je ne dors plus
les mots m’ont poussé sur la pierre de la porte
mon regard franchit la nuit
se pose sur une haie de ronce
près d’une aile apportée par le vent
plus loin que la terre
dans la poussière des syllabes mortes dans la gorge
un poème poursuit sa route avec une aile unique
il ira jusqu’au miroir de la flamme
nous à la frange de l’aube
l’imagination comme une brume tourne ses pages
avec un pépiement de jeune oiseau
de nouveau le rêve se perd à peine effleuré
ne laissant sous la paume qu’une trace de plume
l’énigme est toujours là
l’interrogation s’apaise
le sommeil est déjà loin
je remonte le drap
et je me love dans un vœu de poème
ton bras sur ma poitrine
se couvrir de mots magiques
comme le prince blessé d’amour
remonter le temps
par une route oblique
revenir au théâtre d’innocence
dans les racines de l’amandier
reprendre le geste
qui met le feu à l’âme
comme langue
partie d’un tourbillon de tracas
chargées d’outils ou de remords
comme hirondelle
affolée de bleu
captive d’un bouquet de chardons
comme flamme
espérant la goutte d’accueil
à la porte du cœur
tu creuses le poème
toute route choisie
conduit à l’opaque de la douleur
les années passent
le sang se raréfie
vers où la roche cardinale
pour ouvrir la poitrine
aux vents de l’oubli
belamri rabah p1`
Rabah Belamri, né le 11 octobre 1946 à Bougaa, dans la région de Sétif, en
Algérie, et mort le 28 septembre 1995 à Paris, est un écrivain algérien
Sofiane Belkadi