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4,39

sur 4700 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Comme d'habitude en ce qui me concerne, les livres sont des rencontres. Je note les titres et les autrices puis quand je croise leur chemin en bibliothèque j'en profite pour les inviter à ma table pour quelques jours.

Je m'étais dit qu'il ne fallait plus que je choisisse des textes concernant la seconde guerre mondiale car j'en ai déjà lu de nombreux et surtout parce qu'il existe tant et tant de sujets importants que je connais si mal. Mais tout cela c'était sans compter sans la carte postale d'Anne Berest, croisée sur le challenge plumes féminines d'Allantvers.

Par le biais d'une carte postale reçue chez sa maman il y a déjà de nombreuses années, l'autrice va tenter de démêler l'écheveau des souvenirs, des faits afin de reconstruire un pan de l'histoire de sa famille, cette histoire dont elle n'était même pas consciente d'en faire partie, tant sa grand-mère, seule survivante de la shoah est toujours restée discrète voire mutique sur cette partie douloureuse de sa vie.

Il s'agit d'un texte agréable à lire, si on peut choisir cet adjectif pour parler d'un texte relatant la Shoah. le fait qu'elle mêle enquête, témoignage, réflexions personnelles sur sa judéité rend ce roman différent de ce que l'on peut lire habituellement, et nous donne vraiment envie de tourner les pages afin d'en savoir plus. On la suit dans ses réflexions, dans ses démarches pour retrouver des documents, des témoins.
Il s'agit d'une famille banale, comme celles que l'on a déjà rencontrées de nombreuses fois dans les films ou dans les livres. le père n'arrive pas à imaginer ce qui va arriver, on lui propose plusieurs fois de partir vers les USA ou d'aller en Israël chez ses parents, mais il ne voit pas pourquoi il leur arriverait quelque chose, n'est-il pas ingénieur ayant un travail, à la tête d'une petite entreprise, intégré en France?

La famille n'a pas vu arriver la guerre et ses horreurs, elle a toujours imaginé que cela ne pouvait pas se passer comme ça … et sincèrement, lire ce texte cette semaine, dans le contexte de la guerre en Ukraine m'a fait énormément réfléchir sur la situation de ces personnes qui vivent là, qui hésitent à fuir, pour aller où, dans quelles conditions? Certains partent, plus à l'Ouest, et ne comprennent pas que les bombes tombent là aussi … C'est tellement "simple" d'analyser avec des années de recul ou dans son salon devant la télévision et le flot d'informations dont on nous abreuve. Mais quand on le vit au quotidien, quand on est pris dans la propagande, quand on est patriote même sans être extrémiste, comment imaginer qu'un gouvernement, qu'un président puisse décider d'aller tuer vos frères?

Une lecture divertissante tout en étant terriblement inspirante, je ne regrette pas du tout d'avoir finalement à nouveau succombé à un texte évoquant la Shoah.
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J'avais hâte de lire ce livre car j'en avais entendu parler en termes élogieux.
La réception d'une mystérieuse carte postale est le point de départ d'une histoire très intéressante où la narratrice (on comprend que c'est l'autrice en fait) cherche à savoir sa provenance. C'est cette quête que nous allons suivre tout au long de ces 500 pages qui vont nous faire voyager à travers la France, la Palestine, La Pologne et l'Allemagne, en accompagnant ces personnages qui composent la famille de la narratrice au cours d'une centaine d'années marquées principalement par les horreurs de la guerre 39-45 et son impact sur les protagonistes.
Le danger avec ce type de sujet qui a été maintes fois traité à travers la littérature et le cinéma, c'est que ce soit redondant, du réchauffé, du déjà vu ... Heureusement pour ma part, j'ai été passionné par cette histoire, surtout dans la première moitié, qui déboule à un rythme rapide, porté par une écriture limpide, facile à lire en même temps que très émouvante, parce qu'il y a plusieurs personnages, qu'on a hâte de connaître leur destin et surtout, c'est ce m'a peut-être impressionné le plus, l'immense travail de recherche que Mme Berest a dû accomplir pour écrire ce livre. C'est plein de détails historiques, on apprend beaucoup sur l'occupation.
En résumé, une histoire riche, enrichissante à plusieurs égards, je recommande !
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Un début de livre qui m'a prise aux tripes, jusqu'à la page 269. J'ai eu l'impression de faire partie de cette famille, l'insouciance avant l'indicible. J'ai appris de nouvelles choses épouvantables sur la Shoah.
Après, je me suis perdue dans des sables mouvants pour l'enquête, comme si la seconde partie avait été précipitée alors que la première partie était si prometteuse et ne laissait évidemment pas indemne. Ne jamais oublier...JAMAIS.
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Difficile de mettre des mots justes sur cette fresque familiale. j'ai rapidement compris que je lisais une enquête et une biographie de la famille juive dont l'Autrice est issue. Est-ce que tout est vrai ? Anne Berest a-t-elle romancé, nuancé ? Mystère. Si je ne me sens pas totalement légitime pour donner mon avis, je peux dire que cette enquête m'a tenu en haleine et j'ai tourné les pages de façon addictive. Anne Berest raconte au présent, d'une plume presque parlée. On a le sentiment de vivre l'enquête. Retrouvera-t-elle l'expéditeur de la carte ?
Il est question de redéfinir le mot juif, il est question de la mémoire et de son devoir, de psycho-généalogie, notion complexe dont la réceptivité par chacun n'est pas de même degré.

Mais ce roman est essentiellement une quête de vérité qui a permis à l'auteur de trouver sa place au sein d'une famille juive qui a connu l'horreur: "je suis fille et petite fille de survivants."

Et pour cela je souligne son courage !
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Un roman vrai, intime et familial.

"Myriam constate que Madame Chabaud fait partie de ces êtres qui ne sont jamais décevants, alors que d'autres le sont toujours. Pour les premiers, on ne s'étonne jamais. Pour les seconds, on s'étonne à chaque fois. Alors que ça devrait être l'inverse."

Dans la boîte aux lettres de ses parents, au milieu des cartes de voeux, une carte ancienne de l'Opéra Garnier, anonyme, avec pour seul texte quatre prénoms : Ephraïm, Emma, Noémie et Jacques tous disparus à Auschwitz en 1942...
20 ans après Anne ressent le besoin de découvrir le mystérieux expéditeur.

Raconter des situations vécues par des personnes réelles et des événements ayant véritablement existés n'est pas chose aisée, l'enquête aura duré 4 ans et l'auteure a pris des notes tout au long sans savoir où ça la mènerait et sans être sûre de pouvoir résoudre l'énigme. Et elle nous livre ce livre avec beaucoup de pudeur et d'intimité, façonné comme une enquête policière on avance avec l'auteure avec beaucoup de dignité et de retenue.
J'ai dévoré ce roman, je ne voulais pas le refermer sans savoir...et même si ce n'est pas le premier livre de genre celui-ci raconte de manière différente la Shoah. Au-delà de l'aspect historique il y a cette quête de vérité de travail et de mémoire aussi pour se connaître et transmettre.
Les traumatismes sont-ils héréditaires ? Existe-t-il une mémoire génétique ? Ce concept utilisé en fiction me fait réfléchir... encore plus après la lecture de ce livre, certains faits étant troublants.
Moi j'ai peur de l'eau... Comme de nombreux membres de la famille mais cette peur l'ai je créée suite à ce que j'ai pu entendre (ou ne pas entendre) quand j'étais enfant ? Où était-elle inscrite dans mes gènes comme la couleur de mes yeux ?

Ce livre était dans ma pal depuis plusieurs mois,mais on en parlait tellement que j'ai retardé le moment où j'allais le lire.
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C'est l'histoire de Anne dont les origines familiales sont lourdes : la Shoah a décimé plusieurs des membres de sa famille et notamment ses arrières arrières grands parents et ses arrières grands oncle et tante.

Cette carte postale mentionnant leur quatre noms est arrivée il y a quelques temps déjà mais Anne n'était peut-être pas prête à affronter le passé familial à ce moment-là....
Cette fois, elle est prête, elle sent le poids des silences et des non-dits qui a traversé les générations. Elle a besoin de savoir.
Alors, elle s'appuie sur les recherches de sa mère et les complète, elle va plus loin dans les détails de l'histoire de Myriam, sa grand-mère et seule survivante de la famille.

Ce récit est donc à la fois un récit historique et le récit d'une enquête tout autant que le récit d'une quête personnelle de sens et de compréhension de ce que signifie "être juif".
C'est peut-être là ce qui m'a gênée dans ce livre, car l'ensemble m'a semblé brouillon. J'ai parfois oublié que le narrateur était Anne, et eu du mal à entrer dans sa conversation contemporaine avec sa mère, me croyant toujours en 1942....

Ceci dit, j'ai beaucoup apprécié, comme souvent avec les romans ou récits de cette période de l'histoire, de découvrir l'histoire individuelle dans la grande histoire. Cela humanise tout, cela ouvre à l'empathie, cela raconte d'autant mieux l'horreur.
Si on croise les grands noms de la politique et de la résistance, et même certains noms de la littérature, on s'attache aux personnages moins connus, à Myriam, à Noémie, à Ephraïm et à Emma. le tout servi par une bien jolie plume.

C'est donc un joli livre, une jolie quête de ses racines et un récit nécessaire que nous offre Anne Berest.
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Très remarqué ce livre qui raconte la vie de la famille Rabinovitch, comme tant d'autres bousculées par la folie destructrice de la deuxième guerre mondiale en laissant un héritage trop lourd à porter aux survivants.
L'auteure raconte comment à partir d'une carte postale anonyme reçue par sa mère en 2003 (la couverture du livre) elle va mener une enquête sur ses grands-parents, son oncle et sa tante, pour renouer les fils manquants du passé qu'elle ignore car l'on se tait souvent là où le malheur indicible de la Shoah a frappé.
Le lecteur se retrouve témoin de tout ce qui va arriver aux pauvres juifs fuyant les pogroms de Russie, réfugiés en Lettonie, tentant Israël, revenant à Paris pour finir dans les chambres à gaz des nazis ; certains plus chanceux se cachant ou rejoignant la Résistance. J'ai été surprise d'apprendre que les morts en déportation n'étaient pas reconnus tels mais "non rentrés"!
Le scénario s'efforçant de mettre en tension le lecteur pour retrouver l'expéditeur de la carte postale ne réussit pas à tenir le pari de transformer le récit en simple policier, on peine à aller au bout du livre.
Je pense que le projet de l'auteure est courageux, digne de respect, utile pour édifier les jeunes gens, et qu'il montre qu'on n'en a pas fini avec l'antisémitisme, que toutes les leçons de l'Histoire ne sont pas encore tirées.
Une pierre apportée au devoir de mémoire, en espérant que cela ne soit pas que le problème des seuls Juifs.

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Fascinant et bouleversant récit. Tout part d'une carte postale avec seulement quatre prénoms inscrits dessus et qui a été reçue dans la boîte aux lettres de Lélia, la mère d'Anne Berest, en 2003. Les prénoms sont les ancêtres d'Anne, morts à Auswitch en 1942. Personne ne connaît l'expéditeur de cette carte postale.

Lorsque la fille d'Anne, qui a 6 ans en 2019, va être interpelée par un ami à la récréation qui lui dit que sa famille n'aime pas les juifs, Anne est bouleversée et décide alors de partir à la recherche de ces ancêtres disparus inscrits sur cette mystérieuse carte postale. Cette recherche va lui permettre de reconstituer l'histoire complexe de ses ancêtres juifs, de mieux saisir toute l'horreur de l'extermination des juifs lors de la deuxième guerre mondiale au travers le tragique destin des Rabinovitch. Cette douloureuse recherche va l'amener à tenter de trouver une réponse aux questions identitaires suivantes: qu'est-ce qu'être vraiment un juif et qu'est-ce de ne pas être vraiment un juif? Au terme de cette lecture, le mystère reste entier.

On va suivre, de l'intérieur, le destin terrible de cette famille durant la deuxième guerre mondiale. L'auteure a gardé tout au long de ce récit un style très journalistique, gardant ainsi une distance et une certaine froideur entre le lecteur et cette histoire d'horreur inintelligible. Heureusement! Cela m'a permis de ne pas être trop chamboulée tout en en apprenant sur des détails troublants et incompréhensibles de la deuxième guerre mondiale. Histoire qui m'a toujours fascinée.
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La Carte postale, c'est l'histoire d'une recherche toute simple. Qui a pu écrire ces quatre prénoms au dos d'une carte postale ? Cette question va nous plonger au coeur de la question centrale du XXème siècle, la Shoah et le destin de Myriam l'héroïne de cette recherche.

La narration évolue constamment entre souvenirs liés à la guerre, tentatives de reconstitution du passé et la place du judaïsme aujourd'hui. On y parle des pogroms, de la guerre, de la déportation, de la Résistance.
On y évoque l'antisémitisme et le fait de vouloir oublier une histoire qui a déchiré les Français. Mais comment oublié ces fractures lorsque des villages se sont adonnés collectivement à la délation avec l'approbation de l'autorité municipale ?

En arrière-fond, on y voit le judaïsme laïcisé en France, l'identité juive d'aujourd'hui et son rapport avec l'holocauste.
C'est également l'histoire des rapports que peuvent entretenir une famille autour d'une tragédie qui lui est centrale.

Ce livre se dévore du début à la fin. Et jusqu'à la dernière ligne il nous tient en haleine. Car, au-delà du fait de savoir qui est l'auteur de cette carte postale et quelle est la raison qui expliquerait son expédition, c'est surtout l'histoire d'une fille et d'une mère qui se retrouve autour d'une question identitaire.
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La carte postale est à la fois une enquête, le roman de des ancêtres d'Anne Berest qui leur rend ici un bel hommage et une quête initiatique sur la signification du mot « Juif » dans une vie laïque.

Au fil des pages, l'autrice retrace le destin romanesque des Rabinovitch, leur fuite de Russie, leur voyage en Lettonie puis en Palestine. Et enfin, leur arrivée à Paris, avec la guerre et son désastre jusqu'à leur déportation, fatale, à Auschwitz.

Ce livre est en partie romanesque mais aussi et surtout biographique, car l'auteure va s'acharner à rassembler un maximum de documents et de preuves de ce qu'elle écrit sur les vies de sa mère Leila, de sa grand-mère Myriam (la seule qui échappera à Auschwitz), de sa grand-tante Noémie qui voulait devenir romancière, de son grand-oncle Isaac (Jacques) – tous deux soeur et frère de sa grand-mère Myriam – et de ses arrière-grands-parents Ephraïm Rabinovitch et son épouse et Emma Wolf.

Malgré la dureté du sujet, c'est un livre passionnant et édifiant, qui ne tombe jamais dans le pathos. A la fois, enquête, roman, témoignage mais aussi réflexions sur la judéité, malheureusement d'actualité avec la guerre au Proche-Orient, le récit est très bien mené par Anne Berest et se révèle réellement intéressant.

Entre allers & retours dans le passé de sa famille et de la shoah, le quotidien d'Anne Berest et sa quête, aidée par sa mère Lelia, c'est un récit émouvant mais aussi éclairant sur certains points de la solution finale et des camps de prisonniers français que j'ignorais malgré les nombreuses lectures sur la seconde guerre mondiale.

C'est aussi un bel hommage à sa famille maternelle mais aussi paternelle avec la participation active de sa grande-tante Jeannine Picabia et son arrière-grand-mère Gabriële Buffet, toutes deux décorées de la médaille de la résistance sur demande du général De Gaulle en personne.

Une enquête passionnante et passionnée mais attention aux âmes sensibles, rien ne nous est épargné.

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