Clémentine Beauvais signe un roman qui fait beaucoup de bien.
Des concours de moches, ça existe depuis une éternité. Je les ai connus dès le collège sur papier, et, s'ils ont semblé disparaître au lycée, ça n'a pas été le cas en école d'ingénieurs, à peine 2-3 ans après le début de l'essor de Facebook.
Maintenant, il y a Twitter, Instagram, TikTok en plus, toujours plus de moyens pour permettre au macho moyen de rivaliser de créativité pour objectifier les femmes.
C'est donc dans ce contexte que l'on découvre Mireille, le Boudin de Bronze, enfin détrônée après deux années consécutives à la première place.
Mireille se cache derrière une montagne d'auto-dérision. Lorsqu'elle livre ses souvenirs, elle raconte ce qu'elle aurait aimé faire (réagir par l'humour), puis se ravise et livre la vérité: l'humiliation, les larmes.
Mireille a une relation compliquée avec sa mère (mais aussi son beau-père Philippe Dumont), qu'elle ne peut s'empêcher de pousser à bout, et de provoquer, souvent pour l'embêter, mais parfois aussi pour lui témoigner son admiration.
Lorsqu'elle part sur les routes de France accompagnée des deux autres boudins et du Soleil, cette façade semble toutefois s'effacer: on ne voit plus l'adolescente qui se protège derrière sa carapace d'humour, mais la jeune fille qui s'épanouit de plus en plus et s'affranchit des humiliations passées.
Il n'est pas question dans ce roman de débattre sur la beauté/mocheté des protagonistes. L'auteur ne tentera pas de nous faire avaler que tout n'est qu'une question de point de vue et que les vilains petits canards sont à un makeover de se transformer en cygnes.
C'est beaucoup plus subtil.
Nous n'avons droit qu'au point de vue de Mireille: elle est moche, et ses copines le sont.
Mais Mireille se doit bien d'écouter le Soleil, et celui-ci, loin de lui faire une déclaration d'amour ou quoi que ce soit, ne la trouve pas moche, ni elle ni les autres, et leur trouve bien d'autres qualités. Si elle ne semble pas le prendre au sérieux, en tant que lecteur, nous avons le choix entre le croire lui, ou se ranger du point de vue de Mireille qui pense qu'il se contente d'être gentil et poli.
Je me rends bien compte que mon propos est décousu, et je n'ai même pas abordé tous les enjeux, les petits détails, qui constituent cette histoire.
Si je ne devais retenir qu'une chose, je dirais que l'auteur a évité les facilités et les clichés, l'eau de rose et le mélodrame.
Il est question d'acceptation et d'affirmation de soi.
Si je pouvais, j'offrirais ce roman à mon moi du collège.