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sur 4817 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La carte postale, nouveau roman d'Anne Berest, a bouleversé mon été (et je l'espère, bouleversera la rentrée littéraire !) tant sa narration m'a happée dans le récit dramatique d'une famille. Autour des quatre prénoms Ephraïm, Emma, Noémie et Jacques, Anne Berest reconstitue l'histoire errante de sa famille maternelle décimée lors de la seconde guerre mondiale En procédant comme une enquête généalogique, elle redonne à ses parents leurs identités et s'inscrit dans une filiation retrouvée.
Au moment où elle se prépare à accoucher, Anne Berest se rappelle la carte postale énigmatique reçue en janvier 2003 mais dont la photographie date d'au moins dix ans. A l'époque, la famille s'est interrogée sur son expéditeur puis ne trouvant pas de réponse, la carte fut oubliée dans un coin. Mais, avant de reprendre l'enquête sur la carte, Léila, sa mère, décide de raconter l'enquête généalogique qu'elle a menée pour tenter de redonner un passé à sa famille.
Car ces prénoms sont ceux de ses grand-parents et de ses jeunes grand-oncle et grande-tante disparus en déportation. Ainsi, c'est l'histoire d'un antisémitisme européen qui nous est relaté poussant une famille russe de 1919 à s'exiler à travers le monde. Après une période en Israël, Ephraïm et Emma choisissent la France pour apporter une terre à leur famille. Seulement, les mesures antisémites et les lois scélérates de Vichy auront raison de ces juifs étrangers qui furent pourchassés et subiront, les premiers l'épuration ethnique que la population française a à la fois encouragé mais aussi, avec les justes, protégé.
Seule survivante, Myriam, grand-mère d'Anne Berest, a tout fait pour essayer d'oublier, quitte à ne plus pouvoir rien en dire, de ce passé trop lourd à partager. Alors, elle s'est interdit de raconter provoquant la colère de sa fille. Celle-ci s'est heurtée à ce mutisme ne pouvant se construire sans recoller les morceaux d'une vie fracassée. Ce qu'elle a fait et qu'elle transmet à sa propre fille au moment où elle va être mère.
Seulement, là où la mère ne peut aller plus loin, Anne Berest reprend le fil de sa filiation en s'interrogeant sur cette carte, son expéditeur, la situation de son envoi et l'intention de cet anonyme qui marque à jamais la mémoire de ces aïeuls effacés de l'Histoire. A partir de cette recherche, c'est aussi l'histoire de la judéité en Europe mais aussi le sillon que creuse encore aujourd'hui un antisémitisme toujours actif.
La carte postale est le récit nécessaire d'un passé qui ne doit s'oublier ! Mais, au lieu d'une simplification trop réductrice que l'émotion convoque souvent, la fiction ici explique le contexte, la situation, la lente maturation d'une idéologie des meurtres de masse pour supprimer de façon subjective une partie de la population. Elle pointe aussi la responsabilité d'un État français qui est devenu plus diligent que les demandeurs nazis en organisant rafles et camps pour servir à l'ennemi sa rétribution mortuaire !
Mais, Anne Berest transforme le statut de victime, tant à l'oeuvre dans notre société contemporaine, en acceptation où ceux qui sont morts sont présents à jamais dans le quotidien de ceux qui ne pourront les oublier. Car, Anne Berest démontre la présence de nos morts, leur permanence à vivre à partir du moment où leurs mémoires, leurs combats, leurs souffrances ont été captés au mieux par leur descendance, au pire par d'autres. Aucun mort ne doit être oublié, sinon c'est pire que de perdre la vie, c'est perdre une certaine partie de son identité d'humain !
Incapable de prévoir le parcours de ce roman écrit avec justesse et intelligence mais surtout sans pathos. Ici, Anne Berest raconte comment un mot qui représente une religion pas pratiquée, pas honorée, va bouleverser cinq générations jusqu'à ôter la vie à certains ! Car le révolutionnaire Ephraïm qui avait effacé de sa vie l'asservissement à son dogme religieux d'origine sera quand-même rattrapé comme le dira son arrière-arrière petite fille, car ici, on n'aime pas beaucoup les juifs !
Chronique avec photos ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/08/18/anne-berest/
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Tout a déjà été écrit à propos de ce roman. Alors je ne vais pas être longue. Juste quelques mots pour dire combien ce livre m'a bouleversée. En effet, cette histoire je l'ai dévorée. Cette année pourtant de nombreux livres ont été édités sur toile de fond cette seconde guerre mondiale, j'ai beaucoup appris avec chacune des plumes, de ces récits différents tant par leur forme que leur contenu.... Ici, un point crucial dans ce qui a touché tout mon être, c'est la fin de la guerre. Oui, nous sommes loin de ces images de soldats Américains ovationnés par les Français, ces défilés en musique....vus dans tant de films..... Non, Anne Berest nous raconte l'arrivée de ces déportés......et là, nous mesurons d'aussi loin que nous sommes aujourd'hui, l'horreur..................
Ce roman est un hommage magnifique à la famille de l'auteure et à tous ceux qui ont vécu cette terrible guerre....N'oublions jamais que nous sommes la continuation de qui a été et les témoins de demain.
Un coup de coeur !
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Paris-Normandie, 22 Mai 2019 : "Une plaque en hommage à trois anciens élèves du lycée Aristide-Briand, déportés en 1942 et morts à Auschwitz, a été dévoilée dans le hall de l'établissement ébroïcien. Ils s'appelaient Lucien Melich, Noémie et Jacques Rabinovitch. Ils avaient respectivement 14 ans, 19 ans et 16 ans quand ils ont été arrêtés et déportés, en 1942, vers le camp de concentration d'Auschwitz où ils ont trouvé la mort."

Cela aurait pu commencer avec ça. Mais, il n'en fut rien. L'élément déclencheur de cette quête est en couverture du livre : une carte postale de l'Opéra Garnier reçue en janvier 2003. Au dos, quatre prénoms : Ephraïm, Emma, Noémie, Jacques et un destinataire : M.BOUVERIS.

Merci au Jury du Goncourt d'avoir recadré une de ses membres, sans cela, je ne l'aurais peut-être jamais ouvert ce livre. Ou pas si tôt. Comme quoi, les prix, ça a du bon... Trêve de plaisanterie. Ce livre est une, si ce n'est ma meilleure lecture de 2021. Ce n'est pas qu'un énième livre sur la Shoah. Et si, c'est la seule chose qui vous intéresse, lisez plutôt Si c'est un homme de Primo Levi.
Non.
C'est un livre sur la transmission, sur ces bouches closes, sur la mémoire, sur ces maux dits et impossible à entendre, sur ce que c'est que de devoir vivre avec une étiquette que nous colle la société et dont on ne connaît rien. Ou presque. Juive pour les uns, Illégitime à la table du dîner de Pessah pour les autres, Perdue au milieu de tout cela pour soi...

"Je cherche dans les livres d'Histoire celle qu'on ne m'a pas racontée. Je veux lire, encore et toujours. Ma soif de connaissance n'est jamais étanchée. Je me sens parfois une étrangère. Je vois des obstacles là où d'autres n'en voient pas. Je n'arrive pas à faire coïncider l'idée de ma famille avec cette référence mythologique qu'est le génocide. Et cette difficulté me constitue tout entière. Cette chose me définit. Pendant presque quarante ans, j'ai cherché à tracer un dessin qui puisse me ressembler, sans y parvenir. Mais aujourd'hui je peux relier tous les points entre eux, pour voir apparaître, parmi la constellation des fragments éparpillés sur la page, une silhouette dans laquelle je me reconnais enfin : je suis fille et petite fille de survivants".

Avant d'en arriver là, vous avez 500 pages. Mais, croyez-moi, vous ne les verrez pas défiler...
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
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Voilà un livre que j'ai lu avec passion, touchée au coeur par tous les mots de l'autrice : "aujourd'hui je peux relier tous les points entre eux, pour voir apparaître, parmi la constellation des fragments éparpillés sur la page, une silhouette dans laquelle je me reconnais enfin : je suis fille et petite-fille de survivants".⠀⠀
⠀⠀
La carte postale est un livre extraordinaire, sur une thématique qui me passionne, celle de la troisième génération après un traumatisme majeur – en l'occurrence, la Shoah. Pour cette génération, il s'agit de replacer des morts sans sépulture dans l'histoire humaine, et de manière indissociable, éclairer et éclaircir sa propre vie jusque dans ses choix fondateurs : pour Anne Berest, celui d'être écrivaine, comme sa grand-tante disparue à 19 ans dans un camp.⠀⠀
⠀⠀
La carte postale m'a emportée au carrefour de plusieurs lectures déjà hors norme : Les disparus de Daniel Mendelsohn (d'ailleurs, il y fait référence) ; L'origine de la violence, de Fabrice Humbert, largement autobiographique, qui mettait en lien la violence irrépressible du narrateur avec l'histoire de son grand-père biologique, mort en déportation ; Elle s'appelait Sarah, la fiction de Tatiana de Rosnay, sur la vie d'une petite fille emportée dans la rafle du Vél d'Hiv, comme les ancêtres d'Anne Berest.⠀⠀
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👉La carte postale, c'est tous ces livres, avec en plus un dénouement à la fois simple et évident, stupéfiant et poignant, qu'aucune fiction n'aurait pu imaginer.⠀⠀
⠀⠀
Ce livre a tout pour faire un énorme succès populaire, à l'instar de ceux auxquels il m'a fait penser. Tout pour qu'un réalisateur s'en empare et tourne un film qui le prolongerait et élargirait encore son audience. Tout pour être traduit dans le monde entier et pour poursuivre sa route ! 💙Mais pour commencer, est-il bien dans votre PAL ?💙⠀
Lien : https://www.20minutes.fr/art..
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Livre remarquable.
J ai beaucoup lu sur les déportés, les camps, la Shoah, mais là, avec ce livre magnifique, j'ai eu l'impression ne pas avoir lu tout ce qu'il fallait.
C'est chose faite.
Une enquête passionnante et passionnée par cette écrivaine talentueuse que je ne connaissait pas.
Attention aux âmes sensibles, rien ne nous est épargné. le vel'd'hiv, l'arrrachement des petits enfants enlevés à leur mère, qui prennent les wagons à bestiaux pendant trois jours pour arriver aux camps de la mort.
Pourtant on avait dit "Pas les enfants"....
Les plus faibles seront dirigés vers la "douche", où ils seront gazés sur le champ.
Cette épisode de notre histoire est un révélateur, comme ces photos qui baignent dans le liquide qui va révéler la photo ; les gentils de base seront encore plus gentils, les méchants encore plus méchants.
Et il y en a des méchants dans ce livre, ceux qui attendent que la famille juive du village soit arrêtée pour aller piller la maison vide, sans retenue, sans vergogne, sans remord.
Et puis l'on côtoie l'inévitable culpabilité du survivant.
Cette enquête, véridique, est remarquable de par ses précisions, son style, sa beauté.
Ce qui m'a frappée, ce sont les "coïncidences", tout au long du livre, que je ne dévoilerai pas pour ne pas déflorer l'intrigue, il existe des choses incroyables que le cerveau nous aide à traduire, des noms qui se répètent, des actions similaires aux ancêtres. Ce sont des petites pierres qui font l'édifice de cette si belle enquête qui cherche l'expéditeur de cette carte postale.
J'appelle cela la transgénérationnalité ; les oripeaux sanglants et dégoulinants du passé qui refont surface des générations après le trauma originel.
Les dernières pages font état du retour des déportés à Paris.
Bouleversant. Certains sont morts de faiblesse, les autres meurent d'avoir trop mangé, les gens les nourrissaient car ils n'étaient plus que des squelettes. Ils sont morts à cause d'un yaourt ou d'un crouton de pain qui leur a percé leurs estomacs. Il n'est pas coutumier de décrire ce retour à la Vie, c'est très rare, et à part La douleur" de ma chère Duras, il y a très peu de témoignages de l'après. (D'ailleurs je vous en recommandé la lecture, c est le retour des camps de son mari avec tout ce que cela comporte.)
Voilà.
On rencontre à la toute fin une vieille dame qui devient Alzheimer et qui note les prénoms de certains déportés sans retour comme on les appelle, pour que jamais on n'oublie leur nom. Déchirant.
Malgré le thème, les horreurs des camps, les rapports mère/fille à propos de la déportation, les scènes insoutenables de ces enfants déchirés, ce fut une belle lecture.
C'est peut être cela le talent littéraire, écrire sur des sujets très durs merveilleusement et sublimement, sans pathos ni exagération.
Ne faites pas l'économie de ce si beau livre, avec ses secrets et ses fulgurances.
Bravo et merci à l'auteure.
Quel travail...
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Janvier 2003. Lélia Berest, la soixantaine, reçoit une carte postale où figurent quatre prénoms : Ephraïm, Emma, Noémie, Jacques. Ce sont ses grands-parents, sa tante et son frère, morts en déportation en 1942. L'envoi de la carte postale est anonyme. Après la surprise et les interrogations des uns et des autres, la carte tombe dans l'oubli. Presque vingt ans plus tard, Anne – la narratrice et autrice - , la fille de Lélia, s'interroge à nouveau sur cette carte. Qui l'a envoyé ? Et quelle était l'histoire de ces personnes dont finalement elle ne connaît que des fragments ? Quelle vie ont-ils eu ? Quelle trace ont-ils laissé sur sa propre vie, celle de sa mère, celle de sa soeur, celle de sa fille aujourd'hui…

Anne Berest nous raconte deux histoires, celle de sa famille maternelle, disparue dans les camps de concentration, et celle de son enquête. Encore un livre sur la Shoah diront certains. Oui, encore un de nécessaire. La particularité de celui-ci est de permettre au lecteur de participer à cette enquête historique et personnelle que va mener Anne Berest. En effet, nous sommes happés par le récit extrêmement fluide et direct de Lélia, celle qui raconte au début l'histoire de ses aïeux, les Rabinovitch. Les interventions d'Anne, au fil du récit, pour avoir des éclaircissements ou des précisions, sont celles que nous pourrions faire. Nous sommes au côté de ces deux femmes et nous entrons dans cette famille très facilement, chaque personnage devenant familier et proche.

Dans « la carte postale », Anne Berest parcourt donc son passé familial pour livrer un témoignage sur la Shoah qui a marqué le destin de sa famille. Si les faits historiques sont connus, ceux de sa famille ne le sont pas. Et il faut bien l'avouer, de la famille Rabinovitch en Russie à celle des Picabia à Paris, c'est une totale aventure qui nous est contée. Les Rabinovitch renvoient au mythe du Juif errant, à travers leurs pérégrinations commencées en 1919 : de la Russie à la Lettonie, de la Palestine à la France, jusqu'aux camps de la mort en Allemagne. Quatre pays en 10 ans sans jamais trouver sa place malgré les efforts du chef de famille pour s'assimiler. Dans cette exploration de la généalogie familiale, nous traversons les années de guerre puis d'occupation, de rafle et de déportation. Nous revenons également sur l'organisation glaciale et méticuleuse de l'administration française collaborationniste. Mais à côté de cette France délatrice se dresse aussi le tableau de ceux qui ont résisté. le réseau auquel appartiennent de nombreux intellectuels et artistes de l'époque est une toile d'araignée qui s'étend. Beaucoup périront – toujours les fameuses dénonciations – mais d'autres arrivent toujours pour prendre la relève.
Cette enquête familiale est enfin une quête personnelle pour l'autrice qui interroge sa relation à la judéité. Qu'est-ce qu'être Juif, hier et aujourd'hui ? Qu'est-ce qu'être petite-fille de survivant ? Elle s'interroge, elle interroge sa mère, Lélia, personnage central dans ce roman. le dialogue qui s'instaure entre la mère – terrible fourmi qui a regroupé sur des années toutes les traces écrites et photographiques de sa famille -et la fille est le chaînon qui relie passé et présent.
Alors, que retenir de ce roman qui a créé la polémique lors de la sélection Goncourt 2021 ? Un récit au style presque banal mais à la puissance évocatrice bluffante , des personnages tout de suite familiers, la naïveté fatale d'une famille, des scènes absolument bouleversantes, l'hommage à ceux qui se sont dressés, un voyage historique, familial et humain inoubliable.

Un magnifique roman, qui survole bien bien haut la polémique qui l'a entouré.
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Souvenir.

C'est une banale carte postale à première vue. Ce qui l'est moins ce sont les quatre prénoms qui y figurent. Quatre vies fauchées par la barbarie nazie. Anne Berest va écrire leur histoire.

J'avais beaucoup entendu parler de ce livre. J'étais dubitative au début et j'ai décidé de le lire pour me faire ma propre opinion. le coup de coeur m'est tout simplement tombé dessus. Anne Berest part d'une carte postale qui a été envoyée à sa mère voilà une quinzaine d'années pour faire des recherches sur cette partie de sa famille. C'était une famille normale à l'exception de leur confession: le judaïsme. Les voilà condamnés à la méfiance puis la haine de leurs contemporains. Quatre disparaîtront dans la nuit et le brouillard, seule la grand-mère de l'autrice survivra.

C'est une remarque faite à la fille d'Anne Berest qui va motiver celle-ci à écrire l'histoire de sa famille. L'antisémitisme revient toujours quelles que soient les époques. L'autrice n'a découvert sa judéité que face à ce dernier. C'est une plongée dans un univers à la fois lointain et proche pour l'autrice.

Années 1920, des juifs russes quittent leur pays et s'installent dans toute l'Europe et la Palestine à la suite d'un mauvais pressentiment du patriarche de la famille. L'un d'eux, Ephraïm s'installera dans différents pays, avant de s'établir en France avec sa famille. Il considère que ça sera le début de sa reconnaissance en tant qu'ingénieur. Les débuts seront idylliques mais la peste brune anéantira tout. Anne Berest les fait magnifiquement revivre et nous les rend particulièrement attachants. Les voir faire des projets d'avenir et être heureux m'a profondément bouleversée. Les derniers instants des quatre disparus en deviennent d'autant plus insoutenables.

Anne Berest va tout faire pour retrouver des traces tangibles de leur vies, mais aussi pour reconstituer le mystérieux passé de sa grand-mère. L'autrice fait ainsi de nombreuses rencontres, certaines profondément révoltantes, d'autres immensément touchantes.
Tout cela aboutira à une conclusion magnifique.

En bref, un coup de coeur inattendu qui me marquera très longtemps. Je jetterais un oeil sur les autres livres d'Anne Berest.
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Ce livre se lit comme une enquête policière.
Il est additif

J'ai adoré ce style.

La première fois que je vois ce livre c'est en Bretagne pendant les vacances d'été, ensuite en décembre 2022 quand je dois brutalement revenir en Bretagne et je vais passer quelques à Vichy et je retombe sur cet ouvrage.

On est pris par la recherche de l'énime de la carte postale.

Cela est très bien raconté. L'autrice nous raconte l'histoire de sa famille mais aussi nous communique des faits historiques que je connais pas comme les États Unis ont freiné les arrivés sur leurs durant la second mondial, les billets rafles des juifs étranger en mai 1941, le peuple Français et celui qui sauvaient le plus de Juifs en France, certains collabos ont essayé de faire passer des rescapés des camps de la morts et c'est pour cela qu'il y a avait des interrogatoires, les conditions des juifs en Russie au début du 20 siècles.

Cette histoire nous montre aussi comment l'antisémitisme est présent à chaque époque de manière très insidieuse.
Ce témoignage raconte une kyrielle d'exemple et ce malgré les époques.
Il est question aussi de l'héritage de l'histoire familiale.

C'est un très beau livre à offrit ou à prêter.


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Ce roman, ou plutôt cette autofiction, repose sur deux, voire trois enquêtes distinctes menées par Anne Berest.
La principale, qui a donné son titre à l'ouvrage, concerne la recherche de l'auteur d'une étrange carte postale reçue par sa mère en 2003.
En corollaire, l'autrice a du remonter le fil du temps, apprendre qui était sa grand-mère Myriam, cette rescapée de la Seconde Guerre Mondiale qui a englouti le reste de sa famille.
Et enfin, à l'aube de la quarantaine, c'est presque une quête identitaire qui s'impose à Anne Berest; alliant sa condition de juive sur laquelle elle ne s'était jamais vraiment arrêtée au poids d'une lignée sur le destin de sa descendance.

La construction du roman permet une immersion rapide dans le récit et lui donne un rythme très soutenu jusqu'à la fin.
L'angle exploité par l'autrice pour nous plonger aussi bien dans ces temps troubles de l'avant-guerre qu'en pleine guerre et dans la période tout aussi trouble qui a suivi est vraiment intéressant et sort des sentiers battus. Ce sentiment est renforcé par le fait qu'Anne Berest a fait le choix de raconter les petits moments, ceux qu'on pourrait penser être sans intérêt alors que c'est finalement ceux-là qui redonnent vie à ses ancêtres.
J'ai bien aimé aussi cette approche assez intime qu'a eue l'autrice en s'interrogeant sur sa propre religion, qu'elle ne pratique pas, tout en se rendant compte qu'elle avait un impact sur son quotidien. Comme sur ces coïncidences qu'elle détecte, dans certaines dates et certains prénoms.

Je ne suis pas étonnée que les lycéens aient plébiscité ce roman pour leur prix Renaudot en 2021. Et j'en suis même ravie, tant le risque est réel que L Histoire ne retienne que les camps (ce qui est bien entendu nécessaire) alors qu'il est tout aussi important de se rappeler tout ce qu'il s'est passé avant, toutes ces petites choses, insidieuses, qui ont permis de basculer dans l'horreur. Comme en écho à l'autobiographie de Simone Veil que j'ai lue récemment, La Carte Postale n'édulcore pas non plus l'après. Cet après que le cinéma a enjolivé et que le temps qui passe estompe de plus en plus. Cet après où les survivants culpabilisaient d'être en vie, où les orphelins et les veufs leur gardaient rancune et où être juif n'était toujours pas la panacée.

Une brique qui se lit très facilement, une plume qui nous implique dans la famille Rabinovitch, un récit empli d'émotion sans réel jugement, un roman nécessaire.

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Le genre de roman que l'on referme sans voix. Terrifié, époustouflé, remué jusqu'au fond des tripes. J'ai beau me dire que j'ai lu tous les romans possibles sur la Seconde Guerre mondiale, mais chaque fois je me prends une nouvelle claque. Celle-ci est d'une ampleur monumentale, car elle dépasse l'acte de mémoire de la Shoah pour l'encrer avant et après dans une histoire vaste et complexe. J'ai été fasciné de lire les signes avant-coureurs de l'antisémitisme, qui facilite l'acceptation silencieuse de la déportation, les méandres administratifs mêmes de la gestion de cette déportation, mais surtout l'après : le retour des survivants et la gestion des morts. J'ai été choqué devant le refus de l'État français de reconnaître les morts dans les camps d'extermination, cette hypocrisie purement administrative pour ne pas admettre que le gouvernement avait activement et efficacement eu sa part dans cette horreur. Bref, sans dévoiler l'intrigue, cela se lit comme un roman policier, puisqu'il s'agit d'une enquête pour retrouver l'auteur d'une carte anonyme. Cela se lit également comme un roman historique. Enfin, c'est surtout une fresque romanesque, une aventure humaine incroyable. Un des meilleurs livres que j'ai pu lire cette année.

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