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Citations sur Laver les ombres (147)

Pour être libre, il faut apprendre. Elle n'a pas appris. P62
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Léa enfile son grand pull de laine brune, elle reste pieds nus, passe dans la pièce sur rue.
A la fenêtre, elle regarde les passants qui se hâtent. On marche toujours plus vite quand il pleut. C'est drôle, pense-t-elle, le front appuyé à la vitre, on s'immerge dans la mer facilement et on fait tout pour éviter juste quelques gouttes du ciel. Pourtant c'est bien toujours notre peau, la même, qui reçoit l'eau. En ville, est-ce qu'on fuit la pluie parce que tout le corps n'y est pas ? La sensation de l'eau glissant dans le cou suffit à glacer tout le reste. Il n'y a qu'à regarder les nuques rentrées dans les épaules de ceux qui se hâtent sur les trottoirs.

Quand elle était petite, elle aimait mêler l'eau de l'océan et celle du ciel les jours d'été où l'orage la surprenait sur la plage. Sa mère la frottait de la tête aux pieds avec une grosse serviette éponge quand elle rentrait. Elle disait avec cet accent italien toujours si fort au bout de tant d'années Tu vas attraper la mort. Et Lea riait. Non, elle n'avait pas attrapé la mort. L'expression aujourd'hui lui revient. Pas le rire. Ce matin, elle entend trop chaque mot, tout seul Tu vas attraper la mort. Non, elle ne veut pas. C'est la vie qu'elle cherche à attraper.
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Sur un grand lit, à Naples, dans une chambre, est allongée une toute jeune fille. C'est la guerre. Dans des pays des gens se battent. Mais elle, elle est allongée, dans une grande maison cachée au fond d'une cour.
Elle s'appelle Romilda.
Parfaitement immobile, les mains croisées sur la poitrine, on dirait une morte. Ses cheveux sont dénoués. Longs, noirs, parfaitement coiffés. Elle est vêtue comme pour une fête d'une robe d'organdi blanche parsemée d'étoiles.
Ses yeux sont fermés.
Elle ne dort pas.
Romilda s'essaie à disparaître. Vraiment. Elle imagine son corps de plus en plus serré, elle absorbe par la pensée bras et jambes. C'est un exercice difficile. Elle veut se réduire. Concentrée, il faut respirer le moins possible. C'est une tentative d'amenuisement. Une de plus.

Quand on ne peut pas réduire le monde, on se réduit soi-même. Mais on ne disparaît pas si facilement. Elle entend du bruit, des rires au rez-de-chaussée de la maison. Elle n'y arrivera pas. Pas plus aujourd'hui qu'hier. Romilda ouvre grands les yeux. En alerte. Aucune voix masculine ne lui parvient d'en bas. Les rires sont des rires de femmes. Alors elle plonge la main sous le lit. Elle attrape un livre, toujours le même. Un vieux livre aux pages fatiguées, aux bords cornés. Un livre d'amour. Et elle lit. Désespérément. Que les mots au moins l'emportent. Loin. Loin. Elle a seize ans. Elle n'a plus d'âge.
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Un homme passe et repasse devant le banc, puis s'assoit. Bien trop près. Elle n'écoute pas, elle ne veut pas entendre les obscénités qu'il murmure.
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Rien de mieux que la répétition pour faire croire à l'éternité. L'éternité n'est pas un chemin. Elle est ronde. Un cercle n'a pas de sens. On y tourne. C'est tout.
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"Quand on ne peut pas réduire le monde, on se réduit soi-même. Mais on ne disparaît pas si facilement."
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Pieds nus devant la mer , on est toujours une petite fille;
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Apprendre à trébucher. Intégrer le faux pas. En faire sa danse. Apprendre la marche imparfaite de tous ceux qui ont dans le corps un poids qui se déplace et les entraîne. Sans qu'ils y puissent rien. Et danser avec ça.
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Quand on ne peut pas réduire le monde, on se réduit soi-même.
Mais on ne disparait pas si facilement.
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Elle a renoncé à connaître l’origine de la guerre en elle. Après tout, le champ ignore la main qui pose la mine.
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