terre.
Elle est déchirée entre ses parents qui se font une guerre sans merci.
Son père que les villageois surnomment Tête de drap, parce qu'il porte son éternel passe montagne pour ne pas montrer ses horribles cicatrices dues à un coup de lance-flammes d'un soldat allemand pendant la guerre.
Sa mère qui veut se débarrasser de ce mari qu'elle trouve encombrant et qui va user de tous les coups bas possibles imaginées avec Julienne sa voisine pour le faire accuser de tous les maux, afin d'obtenir le divorce, qui dans cette France du début des années 50 n'est pas encore entré dans les moeurs surtout dans les campagnes.
C'est alors qu'une série d'incendies va mettre tout le village en émoi et propulser en avant Bertrand le père de Céline chef des pompiers.
Céline et son père vont passer leurs nuits à sillonner les chemins pour trouver l'incendiaire.
Oui mais ce qu'ils vont découvrir va certainement avoir l'effet d'une véritable bombe dans cette petite communauté repliée sur elle-même.
Un superbe roman servi par une belle écriture.
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