- Quelques spoilers -
La découverte de cette série de romans avait requinqué mon intérêt pour la lecture à une époque où je me consacrais au cinéma . Mon enthousiasme m'a fait commettre une erreur : dévorer les 5 premiers romans en moins d'une semaine.
Il m'a fallu une semaine entière pour terminer la lecture pénible de Vacances tous risques.
L'auteure l'écrit en préambule, ce roman est inspiré de ses vacances à Chypre. Ce qui aurait pu être le prétexte à des anecdotes pittoresques ou charmantes engendrera l'inverse : l'insertion "pour faire plaisir" de personnages qui sont des Chypriotes côtoyés pendant son séjour, jusqu'à inclure les propriétaires de la maison louée pour l'occasion. La description des sites touristiques est également ratée et Beaton s'en sert pour rendre maladroitement hommage à une enquête de Poirot.
L'humour est peu présent et l'enquête doit être la pire de la série. Beaton utilise ce roman pour attaquer ses compatriotes britanniques à travers des personnages tous plus horribles les uns que les autres. Les Chypriotes sont traités avec une bienveillance qui me fait m'interroger sur le caractère de feu Mrs Beaton.
L'histoire se déroulant à Chypre, Mrs Bloxby et Bill Wong ne sauvent pas les meubles lors de brefs échanges téléphoniques sans saveur.
Lacey et tous les plans que Beaton avait pour lui (elle voulait le faire évoluer d'auteur de livres historiques vers le genre policier) sont enterrés. Son personnage est méthodiquement détruit dans ce livre. Il reprend du poil de la bête pour les tomes 7 et 8 mais il est évident que c'est parce que ces livres devaient déjà exister à l'état de synopsis étoffés et validés par l'éditeur avant les vacances chypriotes de Beaton. Dès le tome 9, il reçoit le dernier coup de couteau dans le dos et ne sera plus là que pour s'en prendre plein la poire et être humilié.
Quand
Conan Doyle n'en pouvait plus d'écrire sur Holmes, il n'avait pas cherché à souiller sa création. Même lorsqu'il écrivit sa mort, il lui donna un aspect un peu héroïque. Or, en détruisant le complice d'Agatha, Beaton ne se rend pas compte qu'elle lui nuit également.
Sir Charles Fraith (du tome 4) est de retour pour remplacer Lacey. Avec son caractère narcissique, il reçoit pourtant le traitement le plus bienveillant de l'auteure. Ses apparitions bénéficient d'une application supérieure de la plume de Beaton dans ce livre plutôt mal écrit. Comme Lacey, il tombera dans le futur de son piédestal et sera moqué, écarté pendant quelques tomes avant, à la différence de Lacey, de revenir en grâce. La manière mesquine et peu élaborée dont s'y prend Beaton prouve que c'est voulu. Cela dit, j'aime beaucoup le baronnet qui contribuera dans le futur à d'amusantes aventures.
J'en reviens à mon erreur d'enchaîner les tomes sans pause. Avec du recul, je suis convaincu qu'il faut lire d'autres auteurs entre chaque enquête d'Agatha Raisin. Beaton a souvent recours à des astuces similaires et répète des informations on ne peut plus redondantes si on ne laisse pas reposer la série. Avec des pauses, je pense que l'humour et le caractère d'Agatha (quand on y adhère) fonctionnent mieux.
En conclusion : aucune pause ne peut sauver Vacances tous risques. C'est un livre important dans la série car c'est dans ses pages que la blessure mortelle est infligée à la série. Agatha Raisin aura de belles flammes finales dans les tomes 7 et 8 puis il n'y aura plus qu'une étincelle à l'occasion.
J'en déconseille la lecture.