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3,78

sur 292 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Super drôle, pertinent, je me reconnais dans certains éléments, et ce n'est pas grave, autant rire de soi et parfois se corriger.
"Histoire de ta bêtise" de Bégaudeau explore les dynamiques sociales et politiques, en particulier la critique de la bourgeoisie., mettant en lumière les contradictions cette classe sociale.
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François Bégaudeau est une des figures de proue de la gauche radicale française contemporaine. Romancier, essayiste et dramaturge, il est l'auteur de plusieurs ouvrages et est très présent sur la scène intellectuelle anticapitaliste à l'exemple d'un Frédéric Lordon ou d'un Bernard Friot.
Dans un ton tranchant, incisif, acerbe mais plein d'humour, Bégaudeau tient dans « Histoire de ta bêtise » un réquisitoire contre le « bourgeois » auquel il s'adresse avec un « TU » insolent tout au long du livre, cet être qui se complait dans le confort matériel mais surtout dans le prêt-à-penser.
Car ce que Bégaudeau désigne par la bêtise bourgeoise, c'est ce conformisme abject qui ne laisse nulle place à la pensée, à l'analyse, au questionnement et à la tentative de comprendre la complexité des mécanismes politiques, socio-économiques et culturels qui régissent notre société.
Le fusil d'épaule du bourgeois quand il s'agit de penser le monde est la morale. « La morale prospère là où manque la pensée » écrit Bégaudeau. Qu'entend-on exactement par morale ? C'est celle fausse bonne conscience que le bourgeois se donne pour se persuader qu'il se situe dans le camp du bien, car il s'agit, en caricaturant à peine, d'une lutte du bien contre le mal. Quel est ce mal ? L'abstention aux élections, « indigne et incompréhensible », le « populisme », on dit d'ailleurs LES « populismes » car les « extrêmes se touchent », le Brexit, la contestation de l'UE, le patriotisme qui rappelle les heures les plus sombres, l'assistanat, la fonction publique, le « complotiste » qui ose remettre en question la doxa… Bref le « bourgeois » est cet idiot utile qui légitime et perpétue les systèmes de domination en se drapant dans de beaux discours sur l'ouverture et la méritocratie.
« Tu n'as pas compris la tribune de Ruffin sur la haine que les classes populaires vouent à Macron. A nouveau ta prétendue incompréhension était un jugement. Fidèle à ton cap, tu condamnais cette tribune avant de la comprendre. Tu l'emballais dans ta catégorie discoursdehaine pour condamner le discours et ne pas voir la haine. La haine, tu ne peux pas l'entendre. Tu ne peux envisager une seconde, être haïssable puisque tu es cool. Réaliseras-tu un jour que c'est justement ce cool qui est haïssable ? Qu'au-delà de la violence sociale, c'est le coulis de framboise qui l'enrobe qui est obscène ? C'est l'écrin d'humanité dans lequel tu feutres ta brutalité structurelle. C'est les 20000 euros d'indemnités pour qu'un ouvrier avale un plan social. C'est ta façon d'appeler plan de sauvegarde de l'emploi une vague de licenciements, d'appeler restructuration une compression de personnel, et modernisation d'un service public sa privatisation. Ton sourire est une deuxième balle dans la nuque. Aux exactions du marché il ajoute l'offense du mensonge. »
Bégaudeau s'énerve, s'indigne et se révolte pour nous inviter à un sursaut de conscience, à saisir l'urgence et l'importance de penser, penser d'abord et surtout contre soi-même.
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La seule chose qu'on puisse reprocher à ce livre de François Bégaudeau n'est pas de son fait, mais d'une lecture approximative faite par certains et qu'il corrige dans Notre joie, son livre suivant.
Bon, à part ça, quoi? Mais oui, camarade bourgeois, comme disait Renaud, quand il était de gauche, il faut pouvoir reconnaitre ce que tu es, qui tu es, camarade bourgeoise. Tu es Paul ou Myriam de Chanson douce de Leila Slimani; tu as une morale inclusive, mais tu ne vois plus la lutte des classes; tu as oublié que les grèves et les syndicats n'ont pas pour but de t'emmerder, mais bien d'exprimer -légalement- des desiderata, et ceci pour ton plus grand confort, puisque cela permet d'éviter une révolution qui te verrait perdre tes privilèges, pour la plupart fruit des luttes sociales, en plus.

Excellent livre.
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Ouin ouin, méchant Bégaudeau qui insulte les bourgeois, c'est pas bien les généralités, pas d'amalgame, c'est pas parce qu'on vote Macron qu'on est con...
J'ai adoré ce livre malgré mon milieu social...ou en fait peut-être à cause de lui. Car le type que le plus drôle marxiste de France décrit(vous allez me dire que c'est pas compliqué d'avoir plus d'humour que Lasagnerie ou Badiou...) j'en connais plein, et j'assure qu'il est realiste. Toujours les petits slogans de moraline, les prêches pour l'ouverture, et surtout jamais de remise en cause radicale du systeme. Car apres tout faut bien faire de l'argent... Faut être gentil, mais pragmatique. On a des diplômes, mais surtout on ne pense pas trop, c'est un peu dangereux, on se contente de repeter qu'il faut faire la transition ecologique, etre plus tolerant, et reformer le capitalisme pour qu'il soit plus sociale. Aller au-delà, c'est du fascisme, ou du communisme, enfin c'est la même chose, c'est la mort. Surtout ce n'est pas très rentable...Leur vertu est gratuite et productive, leur ennemis sont des fantômes, leur vie est irréelle.
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François Bégaudeau s'applique dans ce pamphlet à réabiliter le concept de bourgeoisie, terme qui tend à être consideré comme archaïque et ringard dans un contexte de "moyennisation de la société". Bégaudeau defend l'idée que si ce concept disparaît des imaginaires, c'est avant tout le fait d'une classe sociale qui refuse de dire son nom et qui refuse qu'on le prononce.


Evidemment pour Bégaudeau le bourgeois n'est pas seulement celui qui possède les moyens de production comme l'expliquait déjà Marx au XIXème siècle. Pour lui, la bourgeoisie est la conjonction d'un certain patrimoine économique, et du système de pensée qui légitime cette situation financière.


Ce livre s'articule en fait autour de la bêtise de la bourgeoisie contemporaine (plus particulièrement à celle du bourgeois de gauche) et aboutit au paradoxe suivant : Comment se fait-il que le bourgeois, alors qu'il dispose a priori d'un cerveau complètement fonctionnel, soit bête?


Selon l'auteur le bourgeois est bête car il ne pense pas, ou en tout cas pas au delà de ses intérêts. le bourgeois est celui, qui, possédant, à plus à perdre qu'à gagner au bousculement de l'ordre etabli. C'est donc la peur qui dicte son comportement et sa pensée, ou sa non-pensée en l'occurence, car ce sentiment l'empêche d'accéder à différents imaginaires théoriques et conceptuelles subversifs. le bourgeois ne remet par exemple pas en question la notion de mérite "Poignarder le mérite serait t'inerdire d'être fier de toi. N'y comptons pas!". Il ne remet pas en cause l'élection, la propriété privée ou l'école. Il ne s'intéressera jamais à la grande tradition littéraire anarchiste et marxiste. Il ne remet pas en question ce qui le légitime et c'est cette réduction volontaire du champ de la pensée qui fait la bêtise de la bourgeoisie.


Dans cet essai, Bégaudeau réussit parfaitement à mettre le bourgeois face à ses contradictions mais reste parfaitement lucide sur le fait que celui-ci niera cette charge remarquable en se désolidarisant du "tu" générique utilisé par l'auteur qui le dépeint pourtant si bien. "C'est ainsi qu'en te niant tu t'accuseras. Tu accuseras ton trait principal qui est de nier". Brillant.
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Dans ce pamphlet à la fois drôle et caustique, Bégaudeau veut prouver l'indigence intellectuelle de ce qu'il nomme la classe bourgeoise. A l'issu de livre, on a bien envie de le croire. Mais pas seulement : on est bien obligé, nous aussi, de faire notre propre autocritique et de traquer ce qu'il y a de ce bète bourgeois en nous. Un livre aussi percutant qu'intéressant.

Je constate que j'ai toujours plus de mal à écrire une critique sur les livres que j'ai adoré que sur ceux que je n'ai pas aimé. Histoire de ta bétise est de ceux là. C'est un livre dont j'ai eu envie de surligner bien des passages. A l'écriture précise de Bégaudeau, qui ne manque jamais une occasion de balancer une punchline bien sentie, s'ajoute un fonds dense, intéressant, qui oblige à réfléchir.

Je ne connaissais pas trop cet auteur, pour moi il restait le cinéaste d'Entre les Murs que j'avais pas vu à l'époque. Je ne le savais pas si percutant, si doué en réthorique - et si politiquement engagé. La 4e de couverture m'a séduit, et je n'ai pas été déçu.

Le seul passager moins intéressant est celui où il s'autocritique, se désignant lui même comme un bourgeois opposé à sa classe. Ce n'es pas inintéressant mais j'ai trouvé le passage long, même s'il n'est pas central.
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Un bourgeois qui refuse de vivre comme un bourgeois critique brutalement et de façon bourgeoise notre société bourgeoise.
Il détesterait lire ca.
mais il adorerait !
Bref : la partie honnête du bourgeois en moi est totalement d'accord avec lui.
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Histoire de ta Bétise m'a rappelé un passage de la Recherche du Temps Perdu où le Duc de Guermantes se met à prôner des opinions dreyfusardes, non pas qu'il soit convaincu de l'innocence de Dreyfus mais parce que, sous l'influence "d'amies", ça fait bien plus cool et nouveau dans les salons.
Bégaudeau décortique nos réflexes de pensée "molle" ayant pour but de nous donner à la fois bonne conscience, de paraître sympa et de préserver notre capital. C'est le nouveau Proust
Lien : https://jeanbaptistemarot.fr/
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François Bégaudeau, c'est quelqu'un dont je n'avais lu qu'un livre, le roman Entre les murs, que je n'avais pas tellement aimé. J'avais vu aussi une ou deux chroniques de cinéma où je l'avais trouvé empêtré devant le numéro de ses co-chroniqueurs... J'ai donc été très étonnée par le ton, voire par la virtuosité intellectuelle e cet anarchiste qui ne vote pas, joue de la musique punk et lit énormément de philo, lors de la tournée de promotion de son pamphlet, Histoire de ta bêtise.
Cf. suite de la note de lecture sur mon blog.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Par une habile adresse au lecteur longue de plus de deux cents pages, François Bégaudeau le dérange dans son confort intellectuel, l’interpelle sur ses multiples contradictions, le mène au pied du mur de ses engagements, passe en revue ses si nombreuses divergences et, dans un effet de miroir, lui expose ses propres convictions :
« Tu voteras jusqu’à la lie.
Tu es le sujet idéal de la monarchie républicaine. L’élection par quoi le citoyen délègue et donc abdique sa souveraineté est le pic de jouissance de ta libido citoyenne. Sur ce point comme sur le reste nous sommes à fronts renversés. Tu tiens l’élection pour le lieu exclusif de la politique, je tiens que la politique a lieu partout sauf là. Je sors du jeu au moment où tu y entres. »
(...)
Féroce voire caustique, brillant et bienveillant malgré tout.

Article complet sur le blog.

Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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