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sur 462 notes
Jeanne Benameur, Les insurrections singulières - 2011 - ⭐️⭐️⭐️⭐️


« Oui, ça fait peur, le temps mort. Pourtant c'est dans ce temps-là, où en apparence il ne se passe rien, que tant de choses en nous se ramassent, pour prendre forme… »

« Aujourd'hui je sais que les zones obscures sont des zones pleines et que les mots, les vrais, c'étaient là qu'ils étaient, à attendre. »

J'aime l'écriture de Jeanne Benameur, toujours proche à la fois de l'action et de l'intériorité. Ici Antoine se réclame du conte de Boucle d'or pour nous dire à quel point il se cherche et cherche la chaise grande ou petite qui lui conviendra. Ouvrier dans une usine, abandonné par son amour, il part au Brésil, reine de la sidérurgie, pour y rencontrer ceux qui lui volent son travail, mais c'est lui qu'il rencontrera dans ce pari risqué de se refaire et de donner un autre élan à sa vie. J'aurais aimé le voir lutter un peu plus pour ses frères ouvriers comme s'il manquait une dimension au roman, mais ça demeure une oeuvre très belle et très inspirante.

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Antoine est trentenaire et célibataire depuis peu car Karima l'a quitté. Il n'a jamais été très fort pour les études. D'ailleurs il n'a pas tenu longtemps à la fac et a fini par rejoindre l'usine où a travaillé son père. Personne n'a vraiment compris, "Lusine" ce n'est pas un choix. Pourtant ce choix, Antoine l'a fait. Et puis les investisseurs parlent de délocaliser, misent sur le Brésil, peut-être à Monlevade, cette ville sans charme. L'usine française va fermée comme tant d'autres avant elle et comme beaucoup d'autres à l'avenir. Que faire alors ? Antoine est perdu, les emmerdes s'accumulent. Quelques questions le turlupinent : pourquoi là-bas ? Comment peuvent-ils mettre autant de gens au chômage sans scrupule ? Qui sont ces brésiliens qui leur volent leur travail ? Alors il s'envole, accompagné de Marcel, il veut voir, découvrir par lui-même qui sont ces gens.

Je ne m'attendais pas à un tableau macabre de l'industrie française et mondiale. Je ne voulais pas lire ça, ce constat de notre société à problèmes, des gens qui souffrent, la délocalisation qui est un fléau planétaire et le chômage qui fait rage. Quel tableau déprimant ! Ce roman est déprimant et trop réaliste pour moi, j'avais l'impression de lire le journal... Antoine est au fond du trou, tout lui tombe dessus et j'ai souvent eu envie de le secouer. Heureusement tout change sur les cinquante dernières pages, celles qui sont les seules que je retienne.

J'ai cependant beaucoup aimé le personnage de Marcel, il bouscule, titille, gêne avec ses questions. Il fait avancer, il est réaliste et lucide mais aussi profondément positif. le style de l'auteur m'a aussi plu, c'est incisif, rapide et cadencé, un peu comme un tango !
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Court roman qui en moins de deux-cents pages réussit à bouleverser nos façons de penser, nos idées toutes faites, nos préjugés, nos convictions. Il nous bouge, nous interpelle, nous interroge. L'écriture est fine, sensible, poétique, les mots nous enveloppent, on finit par se les approprier et se dire que oui, finalement, choisir de nouvelles routes est possible, qu'il suffit juste de rencontrer les bonnes personnes au bon moment pour trouver sa place, la vraie, celle pour laquelle on est fait au lieu de subir simplement le destin, ou de choisir une voie tracée d'avance. Roman intense qui parle de révolution personnelle et d'espoir, ça fait du bien!
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J'ai du mal à définir Les insurrections singulières. Il convient de vous prévenir que c'était la première fois que je lisais Jeanne Benameur. Je sais qu'elle prend une place croissante dans le paysage littéraire français contemporain, et je le comprends : style fluide, facile à lire, qui s'adapte assez bien à l'esprit de son personnage principal, même si j'aurai aimé un langage peut-être moins ampoulé de la part d'un Antoine qui se dit lui même peu éduqué, tout juste titulaire de son bac. Mais ce qui m'a le plus marqué dans ce roman, c'est toute cette quête d'identité qu'Antoine entame à l'aune d'une rupture amoureuse...

"En fait, il y croit et c'est peut-être ça que je supporte le moins. Lui, il est à sa place. Sur l'échiquier, il sait quelle partie il joue." (p.39)
Tout dans sa tête se questionne... A-t-il eu raison de suivre les traces de son père à l'usine ? Qu'aurait-il pu faire d'autre ? Que va-t-il faire de sa vie désormais ? Jeanne Benameur vient raconter l'histoire d'un trentenaire qui tente de trouver sa place, de savoir qui il est. Ce roman parle d'un homme en colère, d'un homme révolté, qui tente de se connaître pour s'apaiser. Qui s'interroge sur la manière de trouver sa place en tant qu'individu unique dans la masse similaire qu'est une famille, un groupe professionnel, et peut-être la société toute entière. C'est un roman actuel, qui parle de notre rapport au travail : doit-il être un simple moyen de subsistance, une manière d'appréhender la vie, une passion ?

Dans la très courte postface de son roman, Jeanne Benameur explique que ce roman est né des fermetures d'usines en France, des multiples délocalisations auxquelles doivent faire face les ouvriers. Mais elle a réussit à insuffler à Antoine des questionnements plus vastes et plus généraux sur le sens que nous tentons tous de donner à nos vies.
Un roman qui nous rappelle de ne jamais perdre de vue les rêves que nous pouvons avoir dans un coin de nos têtes face aux impératifs qui se veulent obligatoires du quotidien...
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C'est une belle histoire que celle de cet homme, Antoine, qui depuis toujours sent un décalage entre lui et le monde; c'est un homme en lutte, en révolte qui a une quarantaine d'années, travaille à "Lusine" comme son père avant lui, et vient de rompre avec la femme de sa vie, Karima. Il est perdu, Antoine; il retourne chez ses parents dont il voit la vie simple et digne, et se demande où est sa place; il se sent imposteur de sa propre vie. Pourquoi après son bac n'a-t-il pas réussi à faire des études ? A-t-il "échoué" à l'usine pour faire comme son père ? Pourquoi n'a-t-il pas pu dire les mots attendus à Karima ? D'où vient cet impression d'être "en dehors" alors même qu'il prend en main la lutte contre la délocalisation de son usine ? Dans ce beau livre de réflexion d'un homme sur sa vie, il y a de très belles pages sur la fraternité, le rôle des livres, le travail et ce que l'homme devient si celui-ci n'a plus de valeur; c'est aussi un hymne à la vie, au désir et au bonheur d'être sur Terre. J. Benameur sait parfaitement mettre en mots le ressenti de ses personnages.
Lien : http://www.les2bouquineuses...
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Antoine, ouvrier et fils d'ouvrier d'une trentaine d'années, est menacé avec ces collègues par la fermeture de l'usine, qui doit partir produire au Brésil. Militant, à la recherche d'une identité, sa rencontre avec Marcel, bouquiniste passionné des livres va changer se vie. Marcel lui apprend la vie de Jean de Monlevade, industriel français. Antoine va partir au Brésil pour tenter de comprendre le parcours de Monlevade, les raisons de la délocalisation, les conditions sociales.
C'est un roman sur la lutte sociale, les ouvriers, les conditions de travail.....
Tout au long de ce récit il y a cette lutte, l'engagement d'Antoine mais aussi une « mise au point » avec lui même, une réflexion d'un ouvrier mal dans sa peau, dont ses parents ont tout fait pour ses études et qui a choisit de faire comme son père, son amour avec Karima. Deux histoires se mêlent : ouvrière et personnelle.
Jeanne Benamaeur, avec son style bref mais très intime, nous offre l'émotion de ses personnages : Antoine, ses parents, Marcel, et tous les ouvriers avec leurs envies de lutter mais aussi leurs « limites » face à leur quotidien.
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Qui dit insurrection, dit révolte, mais c'est d'une révolte intérieure dont va nous parler Jeanne Bénameur, auteur (déjà connue pour 'Les demeurées' l'histoire d'une mère illéttrée et de sa fille née en Algérie et récompensée par le prix Unicef en 2001).
Antoine, après quelques années de fac, a suivi les traces de son père et est devenu ouvrier d'usine près de Paris. Il a rencontré Karima, amoureuse des mots mais elle l'a quitté, s'apercevant qu'il maniait avec plus d'aisance les phrases du militantisme syndical que les déclarations d'amour.
A quarante ans,il apprend la mauvaise nouvelle:il va être délocalisé au Brésil. le voilà pris dans la tourmente:que faire?
Il retourne vivre chez ses parents et vend le dimanche quelques objets aux puces. C'est là qu'il va se lier d'amitié avec celui qui lui ouvrira ses propres portes, celles de sa révolution intérieure. Il s'agit de Marcel, un libraire veuf qui chaque jour se recueille sur la tombe de sa femme et lui fait la lecture. Ces deux solitaires unissent leurs solitudes, l'un lit et transmet son savoir,l'autre écoute et s'apprend. Une amitié nait entre eux et Marcel offrira un livre à Antoine, l'histoire d'un jeune aristocrate parti fonder au Brésil une usine de sidérurgie. Antoine partira t il?
Un très beau livre,bien écrit,émouvant, un élan de vie pour se libérer des carcans qui oppressent. Un récit qui nous interroge aussi sur ce phénomène de délocalisation actuel dans certains pays qui procurent des avantages compétitifs et des conséquences de déracinement et de remise en question familiales qu'entrainent ces transferts d'emploi et d'activités.
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Antoine a suivi les traces de son père, est entré à l'usine. Karima, son amie le quitte. Il se rend compte alors qu'il n'a jamais su lui parler. Les seuls mots qu'il a pu exprimer sont ceux qu'il utilisait pour défendre les ouvriers. En repos forcé, il ne supporte plus le monde dans lequel il vit, les gens qui l'entourent. Il décide de tout quitter et part pour le Brésil, sur les traces cette fois de Monlevade, français expatrié là-bas pour monter son entreprise de sidérurgie (débuts de la mondialisation). Et là l'introspection commence. Non seulement il va pouvoir renaître, rencontrer de nouveau l'amour mais aussi mettre les mots qu'il faut sur ce qu'il ressent ou voit.
Les mots ont donc une importance dans ce roman mais rendent finalement notre héros improbable. Peu d'ouvriers peuvent en effet se permettre un tel voyage. Mais là l'auteur le reconnaît. Par contre, leur préoccupation première est-elle de trouver les mots qui donneraient un sens à leur vie ? D'après l'auteur, c'est du vécu puisqu'elle a participé à des réunions d'ouvriers de l'entreprise Mittal. Celle-ci investissait au Brésil. Les ouvriers étaient lucides sur le monde du travail actuel et trouvaient le moyen d'exprimer leur colère. Il ne faut pas les prendre pour des cons non plus...
Pas sûre que les mots utilisés cependant étaient ceux du narrateur qui a de toute façon une sensibilité tout à fait féminine, ce qui sonne encore plus faux.
Partagée sur ce roman. Original, une jolie écriture et pourtant j'ai souvent buté...
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Antoine est à un moment critique de sa vie. Karima, sa compagne, a mis un terme à leur relation. Puisqu'Antoine s'était installé chez elle il y a quatre ans, elle lui demande de partir. Il erre quelques temps d'hôtel en hôtel avant de retourner chez ses parents. Comment pourrait-il, avec sa paye d'ouvrier qualifié, se payer l'hôtel plus longtemps ? D'ailleurs, ça ne va pas fort non plus de ce côté-là. A l'usine, le moral est au plus bas. Les actionnaires cherchent à délocaliser la chaîne de production et malgré la mobilisation d'Antoine et de ses collègues syndicalistes, le processus est enclenché. Les ouvriers ont été contraints de poser leur RTT et, au terme de cette période de vacances forcées, aucun n'a la certitude de pouvoir retrouver son poste. Les chaînes de productions vont être transférées à João Monlevade, au Brésil.

Antoine est dans une impasse. Depuis longtemps, il a l'impression de ne pas être à sa place. Aussi loin qu'il se souvienne, cette impression domine. A l'école ou à la Faculté, à l'usine ensuite… et même dans les bras de Karima. Il se vit comme un imposteur

Mais en chemin, au milieu de ses doutes, Antoine fait la connaissance de Marcel, un ami de ses parents. C'est par lui que tout commence, que d'une chose à l'autre, les évidences apparaissent, timidement au début, jusqu'à l'évidence. Antoine prend sa vie en main et ce qu'il ressent alors n'a pas de comparaison avec ce qu'il a vécu avant. Il se sent vivant, il se sent devenir vivant, il est « Devenu » un homme.



Jeanne Benameur. Je ne compte plus le nombre de chroniques que j'ai vu fleurir sur la toile, parlant avec fougue de ses romans, donnant envie de s'y plonger, de découvrir cette plume qui émeut, qui touche, qui réchauffe.

A mon tour, j'ai eu envie de partager l'accueil que j'ai réservé à ce roman… dire le plaisir que j'ai eu de le découvrir. le personnage central porte ses incertitudes avec peine, il se cherche, piétine, hésite, doute, se laisse dériver jusqu'à risquer de se noyer dans ses incertitudes. Pourtant, il est persuadé qu'il y a un moyen d'agir sur sa situation. Reste à savoir comment prendre cette pelote de noeuds existentiels, comment voir le fil qu'il faut tirer pour comprendre… se comprendre. Et comme rien n'est jamais simple, comme chacun d'entre nous est pris dans des interactions qui nous dépasse, au travail, en famille, entre soi… Jeanne Benameur ajoute à la narration des considérations dans lesquelles son narrateur se perd : une réflexion sur la valeur du travail, sur l'investissement dans des actions militantes (le syndicalisme), sur le monde ouvrier, sur la notion de couple, de capitalisme, de mondialisation… sur l'amitié, la fratrie, la filiation, la fraternité, l'identité.

Contre toute attente, elle donne à son personnage l'élan de vie nécessaire pour insuffler dans les pages de ce roman la bouffée d'air à laquelle on s'accroche, sur laquelle on se pose et on se laisse porter durant la lecture. Aucune lutte ici, les pages se tournent avec gourmandise et curiosité. On s'attache, on s'identifie parfois aux personnages, on ressent de l'empathie pour chacun d'eux. Beaucoup d'humanité dans ce récit, une chaleur que de trop nombreux romans ne sont pas capables de créer. Mais ici, le courant passe.
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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Difficile pour moi de noter ce roman qui oscille entre rêveries d'une grande beauté et niaiseries. La première cinquantaine de pages, où le héros évoque sa rupture amoureuse et son chômage forcé, est d'une finesse rare. Ce début, rempli d'émotion, m'a parfois même porté les larmes aux yeux. Impossible d'arrêter de tourner les pages, et l'identification à Antoine se fait très simplement. Malheureusement, le charme s'évanouit assez rapidement, dans la deuxième moitié du roman. le style très dépouillé, qui m'avait beaucoup touché dans les premières pages, finit par s'épuiser. Les clichés s'enchaînent, les phrases convenues tuent le rythme et la fin à l'eau de rose manque de subtilité.
Reste donc la puissance de ce début de roman. Heureusement que l'ouvrage est court...
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