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sur 302 notes
Dans ce court roman à plusieurs voix celle de Léa, la fille et celle Romilda la mère, Jeanne Benameur évoque les difficultés d'être de ces deux femmes, dont les parcours vont tenter de se rapprocher. Lea danseuse et chorégraphe souhaite mettre au centre de sa prochaine chorégraphie le corps de sa mère avec laquelle la communication verbale a toujours été difficile. le parcours douloureux de Romilda la mère est dévoilé par plusieurs épisodes expliquant son caractère taiseux et renfermé.

Si j'ai été touchée par le parcours de la mère, la partie consacrée à la fille m'a déplu par son style intello-nombriliste...intello car la narratrice se regarde intensément le nombril et sensoriel car dans ce récit sont convoqués tous les sens pour exprimer par métaphores un peu sinueuses des sentiments qui ne sont pas toujours poétiques ou intéressants j'ai trouvé qu'il y avait un hiatus entre le fond et la forme, à la fin de ma lecture j'ai presque appréhendé la relation mère-fille comme un oxymore une antinomie totale, une fille ego-centrée, incapable de déceler les souffrances de sa mère et une mère qui se retient par pudeur ou par deni... une drôle d'alchimie à laquelle j'ai eu du mal à adhérer. Cette lecture m'a laissée la même impression que celle du roman de Mathias Enard Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants : j'ai trouvé que tout cela tournait un peu dans le vide et le tout m'a finalement paru fumeux.
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Jeanne Benameur nous raconte l'histoire d'une fille qui n'arrive pas à aimer si elle arrive à danser.
A 38 ans, elle n'a pas d'enfants et a toujours mis un terme brutal à ses relations amoureuses.
Léa se rend compte qu'elle va fuir son nouvel amour encore une fois et poussée par une étrange inquiétude, elle décide de rejoindre sa mère dans sa maison au bord de l'océan.
Les deux femmes vont s'y retrouver, alors qu'une tempête fait rage.
Lentement et en douceur, la mère va lâcher les secrets terribles qui l'ont étouffée sa vie durant en l'empêchant de déployer sereinement tout l'amour qu'elle portait à sa fille.
Léa va écouter, entendre, comprendre, et reconnaître la peur qu'elle portait en elle et qu'elle ne pouvait s'expliquer...
Léa est chorégraphe et la danse remplit sa vie, la fait exister et avancer. Cette pratique lui est essentielle et vitale.
Léa aime Bruno, qui est peintre et qui fixe le mouvement dans ses tableaux. Elle l'admire à l'envier, elle qui ne peut supporter que le déplacement et le mouvement.
C'est au cours d'une séance de pose pour un portrait, acceptée mais redoutée que Léa ressentira sa peur étrange et angoissante, et c'est l'amour qu'elle porte au peintre qui la poussera à l'affronter.
"En photographie, laver les ombres signifie mettre en lumière un visage pour en faire le portrait."
Comme dans "Les demeurées", les mots ont une grande place dans l'histoire des personnages, le chant, la langue aussi. Ils ont un pouvoir salvateur, ils libèrent les énergies, ils apaisent les peurs, ils réconcilient les êtres , ils pansent les blessures de l'âme.
J'ai beaucoup aimé la manière dont est décrite la relation de Romilda aux livres et à la lecture, comment il est dit qu'ils lui ont permis de survivre encore et malgré tout, alors même que l'être semblait s'être effacé...
Ce roman est fait de phrases courtes, de mots simples et choisis, baignés dans un rythme qui respire court ou large au gré des tableaux qui se construisent peu à peu...
De temps en temps pointent comme des poésies qui s'insèrent dans cette prose syncopée pour faire surgir l'émotion, qui sourd ou surgit sans crier gare...
C'est un livre extrêmement sensible, à fleur de peau.
des liens sur le blog :
Lien : http://sylvie-lectures.blogs..
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Les relations fusionnelles mère-fille, voilà à nouveau le thème traité par Jeanne Bénameur ( dont j'avais apprécié Les demeurées qui abordait la forclusion du nom du père chère à Lacan), dans Laver les ombres.
Jeanne Bénameur, auteur prolifique contemporaine, sait tisser tout en finesse des cocons d'où émergent de subtiles chrysalides.
Laver les ombres:un titre qui en photographie signifie:"mettre en lumière un visage pour en faire le portrait".
La photographe des ombres et lumières,c'est l'auteur bien sûr qui en petites touches pointillistes d'émotions contenues nous ouvre les portes de son imaginaire où tout semble vrai tellement ça vibre.
Deux femmes imbriquées.
Léa la fille qui capte le ciel sous son ciel mansardé,qui porte en elle un champ de mines si lourd de peurs inavouées qu'elle danse pour se mettre en apesanteur.
Romilda-Suzanne la mère, qui cache en elle un douloureux secret qui la fait osciller entre présent et passé,le passé d'une fille à soldat lisant des romans à l'eau de roses pour s'évader de son quotidien.
Seul les mots sauront les délivrer de leur gangue commune.
Et les mots de Jeanne Bénameur, légers flocons de tulle qui dansent et virevoltent sur le fil de l'émotion si lourd qui ploie sans jamais casser.
Sublime! du grand Art!
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Léa est chorégraphe... Elle pense son corps dans l'espace, et le met en scène. Un corps qu'elle a su apprivoiser, donner aux spectateurs. Mais l'intimité la heurte, sans savoir pourquoi. Elle fuit, elle bloque. Est-ce que ça viendrai d'un traumatisme que sa mère lui a léguer ? Sa mère, silencieuse, vieillissante, qui veut aujourd'hui parler. Se livrer. A travers des tableaux, le lecteur apprend. Une histoire de vie triste. Et puis, une rencontre entre les deux femmes, en pleine tempête, lèvera le voile sur les non-dits, sur les souvenirs, sur les blessures. Sa mère dit. La fille écoute. Une lecture très chargée en émotions. Et une écriture spectaculaire. C'est la première fois que je la lis, et j'ai bien envie de la lire encore. Les mots résonnent, vibrent... Un beau moment de lecture.
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Jeanne Benameur - 2008

Voilà une petite pépite qui n'aurait pas croisé ma route sans l'existence des boites à livres.
Le style m'a un peu déboussolée au début car les phrases sont courtes, un peu hachées mais au final, cela donne plus de profondeur au texte.

Léa ne sait que danser, elle a besoin d'être tout le temps dans le mouvement. Alors même qu'elle aime Bruno, elle ne le laisse pas s'approcher de trop près. En pleine tempête, elle fuit et retourne près de sa mère pour comprendre pourquoi elle réagit ainsi.

Mère et fille se retrouvent alors pour "laver les ombres". En onze tableaux où alternent le présent et le passé, peu à peu se livrent les secrets dont la mère porte encore les stigmates et qui ont été transmis à Léa par vibration pendant toutes ces années de silence.



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Un livre empli de poésie : la douceur des mots atténue la dureté de l'histoire.

Deux femmes meurtries qui expriment leur mal-être, chacune à sa façon. La mère et la fille. Romilda et Léa.
La mère qui se mure dans le silence, bien trop honteuse de son passé, là-bas en Italie. Aujourd'hui, toujours aussi taciturne, elle se réfugie dans la solitude, près de la mer.
La mer, l'océan : l'eau, l'élément naturel qui lie la mère à sa fille.

Des phrases courtes mais percutantes. Des chapitres brefs mais intenses. Des mots, toujours subtils qui apportent de l'émotion, nous emportent dans la vie tumultueuse des personnages.

Un voyage enchanté. La danse qui libère le corps, avec une gestuelle gracieuse. La peinture qui fait ressortir les souvenirs douloureux enfouis. Poser nue, c'est se défaire de sa carapace, et là tout chavire. C'est le chaos.

Puis vient la parole, même suggérée. Et là, tout s'efface. Les coeurs reprennent leur souffle, doucement, vers un nouveau chemin et libérés du poids du passé.
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La tempête qui se lève rend les confidences possibles entre une mère et sa fille. Léa est créatrice de ballet, elle vit à travers les corps qu'elle met en scène, mais elle ne voit pas pourquoi, elle-même, elle ne parvient pas à se donner à l'homme qu'elle aime.
Soudain, elle comprend que la réponse se trouve dans son histoire : il est temps de se confronter à ce qu'a vécu sa propre mère, Léa doit connaître l'histoire de sa naissance.

L'auteure se place sur le fil des émotions. C'est dans un souffle que se livre l'indicible vérité. Les phrases sont hachées, la vie s'écroule, et semble prête à repartir à la fois. Une fenêtre sur l'extérieur s'ouvre grâce à Bruno, l'amant patient : l'espoir à saisir pour Léa.


L'amour doit faire face à des douleurs écrasantes. Et pourtant, il surgit encore, au coeur de ces tragédies mêlées, comme un phare vaillant dans la tempête.

Huit clos envoûtant, parfois oppressant, sauvé par son rythme et la retenue de ses personnages.
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Une danseuse chorégraphe face à un peintre qui l'aime, et face à l'amour d'une mère au passé lourd qu'elle va raconter une nuit de tempête. Laver les ombres est un roman fulgurant, à l'écriture concise et profonde. Que dire de plus ?
Il y a des livres qu'on met du temps à découvrir mais après, on sait qu'on lira les autres livres de l'autrice.
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« Laver les ombres, en photographie, signifie mettre en lumière un visage pour en faire le portrait. »
On alterne en présent et passé, on alterne entre trois personnages mais c'est surtout Léa qui est mise en valeur, si l'écriture m'a plu, le récit beaucoup moins. La plume de Jeanne Benameur est toute en sensibilité, il y a de belles tournures de phrases mais je n'ai pas accroché à l'intrigue. C'est une relation particulière qu'il y a au corps, et je n'ai pas la même, ça m'a créé un blocage. On est constamment entre souffrance et espoir, je trouve que c'est bien fait, car à chaque douleur vient se mettre un pansement, un trait de pinceau en or qui vient solidifier la partie brisée.
Si je n'ai pas été pris par l'histoire qui, je trouve, manque un peu d'originalité, la plume vaut vraiment le détour et je serais content d'en découvrir plus d'elle, j'ai envie de lui redonner sa chance dans un récit qui me touchera plus. C'est un roman très féminin (et féministe ?), par les personnages mais surtout par la vision du corps, dans son rapport avec celui-ci et c'est là que je ne m'y suis pas retrouvé.
Bref, l'intrigue m'a peu plu mais je le conseil quand même, pour la beauté de l'écriture au moins.
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Je l'ai dévoré, comme envoûtée par l'histoire de cette mère emprisonnée par les secrets inavouables de son passé et de sa fille qui se livre un combat intérieur qu'elle extériorise par la danse. Entre les deux femmes, un lien... fort, si fort qu'il les entraîne dans cette tempête qui fait vibrer la maison d'enfance de Léa. Les mots, si durs, parfois, si doux, d'autres fois. le rythme de l'écriture suit celui du récit, nous plonge dans ce retour aux souvenirs d'enfance, qui peuvent être vus différemment une fois le voile levé.

La force des livres aussi, le pouvoir qu'ils ont de raccrocher à la vie lorsque cette dernière tangue, quand les jours (sans parler des nuits) sont durs à s'écorcher vif et qu'il ne reste plus que le(s) livre(s) pour garder une prise. Cette force qui agit comme un baume protecteur contre la dureté de certains moments de la vie.

J'ai eu un coup de foudre pour ce livre justement, impossible de le reposer avant de l'avoir terminé, comme en apnée, prête à en perdre le souffle. Il m'a redéposée sur le rivage après un voyage foudroyant mais éclairant entre ces pages.

Une très belle surprise !
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