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sur 462 notes
Après les insurrections singulières, il va me falloir faire preuve d'objectivité singulière et plurielle.
Singulière parce que j'aime le chaud ou le froid, rarement le tiède, plurielle parce que le thème principal du bouquin et l'écriture de Jeanne Benameur me sont chers.
La lutte des classes que certains voudraient fondre dans la grande partouze de la mondialisation, est plus que jamais d'actualité. Jeanne Benameur, après plusieurs rencontres avec les ouvriers d'Arcelor Mittal de Montataire, a voulu à sa façon, continuer à leur donner la parole à travers ce roman (la genèse du bouquin à la fin est un plus).
Une fois de plus j'ai eu la sensation qu'un auteur enfonçait des portes ouvertes tant les constats et les questionnements du personnage principal semblent évidents.
Quel sens a la vie de notre « civilisation », quel sens veut on lui donner, où est l'important et le futile, rester dans les clous ou faire du hors piste, être soi et laisser parler son coeur ou n'être que par procuration parce que le regard des autres? Qui suis-je où cours-je… si trouille?
On s'enrhume à travers ces pages car le courant d'ère est propice au chaud effroi que provoque notre inaction, notre manque de désobéissance, notre ronron quotidien bien formaté.
Si Jeanne Benameur aborde ce thème, j'ai eu du mal avec l'angle choisi. Si vous voulez c'est un peu comme si votre femme ou votre mari vous quittait et que vous alliez faire ami ami (ou ailleurs on s'en fout) avec votre remplaçant(e). Perso j'irais pas au Bengladesh pour rencontrer les gens qui vont faire le boulot dont je me suis fait virer, parce que la boite délocalise pour que les actionnaires s'en mettent toujours plus dans les poches (là c'est au Brésil, plus bandant peut être).
Pas touché plus que ça par l'histoire ou plutôt par la manière de la raconter.
Maintenant, le truc plus embêtant pour moi… La déception.
Déçu par cette écriture que j'aime tant et qui cette fois ne m'a pas emporté. Peut être que « Ca t'apprendra à vivre » et « Laver les ombres » ont pour moi, placés la barre trop haute au niveau du ressenti. L'histoire ne se prête pas non plus forcément à des envolées poétiques même s'il y en a quelques unes. Son écriture, son style aurait pu lui permettre autre chose de plus puissant à mes yeux.
Et puis cette fin… un autre « t'aime », le truc à deux balles genre « ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants », tu le sort d'où Jeanne ? Bon, je crois que je vais arrêter les bouquins une vingtaine de pages avant la fin car j'ai souvent du mal avec les fins mais ça vient de moi certainement.
Dernier aveux, un truc qui n'a pas aidé, je pensais aussi beaucoup trop à ma prochaine lecture et là… quand on a la tête ailleurs, ça se voit quelles que soient les circonstances.
Déçu par ce bouquin parce que j'en attendais trop mais Jeanne Benameur garde tout son crédit chez moi.
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Voilà je termine le roman de Jeanne Benabeur avec agacement et déception. Agacé car je n'ai jamais réussit à être ému ni par le narrateur, ni par son histoire. Déçu parce que j'espérais bien autre chose de ce livre qui a reçu de beaux éloges. Les premières pages m'ont fait penser à Olivier Adam, un type en perdition sociale et sentimentale qui tente de retrouver une estime, une sérénité envolées depuis belle lurette. Mais le roman prend une autre tournure, un voyage improbable au Brésil avec le vieux voisin de papa et maman. J'oubliais, un carnet que papa tenait pendant son travail à lusine (non, je n‘ai pas fait de faute, c'est comme ça dans le livre, na!). Et devinez qui ramène à la vie notre petit bonhomme, l'amour voyons dans les bras d'une belle autochtone.
Sur des sujets d'actualité : la délocalisation pour plus de rentabilité, la difficulté de trouver sa place dans un monde égoïste, Jeanne Benameur ne m'a jamais convaincu. Les élubrications d'Antoine m'ont laissé de marbre (ha cette fameuse empathie), l'ennui s'est installé jusqu'aux dernières lignes. J'aurais aimé rencontrer Karima, faire plus connaissance avec Thaïs, en savoir plus sur le frère qui lui s'est bien mis dans le moule. Jeanne Benameur a choisit une autre voie, elle m'a perdue en route. Sûrement que d'autre la suivront.

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C'est le second livre de Jeanne Benameur que je lis, le premier étant "Les mains libres", et je suis toujours aussi séduite par son écriture et sa narration. Malgré un sujet fort, abrupt, sa delicatesse et sa sensibilité apporte beaucoup à son récit.
Antoine, la quarantaine, est mal dans sa peau. Revenu vivre chez ses parents après une rupture amoureuse, Antoine se cherche une place dans le monde mais surtout dans sa vie. Ses parents sont modestes, son père travaillait à l'usine sidérurgique de la ville et s'apprête à faire de même. Ses parents sont déçus , surtout sa mère, qui pensait que son fils réussirait mieux dans la vie. Les dirigeants de l'usine ont décidés de mettre tout le personnel en RTT pendant quinze jours. de ce "temps libre" il aide sa mère sur les marchés mais a toujours cette hargne contre la mondialisation. Son sauveur c'est Marcel, le bouquiniste du marché, grand ami de ses parents.
L'auteure à eu l'idée d'écrire ce roman suite aux cafés de paroles de Montataire pour les ouvriers d'Arcelor-Mittal et ceux de Godin à Guise. A Montataire, le groupe Mittal à investit massivement au Brésil. Elle a construit ce récit par une rencontre entre un ouvrier de France et le peuple brésilien.
Un joli roman sensible et humain.
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« le poème obscur qui est en moi qui se cherche chaque jour pour dire le monde et ma place dans le monde ».
Profondeur, plongeon dans les eaux troubles de l'être humain et de moi-même.
Mots, images, poésie.
Mélange de la force et de la délicatesse.
Réflexions touchant à l'essence des choses : le rapport entre les êtres humains, le travail, le voyage, la lecture. Trouver sa place. Se trouver.


C'est cela le roman de Jeanne Benameur. Exactement ça.
C'est tout ce que j'aime.
Et pourtant, je n'ai pas trop aimé.
Et j'en suis la première déçue.


Ce récit à la première personne d'un homme « imposteur » de sa destinée, « décalé », en rage contre il ne sait trop quoi, ouvrier dans une usine pour faire comme son père, rejeté par son amoureuse, ce récit m'a lassée. L'introspection des blessures, le ton continuellement plaintif m'a enragée.
Et puis la deuxième partie du livre m'a donné un peu plus d'espoir, car cet homme part au Brésil et s'y trouve mieux, beaucoup mieux. Mais là, l'accumulation des phrases éclairées et réfléchies de Marcel, le vieil ami avec qui il voyage, cette sagesse, tout cela m'a paru sentencieux. Et je déteste recevoir des ordres.


Bref : j'ai adoré « Profanes », je ne peux que murmurer ma désillusion face aux « Insurrections singulières ».
J'aime être décalée, je ne m'y suis pas retrouvée.
Tant pis. Et puis tant mieux. Car « ça fait peur, le temps mort. Pourtant c'est dans ce temps-là, où en apparence il ne se passe rien, que tant de choses en nous se ramassent, pour prendre forme... »

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Antoine revient vivre chez ses parents à quarante ans.
Ils déplorent qu'il n'ait jamais été 'stable', hormis une parenthèse de quatre ans avec la même femme. Un leurre, cette relation ? Karima aimait l'ouvrier en lui, mais peut-être l'image qu'elle en avait à travers ses livres, elle la prof de français d'origine modeste ? Elle le poussait à agir, se révolter. Lui ne s'est jamais senti à l'aise, ni dans ses études, vite abandonnées, ni dans la peau d'un ouvrier, identité usurpée à son père, selon lui, et non méritée.
Là, l'heure est à la délocalisation, au chômage technique, aux RTT forcées. Antoine cumule crises professionnelle, sentimentale, existentielle...

Un roman intéressant sur la mondialisation, l'emploi, le travail, la société de consommation. Il fourmille de questions pertinentes qui peuvent être aussi celles du lecteur et ça fait du bien : quelle image pour ses enfants quand on est chômeur, ou quand on n'aime pas son travail ? quel avenir pour eux ? quid du cercle infernal "produire pour gagner de l'argent pour consommer, etc." ?

Plus enthousiaste sur la dimension sociale du propos que sur l'aspect individuel, j'ai beaucoup moins apprécié la seconde partie, plus diluée, et à mon sens plus légère, plus romanesque - même si elle est en harmonie avec l'évolution du récit.
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"Il y a longtemps, j'ai voulu partir"
Tout est dit dans cette première phrase du livre.
Antoine n'a pas voulu devenir ce qu'il est devenu, un ouvrier sans avenir, un amoureux maladroit et mal aimé, un homme coincé dans sa vie.
Il n'a pas voulu d'une vie réduite, à l'image des maquettes de bateaux de son père.
A l'occasion d'un retour "forcé" chez ses parents, à bientôt 40 ans, Antoine se souvient de ce jour là où il a voulu partir. Ce souvenir obsessionnel , cette madeleine douloureuse va lui servir de catalyseur en quelque sorte et lui permettre de prendre enfin son destin en main, ce destin qu'il avait ébauché à 8 ans.
J'ai aimé l'univers intimiste de ce roman à l'écriture fine, sans fioritures, aux accents parfois tendres parfois rageurs.
Un petit bémol toutefois à mon appréciation positive; j'ai préféré la forme poétique du texte, son caractère initiatique à la matière du récit.
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Ce livre c'est la quête d'un homme durant sa vie.

Antoine est issu d'une famille d'ouvriers et il est devenu lui aussi un ouvrier. Sa vie va vite devenir suffocante.

Alors quand l'usine dans laquelle il travaille va être délocalisée, Antoine va se trouver en face de lui-même. Quitté par sa petite amie Karima, la quête d'Antoine sera pour le travail mais surtout et avant tout personnelle.

Que faire de sa vie ? Comment la remplir, pour que ces riens se remplissent.

Un retour dans sa famille , chez ses parents, puis des rencontres vont le conduire loin ! Loin aussi bien physiquement que psychologiquement !

Marcel l'ami de ses parents, bouquiniste philosophe va lui ouvrir le chemin de l'aventure et de la liberté.

Il y a Jean de Montolade, le lien dans le temps et l'espace entre le Brésil et la France.

Et il y a Thais, la belle Thais qui lui permettra de devenir un autre, plus proches de ses envies et de ses désirs.

Ce livre m'a touchée dans ce qu'il nous rappelle. Vivre nos désirs !

Pour ma part il m'incite à essayer de faire mes insurrections singulières...

C'est loin d'être toujours une évidence de vouloir faire ce qui nous plaît, ce n'est pas toujours facile mais c'est une liberté qu'il est bon de savoir s'offrir. Vivre ses rêves voilà un bel objectif vers lequel tendre.

L'écriture de Jeanne Benameur est précise, concise, elle ne s'encombre pas de mots. Elle va à l'essentiel.

Ce livre parle aussi de la place des livres dans nos vies et de celle de l'écriture. Les petits carnets du père d'Antoine m'ont émue. Ils sont le déclencheur d'écriture et de la prise de conscience d'Antoine de s'emparer de sa vie.

Un livre qui nous donne à réfléchir sur nous même.
Des insurrections singulières à créer !
Une lecture qui a résonné de façon très intime sur mon propre parcours.

Merci Madame Benameur pour cette lecture,
Invitation à la liberté d'être.

Au plaisir de vous lire encore.
Lien : http://imagimots.blogspot.fr..
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Certains auteurs ont ce don de marier les mots pour toucher en quelques phrases l'intériorité et l'essentiel de la vie. Il y le sujet abordé mais aussi le temps, la respiration, le regard posé sur les autres et sur soi qui, immanquablement agissent avec force et douceur pour que le lecteur s'interroge, revisite les évidences, grandisse...J.Benameur fait partie de ces artistes.
Ses personnages sont toujours complexes, ils ne sont pas heureux parce que le bonheur n'est pas un état permanent. Ils sont sensibles, trop sensibles? victimes mais aussi coupables, perdus mais aussi en quête de sens...
Antoine ne fait pas exception. Il s'est fait embauché à l'usine dans laquelle travaillait son père après avoir erré en tant qu'étudiant pour répondre au désir maternel. Mais, étudiant ou ouvrier il se sent imposteur. "il y a quelque chose qui ne colle pas entre moi et le monde, moi et ce que je vis. Et je ne sais pas ce que c'est. Je suis toujours à côté".
Il a une colère sourde qu'il va projeter dans un engagement militant au côté de ses camarades ouvriers et notamment lorsqu'il est question de délocalisation au Brésil. "Lusine" n'est plus rentable alors on jette les ouvriers...Puis il y a la rencontre avec Marcel " ce vieux sorcier" bouquiniste au marché qui lui offre un livre sue Jean de Mondevale, et c'est à Mondevale que "Lusine" doit partir...Cette rencontre "c'est l'électrochoc dans mon état léthargique". Pour ne pas dévoiler l'histoire je dirai seulement que dés lors c'est une sorte de chemin initiatique qui va permettre à Antoine d'oser d'abord la "l'insurrection singulière" avant de s'interroger sur la condition ouvrière parfois si proche de l'esclavagisme consentant. Cette seconde partie du roman est celle d'une re-naissance, d'une ré-conciliation avec soi et les les autres...
L'explication que donne Jeanne Benameur de l'origine de son roman donne encore plus de souffle à l'histoire.
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Il est bon parfois, et surtout sur conseil d'autres lecteurs comme TerrainsVagues par exemple, de donner une seconde chance à un auteur. Parce que celui-là j'en ai vraiment aimé le début où elle y parle du milieu ouvrier et de sa monotonie. La suite avec le voyage au Brésil et surtout une belle amitié avec un amoureux des livres est agréable. La fin, limite Arlequin. Avis donc partagé avec cette sensation qui s'accentue pour moi d'une écriture trop travaillée qui me fait penser à une commande à honorer et non les tripes qui poussent le besoin de se vider sur le papier.
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La future délocalisation de l'usine de sidérurgie où Antoine travaille est à l'origine de la mise en RTT forcée de ses ouvriers. Les dirigeants ont choisi de produire l'acier à Monlevade au Brésil où les coûts de production sont nettement plus bas qu'en France.
L'interruption de son travail, la fin de son histoire d'amour avec Karima et le retour chez ses parents plongent Antoine dans une longue et obscure introspection. Il entreprend une grande descente dans les tréfonds de sa mémoire à la recherche des ombres et des silences de sa vie.
Antoine n'a jamais su se situer sur l'échiquier de la vie, il n'est jamais là où on l'attend.
Sa rencontre avec Marcel, le bouquiniste, voisin de marché de sa mère, va lui faire toucher du doigt quelque chose d'essentiel. Délesté du poids du conformisme, éclairé par la vie des autres "moi j'avais besoin de gens qui cherchent, pas de ceux qui ont l'air d'avoir déjà tout trouvé", Antoine cherche le chemin de sa rédemption.
Antoine est devenu ouvrier, dans l'usine où travaillait déjà son père, par défaut. Cet ovni, ce modèle réduit -comme il se qualifie lui-même- n'a pas réussi à trouver sa voie, il a la rage chevillée au corps et elle ne génère rien de positif.
Antoine s'envole pour le Brésil afin de rencontrer les ouvriers de Monlevade, ces "voleurs de travail". Il découvre que la situation est la même qu'en France: des ouvriers reconnaissants envers Lusine mais qui se battent pour des conditions de travail décentes, des dirigeants en quête de nouveaux investissements, aiguillés par le gain et des marges toujours plus juteuses. En marge de son intérêt pour le pays et ses ouvriers il fait la connaissance d'une jeune fille, Thaïs et tombe amoureux.
Les insurrections régulières est un livre dans l'air du temps qui s'abreuve dans la mondialisation ambiante, Jeanne Benameur écrit à la dernière page de son livre s'être inspirée de la réalité d'Arcelor-Mittal qui ferme ses ateliers en France et investit au Brésil.
Jeanne Benameur choisit avec grand soin les mots qu'elle ordonne dans des phrases courtes et percutantes. J'ai aimé la quête identitaire de cet homme qui m'a rappelée celle d'un autre Antoine dans Les hommes sirènes de Fabienne Juhel. La seconde partie du roman, la partie brésilienne m'a déçue. Je n'y n'ai pas retrouvé la personnalité attachante et bienveillante de Marcel mais plutôt un instigateur peu crédible empiétant sur les plates-bandes d'Antoine.
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