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3,6

sur 216 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cela fait déjà plusieurs années que je suis tombée
en « Benamour », sans détour, en lisant pour la première fois « Les demeurées ». Ce style particulier m'avait plu tout de suite, et par la suite, j'ai lu d'autres de ses oeuvres, même certaines pour la jeunesse... sans jamais vraiment retrouver ce qui avait créé mon coup de coeur. Des mots qui vous saisissent, crochets brûlants, ou brefs et tranchants comme des couperets. Ou encore de longues phrases poétiques et qui enchantent, et vous embarquent, ici, dans la forêt souvent, ou au bord de l'eau.
Une alternance de rythmes ; des respirations et des soupirs, des sourires et des souffrances. On ne peut pas s'endormir en la lisant, on peut juste arrêter de respirer en attendant la suite mot après mot.
J'ai attendu, et j'ai été happée, totalement envoutée. J'ai relu certains passages, pour mieux m'imprégner de leur beauté.
Je ne m'attendais pas à une lecture en miroir, car je saisis ses livres les yeux fermés, j'ai confiance, même si parfois j'ai pu être un peu déçue. Je ne savais pas la douleur d'une grand-mère, je pensais juste à celle de l'enfant qui…

L'enfant qui… je suis dans sa tête, dans ses pensées. Son chien mystère remue la queue près de moi, la truffe au vent, la mère n'est plus, mais son ombre plane. Bohémienne qui peut enfin voyager. Et le père ? Ah ! le père, perdu et éperdu…

Je vais le rendre à la médiathèque et courir l'acheter direct !
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J'ai découvert Jeanne Benameur avec "Les demeurées" et chacun de ses livres me marque. Ils bouleversent. Comment fait-elle pour atteindre avec des mots simples d'une grande poésie, ce qui est au-delà des mots, pour saisir la vie intérieure avec son secret, sa fragilité, permettre de sentir la vibration du silence et le vide qui l'entoure ?
Peut-être ces mots extraits de ce livre esquissent-ils une réponse :
"J'accepte qu'ait lieu en moi la bascule du monde sans savoir ce qui m'attend. J'éprouve. C'est l'aventure de ma vie. Cela m'occupe toute entière.
Je découvre le silence habité de mon propre corps et c'est un endroit où vivre.
(...) À l'intérieur, l'alchimie intime qui crée les images."
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Perdre un parent c'est perdre une part de soi, mais quand il s'agit de la mère, il se produit quelque chose de particulier. C'est le sujet du livre de Jeanne Benameur. La perte et le deuil, pour un enfant, son père et sa grand-mère. L'absente, morte ou disparue on ne sait, a laissé un vide immense et chacun, à sa manière tente de reprendre prise dans un monde définitivement transformé. Tout au long du récit, la narratrice s'adresse à l'enfant, le tutoie, le comprend, l'accompagne dans sa pensée, dans tous les lieux, surtout dans la nature, où il tente de trouver un peu de réconfort, de se construire, adossé à l'Absence. Mais surtout elle l'accompagne dans son imaginaire ; elle seule est capable de voir le chien qui le suit ou le précède partout, et semble n'exister que pour le réconforter. Puis l'on comprend que le jeune garçon représente l'enfance de la narratrice. « Tu me regardes et dans tes yeux, je reconnais l'attente muette de l'enfant que j'étais. » « C'est le souffle de mon enfance qui soulève ta poitrine. Nous sommes ensemble. » La narratrice ( l'auteure? ) finit le récit seule, nous parlant de la disparition de sa propre mère, et de son chemin pour la surmonter, l'intégrer et la dépasser.
Lire une oeuvre de Jeanne Benameur, c'est pour moi plus qu'une simple lecture, c'est une expérience. Ses mots ne provoquent pas seulement des images, on dirait qu'ils entrent jusqu'au coeur de mes cellules pour y créer des sensations, chaud, froid, picotements, peur, joie…Je la crois capable de s'insinuer au plus profond des êtres, de détecter leurs plus intimes secrets ou états d'âmes et de leur dire, regarde, je te vois, je sais ce que tu vis…Je dois ajouter qu'ayant perdu ma mère il y a deux mois, je suis peut-être particulièrement sensible au thème du livre. Après avoir été éblouie par « Les demeurées » puis « Profanes », me voilà à nouveau en admiration devant « L'enfant qui »
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Splendide! Ce livre est un vrai coup de coeur. Impossible d'en faire un résumé car il s'agit davantage d'un cheminement initiatique que d'une histoire, même si la pierre angulaire est la disparition de la mère de l'enfant sans explication apparente.Mythe? conte? le texte est écrit avec une poésie sensuelle, intime et onirique qui m'a parfois rappelé YôKo Ogawa. J'ai ressenti toute l'influence du courant psychanalytique dans ce parcours mais cela n'est jamais pesant ni pédant. le narrateur s'adresse à l'enfant comme s'il le suivait; Il l'observe ainsi que sa grand-mère et son père et lui verbalise ce qu'il voit. Ce n'est qu'à la fin du roman que l'enfant parle à la première personne du singulier et ceci a évidemment du sens! C'est un livre sur l'absence, la perte, la solitude, les peurs inconscientes qui nous gouvernent; Mais c'est aussi un livre sur la vie, la liberté, la mémoire, la nécessité de s'affranchir de la croyance que l'Autre détient les clés de notre bonheur. C'est une incitation à oser vivre. Il y a quelque chose d'archaïque dans ce texte, car on touche à l'universel et au fondamental. Donner plus d'éléments objectifs sur "l'histoire" serait à mon sens trahir ce magnifique écrit. Il faut le découvrir.
Merci à Jeanne Benameur pour cet " Enfant qui" dont le titre est déjà une autorisation à imaginer et une porte vers tous les possibles!
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Ma PAL atteint des sommets lol Aussi bien papier que numérique, alors l'autre jour j'ai plongé ma main dans ma bibliothèque et ressorti : L'enfant qui de Jeanne Benameur.
Dans l'absence laissée par la disparition inexpliquée de sa mère, un enfant, son père et sa grand-mère partent chacun à la reconquête de leur place et de leur présence au monde...
L'enfant qui est un très joli roman, avec une écriture absolument magnifique. Des mots emprunts de poésie, une histoire qui se lit d'une traite et l'autrice a réussi à m'emmener avec elle dans son monde.
Je ne l'avait jamais lu mais il est évident que je la relirais avec plaisir.
L'enfant qui est un ouvrage qui se dévore mais qu'il est, je dois l'avouer, bien difficile à chroniquer ! Je ne l'oublierais pas de sitôt toutefois.. qu'en dire ? A part peut-être... Lisez le, ce roman en vaut la peine :)
Je lui donne évidemment cinq très belles étoiles :)
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« L'enfant Qui », de Jeanne Benameur, est une sorte de conte, entre réalité et imaginaire, porté par l'émotion de l'enfant abandonné ou selon les moments l'enfant orphelin, "adossé à l'absence", où le cœur n'est plus qu'un silence .

L'imaginaire c'est l'espoir, c'est le message de la mère qui guide ses pas vers la maison de l'à-pic, vers la résilience entrouverte, vers le possible. Les mots, que la mère dépose dans le cœur de l'enfant, l'aide à revivre, ces mots qu'il est le seul à comprendre, seul à partager, puisqu'il est le seul à qui la mère parle.

A la page 84, la narratrice se rappelle que, "la mère s'était assise au bord de la rivière, t'avais pris tout contre elle. Elle avait continué à te regarder, tu contemplais son visage et elle t'avait parlé, longuement, comme jamais encore elle ne t'avait parlé."


Ce moment si crucial dans le récit, si démesuré de l'amour, oui on voudrait que ce moment fut vrai, car l'enfant revoit son visage quand elle s'était tournée vers lui. "Le visage de ce jour-là. Lavé de tout, juste empreint de son amour infini pour toi. Ce visage t'accompagnera toute ta vie".

Que peut demander un enfant qui a perdu sa mère si jeune, que cet aveu, "je ne t'ai pas abandonné, car l'enfant l'aurait suivie, un enfant comprend tout". Oui, " tu le retrouveras mon visage dans le visage de chaque madone sur les tableaux, car tu sais que les mères qui ont ce visage là, sont celles qui ont su retenir leurs pas".


Aujourd'hui elle disait :" tu dois avancer d'un pas égal. Comme un funambule".
Entre ton père, et ses cris, et le mutisme de ta mère, séquestrée par ce désir qui le tenait, lui, encagé ; il n'y avait que violence ;" tu as appris dans le ventre de la mère, la violence de vivre, page 22".

Il gronde comme une bête, il ne l'a jamais montré à personne, la destinée avait une longue jupe rouge fanée...

Et puis il y a la grand-mère qui couvre, l'insoutenable, qui n'a qu'une amie, qui savait, car elle avait compris, mais Émilienne ne disait rien. Il lui fallait faire bonne figure au village où au café, là où le père cuvait sa peine, entre deux mortes dira t-il bientôt.



Depuis combien de temps il n'a plus de mère ? Son silence quand il marchera sera lourd...Jeanne Benameur déploie, toute sa tendresse, elle découvre ta lente renaissance, ta nouvelle vie, ta rédemption celle que tu entends comme le murmure de ta mère, le chemin qu'elle ta dit de suivre.


Porté par ses danses, et le chien qui te suit, "ton regard se perd dans tous les verts puis, plus haut, dans le bleu du ciel.
Ton chant prend force. Ton Chant t'allège de tous les regards de tous les cris de tous les silences.
Ta vie peut se mêler à toute vie."


Ta main seule écoutait , Nul bruit que celui lent du vent ,doux sans doute pour le couper du temps. " un souffle, c'est çà le cœur d'une mère ".
"la place vide de la mère est une belle source."


Comment ne pas croire à cette rédemption, imaginer que la nature, et que le chien qui veille sur lui remplacera sa présence, que ce compagnon imaginaire l'aidera à le libérer de ce deuil ?

"Il découvre le silence habité de son propre corps et c'est un endroit où vivre".

J'aime cette phrase qui souligne combien l'orphelin n'est plus totalement dans le monde des vivants, sa vie souvent peut basculer, tel un funambule il n'a pas encore choisi, de quel côté il allait tomber ; "tout le monde dit et répète que tu peux parler quand tu veux mais que tu ne veux pas".
L'orphelin n'a plus de cœur, il s'est envolé, il n'a plus de repères, parfois c'est un voile qui occulte sa vie d'avant.

Jeanne Benameur, donne le sentiment de l'avoir été orpheline, ou du moins elle a connu la douce chevelure d'un tout jeune enfant abandonné.
Alors c'est un conte, plus qu'une fiction, un chemin qu'elle va tracer pour lui parler comme si elle lui racontait l'histoire de Rémi, rentrer dans son intimité sans le dérouter.

Jeanne Benameur a choisi l'émotion, pour nous raconter ces trois vies, un père dévasté encagé sur lui-même, une grand-mère qui a le sentiment de revivre sa propre histoire, un enfant qui va renaître, et ressentir une joie puissante l'envahir.

De la douleur aux larmes, de la puissance des mots, à la fascination de la forêt en goulées sonores, fluides et colorées, c'est un pari que celui de la résilience, de la possibilité de se reconstruire, et peut-être demain d'écrire de sa propre main ce parcours initiatique que caresse la robe rouge fanée de sa mère.

Jeanne Benameur dans son écriture charnelle, a trouvé les mots justes pour nous expliquer comment le parcours de cet enfant, vers sa renaissance fut possible, une réussite. Le fait de ne pas lui donner un prénom en fait une fable universelle.
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Jeanne Benameur a écrit là une belle histoire dans un style superbement poétique. J'ai adoré. C'est bouleversant et poignant.
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« L'enfant Qui », de Jeanne Benameur, est une sorte de conte, entre réalité et imaginaire, porté par l'émotion de l'enfant abandonné ou selon les moments l'enfant orphelin, "adossé à l'absence", où le coeur n'est plus qu'un silence .

L'imaginaire c'est l'espoir, c'est le message de la mère qui guide ses pas vers la maison de l'à-pic, vers la résilience entrouverte, vers le possible. Les mots, que la mère dépose dans le coeur de l'enfant, l'aide à revivre, ces mots qu'il est le seul à comprendre, seul à partager, puisqu'il est le seul à qui la mère parle.

A la page 84, la narratrice se rappelle que, "la mère s'était assise au bord de la rivière, t'avais pris tout contre elle. Elle avait continué à te regarder, tu contemplais son visage et elle t'avait parlé, longuement, comme jamais encore elle ne t'avait parlé."


Ce moment si crucial dans le récit, si démesuré de l'amour, oui on voudrait que ce moment fut vrai, car l'enfant revoit son visage quand elle s'était tournée vers lui. "Le visage de ce jour-là. Lavé de tout, juste empreint de son amour infini pour toi. Ce visage t'accompagnera toute ta vie".

Que peut demander un enfant qui a perdu sa mère si jeune, que cet aveu, "je ne t'ai pas abandonné, car l'enfant l'aurait suivie, un enfant comprend tout". Oui, " tu le retrouveras mon visage dans le visage de chaque madone sur les tableaux, car tu sais que les mères qui ont ce visage là, sont celles qui ont su retenir leurs pas".


Aujourd'hui elle disait :" tu dois avancer d'un pas égal. Comme un funambule".
Entre ton père, et ses cris, et le mutisme de ta mère, séquestrée par ce désir qui le tenait, lui, encagé ; il n'y avait que violence ;" tu as appris dans le ventre de la mère, la violence de vivre, page 22".

Il gronde comme une bête, il ne l'a jamais montré à personne, la destinée avait une longue jupe rouge fanée...

Et puis il y a la grand-mère qui couvre, l'insoutenable, qui n'a qu'une amie, qui savait, car elle avait compris, mais Émilienne ne disait rien. Il lui fallait faire bonne figure au village où au café, là où le père cuvait sa peine, entre deux mortes dira t-il bientôt.



Depuis combien de temps il n'a plus de mère ? Son silence quand il marchera sera lourd...Jeanne Benameur déploie, toute sa tendresse, elle découvre ta lente renaissance, ta nouvelle vie, ta rédemption celle que tu entends comme le murmure de ta mère, le chemin qu'elle ta dit de suivre.


Porté par ses danses, et le chien qui te suit, "ton regard se perd dans tous les verts puis, plus haut, dans le bleu du ciel.
Ton chant prend force. Ton Chant t'allège de tous les regards de tous les cris de tous les silences.
Ta vie peut se mêler à toute vie."


Ta main seule écoutait , Nul bruit que celui lent du vent ,doux sans doute pour le couper du temps. " un souffle, c'est çà le coeur d'une mère ".
"la place vide de la mère est une belle source."


Comment ne pas croire à cette rédemption, imaginer que la nature, et que le chien qui veille sur lui remplacera sa présence, que ce compagnon imaginaire l'aidera à le libérer de ce deuil ?

"Il découvre le silence habité de son propre corps et c'est un endroit où vivre".

J'aime cette phrase qui souligne combien l'orphelin n'est plus totalement dans le monde des vivants, sa vie souvent peut basculer, tel un funambule il n'a pas encore choisi, de quel côté il allait tomber ; "tout le monde dit et répète que tu peux parler quand tu veux mais que tu ne veux pas".
L'orphelin n'a plus de coeur, il s'est envolé, il n'a plus de repères, parfois c'est un voile qui occulte sa vie d'avant.

Jeanne Benameur, donne le sentiment de l'avoir été orpheline, ou du moins elle a connu la douce chevelure d'un tout jeune enfant abandonné.
Alors c'est un conte, plus qu'une fiction, un chemin qu'elle va tracer pour lui parler comme si elle lui racontait l'histoire de Rémi, rentrer dans son intimité sans le dérouter.

Jeanne Benameur a choisi l'émotion, pour nous raconter ces trois vies, un père dévasté encagé sur lui-même, une grand-mère qui a le sentiment de revivre sa propre histoire, un enfant qui va renaître, et ressentir une joie puissante l'envahir.

De la douleur aux larmes, de la puissance des mots, à la fascination de la forêt en goulées sonores, fluides et colorées, c'est un pari que celui de la résilience, de la possibilité de se reconstruire, et peut-être demain d'écrire de sa propre main ce parcours initiatique que caresse la robe rouge fanée de sa mère.

Jeanne Benameur dans son écriture charnelle, a trouvé les mots justes pour nous expliquer comment le parcours de cet enfant, vers sa renaissance fut possible, une réussite. le fait de ne pas lui donner un prénom en fait une fable universelle.
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«  Tu ne connais pas encore les peintures des maîtres chinois, l'encre déposée par le pinceau, à peine une trace, et le vide.Si tu les connaissais, tu saurais que maintenant, c'est toi ».
Ce vertige là. Qui se musique, qui se souffle. Sur l'enfant qui, à l'enfant chant. C'est le vertige que provoque le parfum des absences. Ce vertige là ne se partage pas. Mais il s'écrit, se dessine, se peint. Il se vit.
« Dans ta tête d'enfant, il y a de brusques ciels clairs arrachés à une peine lente, basse impénétrable.Ta mère a disparu.Elle avait beau ne jamais être complètement là, c'est à son odeur, à sa chaleur, à ses mains silencieuses que tu prenais appui pour sentir que tu existais vraiment. ». « Toute ta vie au bord de quelque chose qui n'a pas de nom.Dans le monde, ta place s'est réduite. ». « Tu es seul comme peut l'être quelqu'un dans un tableau ».
« Tu es un enfant qui marche tout seul, une main caressant l'ombre. ».
« Tu es un enfant qui penche. »
Vers le ciel, dans le vent, sous les arbres, ouvert du dedans, déchiré au dehors. A l'à pic. à vif, sans adresse.
« Toi, tu as dans les jambes la force de tous les pas que ta mère a cessé de faire ».
C'est un commencement. Un Plus jamais qui bascule ton corps, ta tête, tes rêves, vers l'avant. L'avant matière, l'avant le premier jour, l'avant de la première nuit, du dernier ou premier mot.
« Les heures tomberont dans les mers inconnus quand les oiseaux dans leur long voyage écarteront leurs ailes ». « Tous les oiseaux ont de la chance. Tous les cris du monde sous leurs ailes ne les empêchent pas de voler ». D'ortie ou de cendres, de ronces ou de poussières. Qu'importe les cris qui porteront tes ailes. Tu marches, tu cours, ouvert, offert et découvert à tous les temps. Réalité, imaginaire, qu'importe l'image qui t'emporte vers le temps. « les mains ouvertes des mères sont des livres d'images. Et l'enfance apprend le souci de la vie qui se perd ». Soulever pierre à pierre, faire passer la lumière à travers le temps, que le soleil trace ta route. Soulever les pierres, des pierres contre la terre. « Les mots sont inconnus.C'est une langue du dessous des choses. La langue du corps de la mère. Une langue qui a roulé sous les pas de tous ceux qui marchent sur les routes, dans leur sang, sous leur peau et sous les pierres. Cette langue-là est vieille et obscure. Tu l'entends.Elle dit le dedans et le dehors, la peau entre les deux. Fragile.vivante.
Elle oeuvre.
La grammaire de cette langue là ne s'apprend nulle part. Personne ne peut l'enseigner. C'est une langue sauvage. Qui va sa route de corps en corps, ne se donne que par le silence de la peau. Une langue aveugle comme peut l'être le petit au creux du corps de sa mère, pas encore livré au monde. C'est la langue des rêves assourdis et des mythes des hommes. Certains l'ignorent toute leur vie. D'autres la laissent revenir parfois, dans l'amour ou le silence, revenue du secret de la mémoire. C'est cette langue là seulement que parlait ta mère. Toi, dans son ventre, tu l'as entendue. ». « Est-ce que vraiment ta mère était une folle vagabonde qui racontait n'importe quoi comme le crie encore ton père parfois ? de toutes tes forces tu redonnes ta confiance aux mots qu'elle a prononcés.Tu chasses toutes les insultes et tous les doutes. Tu la revois comme toi seul pouvais la voir ».
« Nous apprenons que les les corps des mères, on ne les retrouvera jamais. Parce que les corps des mères, ça ne se retrouve pas. Jamais. C'est comme ça. Les corps des mères s'effacent des corps des vivants. Ils deviennent rien. le rien. Ne demeurent que des mots murmurés, des gestes comme ralentis, effleurés.Un souffle. C'est ça, le corps d'une mère. le temps travaille à prendre sa juste place en nous. A circonscrire le rien de la mère. le rien réclame de l'espace .
La place du vide. Les choses vivantes prennent donc une autre forme à l'intérieur de nous.
Pour respecter le rien. Il faut bien. Pour vivre avec notre corps de vivant avec les vivants.
Dans notre marche solitaire, c'est ce qui est à l'oeuvre. Nous sentons le remuement profond. Il vient de la terre et ses racines emmêlées en train de s'écarter pour faire place. Notre voix s'accorde à ce qui n'a pas de nom . La place vide de la mère est une belle source. »
« Nous n'avons plus peur maintenant.Les images sont là. Dans notre tête s'animent des voix et des visages.Nous imaginons. La réalité du monde n'y perd rien. Bien au contraire. Nous nous rappelons les paumes ouvertes des mains de notre mère, et tout ce que nous y voyons d'inconnu et de beau. Nous comprenons que le Plus jamais ne prend pas cela, qu'il y a là des trésors pour toute notre vie. Ça, ça ne disparaît pas.
Nous pouvons même parvenir à nous dire que notre mère et morte. Cette réalité-là n'est plus impossible. Nous savons que nous ne la reverrons jamais mais que nous pourrons l'imaginer.Nous avons le pouvoir de faire front. Nous pourrons laisser son visage revenir, rappelé par tout autre chose. La couleur d'un ciel y pourvoira ou la courbe d'une hanche sur un tableau. Nous n'aurons plus peur de la perdre encore et encore. Et d'être, nous, juste un enfant perdu.
Notre rêverie est puissante. Elle est à l'oeuvre.
L'équilibre nous le découvrons dans chacun de nos pas. Nous pouvons redescendre marche après marche de la maison de l'à-pic. La porte est toujours ouverte. Nous n'avons plus peur. Nous pourrons y remonter quand nous le voudrons. Nous grandissons en marchant ».
C'est une très belle écriture, celle de Jeanne Benameur. .
Histoire de l'enfant qui. Un roman d'initiation.
« Le nid que l'oiseau bâtit
Si petit
Est une chose profonde ;
L'oeuf ôté de la forêt
Manquerait
A l'équilibre du monde » Chanson des oiseaux .Victor HUGO
Astrid Shriqui Garain

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Le père, il n'a pas su garder la mère, une femme du voyage,elle a disparu, un jour. Elle savait parler la langues des rêves et des mythes des hommes et savait lire les histoires de la vie tracées dans les paumes des mains. le père est devenu un homme triste, qui boit au café et qui crie.
Il se demande ce qu'il va faire de l'enfant. Un enfant qui ne parle pas et ne demande jamais rien. L'enfant, il a appris dans le ventre de sa mère la violence de la vie. Il marche dans la nature avec un chien que personne d'autre que lui ne voit. L'enfant sent les odeurs de tout ce qui pousse.
La grand-mère a appris à l'enfant tout ce qu'il faut savoir, à se méfier de la rivière, s'approcher d'un chien ou pas, se faire oublier des autres. La grand-mère, elle a subi des choses que même les bêtes ne font pas, elle s'est libérée la tête en chassant Dieu et menace de mettre le feu à son église s'il arrive quoi que ce soit à l'enfant.

Un roman qui ne fait que 120 pages, mais comme la grâce ne dure jamais longtemps, ces quelques pages suffisent à nous faire atteindre les sommets de la poésie. L'histoire nous est révélée par petites touches, mais l'histoire n'a pas d'importance, ce qui compte ici ce sont les mots qui nous touchent au plus profond. Avec "Profanes", Jeanne Benameur avait parlé à notre âme, avec "L'enfant qui" elle récidive pour notre plus grand bonheur et nous fait toucher l'impalpable.
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