Brexit romance

(…), il faut que je vous explique le plan d'attaque, parce que c'est compliqué ces choses-là et ça demande de la stratégie. On va faire la feinte dite de Natacha- Bolkonsky. Vous savez qui c'est ?
" Une joueuse de tennis ?
"Presque. Ce sont deux personnages de Guerre et Paix."
"Ah ? "
"Et donc , ils se fiancent, MAIS ils attendent une année avant de se marier."
"Pourquoi?"
" Ecoutez, vous le lirez et vous le découvrirez vous même, je ne vais pas vous le spoiler, c'est un bouquin très sympa.

Ce n'est pas proprement parler légal,
mais ce n'est pas tout à fait exactement illégal.

" Tout le monde", dit Justine, " a un personna privé et un personna public"."
" Un quoi ?
"Un personna. vous ne dites pas ça, en français ? Une personnalité, un avatar - enfin , quelque chose comme ça. Il doit bien avoir un mot !"
"Non", dit Kemenev, " on n'a pas de dédoublement de la personnalité en France."

'Soyez un bon sport, Marguerite.'

... sur le principe, donc, j'ai des raisons précises pour souhaiter à la fois préserver ma citoyenneté européenne, et préserver, disons, un semblant de décorum dans ma vie; et ces raisons me poussent à choisir quelqu'un avec qui contracter une union légalement valide, émotionnellement contentée... et sexuellement - je vous prie de prendre note de mes mots - absolument non consommée. Or, il me semble, et les jours précédents l'ont confirmé, que vous seriez la meilleure candidate, puisque vous êtes parfaitement jolie, élégante, cultivée, calme et de droite.

votre manière de parler (…) absolument indirecte et totalement peu claire, et pourtant d’une grande précision dans son vague absolu. Vous êtes devenu totalement britannique !

Whatever’, répondit Justine, ce qui voulait dire OK, c’est comme vous voulez, sans problème, je suis furieuse mais d’accord, nickel, c’est totalement votre choix.

La confrontation avec Kamenev avait déplacé sa colère, tout simplement, comme on recale dans un placard un paquet de pâte que l’on a trouvé en équilibre instable.

Le quai 9 ¾ était juste à côté d'un magasin Harry Potter où tout était laid et en plastique et coûtait des fortunes ; elle était très déçue, il n'y avait vraiment plus rien à espérer dans ce monde si même les lunettes d'Harry, en plastique, sans verres, étaient désormais vendues quasiment pour le prix d'une paire normale.

Justine connaissait quelques-uns de ces couples binationaux, qui parvenaient à supporter, côté français, la timidité maladive, côté britannique, le tempérament invraisemblablement confrontationnel, de la personne qu'ils aimaient.