Déjà, il y'a ce titre hypnotique "
L'épaisseur d'un cheveu" : poétique et simple à la fois, préfigurant d'une limite si facile à franchir.
Et comme dans un épisode de Columbo, la ligne que va traverser Étienne est connue dès le début. Dans quelques jours, il tuera sa femme.
Ce n'est pas un roman policier, et pourtant c'est avec soin que l'autrice dissémine tout au long du livre les indices du crime à venir.
Evidemment, ses fantasmes se font de plus en plus violents, mais c'est également par la symbolique des fleurs et des couleurs que l'on comprend que Vive ne s'en sortira pas.
Elle, qui a souhaité se réinventer en se faisant appeler Vive, qui a voulu revendiquer sa liberté, ne pourra pas échapper à son vrai prénom, Violette.
La violette, c'est la fleur ramassée par Proserpine lors de son enlèvement par Pluton, celle qui la mènera dans les Enfers.
"Tellement vivante, Vive." dit Etienne. C'est ce qui lui plaît d'ailleurs, d'avoir trouvé en elle son parfait opposé. Il aspire au bleu roi, à l'ivoire, c'est-à-dire à l'ordre, la pureté, l'immobilité autant qu'elle et ses expressions évoquent l'orange tonifiant, le fauve sauvage.
Tel un vampire, il se nourrira de son essence pendant presque dix ans. Il profitera de ses renoncements.
Jusqu'au jour où Vive change de coupe de cheveux.
Un changement qu'il ignore un temps, et qui pourtant signe le début de sa perte de contrôle. Sur Vive d'abord, puis sur lui-même.
C'est puissant et minutieux.
C'est magistral.