Le monde devient fou: une lutte presque impossible à enrayer
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Je crois que je n'ai encore jamais lu de techno-thriller.
Celui-ci est le dernier opus d'une trilogie. Je n'ai pas lu les 2 premiers tomes.
J'avoue que c'est bien la couverture flashy et colorée qui m'a attirée en premier lieu (eh oui, je suis faible, bon, on va plutôt dire "sensible à l'esthétique du livre-objet :))
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Dur de résumer sans spoiler les deux premiers tomes (pour ceux qui aimeraient découvrir cette saga). Imaginez un monde (la planète entière!) dominé par une société privée. Un conglomérat écrasant les Etats, forçant ceux-ci à utiliser leurs produits (nanotechnologie entre autres). Rajoutez à ça des jeux télévisés sanguinaires dont les habitants sont les cobayes malgré eux. Un monde nouveau dont l'être humain sera évincé peu à peu par une intelligence artificielle dominante. Brrr, roman d'anticipation?
Une bande de résistants essaie pourtant de contrer cette abomination.
Un journaliste quelque peu chétif, une agent spéciale à la retraite, un haut-fonctionnaire français révolté. Voici un trio hétéroclite qui va pourtant tout faire pour renverser ce pouvoir obscène.
Y arrivera-t-il? Cela vous intéresse de le savoir? Alors, je vous invite à lire ce thriller au rythme redoutable et haletant.
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Le début est certes difficile à appréhender, notamment dans les termes de géopolitique et également les évènements sur les épisodes précédents. Mais l'auteur a réussi a distiller intelligemment les informations nécessaires à la compréhension du récit. Les actions s'enchaînent efficacement d'une manière à composer un puzzle entier. A savoir une fresque humaine sur fond de dérives environnementales, économiques, scientifiques et militaires.
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L'écriture assez soutenue est redoutable en efficacité. Il faut s'accrocher aux termes un peu techniques. Les personnages sont savoureux dans la composante psychologique. Parfois clichés certes. Le récit se passe à plusieurs endroits et, chouette ! , d'un vol d'avion, le lecteur se trouve vite embarqué :)
Un fin surprenante qui m'a déboussolé. Je m'attendais à un happy-end classique mais là encore, l'auteur a choisi une alternative plus plausible. Même si on espère que ce ne soit que fictionnel....
A l'issue de cette lecture, je pourrais le qualifier plutot de genre science-fiction puisque l'on parle bien de l'avenir de l'humanité à long terme.
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De distrayant, le récit est devenu matière à réflexion. Alors, souhaitons que cela reste dans l'imaginaire....
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Merci aux Editions du Rocher pour cet ouvrage intéressant.
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Nous sommes en… ou peut-être même plus tôt. le marché et la finance règnent sur une planète dévastée et plastifiée. Cinq multinationales contrôlent les transports, la communication et les médias, la production agricole, les divertissements et les produits pharmaceutiques. Les Etats et leurs gouvernements sont pour la plupart dépassés et seuls les plus avancés technologiquement et financièrement ont pu résister. Les autres sont en faillite, leurs réserves mises au pillage et leurs populations réduites à des millions de zombies prêts à tout pour survivre. Les migrants affluent, venus d'on ne sait où et allant vers des horizons aussi incertains que mortifères. Classés parmi les « rebuts » au même titre que les vieux sans famille, les orphelins, les aliénés et les chômeurs, ils ne sont plus que des proies faciles destinées à servir de gladiateurs ou de cibles vivantes pour des jeux de télé-réalité poussés à l'extrême.
Régissant tout cela, la vice-présidente des « Cercles », s'appuie sur un système informatique d'autant plus performant et impénétrable qu'il fonctionne avec des millions de PC piratés servant de relais. Quelques séides l'entourent, le plus inquiétant étant une sorte de médecin que l'on croirait échappé des camps de la mort qui se livre à des expériences à grande échelle sur des virus très destructeurs. Mais dans ce monde de désespoir, quelques uns veillent. Héritiers des lanceurs d'alerte, les guetteurs traquent au péril de leur vie des informations qu'Antoine Dupin coordonne et diffuse grâce aux rares journaux qui survivent encore. D'autres n'ont pas non plus baissé les bras et l'aident de manière plus musclée, en particulier quelques agents des services français, en activité ou en retraite précoce, déjà rencontrés dans les deux volumes qui ont précédé Cerro Rico.
Qualifié de techno-thriller, le roman se rapproche plutôt de la science-fiction dure, qui préfigure le devenir de l'humanité d'une manière, sinon crédible, du moins plausible ou rationnellement acceptable. Nous ne sommes donc pas dans un univers post cataclysmique à la Mad Max mais dans ce que pourrait devenir le nôtre si un frein n'est pas mis aux dérives environnementales et industrielles que nous connaissons. Un monde dans lequel l'espèce humaine a proliféré au-delà de toute mesure et ne peut plus faire face à ses besoins alimentaires, surtout alors que la technologie a porté un coup fatal au monde du travail. Les Etats - du moins certains d'entre eux - n'étant plus capables d'assumer leurs responsabilités, ce sont les « cercles » qui ont pris leur contrôle en les compénétrant, aidés par une surveillance de tous les instants que permettent les technologies d'observation (ici omniprésentes aux dépens des réseaux sociaux) et l'abrutissement de masse favorisé par les chaines d'information en continu.
Deux mondes s'affrontent dans Cerro Rico, l'ancien, fondé selon la vice-présidente des Cercles sur une conception chrétienne selon laquelle l'individu prévaut (parabole de la brebis égarée, Mt 18,12-13) et le nouveau qu'elle défend, « celui de la rationalité pure, débarrassé de toute fantasmagorie sentimentale ». Chaque monde a ses champions mais il serait naïf de croire que cela se réduit à un combat des bons contre les méchants. Car si l'on a parfois reproché à la science-fiction de mettre au premier plan les détails scientifiques et techniques en négligeant la dimension humaine des personnages, le roman de Thierry Berlanda propose des femmes et des hommes complexes, bien cernés, certains attachants comme Justine Barcella ou Antoine Dupin, d'autres réduits au rôle de « crapules désespérées ».
Cerro Rico est un excellent roman, parfaitement composé - pas de grandes théories sur les dangers des dérives actuelles mais des informations venant par touches successives, précises et percutantes - et à l'écriture maîtrisée. le lecteur y trouvera de quoi se distraire mais surtout de réfléchir au devenir de nos sociétés.
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Cet ouvrage est le troisième tome d'une trilogie. Chose que je n'ai apprise qu'en le recevant. Je n'ai pas lu les deux premiers et, sans que cela n'entrave véritablement ma lecture, j'ai tout de même ressenti un certain manque de savoir sur les personnages eux-mêmes. Ils sont nombreux et j'ai eu quelques difficultés à bien m'y retrouver au départ.
Un techno-thriller futuriste qui nous dépeint une évolution possible de notre monde d'une manière plus qu'horrible. Un groupe de sociétés, peu de personnes en réalité, régissent notre monde pour le dominer. Pire encore que cela, on voit que l'informatique ou tout autre électronique peut devenir une source d'information ou de destruction pour ces entreprises qui ont le monopole. Horrifiant aussi le fait que les riches ont acquis le pouvoir de rester jeunes et en bonne santé grâce à une médecine surdéveloppée, tandis que les plus démunis servent de cobayes pour sa constante évolution. Cette dernière pouvant aussi servir d'arme. Terrifiant également les nouveaux jeux et programmes TV.
Des chapitres qui nous font passer d'un protagoniste à l'autre. Alors que pour certaines parties plus haletantes je ne voyais pas le temps passer et je m'immergeais totalement dans l'histoire. D'autres, plus complexes tant au niveau scientifique, qu'au niveau même du fonctionnement des puissances, m'ont posées quelques difficultés. Un sentiment de longueurs aussi parfois dans des descriptions dont je ne voyais pas l'utilité.
Les protagonistes principaux sont nombreux et, qu'ils soient bons ou mauvais, ont tous des personnalités bien travaillées. Des petites choses en plus qui font d'eux des personnes à part. Certaines plus touchantes que d'autres. Des personnages qui nous réserve de belles surprises.
La fin m'a totalement surprise par son issue. Les évènements prennent un tournant des plus inattendu et ils nous font plus encore prendre conscience qu'on ne peut qu'espérer que ce qui est dit dans cet ouvrage reste à jamais de l'imaginaire.
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